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Volkswagen a peur d’être le Nokia des voitures

Nicolas Furno

vendredi 17 janvier 2020 à 08:20 • 241

Mobilités

Nokia était le géant incontournable des téléphones portables et personne n’imaginait un monde sans lui, surtout pas ses dirigeants. Et puis l’iPhone et les smartphones Android sont arrivés et en quelques années, la firme finlandaise a quasiment disparu de la surface terrestre. Est-ce que c’est le même destin qui attend Volkswagen, géant de l’automobile et numéro un incontesté depuis plusieurs décennies en Europe ?

Comme avec Nokia en 2007, cela peut sembler assez ridicule de penser cela aujourd’hui, mais c’est pourtant ce que craint Herbert Diess, le directeur général du groupe Volkswagen. Face à l’émergence des véhicules électriques, autonomes et connectées sur le modèle de Tesla, les voitures à l’ancienne construites autour d’un moteur à explosion pourraient connaître le même destin que les téléphones portables face aux smartphones.

L’ID3, la première voiture exclusivement électrique de Volkswagen.

Volkswagen a bien conscience de la nécessité d’évoluer et le « Dieselgate » a certainement joué comme un électrochoc pour le géant allemand. Le plan d’électrification de ses véhicules est sans conteste l’un des plus ambitieux et complets de l’industrie et le constructeur espère devenir le numéro un de l’électrique dans les prochaines années.

Pour cela, tout une gamme de produits est en préparation, sur tous les segments, de la e-Up et ses cousines chez Seat et Skoda vendue à moins de 20 000 € jusqu’à la Taycan de Porsche qui approche des 200 000. De nombreux projets sont en cours de développement et Volkswagen présentera notamment tout une gamme de véhicules « ID », pensés dès le départ pour l’électrique.

Mais l’électrification n’est qu’une partie de l’équation et peut-être même pas la plus importante. Les voitures du futur seront aussi des ordinateurs avant tout, connectées en permanence et capables de rouler toutes seules. Le mini-van ID Buzz devrait servir à avancer sur le terrain de la conduite autonome, avec des expérimentations commerciales prévues pour 2022. De façon plus générale, le logiciel va devenir la pièce centrale du puzzle et avoir conscience que c’est le cas ne suffit pas à régler tous les problèmes.

Concept de l’ID Buzz, un mini-van électrique inspiré par le légendaire Combi des années 1970.

Volkswagen peut en témoigner, son ID3 qui doit sortir dans les prochaines semaines est en retard à cause d’un logiciel qui n’est pas terminé et qui devra être installé à la main sur les premiers véhicules à sortir des usines. L’entreprise espère avoir finalisé cette partie au mois de mai, et seulement à partir de là avoir l’infrastructure nécessaire pour fournir des mises à jour à distance.

« L’ère des constructeurs automobiles traditionnels est révolue », affirme Herbert Diess, en soulignant que Volkswagen va devoir évoluer pour survivre. Avec ces propos, il prépare son groupe à des changements probablement douloureux : abandon de la recherche sur l’hydrogène au profit de l’électrique et probablement de sérieuses économies à venir, notamment en Allemagne. Et malgré tout cela, il n’est même pas sûr que cela suffise :

La grande question est : sommes nous assez rapides ? Si nous continuons au rythme actuel, cela va être très difficile.

Volkswagen a au moins l’avantage par rapport à Nokia d’être conscient du problème. Ce qui n’est pas le cas de tout le monde dans l’industrie, à commencer par Toyota, qui a souvent été le plus gros vendeur de voitures dans le monde et qui refuse toujours de croire à cette transition dans un nouveau monde. L’entreprise japonaise n’aura pas le choix, les exigences européennes la forceront à électrifier sa gamme, mais elle le fait encore à reculons.

Et même si les constructeurs historiques suivent la voie tracée par Tesla pour offrir des voitures électriques et connectées, il leur restera quelques points à régler encore. À commencer par la question de la recharge rapide, essentielle pour faire de longues distances. Et sur ce point, le californien a aussi pris de l’avance avec son réseau de superchargeurs, présent quasiment partout et qui permet une recharge bon marché. En Europe, le réseau Ionity se rapproche le plus dans l’idée, avec des bornes placées le long des autoroutes qui permettent de fournir jusqu’à 350 kW.

Un Kona de Hyundai branché sur une station Ionity (image Automobile Propre).

Sur le papier, c’est la réponse idéale, d’autant que l’initiative est soutenue par plusieurs grands constructeurs automobiles, dont Volkswagen, BMW, Daimler ou encore Ford et Hyundai. Sauf que la charge sera peut-être rapide, elle ne sera pas du tout bon marché avec le nouveau tarif qui entrera en vigueur à la fin du mois.

Ionity facturera désormais la charge à 0,79 € du kWh, soit une soixantaine d’euros pour charger intégralement une ID3 avec la plus grosse batterie de 77 kWh. Sachant que ce modèle affiche 550 km d’autonomie théorique, cela revient à payer une bonne dizaine d’euros pour 100 km. C’est plus cher que ce que coûte une voiture thermique comme la Golf Volkswagen et ce n’est pas une bonne nouvelle pour convaincre. À titre de comparaison, le prix actuel en France sur le réseau de Tesla est de 0,24 € par kWh.

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