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Guerre en Ukraine : les plateformes numériques entrent dans une guerre de positions

Anthony Nelzin-Santos

lundi 28 février 2022 à 13:00 • 183

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Les médias d’État RT et Sputnik, fer de lance de l’offensive de désinformation russe, sont la cible d’une salve de restrictions. « Nous allons interdire dans l’Union européenne la machine médiatique du Kremlin », annonçait hier soir Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. Meta et Google ont pris les devants en s’attaquant aux revenus publicitaires des médias russes.

Image MacGeneration.

« Nous voulons casser le récit des médias contrôlés par l’État russe, qui diffusent désormais de la propagande de guerre », déclarait le haut représentant de l’Union européenne Josep Borrell, « Poutine veut conquérir un territoire, mais aussi les esprits. » Quelques minutes plus tôt, Ursula von der Leyen avait annoncé que « les médias d’État Russia Today et Sputnik, ainsi que leurs filiales, ne pourront plus diffuser leurs mensonges pour justifier la guerre de Poutine et pour semer la division dans notre union. »

L’Allemagne avait déjà interdit la diffusion de la déclinaison locale de RT pour des raisons juridiques au début du mois, et l’Arcom étudie la question en France après avoir été saisie par l’association Médias Démocratie Europe. La base légale de l’interdiction européenne n’est pas claire, mais la présidente de la Commission assure que « nous développons des outils pour interdire leur désinformation toxique et nuisible en Europe ».

RT n’a pas tardé à réagir par la voix de sa présidente, Xenia Fedorova, qui assure que « la décision de bannir notre chaine, dans laquelle travaillent 176 salariés, dont plus de 100 journalistes, est une violation de l’État de droit et va à l’encontre des principes mêmes de la liberté d’expression. Rien ne peut justifier cette censure. » Mais l’action publique est largement anticipée par les acteurs privés.

Meta interdit désormais aux médias d’État russes de diffuser des publicités et de percevoir des revenus publicitaires sur ses plateformes. Facebook est certes nettement moins populaire que les réseaux sociaux locaux VKontakte et Odnoklassniki, mais WhatsApp et Instagram sont parmi les services numériques les plus utilisés en Russie.

Google suspend elle aussi les publicités des médias d’État russe, sur le web comme dans leurs applications, mais aussi sur YouTube, qui reste extrêmement populaire en Russie. Le gendarme russe des communications demande la levée immédiate des restrictions touchant la chaine de télévision Zvezda du ministère de la Défense, ainsi que Sputnik et RBC TV.

Twitter suit le mouvement, mais s’intéresse surtout aux possibilités de détournement des algorithmes de recommandation. Le réseau social « examine les tweets de manière proactive pour détecter les manipulations de la plateforme » et dit « prendre des mesures à l’encontre des sources d’information synthétiques et manipulées ».

Sur le front de la guerre de l’information, l’Ukraine n’est pas en reste. La photographie montrant le président Volodymyr Zelensky en treillis et gilet pare-balles, largement diffusée ces derniers jours, remonte au 9 avril 2021. Alors qu’il est encore impossible de confirmer les pertes russes, l’ambassadeur ukrainien aux Nations unies demande au Comité international de la Croix-Rouge de « faciliter le rapatriement de milliers de corps de soldats russes ».

Un site met en scène les soldats capturés et blessés, et les vidéos de simples citoyens défiant des colonnes de chars inondent les réseaux sociaux. Le vice-premier ministre Mykhailo Fedorov, par ailleurs chargé de la « transformation numérique », fait preuve d’un activisme tous azimuts. Après avoir réclamé la suspension de l’App Store en Russie, il demande maintenant le blocage des échanges de cryptomonnaies.

L’agitation n’est pas l’action : Apple n’a pas répondu aux demandes de Kiev, et si Elon Musk assure avoir activé son réseau satellitaire Starlink en Ukraine, il reste à savoir comment les stations et les modems pourraient bien être acheminés. L’annonce de la création d’une « armée informatique d’Ukraine » peut même faire sourire quand on sait qu’elle est composée… d’un groupe Telegram.

Les fondateurs de la messagerie chiffrée sont aussi ceux de VKontakte, et annoncent « envisager de restreindre partiellement ou entièrement le fonctionnement de certains groupes Telegram si la situation s’intensifie ». Le collectif hétéroclite de hackers Anonymous assure avoir piraté des chaines de télévision russes pour diffuser des chants et des messages de propagande ukrainiens.

Les attaques par déni de service contre les sites du gouvernement et des entreprises russes se multiplient, en réponse aux attaques contre les sites du gouvernement et des entreprises ukrainiennes. Pour le moment du moins, les infrastructures critiques des deux pays semblent épargnées par les attaques, les quelques wipers et ransomware repérés n’ayant qu’une portée limitée.

Finalement, le débranchement annoncé du réseau coopératif SWIFT s’impose comme l’opération la plus conséquente sur le terrain numérique. Privées d’accès au service de messagerie automatisé d’instructions de paiement, les institutions russes devront revenir aux méthodes manuelles, plus lentes et moins fiables. Le rouble dévisse une nouvelle fois ce matin, et vaut désormais moins que le Robux, la monnaie interne au jeu Roblox.

Les communications vers l’Ukraine moins chères

Vous avez de la famille ou des amis en Ukraine ? Chez Orange et Sosh, comme chez SFR, les appels et SMS vers les fixes et mobiles ukrainiens sont gratuits. Bouygues remboursera la moitié du cout des appels et des SMS vers l’Ukraine pendant au moins un mois, et Free baisse ses tarifs de 22 à 61 % selon les communications.

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