Ouvrir le menu principal

MacGeneration

Recherche

La finesse nuit-elle à l’autonomie ?

Christophe Laporte

jeudi 28 avril 2016 à 10:22 • 151

iOS

Finesse et autonomie, est-ce antinomique ? Autrement dit, la finesse des produits Apple nuit-elle à leur autonomie ? Ce poncif revient régulièrement dès qu’on évoque la sortie d’un nouveau produit estampillé d’une pomme. Qu'en est-il vraiment ?

L’exemple des MacBook

L’année dernière, Apple a sorti le MacBook, son ordinateur le plus fin à ce jour. Le portable a ses défauts (ce n’est pas un foudre de guerre et il n’a qu’un port), mais il dispose d’un écran superbe, d’un poids plume (0,9 kg) et ne fait que 13,1 mm d’épaisseur. À ce sujet, on vous invite à lire notre re-test publié récemment.

Et son autonomie ? Apple, qui a toujours été relativement honnête sur la question, évoque une autonomie pouvant atteindre entre 9 et 10 heures dans le meilleur des cas.

Dix ans avant sa sortie, Apple commercialisait déjà un ordinateur 12” : le PowerBook G4, une machine qui avait ses aficionados en raison de son format compact... et qui pesait plus de 2 kg. Son autonomie ? Jusqu’à 5 h 30, ce qui était déjà pas mal pour l’époque.

Comparaison n’est pas raison, on peut tout objecter, mais une chose est certaine et cet exemple le montre bien : les ordinateurs Apple sont devenus plus fins et plus légers au fil du temps, plus puissants également, sans que cela ne se fasse au détriment de l’autonomie. Et c’est bien entendu valable pour le reste de l’industrie !

La batterie des iPhone n’a jamais été aussi grande

L’une des critiques qui revient donc fréquemment, c’est que la finesse se fait au détriment de la batterie. C’est assez inexact. Apple n’a de cesse de miniaturiser les composants qui gravitent autour de la batterie.

Pour le comprendre, une image vaut mieux qu’un long discours. Voici la carte mère d’un iPhone EDGE et d’un iPhone 6s et les batteries respectives des deux appareils. Les photos sont à mettre au crédit d’iFixit.

iPhone de 1re génération
iPhone 6s

Les images ne sont pas à la même échelle, mais on se rend tout de même compte des progrès de miniaturisation d’Apple. Et il va sans dire que les iPhone 2015 sont autrement plus performants et complets.

Phil Schiller ne rate jamais une occasion d'insérer ce graphique lors d'un keynote
Phil Schiller ne rate jamais une occasion de présenter ce graphique lors d'un keynote

Tout en affinant le design de ses appareils, Apple optimise également leur aménagement intérieur. La place gagnée à coup de millimètres carrés sert souvent à la batterie. On a beaucoup reproché à Apple d’avoir supprimé les batteries amovibles, mais en même temps, la batterie n’est plus un simple bloc. À ce jour, l’exemple le plus parlant est sans aucun doute le MacBook. Sa batterie est en fait constituée de plusieurs blocs disséminés à plusieurs endroits. Ces blocs sont par ailleurs étagés, épousant ainsi la forme du châssis.

Si l’on cherche à simplifier les choses, en matière d’autonomie, il y a quatre points à prendre en compte :

  • la taille de la batterie ;
  • sa densité énergétique ;
  • l’optimisation des composants que la batterie alimente ;
  • l’optimisation logicielle.

Même en simplifiant la donne au maximum, on se rend compte à quel point cette problématique est complexe. Concernant les deux derniers éléments, les progrès sont constants. Avec iOS 9, Apple a par exemple (enfin) intégré un mode économie d’énergie lorsque la batterie passe sous la barre des 20 %. Sur le plan logiciel, l’utilisateur a également un rôle important. On pense aux réglages, mais pas seulement : tous les logiciels ne sont pas égaux en matière d’optimisation. Si vous êtes par exemple un gros consommateur de Twitter, amusez-vous à utiliser trois clients différents, chacun pendant deux trois jours. Vous aurez des petites surprises, surtout avec le client officiel…

En ce qui concerne l’aspect matériel, un exemple parmi tant d’autres : les progrès effectués par les puces réseau. À son arrivée, la 4G était présentée comme énergivore. Les iPhone récents se portent mieux désormais quand ils sont connectés en 4G plutôt qu’en 3G. Lorsque l’on parle d’autonomie, on a tendance à omettre ces deux facteurs. Pourtant ils sont cruciaux. On en ajoutera volontiers un autre : la qualité du signal délivré par votre opérateur, même si l’iPhone se débrouille bien mieux qu’avant lorsque le signal réseau est faible.

Mais pour en revenir aux batteries, leur capacité a toujours progressé au fil des versions, à deux exceptions près, l’iPhone 3G et l’iPhone 6s.

La capacité des batteries augmente lorsqu’Apple change de format. C’est logique. Il y a plus de place dans un iPhone 5 que dans un 4s pour loger une grande batterie. Mais ce qu'il faut noter, c’est que la capacité progresse également avec les versions "s".

Apple profite des révisions pour utiliser des batteries plus performantes avec une meilleure densité énergétique. L’iPhone 6s fait exception. Apple a dû faire un peu de place à 3D Touch dans ses appareils. Mais grâce à l’optimisation du logiciel et des composants, l’autonomie sur les modèles 6s est quasi-identique à la génération d’avant.

Le marketing de l’autonomie d’Apple

Que ce soit pour ses tablettes, ses ordinateurs ou ses smartphones, le message d’Apple est limpide : votre produit tient la journée. C’est l’argument martelé par les dirigeants d’Apple, le fameux one day battery life. En chiffre, qu’est-ce que cela donne ? Tous les terminaux iOS et Mac portables ont une autonomie qui oscille entre 8 et 12 heures. Seule exception : l’iPhone SE qui fonctionne 13 heures en 4G.

Comme nous l’expliquions suite à la présentation de l’Apple Watch (lire : Autonomie : je veux un jour… ou six mois), il s’agit d’un message simple à faire passer. Dire que son smartphone tient 18 heures n’est pas vendeur.

D’un point de vue marketing, pour que l’argument de l’autonomie devienne intéressant, il faudrait que le smartphone puisse tenir deux ou trois jours, voire idéalement une semaine. Mais le monde a-t-il envie d’un smartphone de 400 grammes ?

Si l’autonomie ne donne pas l’impression de décoller aussi vite que les progrès des puces ARM en puissance, c’est en partie lié aux faibles progrès techniques réalisés dans le domaine des batteries.

Des investissements considérables sont menés, mais pour l’heure, la densité énergétique des appareils électroniques ne progresse pas aussi vite que la densité des transistors dans les semi-conducteurs. L’une des solutions à moyen terme, ce sont les batteries lithium-soufre qui pourraient accroitre l’autonomie de nos produits de 40 % (lire : Sony : 40 % d'autonomie supplémentaire avec des batteries lithium-soufre… en 2020). Mais d’ici là, sauf miracle, il ne faut pas s’attendre à des améliorations spectaculaires en matière d’autonomie, surtout si nos smartphones continuent à être toujours utilisés pour plus de choses.

Rejoignez le Club iGen

Soutenez le travail d'une rédaction indépendante.

Rejoignez la plus grande communauté Apple francophone !

S'abonner