Après quelques semaines d’attente, le nouvel iMac 24" est arrivé. Cette machine ne représente pas seulement la première évolution du langage visuel de l’iMac depuis plus d’une décennie ; c’est aussi la première manifestation concrète des possibilités offertes par la puce M1. Premier aperçu de cette double nouveauté.
Vous avez aimé l’emballage du Mac Pro ? Vous allez adorer celui de l’iMac 24". Le déballage est une expérience unique — dans les deux sens du terme. Le carton est un gigantesque origami : après avoir fait tomber le panneau orné d’une photographie de la machine, il faut écarter deux ailettes pour libérer la machine, qui s’avance dans un grand jeu de (dé)pliages. De la même manière, il faut tirer sur une languette pour ouvrir le volet qui cache les accessoires.
À l’exception des films qui protègent la machine elle-même, Apple a presque entièrement éliminé les matières plastiques. Les pièces de papier qui maintiennent les câbles sont de petites merveilles de pliage, et les périphériques sont présentés dans une petite pochette de fibres. Quel fabricant consacre autant de moyens et d’énergie dans la conception des emballages ?
Pour la première fois, l’iMac est fourni avec une alimentation externe, qui consacre le retour de la prise CEI 60320 C5 que l’on n’avait plus vu depuis l’iMac G4. Le câble d’alimentation recouvert de tissu coloré, qui mesure deux mètres de long, se termine par un étonnant connecteur cylindrique magnétique. On peut sentir, lorsque l’on passe le câble dans le trou du pied, les aimants attirer le connecteur.
La comparaison avec les adaptateurs MagSafe des ordinateurs portables s’arrête aux aimants. Il faut appuyer fermement pour le brancher, et tirer tout aussi fermement pour le débrancher. Un détrompeur et des billes empêchent les déconnexions intempestives. L’alimentation fournit 143,1 W sous 9 A : le câble fait remonter le courant, mais aussi la connexion à internet, puisque le bloc secteur comporte un port Ethernet Gigabit.
Le bouton d’alimentation, dont la forme concave peut être repérée à l’aveugle, reste à gauche. Pour la première fois depuis Mac OS X Snow Leopard, le premier démarrage est marqué par une petite animation. Le mot « bonjour » défile dans plusieurs dizaines de langues, pendant près de deux minutes, à la manière des premières versions de Mac OS X. Un clin d’œil nostalgique parfaitement inutile, mais fortement sympathique.
L’iMac 24" est construit comme un iPad : le châssis monocoque en aluminium, qui accueille l’ensemble des composants, est fermé par une grande dalle de verre, qui comporte la dalle LCD. Les esprits chagrins font une fixation sur le « menton », mais ce menton est l’iMac, très littéralement. C’est un élément visuel emblématique, associé au tout-en-un d’Apple depuis 17 ans, mais aussi un élément fonctionnel crucial, puisqu’il renferme tous les composants.
Ce menton empêche de prendre l’iMac pour un vulgaire écran, et permet d’affiner le profil, au point que la prise casque doit migrer sur la tranche ! Avec son connecteur magnétique et son poids de 4,5 kg, l’iMac 24" peut être vu comme une machine transportable, que l’on peut imaginer déplacer de la cuisine au salon en fonction des besoins, voire ranger dans un placard le temps d’une soirée ou d’un weekend1.
Les couleurs du menton et du pied sont coordonnées, et plus claires que celles du dos, sauf sur le modèle uniformément gris. Cette astuce visuelle ancre la machine au bureau, et l’écran semble flotter, puisque la bordure blanche se fond dans le décor. Les gouts et les couleurs ne se discutent pas, mais les intentions des designers d’Apple ne devraient pas être repoussées d’un revers de la main.
Alors que la face avant est recouverte d’une dalle de verre parfaitement lisse, la fine texture de la face arrière provoque un phénomène d’iridescence. Selon l’angle, notre modèle bleu se pare de teintes vertes ou violettes. L’iMac peut occuper une place de choix dans un bureau, et en mettre plein les yeux avec son dos chamarré, ou bien être placé contre un mur, et n’apporter qu’une touche discrète de couleur.
La grosse pomme en verre fait office de fenêtre radiotransparente, qui laisse passer le signal des antennes Wi-Fi 6 et Bluetooth 5. Le modèle d’entrée de gamme ne comporte qu’une paire de ports Thunderbolt 3, les modèles supérieurs ajoutent une paire de ports USB-C. Apple propose toujours une version VESA livrée sans le pied original.
L’écran de l’iMac 24"… ne mesure pas 24". D’un coin à l’autre, il mesure un peu moins de 60 centimètres, soit 23,5". Comme Apple a rogné sur les bordures, l’iMac 24" est à peine plus large (54,7 cm) que l’iMac 21,5" Retina 4K qu’il remplace (52,8 cm). À mi-chemin entre l’iMac 21,5" Retina 4K et l’iMac 27" Retina 5K, l’iMac 24" possède une définition native de 4,5 K, ou 4 480 x 2 520 px pour être précis.
Sa résolution de 218 ppp est légèrement inférieure à celle des machines portables, mais absolument identique à celle du ProDisplay XDR. S’il affiche une définition logique de 2 240 x 1 260 px, il peut afficher jusque 2 560 x 1 440 px, et donc offrir la même surface de travail que l’iMac 27" Retina 5K. La colorimétrie semble légèrement flatteuse, mais nous devrons sortir notre sonde pour distinguer les caractéristiques de la dalle des conséquences de True Tone.
Mais nous n’aurons pas besoin de sortir les appareils pour entendre la différence. Avec deux paires de woofers et une paire de tweeters, le nouvel iMac 24" envoie du lourd. La machine manque de coffre, c’est certain, mais les basses sont maitrisées. Les woofers travaillent les uns contre les autres pour éviter les vibrations parasites et réduire la distorsion à néant.
Bien sûr, si l’on touche la machine, on sent bien qu’elle tremble au rythme de la musique, mais pas au point de bouger sur son pied. Le nouvel iMac 24" est paré pour l’« audio spatial » dans Apple Music : la séparation des canaux est claire et nette, et les effets de panning donnent l’impression que la machine est plus grande qu’elle ne l’est vraiment. Il s’agit de simulation, d’accord, mais d’une simulation convaincante.
Apple a tiré les leçons du télétravail, qui a prouvé l’importance du système audiovisuel des ordinateurs. Les trois microphones fonctionnent comme un système pour annuler les bruits de fond et « viser » la personne face à l’écran. Surtout, la webcam possède maintenant un capteur HD 1080p, et le processeur de traitement de l’image de la puce M1 règle automatiquement la balance des blancs et l’exposition. Une fois les visages détectés, les différents plans sont séparés et ajustés automatiquement, pour assurer une grande gamme dynamique.
L’image est plus détaillée et plus nette, l’éclairage du visage est préservé malgré les contrejours, les zones sombres ne fourmillent plus. La colorimétrie dépend des applications : dans les mêmes conditions, Photo Booth tire des images plus chaudes et contrastées que FaceTime, qui produit une image un peu plus plate. Bref, l’iMac 24" possède la meilleure webcam jamais intégrée à un Mac.
Sauf que la barre n’était pas bien haute. Alors que le nouvel iMac est présenté comme le parfait compagnon du télétravailleur, il souffre de la comparaison avec l’iPad Pro 2021, équipé de la puce M1. Pourquoi ne possède-t-il pas la même optique très grand-angle ? Pourquoi ne propose-t-il pas la même fonction de centrage automatique du cadre ?
Enfin, nos premières mesures de performances ne révèlent aucune surprise. Les résultats sont peu ou prou identiques à ceux du Mac mini et du MacBook Pro 13", qui étaient légèrement supérieurs à ceux du MacBook Air. L’iMac 24" n’est qu’un Mac mini avec un écran… ou un iPad Pro sur pied. Nous reviendrons plus en détail sur cette machine dans les prochains jours, avec la publication de notre test complet.
Avec Stéphane Moussie.
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Et il ne fait aucun doute que l’on verra des professionnels le transporter dans une flight case pour disposer d’une machine de bureau sur le terrain. ↩︎