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Google : coup de théâtre dans l'enquête de la FCC

Arnaud de la Grandière

samedi 19 septembre 2009 à 10:40 • 57

iOS

Un véritable bouleversement s'est produit dans la soirée d'hier : Google a rendu public les parties jusqu'ici confidentielles de sa déclaration à la FCC, et celles-ci sont diamétralement opposées aux déclarations d'Apple dans sa lettre ouverte !

Petit rappel des faits : Google Voice est un système alternatif de gestion téléphonique qui permet, entre autres, de centraliser toutes les communications sur un seul et même numéro téléphonique. Le système n'est pour le moment disponible qu'aux USA. Alors que Google travaillait sur une version iPhone de son service, et que plusieurs clients de tierce partie pour iPhone avaient été publiés sur l'App Store, ces derniers sont supprimés et on apprend qu'Apple n'a pas validé l'application de Google (voir notre article Apple rejette les applications de Google Voice).

D'aucun pensent qu'il faut y voir la main d'AT&T qui ne verrait pas d'un bon œil cette entrée sur ses plates-bandes. Il n'en a pas fallu plus pour déclencher une enquête de la FCC, le gendarme américain des télécommunications (voir notre article La FCC américaine enquête sur le rejet de Google Voice). Cette dernière envoie donc un questionnaire à Google, AT&T, et Apple. Celle-ci décide de rendre sa réponse publique, dans laquelle elle indique en substance que contrairement à ce qui avait été affirmé, elle n'avait pas rejeté Google Voice, et qu'AT&T n'avait pas d'implication dans la validation des applications pour iPhone. Tout au plus, le délai de validation est imputable à différents cas de conscience, sur la modification des fonctionnalités de base de l'iPhone, ou encore sur le respect des données privées de ses utilisateurs (voir notre article Apple répond à l'enquête sur Google Voice). Google quant à elle a demandé à la FCC de conserver certaines de ses réponses sous le sceau du secret.

Sachant que plusieurs personnes (physiques comme morales) ont exigé la levée du secret à l'aide du Freedom of Information Act (une loi américaine qui permet l'accès à l'information), et qu'Apple avait de toute façon rendu sa réponse publique, Google a décidé de se raviser et de lever le voile sur ses réponses, qui sont désormais toutes lisibles sur le site de la FCC (voir le fichier PDF).

Google y affirme qu'Apple a bel et bien rejeté Google Voice, et que le rejet a été motivé par Phil Schiller en personne, qui a expliqué qu'Apple était préoccupée par la reproduction du système de composition du numéro de l'iPhone, celui-ci pouvant prêter à confusion. De même concernant Google Latitude, qui serait trop semblable à l'application Plans et qui pourrait induire l'utilisateur en erreur (voir notre article Google Latitude est disponible, mais pas dans l'App Store).

Si auparavant Google avait indiqué qu'Apple "n'avait pas validé" son application, c'est la première fois qu'elle affirme que celle-ci a été rejetée.

Un porte-parole d'Apple a très vite réagi : "Nous ne sommes pas d'accord avec toutes les déclarations de Google dans sa lettre à la FCC. Apple n'a pas rejeté l'application Google Voice et nous continuons d'en discuter avec Google". Google quant à elle indique poursuivre sa collaboration avec Apple.

Alors qu'on croyait l'affaire quasiment classée (Apple et Google ont toutes deux démenti qu'AT&T ait interdit la publication de Google Voice), voilà une différence dans les versions qui risque de défrayer la chronique. Nos confrères de TechCrunch, très véhéments envers Apple depuis le début de l'affaire, affirment que Google a une capture d'écran de l'interface d'administration du site pour les développeurs iPhone, qui montre la décision de rejet d'Apple…

On se demande bien ce qui a pu se passer et pourquoi les versions divergent autant. Sachant que l'enquête porte avant tout sur l'implication d'AT&T sur cette décision, quel intérêt aurait l'une ou l'autre des parties à mentir sur le rejet effectif de l'application ? Une explication possible tient peut-être dans la formulation des choses : si une application telle qu'elle est soumise ne convient pas à Apple, elle est rejetée. Le rejet est motivé afin que les développeurs puissent déterminer s'il est possible d'apporter un correctif qui permettrait de passer la sélection. En ce sens, une application n'est guère rejetée que dans l'état où elle est soumise à Apple, et non définitivement, sauf en cas de problème fondamental inhérent au concept de l'application elle-même.

Dans ce sens, Apple aura pu rejeter Google Voice sans pour autant émettre une fin de non-recevoir définitive. Mais Apple s'entête à nier avoir rejeté l'application. Si la FCC parvient à tirer l'affaire au clair, il semble inévitable que son élucidation s'avèrera embarrassante pour au moins l'une des parties impliquées.

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