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Le Mac est bien devenu secondaire chez Apple

Nicolas Furno

mardi 20 décembre 2016 à 16:24 • 254

Mac

Mark Gurman a conservé ses sources bien informées au sein d’Apple, mais son dernier article publié chez Bloomberg ne parle pas du futur. Au contraire, le journaliste regarde vers le passé et plus précisément vers les deux ou trois dernières années de l’entreprise.

Pourquoi ce retour en arrière ? Alors que Tim Cook vient tout juste de rassurer ses troupes (et les fans) avec une note interne qui affirme l’intérêt d’Apple pour les ordinateurs de bureau, les révélations du journaliste viennent dire à peu près le contraire.

Avec des exemples très précis, Mark Gurman montre comment le Mac est devenu un citoyen de seconde classe à Cupertino. Et en quoi ce délaissement explique certains choix récents qui ont conduit à des déceptions…

Apple avait prévu une meilleure batterie pour ses MacBook Pro

L’autonomie des nouveaux MacBook Pro n’est pas bonne, en tout cas pas aussi bonne qu’Apple l’annonçait initialement et pas aussi bonne que la génération précédente. Apple vante 10 heures d’autonomie sur toute la gamme, mais on tient difficilement plus de 5 à 6 heures sur les 15 pouces, une heure de plus sur les 13 pouces avec Touch Bar, encore une à deux heures sur les 13 pouces sans Touch Bar.

L’autonomie réelle des MacBook Pro de dernière génération pose problème. Cliquer pour agrandir

En guise de réponse, Apple a commencé par remplacer les machines des premiers clients mécontents, puis le constructeur a tout simplement retiré l’estimation de l’autonomie restante, un indicateur jugé faussé. Ce ne sont pas des réponses très satisfaisantes, et c’est peut-être pour cette raison qu’Apple va embaucher des spécialistes. En attendant mieux, le journaliste a une explication bien plus intéressante.

Selon lui, Apple avait prévu une toute autre batterie pour sa nouvelle gamme. Au lieu de reposer sur des blocs comme c’est le cas sur le design final, elle aurait épousé très précisément la coque en aluminium pour maximiser sa capacité tout en maintenant la finesse de l’ordinateur. Malheureusement, un test crucial aurait échoué et plutôt que de retarder la machine, le constructeur aurait préféré se rabattre sur le design qui a finalement été livré.

La capacité de la batterie fournie par Apple est ainsi inférieure à ce qui était prévu. Et c’est probablement la différence qui explique l’autonomie réelle si médiocre comparée à l’autonomie théorique. Mark Gurman ne connaît pas les raisons de cet échec qui est d’autant plus étonnant que le MacBook Pro n’aurait pas été le premier Mac à en bénéficier. En 2015, le MacBook Retina a été le premier ordinateur Apple à intégrer cette batterie faite sur-mesure.

La batterie du MacBook Pro 15 pouces avec Touch Bar. (Image iFixit) Cliquer pour agrandir

Quoi qu’il en soit, les équipes auraient été contraintes d’intégrer l’ancien design de batteries assez tard dans le processus. Ce qui, on s’en doute, a retardé le travail sur les autres Mac qui en avaient bien besoin. Et à l’arrivée, cela donne un ordinateur moins bon que prévu.

Un MacBook handicapé par des hésitations internes

Le MacBook Retina a lui aussi souffert de la nouvelle politique d’Apple si l’on en croit les informations rapportées par Bloomberg. Les premiers prototypes utilisaient un port Lightning au lieu de l’USB-C, mais surtout, les ingénieurs auraient travaillé pendant longtemps sur deux modèles nettement différents.

Un MacBook or rose de début 2016. Cliquer pour agrandir

Outre le design ultra-fin qui a été le produit final, Apple avait prévu un autre ordinateur plus épais et nommé en interne « Stealth Bomber ». Le plus léger, nommé « Stealth Fighter » aurait finalement gagné la bataille, mais les ingénieurs ont perdu beaucoup de temps à développer les deux concepts en parallèle, explique Gurman.

Ces hésitations entre plusieurs options seraient devenues monnaie courante à Cupertino, là où le constructeur s’engageait autrefois sur un seul projet à la fois. Résultat, l’ordinateur est sorti avec plusieurs mois de retard sur le planning original, et avec moins de fonctions que prévu.

Pour la deuxième génération sortie en début d’année, certains ingénieurs voulaient compenser en ajoutant un deuxième port USB-C et un capteur digital Touch ID dont allaient bénéficier les nouveaux MacBook Pro. La direction n’a pas validé ces idées et s’est contentée d’ajouter une couleur, l’or rose, à la gamme.

Les appareils iOS ont toujours la priorité

C’est qu’Apple favorise désormais les mêmes objectifs pour tous ses produits : de la finesse, de la légèreté et la simplicité, notamment pour les ports. Les iPhone et iPad sont systématiquement prioritaires, si le reste de la gamme peut en profiter pour évoluer, tant mieux.

Dans cette optique, les Mac doivent s’aligner au maximum sur les appareils iOS, ce qui se voit notamment sur les coloris. Le choix de l’or puis de l’or rose sur le MacBook répond à cet objectif. Bloomberg glisse par ailleurs qu’un MacBook Pro doré était aussi prévu, mais que la couleur ne convenait pas à cette taille.

MacBook Pro de 2016 contre MacBook Pro de 2012.

L’équipe en charge du Mac, autrefois toute puissante chez Apple, aurait pratiquement disparu. Mark Gurman rappelle qu’il n’existe plus d’équipe dédiée à macOS, mais que tous les développeurs travaillent désormais au sein d’une même entité. Et ce groupe favorise assez logiquement iOS, qui pèse 75 % du chiffre d’affaires du groupe, au détriment de macOS et de ses 10 % des ventes au sein d’Apple.

Alors, le Mac n’est peut-être pas mort comme l’a rappelé Tim Cook, mais il ne compte plus vraiment si l’on en croit les bruits de couloir rapportés par le journaliste. En particulier, le Mac a perdu l’oreille et l’attention de Jonathan Ive, alors qu’il occupe désormais un rôle très important chez Apple. Son équipe se consacre presque exclusivement aux appareils iOS, au détriment des ordinateurs :

L’équipe en charge du Mac a perdu de son influence auprès du groupe de design industriel mené par Jony Ive, mais aussi auprès de l’équipe chargée du logiciel dans l’entreprise.

De manière plus générale, les responsables ne semblent plus avoir de vision très claire et plusieurs départs d’employés importants ont encore handicapé les ordinateurs traditionnels au sein d’Apple. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres, mais rappelons que Sal Soghoian, responsable de l’automatisation, a quitté Cupertino brusquement le mois dernier.

Des changements mineurs seulement en 2017 ?

Pour conclure cette rétrospective un petit peu inquiétante pour les fans du Mac, Mark Gurman indique ce que nous réserve l’avenir proche. Et ce n’est guère mieux : si on croit ses informations, Apple n’a rien de majeur prévu pour 2017. Il faudrait s’attendre plutôt à des changements mineurs, comme le passage à l’USB-C pour l’iMac et de nouvelles options graphiques toujours fournies par AMD. Et pour les MacBook et MacBook Pro, on devrait pouvoir compter sur des petits progrès côté vitesse, rien de plus.

Le site évoque aussi la possibilité d’un clavier externe avec Touch Bar intégrée. Apple aurait un prototype en interne, mais sa sortie dépendrait du succès de la fonction sur les nouveaux MacBook Pro.

Et le Mac Pro dans tout ça ? Le journaliste n’en parle pas, même si cela ne veut pas nécessairement dire que l’ordinateur est abandonné. Néanmoins, il rappelle que sa conception très complexe, avec ce tube en aluminium tellement poli qu’il devenait réfléchissant, n’a pas aidé l’ordinateur. La production, de surcroît menée aux États-Unis, a toujours été plus complexe que prévu, ce qui aurait motivé sa stagnation pendant trois ans.

Chaîne de production des Mac Pro. Cliquer pour agrandir

Certains chez Apple auraient proposé d’abandonner la production américaine pour produire le Mac Pro plus facilement. Les techniques nécessaires sont mieux maîtrisées en Asie et on imagine que le prix de production aurait baissé. Et peut-être même qu’Apple aurait été plus motivé pour le mettre à jour… on verra cette année si un nouveau modèle sort finalement.

Faut-il le préciser ? Pas un mot, non plus, sur le Mac mini qui souffre probablement encore davantage de la perte d’intérêt pour les Mac. Et c’est bien dommage, car cette petite machine pas trop chère était souvent un excellent choix et ce n’est pas pour rien qu’elle sert bien au-delà du bureau, dans des salons ou même dans des data-centers. Il y aurait de quoi imaginer autour d’un petit Mac, mais Apple ne veut probablement pas lui allouer autant de ressources que par le passé.

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