Est-ce qu’Apple se préoccupe vraiment du Mac ? Les annonces du special event sont intéressantes et elles revitalisent une gamme de MacBook Pro qui en avait bien besoin. Mais quid de l’iMac, du Mac mini, du Mac Pro ? Quelle est la stratégie d’Apple pour ses ordinateurs, Apple a-t-elle encore une vision ?
Phil Schiller, Craig Federighi et Jony Ive ont répondu à quelques unes de ces questions, parfois en usant de leur plus belle langue de bois, dans une interview au long cours avec Cnet. « Le calendrier, ce n’est pas ce qui commande nos décisions », assène derechef le vice-président du marketing alors qu’on lui demandait pourquoi il avait fallu plus de quatre ans pour revoir ses MacBook Pro.
Nous mettons nos équipes au défi d’accomplir du bon travail, et parfois cela peut aboutir en un an, parfois en trois ans… Ce dont nous nous soucions vraiment est de mettre au point de nouvelles innovations pour le Mac, et poursuivre l’histoire qui a défini Apple pendant tant d’années.
La Touch Bar, la nouvelle barre tactile à tout faire qui remplace les touches de fonction, a réclamé au moins deux ans de travail aux équipes de Jony Ive. Elle est considérée comme « le commencement d’une très intéressante [nouvelle] direction » qui combine « le tactile avec le clavier mécanique ». La présence de ce ruban tactile signifie aussi qu’Apple confirme qu’un écran tactile n’arrivera pas demain sur les Mac — ni même plus tard.
Un écran tactile sur un Mac, « ce n’est pas particulièrement utile », persiste Jony Ive. Et sur un MacBook Pro, qui devient de plus en plus fin et léger, cela peut même être considéré comme « un fardeau », insiste-t-il. Concevoir un écran tactile est en fait « assez facile et relativement rapide, et c’est tentant. Il peut être confortable d’avoir une direction de design qui est convaincante. Mais si vous ne pouvez pas affiner le concept sans compromettre le produit final, vous pouvez saper une grande idée ».
Comment se positionnent ces nouveaux Mac face à l’iPad Pro ? Comme toujours, les dirigeants d’Apple n’ont aucun problème face à ce qui peut ressembler à un dilemme pour de plus en plus d’utilisateurs Mac. « C’est génial de fournir deux manières différentes de résoudre des problèmes identiques, mais un produit réalisera des choses uniques que l’autre ne pourra pas accomplir », précise Schiller. Avoir deux appareils bien séparés permettent au constructeur « d’explorer les deux, plutôt que d’essayer de rentrer l’un dans l’autre pour ne créer qu’un seul modèle ».
iOS et macOS travaillent toujours plus de concert, via les fonctions Continuité et Handoff. Il n’est pas question de faire rentrer macOS dans un iPhone, poursuit Schiller. « Et de la même manière, il n’est pas possible d’intégrer iOS dans un Mac… Chacun [des deux systèmes] est le meilleur dans ce qu’il doit faire, et nous pensons que ça a du sens d’ajouter des fonctions de l’un dans l’autre, mais sans les changer fondamentalement, au risque du compromis ».
Les nouveaux MacBook Pro sont très jolis, mais ils coûtent bonbon, dans le plus pur style Apple. Proposer des produits abordables, « nous nous en soucions », assure Schiller (qui a dû se mordre les joues…). Mais voilà, « nous ne concevons pas pour les prix, nous développons pour [améliorer] l’expérience et la qualité que les utilisateurs attendent de leur Mac. Parfois, cela veut dire que [nos produits] se positionnent dans le haut de gamme, mais ce n’est pas un objectif, c’est simplement parce que c’est ce qu’ils coûtent ».
Et pour l’avenir ? Bonne nouvelle, Phil Schiller et Craig Federighi assurent que la gamme de Mac portables d’Apple seront encore là pour « un quart de siècle supplémentaire ». Pas un mot en revanche sur les Mac de bureau. « Nous ne voulons pas nous contenter d’un speed bump pour le MacBook Pro », a conclu le patron du marketing. Les nouveautés présentées ce jeudi sont « un grand, grand pas en avant. C’est une nouvelle architecture système, et cela nous permet de créer beaucoup de choses, des choses dont nous ignorons tout aujourd’hui ».
Jony Ive semble lui plus au courant que son collègue. « Il est compliqué d’évoquer sans donner des détails », minaude t-il quand on lui demande dans quelle direction Apple veut aller avec cette Touch Bar. Ce composant « est juste le commencement ».