Le gouvernement russe « restreint partiellement l’accès » à Facebook, accusant le réseau social américain de censurer quatre organisations médiatiques liées au Kremlin. « Facebook viole les droits humains et les libertés fondamentales », assure un communiqué du Service fédéral de supervision des communications (Roskomnadzor), quelques heures après que le réseau social a refusé de suspendre ses efforts de fact-checking en Russie.
L’information reste le nerf de la guerre, et le conflit se déroule aussi sur le terrain numérique. L’invasion du territoire ukrainien s’est accompagnée de coupures d’internet autour de Kharkiv, l’ancienne capitale soviétique à quelques kilomètres de la frontière, et les services russes multiplient les attaques par déni de service contre les sites du gouvernement ukrainien.
Le Roskomnadzor appelle la population à « utiliser des réseaux sociaux russes » et « consulter uniquement les informations provenant des sources russes officielles ». Sur le moteur de recherche Yandex, les résultats liés au conflit sont barrés d’une bannière appelant à l’« attention » face aux « ressources qui pourraient contenir des informations inexactes ».
Alors que la contestation s’organise sur les réseaux sociaux, le gendarme russe des communications exige que les médias proches du Kremlin échappent aux mesures de fact-checking. « Les autorités russes nous ont demandé d’arrêter la vérification indépendante des informations publiées sur Facebook par quatre organisations médiatiques appartenant à l’État russe », explique Nick Clegg, le vice-président de Meta en charge des relations internationales.
« Nous avons refusé », poursuit-il, « par conséquent, elles ont annoncé leur intention de restreindre l’usage de nos services. » Les autorités parlent de « censure » à l’encontre de l’agence RIA Novosti, de la chaine de télévision Zvezda du ministère de la Défense, ainsi que des sites Lenta.ru et Gazeta.ru édités par des oligarques proches du pouvoir, après la suppression de publications considérées comme « fausses ».
Les restrictions prendront la forme d’« un ralentissement du trafic », visant à décourager l’utilisation des réseaux sociaux étrangers. Ce blocage au sein du territoire russe s’accompagne d’opérations destinées à ralentir ou empêcher l’accès à Facebook en Ukraine, l’opérateur d’infrastructures Cloudflare notant une augmentation des erreurs de résolution du domaine facebook.com
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Face aux attaques contre ses infrastructures numériques, le ministère ukrainien de la Défense appelle les hackers à l’aide, selon l’agence Reuters. Le collectif Anonymous a déclaré la « cyberguerre » à la Russie, et assure avoir piraté le site du ministère russe de la Défense. Les citoyens ukrainiens, eux, se tournent vers les messageries chiffrées Signal et Telegram.