Moins de deux ans après la sortie du Mac mini M2, c’est un exploit dans cette gamme, Apple présente deux nouveaux modèles. Après pratiquement 15 ans, Apple a enfin modifié le boitier du Mac mini. L’itération 2024 est plus compacte, ce qui lui donne un air de gros Apple TV ou de petit Mac Studio. La 4e génération de puces Apple pour les Macintosh est probablement la plus importante depuis la première, avec des gains très intéressants, tant du côté des performances que de la consommation.
Avec cette révision, le Mac mini M4 Pro devient une machine réellement attrayante. Le Mac mini M2 Pro avait ouvert la voie à un usage professionnel lourd, mais le Mac mini M4 Pro, lui, peut parfaitement remplacer un Mac Studio M1 Max. Enfin, Apple a décidé d’installer 16 Go de mémoire par défaut dans son Mac mini, au lieu de 8 Go1. Tous ces points font que le Mac mini M4 est probablement la mise à jour la plus importante depuis de nombreuses années, et il ne déçoit pas.
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Un Mac mini compact et mignon
Parlons aspect, avec un peu d’histoire. Le premier ordinateur « compact » d’Apple des années 2000 est le Power Mac G4 Cube, un modèle finalement assez gros avec le recul, qui amenait de nombreux compromis comme une alimentation externe imposante ou des limites techniques… mais surtout un prix élevé, du même ordre que celui des Power Mac G4 classiques. En 2005, Apple a donc proposé le Mac mini G4, un ordinateur très compact, mais surtout vendu à un prix d’appel, sans clavier ni souris. La version de base imposait des compromis : pas de Wi-Fi de série, un disque dur anémique ou une dotation en RAM (256 Mo) ridicule.
Dès cette époque, Apple a pris son temps pour le mettre à jour : il a été silencieusement mis à jour dans une version qui n’existait pas réellement dans la documentation Apple de l’époque. Le premier modèle Intel, lui, reprenait le prix assez faible et les compromis : c’est le seul Mac Intel équipé d’un processeur avec un seul cœur, le Core Solo. Au fil des années, il a évolué, avec quelques modifications sur la connectique, une version serveur (sans lecteur optique), mais les mêmes compromis : pas d’accessoires, un prix faible et des performances en retrait.
En 2010, Apple fait évoluer le boitier, qui est encore pensé pour intégrer un lecteur optique. Les compromis changent, tout comme le prix, mais le Mac mini n’est pas mis à jour de façon régulière. Il y a des modèles en 2010, 2011 — avec une rare variante équipée d’un circuit graphique dédié — et 2012. Ce dernier est le Mac mini peut-être le plus apprécié : il peut être mis à jour sur le stockage et la mémoire et une variante avec un Core i7 à quatre cœurs existe. Le modèle de 2014 déçoit : avec sa mémoire soudée et son processeur anémique en entrée de gamme, il revient aux compromis des débuts. La version de 2018, un peu inattendue, amène des processeurs rapides (avec des Core i7 à six cœurs) et de la mémoire amovible. Il inaugure aussi une robe gris sidéral.
En 2020, le premier des Mac Apple Silicon2 est le Mac mini M1, qui abandonne un des compromis : il a un prix correct pour l’époque (800 €), mais offre surtout un système sur puce sans gros défauts. Le Mac mini M1 est rapide et silencieux, mais souffre de sa configuration de base un peu faible avec 8 Go de RAM et 256 Go de stockage. Le Mac mini M2 reprend le vénérable boitier, mais ajoute une puce M2 Pro en option et baisse le prix, ce qui en fait un banger comme disent les jeunes. Et nous arrivons au Mac mini M4.
Physiquement, le Mac mini M4 est très nettement plus petit que les autres : il se place entre l’Apple TV et le Mac Studio. La surface au sol est plus faible que le modèle précédent, mais il est un peu plus haut. Les démontages montrent que c’est surtout le premier Mac mini pensé pour les puces Apple Silicon, avec une carte mère adaptée. Dans un Mac mini M1 ou M2, l’intérieur du boitier donne une impression de vide, et c’est normal : le châssis a été conçu pour des Mac équipés de puces qui consomment beaucoup, avec un disque dur 2,5″ et un lecteur optique. Dans le Mac mini M4, les compromis techniques disparaissent, et la seule chose qui reste du Mac mini original est l’absence d’accessoires dans la boite.
Le prix est certes un peu plus élevé, 700 € contre 500 € en 2005, mais l’équipement de base peut suffire pour un usage standard, ce qui n’a pas été le cas de tous les modèles. Le M4 n’est pas le G4 et même dans sa version de base, le nouveau Mac mini propose tout simplement le processeur le plus rapide actuellement sur un seul cœur, très largement devant la concurrence. Sur plusieurs cœurs, il se place très bien face aux puces AMD, Intel ou Qualcomm. Nous vous renvoyons vers notre dossier dédié si vous voulez des informations plus détaillées sur les puces M4.
La gamme M4 impressionne, du M4 au M4 Max : tout savoir sur les nouvelles puces Apple
Outre sa bonne bouille avec son petit boitier en aluminium compact, le Mac mini M4 pèse seulement 657 grammes (720 grammes pour le M4 Pro) et ne mesure que 12,7 × 12,7 × 5 cm. Soyons clairs, il existe des PC de cette taille depuis des années — comme la gamme NUC d’Intel, abandonnée par la marque —, mais le Mac mini M4 a l’avantage d’intégrer l’alimentation, ce qui est rarement le cas des PC compacts, qui reposent souvent sur des blocs externes similaires à ceux des PC portables. Maintenant, nous allons nous diriger au-delà du côté physique de la chose.
Apple lâche enfin la bride sur la RAM, mais pas sur le SSD
La bonne nouvelle de ce Mac mini vient de la dotation en mémoire vive. La version M4 arrive avec 16 Go de RAM (24 ou 32 Go en option), la version M4 Pro démarre à 24 Go et peut recevoir 48 ou 64 Go. La quantité est correcte pour un ordinateur en 2024 et ne devrait pas être un point bloquant dans le futur, même si nous ne pouvons pas vous l’assurer avec l’évolution possible des outils liés à Apple Intelligence. Le choix va surtout dépendre du temps que vous comptez garder ce Mac mini : si vous avez tendance à changer de façon régulière (disons toutes les générations), la valeur de base devrait suffire. Si vous espérez le conserver très longtemps, il n’est pas irréaliste de vous tourner vers 24 Go sur le modèle de base et 48 Go sur la variante Pro, malgré le prix.
Apple a aussi largement amélioré les performances de la mémoire, nous en avons parlé dans notre dossier sur les puces M4. La bande passante passe à 120 Go/s sur le M4 (68 Go/s sur M1, 100 Go/s sur M2) et à 273 Go/s sur M4 Pro. Des valeurs suffisantes pour alimenter le GPU, le composant qui a le plus besoin de cette mémoire rapide.
Pour le SSD, c’est un peu plus compliqué. Le modèle de base se contente toujours de 256 Go, ce qui est particulièrement pingre en 2024. Qui plus est, les performances restent moyennes, en partie à cause de la capacité (2,3 Go/s en lecture, 2 Go/s en écriture). Nous ne saurions que vous conseiller de mettre au moins 512 Go de stockage dans la version M4, ce qui devrait être le minimum. Le Mac mini M4 Pro dispose de 512 Go par défaut, avec de bien meilleurs résultats (6,5 Go/s en lecture, 3,8 Go/s en écriture) et il peut recevoir jusqu’à 8 To de stockage.
La question de la mise à jour est importante, compte tenu du prix demandé par Apple. La solution de base consiste à installer un SSD externe, mais elle a quelques défauts : même en vous tournant vers des modèles rapides (et donc onéreux), vous aurez des performances plus faibles qu’en interne sur le Mac mini M4 Pro. Qui plus est, gérer deux volumes distincts nécessite un peu de pratique, et macOS pose quelques limites sur ce point. Les données iCloud, certaines sauvegardes (comme celles des iPhone) ou une partie des applications doivent se trouver obligatoirement sur le stockage interne et déplacer certaines données (une bibliothèque Photo) peut réduire les fonctionnalités.
Si les Mac mini M4 ont techniquement du stockage amovible, les possibilités de mise à jour restent malheureusement réduites. Il ne s’agit pas d’un emplacement M.2 et il n’est pas envisageable d’imaginer des adaptateurs M.2 dans ce cas. Les seules voies sont le remplacement de la carte Apple par une autre carte Apple (qui ne sont pas en vente publiquement), la modification de la carte d’origine — ce que certains revendeurs vont fournir — ou éventuellement l’installation d’une carte compatible, comme celles proposées récemment dans un financement participatif.
Ne partez donc pas du principe que le Mac mini M4 est upgradable parce que le stockage est sur une carte amovible : il est aussi fermé que ses prédécesseurs et il faut remonter aux modèles de 2012 pour trouver un Mac mini sur lequel il est possible de remplacer à peu près simplement la mémoire et le stockage.
Wi-Fi 6E et Bluetooth 5.3
Les Mac mini M4 et M4 Pro proposent les mêmes fonctions sur la partie sans fil, qui ne sont pas extraordinaires. Apple se limite à du Wi-Fi 6E sur deux antennes, ce qui doit permettre des débits de l’ordre de 1,5 Gbit/s dans le meilleur des cas. Faute de routeur compatible pendant nos tests, nous ne pouvons pas le confirmer. Il est un peu dommage de ne pas voir de Wi-Fi 7, une norme qui autorise — quand elle est bien implémentée — des débits bien plus élevés.
Pour le Bluetooth, Apple a choisi la version 5.3. Lors de nos essais, nous n’avons pas noté de déconnexions particulières et le nouveau modèle semble corriger les défauts des anciens Mac mini, notoirement sensibles. Nous ne pouvons pas être totalement affirmatifs sur ce point : il existe de nombreuses combinaisons qui peuvent réduire les performances, comme une profusion de réseaux dans la bande des 2,4 GHz ou des accessoires USB mal blindés. L’absence de prises USB-A à 5 Gbit/s — la source principale de perturbations — règle a priori une partie des problèmes. Lors de nos essais, nous avons pu jouer de la musique avec des écouteurs Beats tout en utilisant un Magic Keyboard, un Magic Trackpad et une Magic Mouse, un cas qui amène fréquemment des coupures sur un Mac mini M1.
Les compromis sur la connectique
Le Mac mini M4 réduit encore un peu les possibilités pour la connexion des accessoires, avec de bons points, mais aussi des mauvais. Les deux modèles proposent la même chose : deux prises USB-C en face avant (qui ne prennent pas en charge la vidéo), trois prises Thunderbolt à l’arrière, une prise jack en façade, une sortie HDMI et une prise Ethernet. On retrouve également un emplacement pour un câble C7 (fourni et tressé) à l’arrière, pour l’alimentation. Le bouton d’allumage, lui, est sous le Mac.
L’absence de port USB-A est un problème, pas pour les clés USB que le cloud remplace efficacement ni pour les disques externes qui sont passés à l’USB-C et donc le câble peut souvent être changé le cas échéant, mais pour les claviers et les souris. Les périphériques d’entrée de gamme ne sont pas passés à l’USB-C et les câbles sont généralement fixes. Même pour les modèles sans fil, les récepteurs sont fréquemment uniquement disponibles en USB-A et une société comme Logitech n’offre par exemple pas de version USB-C pour ses accessoires Unifying ou Bolt.
Vous pourriez rétorquer que le Bluetooth existe ou qu’il est possible d’acheter le clavier Apple qui vaut presque le tiers du prix du Mac mini, mais ce n’est pas si facile : au démarrage, vous ne pouvez pas jumeler facilement un clavier ou une souris Bluetooth tiers. La solution la plus simple est d’installer des adaptateurs USB-C vers USB-A, mais il faudra débourser quelques euros et ils s’empareront d’une des précieuses prises USB-C.
Le second problème vient de la prise jack placée en façade, en tout cas pour certains. Elle est pratique pour brancher un casque filaire — une espèce en voie de disparition — mais pas pour relier des enceintes. Là encore, vous pourriez rétorquer qu’il est possible de recourir à des enceintes USB, à celles de l’écran ou à des enceintes Bluetooth, mais les trois cas sont moins pratiques. Pour les enceintes USB, elles sont majoritairement USB-A, ce qui nous ramène aux paragraphes précédents. Les enceintes sans fil induisent une latence plus ou moins élevée qui peut être gênante pour travailler et dans les écrans, outre le fait que les hautparleurs sont généralement médiocres, macOS ne peut pas contrôler le volume sans devoir passer par des utilitaires3. Nous pouvons tout de même noter que la sortie casque prend en charge les casques à haute impédance. Mais le compromis d’Apple va dépendre de vos usages : êtes-vous plutôt casque audio ou enceintes ?
Dernier point à noter, les prises USB-C sont placées verticalement. Ce n’est pas un problème dans l’absolu, mais lors de nos essais nous avons observé un petit souci : les SSD externes livrés avec des câbles courts et rigides attendent implicitement des prises placées horizontalement. Sur le Mac mini, ce n’est donc pas très pratique : les prises verticales nécessitent de placer les SSD sur la tranche ou de tordre les câbles quand c’est possible.
Pour le réseau, Apple ne propose que de l’Ethernet à 1 Gbit/s en interne par défaut, alors que les contrôleurs Ethernet 2,5 Gbit/s deviennent courants et que les versions USB ne valent que quelques dizaines d’euros. Nous n’avons pas testé de modèle avec l’Ethernet à 10 Gbit/s (une option à 115 €), mais si Apple a gardé la même puce que sur les Mac mini M1 - ce que nous n’avons pas encore pu vérifier -, elle permet d’atteindre le maximum de la norme sans problèmes particuliers. C’est par ailleurs le cas de la version de base : le contrôleur Broadcom fonctionne parfaitement.
L’autre absent important, pour certains, est le lecteur de cartes SD. Apple en a intégré un dans les MacBook Pro et le Mac Studio, mais il n’est pas généralisé dans la gamme. Il aurait pourtant tout à fait sa place sur la face avant du Mac mini M4.
Enfin de bonnes performances en USB
Maintenant, parlons de l’USB et de ses performances, avec une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c’est qu’Apple a visiblement réglé le problème des débits. Sur les premiers Mac Apple Silicon, les performances du contrôleur USB étaient significativement moins élevées que sur les derniers Mac Intel. Intel a historiquement les contrôleurs les plus rapides, mais la différence pouvait être assez importante entre un Mac mini 2018 et un Mac mini M1 (de l’ordre de 20 % en lecture par exemple). Avec les puces M4, ce souci est réglé : nos SSD externes saturent le bus USB-C et atteignent environ 1 Go/s en lecture et en écriture.
La mauvaise nouvelle vient de l’absence de l’USB 3.2 Gen 2×2 chez Apple, encore et toujours. Ce mode permet d’atteindre 20 Gbit/s (environ 2 Go/s en pratique) sur de nombreux SSD externes modernes, mais Apple ne le prend pas en charge. Tous les SSD compatibles seront donc limités à 10 Gbit/s, que ce soit sur les prises USB-C ou sur les prises Thunderbolt. Par contre, une autre preuve qu’Apple a largement amélioré son contrôleur USB, les performances en USB 3.0 à 5 Gbit/s (la norme originale) sont identiques à celles obtenues avec un contrôleur Intel (vers 440 Mo/s) alors même que les Mac Apple Silicon sont historiquement assez lents dans ce domaine.
Du Thunderbolt plus rapide sur le M4 Pro
Le Mac mini M4 dispose de trois prises Thunderbolt 4, une norme qui permet un débit de 40 Gbit/s (3,5 Go/s environ en pratique). Lors de nos essais avec un SSD externe USB4 — le ZikeDrive —, les débits sont un peu supérieurs à ceux d’un Mac mini M1. Les trois prises acceptent des écrans, et Apple a corrigé un des défauts des puces précédentes : il est possible de relier trois écrans à un Mac mini M4. Attention, si vous choisissez trois écrans en USB-C, la prise HDMI ne sera pas utilisable.
Il y a quelques limites sur les définitions maximales, notamment si vous décidez de brancher un écran 8K à 60 Hz ou un écran 4K à 240 Hz, mais ce sont des cas plutôt particuliers. Un utilisateur lambda, même fortuné, ne devrait pas être dans ceux-ci et il est possible de relier trois écrans 4K classiques (60 Hz) sans trop se poser de questions.
Le Mac mini M4 Pro, lui, inaugure le Thunderbolt 5. La norme permet des débits théoriques de 80 Gbit/s, avec un débit pratique de l’ordre de 7 Go/s, ce que nous ne pourrons vérifier que quand les premiers SSD externes Thunderbolt 5 seront disponibles. Malgré tout, le contrôleur est (un peu) plus rapide en USB4 que celui du M4, avec 3,7 Go/s dans nos tests, contre 3,4 Go/s pour le Mac mini M4. La norme n’a que peu d’intérêt actuellement, mais comme Apple tend à renouveler moins fréquemment les Mac mini que les autres appareils, c’est plus une assurance pour l’avenir. Attention, l’USB4 v2 (80 Gbit/s) n’est pas de la partie.
Un système sur puce très performant
Pour nos essais, nous avons sélectionné les deux modèles de base : le premier est un Mac mini M4 dans sa configuration d’entrée de gamme (10 cœurs CPU, 10 cœurs GPU, 16 Go de RAM et 256 Go de stockage). Le second est le Mac mini M4 Pro équipé d’un CPU 12 cœurs, d’un GPU avec 16 cœurs, de 24 Go de RAM et de 512 Go de stockage. Apple propose une option (facturée 230 €) pour passer à 14 cœurs CPU (2 cœurs P supplémentaires) et 20 cœurs GPU.
Nous n’allons pas forcément nous étendre dans ce test sur les performances des puces M4 et M4 Pro, car d’autres Mac les utilisent et il nous a semblé plus important de nous concentrer sur les nouveautés des Mac mini, bien plus nombreuses que sur les iMac M4 ou MacBook Pro M4. Mais nous avons tout de même lancé tout notre protocole de test. Sur la partie processeur, la puce M4 est environ 65 % plus rapide qu’une puce M1 sur un seul cœur ou sur plusieurs, sans que la consommation explose. Plus largement, la puce M4 classique offre des performances du même ordre qu’une puce M2 Pro ou qu’une puce M1 Max, comme celle d’un Mac Studio. La variante M4 Pro, elle, est largement plus rapide qu’une puce M2 Max, sans totalement s’approcher de la version M1 Ultra sur plusieurs cœurs.
Pour la partie graphique, c’est encore plus simple : les 10 cœurs GPU de la puce M4 offrent un gain compris entre 80 et 100 % par rapport au GPU de la puce M1. Dans un jeu comme Shadow of the Tomb Raider (qui a l’avantage d’avoir un benchmark intégré), la puce atteint 43 images/s avec le réglage 1080p / Haut, soit un résultat tout à fait jouable, alors que le Mac mini M1 est aux environs de 25 images/s. La variante M4 Pro, elle, double tout simplement les performances (vers 90 images/s), et nous n’avons pas testé le modèle le plus rapide. Notre modèle de test possède 16 cœurs GPU, quand il existe une variante avec 20 cœurs.
Dans nos essais applicatifs, nous obtenons des résultats similaires : la puce M4 est très significativement plus rapide que la puce M1 sur le CPU, ce qui accélère de nombreux traitements. Le constat est le même sur les applications qui profitent de la partie graphique : les performances sont pratiquement doublées en passant d’un Mac mini M1 à un Mac mini M4, et la variante M4 Pro double encore (presque) le tout. Si vous avez l’habitude d’effectuer des traitements dans les logiciels qui prennent bien en charge les GPU, il est donc possible de diviser au moins par trois les temps de calcul, et parfois plus s’il n’y a pas de goulet d’étrangement. En effet, certaines tâches dépendent aussi en partie des débits du SSD interne, et c’est un point qui n’évolue pas significativement entre un Mac mini M1 et un Mac mini M4.
La consommation du Mac mini
Le Mac mini consomme peu, très peu. C’en est presque magique, d’ailleurs. Sur le bureau avec un écran de 24″ de 1 920×1 200 px, le Mac mini M4 demande seulement 2,6 W, moins qu’une carte Raspberry Pi 5. le Mac mini M4 Pro et son processeur un peu plus rapide, lui, monte à 3,4 W. Il faut bien prendre la valeur pour ce qu’elle est : c’est extrêmement bas… mais c’est uniquement le Mac mini. Votre moniteur va par exemple absorber probablement dix fois plus (au moins) et le simple fait de brancher un SSD externe rapide pour compenser l’espace de stockage ridicule en sortie de carton va littéralement multiplier la consommation par quatre (vers 11 W pour un Mac mini M4). De même, certains accessoires USB demandent plus d’énergie que le Mac mini lui-même.
La consommation maximale, elle, va dépendre de deux choses. Premièrement, le système sur puce : les puces M4 et les puces M4 Pro n’ont pas les mêmes limites. Deuxièmement, Apple a ajouté de nouveaux modes qui permettent d’améliorer… ou réduire les performances. Le premier n’est disponible que sur le Mac mini M4 Pro et autorise une augmentation du TDP — la limite de consommation — mais aussi de la vitesse de rotation du ventilateur. Le second mode, accessible sur les deux modèles, réduit les deux valeurs, avec en plus une fréquence plus faible pour le CPU.
Dans le mode standard du Mac mini M4, le TDP global (CPU + GPU) est de 33 W, avec une consommation à la prise de 54 W environ en charge. Sur le Mac mini M4 Pro, les valeurs sont plus élevées : 50 W au total (86 W à la prise). Le mode Performance monte le TDP global à 65 W, ce qui ne sera profitable que si vous utilisez le CPU et le GPU en parallèle : le processeur seul ne dépasse pas 41 W lors de nos essais. Les gains de ce mode ne se remarquent que sur des tâches longues qui emploient CPU et GPU : il évite que les fréquences soient réduites.
Le mode basse consommation, lui, descend d’abord la fréquence du CPU à 2 GHz (contre 4,4 ou 4,5 GHz en pointe), ce qui se ressent facilement. Le TDP global est calé aux environs de 9 W (M4 Pro) ou 6 W (M4) et le ventilateur ne dépasse pas 1 000 t/min, ce qui est totalement inaudible. Le problème de ce mode vient des performances, réellement réduites : si jamais vous utilisez le CPU et le GPU simultanément, les résultats sont faibles et c’est tout à fait sensible dans un usage lambda… si vous avez l’habitude de votre Mac mini M4. Un autre point de vue va être de le comparer au Mac mini M1 : même en diminuant ses performances, le Mac mini M4 est environ 30 % plus rapide que le Mac mini M1 tout en consommant 40 % d’énergie en moins (14 W contre 24 W). Si le GPU est sollicité, les deux Mac mini ont des résultats à peu près identiques, mais la consommation du modèle M1 est plus de deux fois plus élevée (14 W contre 34 W).
Des nuisances sonores plutôt faibles… ou plutôt fortes
Le Mac mini souffle le chaud et le froid, dans la pratique. Dans un usage lambda, il est extrêmement discret avec un ventilateur qui tourne à 1 000 t/min. C’est inaudible dans les faits dans une pièce classique et même si vous êtes sensible aux nuisances sonores, vous ne devriez pas l’entendre. En charge, le modèle M4 peut devenir audible si vous vous utilisez GPU et CPU en même temps (typiquement un jeu) et nous avons mesuré 42 dB à 30 cm du Mac, avec un ventilateur qui tourne à 3 000 t/min. Si vous travaillez uniquement sur le CPU (par exemple avec une compression vidéo), le bruit descend à 33 dB et le ventilateur est à 1 700 t/min. C’est audible, mais le simple fait d’écouter de la musique va couvrir le son.
Le Mac mini M4 Pro est un peu plus perceptible en charge. En usage lambda, il est tout aussi silencieux que le modèle à base de M4, mais une charge CPU élevée amène 44 dB avec un ventilateur à 3 150 t/min. C’est le maximum mesuré dans le mode de fonctionnement standard, et c’est audible, mais facilement couvert par de la musique. Le mode Performance, lui, est réellement bruyant : nous avons mesuré 56 dB à 30 cm et un ventilateur qui tournait à 4 900 t/min, pratiquement le maximum. Le Mac mini était discernable dans la pièce adjacente et c’est un résultat franchement insupportable. Dans ce mode, même un casque à réduction de bruit (Beats Solo Pro) ne couvre pas le bruit du ventilateur. De façon totalement subjective, et malgré le fait que les performances sont meilleures dans ce mode, nous vous conseillons de l’éviter sauf si vous n’êtes pas à côté du Mac ou très tolérant sur les nuisances sonores.
Éteint ou allumé : le problème du bouton
Passons à un point qui a visiblement été clivant : l’idée bizarre d’Apple de mettre le bouton d’allumage sous le Mac. Dans l’absolu, vous n’allez probablement pas souvent presser ce bouton, mais quand vous devrez le faire — et ça arrive —, l’emplacement n’est pas pratique. Il faut soulever le Mac et trouver le bouton, dont la position n’est pas indiquée explicitement4.
Maintenant, posons-nous une question : faut-il éteindre son Mac ? Pas forcément. La consommation en veille du Mac mini M4 est extrêmement faible (Apple indique 0,5 W), et elle se trouve dans la marge d’erreur de nos outils de test. Nous l’avons vu plus haut, la consommation du Mac allumé est de l’ordre de 2,5 W sur le bureau, et en veille, les cœurs P et le GPU sont désactivés. Pour se donner une idée, un Mac mini en veille la moitié de la journée va demander environ 2 kWh par an, soit à peu près 0,5 € sur la facture. À l’arrêt, le même Mac mini consomme en réalité un peu d’énergie, car les systèmes modernes doivent par exemple alimenter l’horloge temps réel (qui ne dépend pas de la pile quand l’ordinateur est branché). Apple annonce une consommation à l’arrêt de 0,1 W, soit 0,5 kWh à l’année.
Le calcul a deux biais. Le premier, c’est que vous pouvez mettre le Mac mini sur une multiprise et couper l’alimentation. Mais ce n’est pas forcément intéressant : l’ampoule de la multiprise consomme probablement plus que le Mac mini éteint… avec un cout annuel a priori plus élevé5. Le second, c’est que beaucoup de paramètres entrent en jeu en plus du Mac mini lui-même. Certains écrans alimentent en partie le rétroéclairage si vous ne les éteignez pas explicitement, le fait de brancher un SSD externe au Mac mini multiplie la consommation (dans notre exemple donné précédemment, le Mac relié à un SSD consomme 3,8 W en veille), une souris ou un clavier peuvent nécessiter un peu d’énergie, etc.
Le résultat va donc dépendre de votre sensibilité écologique. D’un point de vue très pragmatique, économique, la mise en veille n’est pas un problème. Le cout annuel est anecdotique et vous allez éviter de devoir chercher le bouton et d’attendre que le Mac démarre (une grosse quinzaine de secondes). D’un autre côté, vous pouvez considérer que si chaque foyer fait la même chose, le cout énergétique global est élevé. C’est tout aussi anecdotique rapporté à la consommation d’un pays, mais les petits ruisseaux font les grandes rivières, comme dit le dicton. Il faudra juste penser à tirer la prise tous les soirs, chercher le bouton (ou trouver une alternative) et attendre quelques secondes de plus.
Faut-il abandonner le Mac mini M1 ?
Une question peut se poser : faut-il remplacer un Mac mini M1, qui a un peu plus de quatre ans maintenant ? Tout va dépendre de vos usages, mais il y a deux points intéressants à prendre en compte. Premièrement, le Mac mini M4, dans sa version de base, est (beaucoup) plus rapide que le modèle M1 : la puce M4 offre pas loin de deux fois les performances de son ainé, tant en 3D que sur le CPU. Il est mieux équipé au départ (avec notamment 16 Go de RAM) et vaut 100 € de moins. Deuxièmement, il a une efficacité énergétique encore meilleure. Si vous activez les économies d’énergie, il consomme moitié moins dans certains cas (en charge lourde) pour des résultats qui restent légèrement supérieurs.
D’un autre côté, le Mac mini M1 n’est pas dépassé techniquement pour autant et suffit normalement pour tous les usages classiques que vous pourriez avoir, tout en offrant toujours une bonne efficacité énergétique. Et il a l’avantage d’être plus silencieux au global : si les deux modèles sont inaudibles dans un usage lambda, le Mac mini M4 souffle un peu plus fort en charge, ce qui peut se remarquer. Dans tous les cas, si vous avez amorti le prix de votre ordinateur, le Mac mini M4 est une excellente évolution du Mac mini M1, qui peut aisément le remplacer.
Un excellent cru pour les deux Mac mini
Commençons la conclusion par le Mac mini M4. Apple a réussi à rendre la machine plus compacte, mais aussi plus puissante, tout en gardant un prix contenu. La version de base peut (presque) être achetée les yeux fermés, même si nous vous conseillons de payer pour un peu plus de stockage. Les tarifs d’Apple sont ce qu’ils sont, mais le côté pratique l’emporte sur le fait de devoir brancher un SSD externe et gérer deux volumes. Et il est parfaitement possible de se contenter de 256 Go pour de nombreux usages. Le Mac mini M4 consomme peu, est très discret en pleine charge et offre d’excellentes performances, qui le placent devant de nombreux PC. Il faut bien le prendre pour ce qu’il est tout de même : un ordinateur compact qui est bon pour la majorité des usages, mais n’est pas réellement adapté aux jeux vidéos. Il suffit si vous n’êtes pas trop exigeant (plus clairement, si jouer en qualité « PlayStation 4 » ne vous arrache pas la rétine), mais ce n’est pas l’équivalent d’une console moderne ou d’un PC.
Le Mac mini M4 Pro amène un peu plus de compromis. Il est plus puissant tout en gardant un excellent rapport performances/consommation, mais est aussi plus cher. Son principal défaut va venir des nuisances sonores : elles sont franchement élevées si vous avez besoin de toute la puissance du système sur puce. Il est capable de concurrencer un Mac Studio de première génération sur son terrain avec des résultats du même ordre que le modèle à base de M1 Max, mais il est plus bruyant en charge et moins bien équipé dans le domaine de la connectique. Dans la pratique, c’est surtout un Mac compact extrêmement rapide qui n’a pas de concurrence sérieuse dans ce format, avec simplement le défaut d’être bruyant si vous voulez en tirer la substantifique moelle. Dans le mode classique, il est déjà très rapide et le moindre casque audio devrait couvrir les nuisances de son ventilateur.
Dans les deux cas, les Mac mini sont tout à fait recommandables et nous espérons qu’Apple les mettra à jour de façon régulière en même temps que la sortie de nouvelles puces dans le futur.
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Mais le stockage reste à 256 Go. On ne peut pas tout avoir. ↩︎
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Le DTK, le kit de développement pour Apple Silicon, est un cas particulier avec son A12Z issu des iPad Pro. Il n’a pas été commercialisé publiquement, même si on peut en voir de temps en temps dans la nature (comme dans cet article). ↩︎
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À quelques exceptions près, comme certains moniteurs LG UltraFine ou BenQ et les moniteurs Apple. ↩︎
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De façon purement subjective, je trouve que c’est une mauvaise idée et le test de deux Mac mini m’a obligé à presser ce bouton bien trop de fois (et de le chercher bien trop de fois). ↩︎
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Nous utilisons le conditionnel : nous outils ne permettent pas de réaliser des mesures fiables à ce niveau de consommation, mais les informations des fabricants tendent à indiquer une consommation du même ordre que celle annoncée par Apple. Une multiprise moderne sera probablement en dessous, le modèle classique avec son gros bouton rouge surement au-dessus. ↩︎