La présentation de l’iPad Air 2 et de l’iPad mini 3 intervient à un moment clef de la courte histoire du marché des tablettes. Les ventes de tablettes ont augmenté de 78 % en 2012 et de 68 % en 2013, mais se sont considérablement tassées cette année. Au premier coup d’œil, l’iPad semble souffrir plus durement que ses concurrentes de ce repli : ses ventes n’ont augmenté que de 22 % en 2013, et seront sans doute en baisse sur l’ensemble de l’année 2014.
Ce serait oublier que l’essentiel des 6,5 % de croissance que le marché des tablettes devrait connaître cette année vient de tablettes chinoises vendues à très bas prix en marque blanche. Un marché sur lequel Apple, qui a vendu 225 millions de tablettes et détient 24 % des parts du marché mondial selon IHS, est totalement absente. Non, l’iPad est plutôt de ces tablettes qui remplacent le téléviseur dans la chambre, sont présentes dans les écoles et les entreprises, et sont les ordinateurs préférés des enfants.
« Mais l’iPad n’est pas un vrai ordinateur ! », s’exclameront certains. Pourtant, son cycle de vie est très similaire à celui d’un PC moyen : si sa croissance se tasse, ce n’est pas que le marché est saturé, c’est qu’il se renouvelle à un train de sénateur. Selon l’analyste Ben Bajarin, plus de la moitié des utilisateurs de tablettes partagent leur appareil avec une autre personne, un tiers avec plus de trois autres personnes. Voilà qui restreint la taille du public potentiel, alors que le smartphone est un appareil éminemment personnel.
Même s’il est encore un peu tôt pour pleinement l’affirmer, il semble aussi que les utilisateurs soient plus enclins à garder longtemps leur iPad, aussi longtemps qu’un Mac. Alors que le renouvellement des smartphones suit celui des contrats opérateur qui subventionnent l’acquisition d’un nouvel appareil, le cycle de vie d’une tablette est sans doute plus long. Et Apple, en proposant un suivi logiciel pendant plus de trois ans, ne pousse pas particulièrement au renouvellement.
Enfin et là encore comme le Mac, l’iPad est clairement affecté par une forte saisonnalité : aux périodes de préparations de la rentrée scolaire et des fêtes correspondent les deux plus gros pics de ventes. L’iPad n’a donc plus la croissance explosive de ses débuts, mais il n’en reste pas moins le troisième pilier de l’édifice d’Apple, un pilier d’ailleurs peut-être plus solide maintenant qu’il tremble moins. Et un pilier, donc, constitué de deux nouveaux éléments : l’iPad Air 2 et l’iPad mini 3.
Mesurant à peine 6,1 mm d’épaisseur, c’est-à-dire deux fois moins que l’iPad original, l’iPad Air 2 est incontestablement un magnifique objet. Mais ce n’est pas par sa finesse qu’elle se distingue, du moins pas seulement : c’est aussi la première tablette dont l’écran devrait être parfaitement lisible en plein soleil. Les différentes couches composant l’écran sont désormais collées… et la dernière couche n’est autre qu’un traitement anti-reflets. Apple assure que les reflets sont divisés par deux, ce qui serait un élément véritablement différenciant.
Bien sûr, la fiche technique de l’iPad Air 2 est longue comme le bras. Elle pourrait se contenter d’un A8, mais adopte à la place un processeur Apple A8X. Avec son architecture 64 bits de deuxième génération, il est 40 % plus puissant que son prédécesseur, ce qui lui permet de faire tourner une app comme le nouveau Pixelmator pour iOS. L’A8X intègre un nouveau DSP, qui assure un traitement optimal des photos sortant du nouveau capteur 8 Mpx, des vidéos 1080p au son capté par deux microphones, et des rafales de selfies de la nouvelle webcam FaceTime HD.
Oh et oui, l’iPad Air 2 est décliné dans un modèle doré et intègre un capteur Touch ID. L’iPad mini 3 aussi, mais ce sont les seules nouveautés de cette petite mise à jour. L’iPad Air 2 est proposé à 499 € avec 16 Go de stockage, 605 € avec 64 Go de stockage (au lieu de 32 Go) et 705 € avec 128 Go de stockage (100 $ de moins qu’avant). Ajoutez 120 € pour obtenir les prix de l’iPad Air 2 Wi-Fi + Cellular, qui intègre désormais un modem 4G LTE-A. Retirez au contraire 100 € pour obtenir les prix de l’iPad mini 3, disponible dans les mêmes capacités.
Le renouvellement a minima de l’iPad mini 3 fera sans doute des déçus, mais il est aussi révélateur de la stratégie de l’iPad. Non seulement l’iPad mini 2 reste au catalogue, mais les iPad mini et iPad Air originaux aussi ! Avec cinq modèles, la gamme n’a jamais été aussi étendue, et son entrée n’a jamais été aussi peu chère : seulement 249 €. Voilà de quoi relancer l’iPad dans un marché qui devrait atteindre 272 millions d’unités en 2015 selon Gartner, et donc dépasser celui du PC. En attendant, ces nouveaux iPad seront disponibles en précommande dès demain, pour une livraison la semaine prochaine.
Face à ces iPad, l’ordinateur traditionnel n’a pas dit son dernier mot. Au contraire, Apple considère que les avancées de l’iPhone et de l’iPad doivent pousser les équipes travaillant sur le Mac à se dépasser. Le résultat ? Cela ne surprendra personne, mais en ravira beaucoup, la firme de Cupertino a enfin réussi à caser un écran Retina dans un iMac. Un écran Retina 5K, d’ailleurs : avec une définition de 5120 x 2880 px, il affiche sept fois plus de pixels qu’un téléviseur haute définition, c’est-à-dire 14,7 millions.
Afficher autant de pixels est un véritable casse-tête : aucune norme actuelle de connexion externe ne possède une bande passante suffisante. Apple n’a eu d’autre choix que de concevoir son propre contrôleur, d’employer un nouveau système de rétro-éclairage, d’adopter la technologie oxide TFT — mais elle a aussi pu réutiliser des technologies mises à l’œuvre dans les iPhone et iPad, comme le photoalignement. Au final, l’écran ne mesure que 5 mm d’épaisseur, et consomme 30 % de moins malgré ses pixels supplémentaires.
En attendant de devenir le nouveau standard, l’iMac Retina 5K vient chapeauter la gamme actuelle. Il est proposé à 2 599 € avec un processeur Intel Core i5 quadricœur à 3,5 GHz, une carte graphique AMD Radeon M290X avec 2 Go de mémoire, un Fusion Drive de 1 To, deux ports Thunderbolt 2… et seulement 8 Go de mémoire vive. Pour 250 € de plus, il peut être doté d’un processeur Intel Core i7 quadricœur à 4 GHz (!) ou d’une carte graphique AMD Radeon R9 M295X avec 4 Go de mémoire (!!). Il vous faudra 4 499 € pour vous offrir la configuration toutes options avec 32 Go de mémoire vive et 1 To de stockage flash…
…et seulement 499 € pour le nouveau Mac mini d’entrée de gamme. Pas de processeur ARM en vue, mais un simple Intel Core i5 bicœur à 1,4 GHz avec une puce Intel HD Graphics 5000, 500 Go de stockage, 4 Go de mémoire vive, deux ports Thunderbolt 2 et une carte Wi-Fi 802.11ac. Une mise à jour tout à fait mineure donc, mais pas tout à fait inintéressante : le modèle à 699 € adopte un processeur Intel Core i5 bicœur à 2,6 GHz et une puce Intel Iris, tandis que le modèle à 999 € passe à 2,8 GHz et au Fusion Drive de 1 To. Aussi anodine soit-elle, nous avons décidé d’interpréter cette mise à jour comme la réponse au slogan de ce special event : en effet, « cela faisait bien trop longtemps » que cette machine n’avait pas été revue.
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