Apple a vivement contesté l'un des arguments financiers utilisés par Spotify, dans la plainte déposée contre elle à Bruxelles en mars dernier.
Le Spiegel et Music Business Worldwide ont pu consulter l'un de ces documents et ils en ont extrait un passage relatif aux critiques de Spotify à propos des 30% prélevés par Apple sur les apps payantes et les abonnements. Daniel Ek, le fondateur de Spotify, écrivait à propos de ces 30% qu'il doit reverser à Apple :
Si nous devions payer cette taxe, cela nous obligerait à gonfler artificiellement le prix de notre abonnement Premium bien au-dessus du prix de Apple Music. Et pour que nos prix restent compétitifs pour nos clients, nous ne pouvons pas le faire.
Spotify, en toute connaissance de cause, exploite les chiffres d'une manière erronée, explique Apple à la Commission de Bruxelles. Cette dernière enquête sur une possible concurrence déloyale d'Apple au moyen de l'App Store.
C'est entre 2014 et 2016 que l'application Spotify permettait de transformer un accès gratuit à son contenu en une formule Premium payante. 680 000 utilisateurs du service de streaming musical auraient procédé à ce changement d'abonnement sur ces deux années. Aujourd'hui, Spotify (comme Netflix) a retiré cette fonction d'abonnement dans son app.
En avril dernier, Spotify ayant annoncé avoir 100 millions de clients, ces 680 000 n'en représentent aujourd'hui que 0,68 %. Une paille. Et la croissance du service suédois n'en a pas souffert outre mesure puisqu'elle a été de 32 % sur un an pour ces formules payantes.
Apple rappelle au passage que la ponction de 30% est ramenée à 15% lorsqu'un utilisateur renouvelle son abonnement après la première année. Les clients restés fidèles à Spotify, après s'être abonnés entre 2014 et 2016 sont passés sous le régime d'un prélèvement divisé par deux.
En somme, Daniel Ek exagèrerait les chiffres à la fois sur ce qu'il reverse à Apple pour ses clients utilisant encore l'option d'abonnement par In-App et sur l'impact financier pour Spotify au vu du nombre de clients concernés.
Et puisque l'abonnement via l'app a été supprimé en mai 2016, cela fait belle lurette que Spotify n'est plus soumis à la règle des 30%. Depuis tout ce temps, poursuit Apple, Spotify a pu continuer d'engranger des clients payants parmi ceux qui ont téléchargé son logiciel sur l'App Store, ont testé la formule gratuite, et se sont ensuite abonnés directement sur le site du service. Et là-dessus, depuis mai 2016, Apple n'a pas perçu un centime.