À chaque keynote, la rengaine revient inévitablement dans certains commentaires, que ce soit dans nos colonnes ou chez les autres médias spécialisés : Apple est finie, Apple ne trouve pas de produit aussi populaire que l’iPhone, ils stagnent et ne feront plus jamais rien. Oui, même l’auteur de l’article s’est laissé aller à cette coupable pensée de temps en temps (Promis, je réciterai 3 Notre Steve et 5 Je vous salue Tim Cook). Mais au final, qu’en est-il ? Apple a-t-elle vraiment perdu son Mojo ?
Inutile de tourner indéfiniment autour du pot, même les meilleurs apôtres de la pomme tels ce cher Mark Gurman le disent avec une quasi-certitude : un produit aussi grand public que l’iPhone, présentant à la fois des marges gigantesques et des chiffres de vente à faire rager la concurrence, il risque de ne pas y en avoir d’autres, ou en tout cas pas avant très longtemps. Même Apple prévient ses investisseurs à ce sujet.
Infinite (cash ?)
Il faut dire que le coup est sublime, et rapporte plus de 200 milliards de dollars à Apple par an, soit tout de même plus de la moitié des revenus de l’entreprise. Et c’est sans compter les 100 milliards de dollars qu’on peut lui accoler, venant des services ou des accessoires fonctionnant avec la bête (bah oui, sans iPhone, pas d’Apple Watch... ou alors il faut vraiment aimer porter un truc inutile qui ne donnera même pas l’heure).
En 15 ans, Apple a tout fait pour maximiser le potentiel de l’iPhone : l’iPad a d’abord été vu comme une tablette sur le même OS, avant de prendre (un peu) de sa liberté, et la réussite a été au rendez-vous : 25 milliards de dollars par an, c’est un beau chiffre. L’Apple Watch et les HomePods ne sont pas en reste, rapportant 40 milliards de dollars par an à Cupertino.
Les Macs en profitent aussi, une bonne partie des jeunes vouant un culte à leur iPhone passent au Mac une fois devenus plus sérieux et moins accrocs aux jeux (parce qu’on va se l’avouer, s’ils sont dans la catégorie « PC Master Race », Apple a peu de chances de les convaincre).
Smoke on the water
Mais tout ne se passe pas forcément sans accroc, spécialement quand on recherche un produit à même de faire des chiffres de vente aussi élevés que l’iconique iPhone : on l’a vu avec le fameux projet d’Apple Car, mort-né à la fois des ambitions de retour sur investissement de la pomme (les marges dans le domaine automobile ne sont pas celles que l’entreprise à l’habitude de croiser... demandez donc à Stellantis) et des usines nécessaires à la chose (il faut un tout petit peu plus d’équipement que pour un smartphone...).
Le Vision Pro, s’il a eu la chance de voir le jour contrairement à la voiture, n’est pas pour autant la réussite que Cupertino aurait espéré : trop chère à produire, donc trop chère à vendre, la première itération est dans l’impossibilité de toucher un grand nombre de personnes, se cantonnant à une petite frange élitiste qui a soit les moyens de se l’offrir (et dans la période actuelle elle se rétrécit de plus en plus), soit la possibilité de le faire payer par l’employeur (mais il va falloir allonger les arguments pour faire passer la pilule).
Now What?!
Mais du coup, que faire ? On continue à poncer l’iPhone et ses accessoires, au risque de finir par lasser autant qu’un Fast & Furious 11 (oui, je vous vois les fans de la dernière trilogie de Star Wars, vous poussez un ouf de soulagement) ?
Dans un premier temps, ce sera business as usual : on améliore avec des processeurs plus puissants dans les Macs, on affine le design, et on ajoutera peut-être des écrans tactiles dans de futurs ordinateurs. Pour les iPads, ça passera par l’agrandissement des écrans et une possible version pliable. L’Apple Watch finira par avoir des capteurs de pression sanguine et de glycémie. Pour les iPhones, ce sera plus difficile d’aller plus loin, mais Cupertino trouvera bien quelques idées pour les rendre toujours plus indispensables, notamment avec Apple Intelligence.
C’est tout ? Non, bien entendu. La nouvelle marotte d’Apple semble bien être le retour en grâce des accessoires domotiques, avec des appareils mêlant HomePod et écrans tactiles, l’un devant être à un tarif raisonnable, et l’autre un peu plus élitiste avec un bras robotisé suivant les mouvements de l’utilisateur.
Cupertino n’a pas pour autant abandonné l’idée de faire quelque chose de plus populaire que le Vision Pro dans la catégorie des wearables : l’entreprise testerait en interne, bien à l’abri des regards sur le campus, les lunettes connectées des concurrents, spécifiquement Meta et Snap. Quant au Vision Pro, il va recevoir une mise à jour lui donnant un possible coup de fouet pour les amateurs de (très) grands écrans : la version 2.2 de VisionOS permettra d’avoir devant soi un gigantesque écran panoramique de son Mac, ce qui pourrait relancer l’utilité de l’appareil, et donner des idées à Apple pour une itération plus légère du produit.
Child in time
Au final, il faut laisser le temps à Apple de trouver la solution, tout en sachant que ce ne sera sûrement pas LA solution : les temps de produits aussi massivement vendus que l’iPhone sont fort probablement derrière nous. Mais cela n’empêche en aucun cas Cupertino de nous surprendre, et il est fort à parier qu’elle continuera à le faire, même si c’est par petites touches. Après tout, même s’il était certain que la technologie permettrait son existence, qui aurait pu prédire il y a encore 10 ans que la pomme produirait un Mac mini si petit, et pourtant si puissant ?
Dis Siri, mets-moi Deep Purple