L’anecdote en elle-même n’est pas nouvelle, mais, forcément, avec l’essor des intelligences artificielles génératives, elle prend une dimension toute particulière.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Steve Jobs avait de la suite dans les idées. L’un de ses rêves, c’était de pouvoir interagir et discuter avec une machine. En 1985, il donna un discours à l'Université de Lunds, en Suède, où il espérait voir de son vivant quelque chose qui ressemble étonnamment à ChatGPT et consorts.
Voici l’extrait en anglais…
Do you know who Alexander the Great’s tutor was for about 14 years? It was Aristotle. When I read that, I became immensely jealous—I think I would’ve enjoyed that a great deal. But through the miracle of the printed page, I can at least read what Aristotle wrote without an intermediary. Maybe a professor can add to it, but I can still go directly to the source. That’s the foundation of our Western civilization. The problem is, I can’t ask Aristotle a question—I mean, I can, but I won’t get an answer. My hope is that in our lifetimes, we can create a new kind of tool, an interactive one. So that when the next Aristotle is alive, we can capture their worldview in a computer. And someday, a student will not only be able to read what Aristotle wrote, but also ask him a question—and get an answer. That’s what I hope we can do.
…traduit en français :
Savez-vous qui a été le précepteur d’Alexandre le Grand pendant environ 14 ans ? C’était Aristote. Quand j’ai lu ça, j’ai ressenti une immense jalousie — je pense que j’aurais beaucoup aimé vivre cette expérience. Mais grâce au miracle de l’imprimé, je peux au moins lire ce qu’Aristote a écrit, sans intermédiaire. Un professeur peut y ajouter des explications, bien sûr, mais je peux malgré tout accéder directement à la source. C’est là le fondement de notre civilisation occidentale.
Le problème, c’est que je ne peux pas poser de question à Aristote — enfin, je peux, mais je n’obtiendrai pas de réponse. Ce que j’espère, c’est qu’au cours de notre vie, nous pourrons créer un nouvel outil, un outil interactif. Pour que, lorsqu’un nouveau « Aristote » sera en vie, nous puissions capturer sa vision du monde dans un ordinateur.
Et qu’un jour, un étudiant puisse non seulement lire ce qu’Aristote a écrit, mais aussi lui poser une question — et obtenir une réponse. C’est ce que j’espère que nous pourrons accomplir.
Alors, ce n’est sans doute pas totalement un hasard si Apple a été un temps en pointe dans le domaine avec Siri. De plus, à ses débuts, la firme de Cupertino avait passé un accord avec Wolfram Research, pour avoir accès à son moteur de connaissance computationnelle Wolfram Alpha. Malheureusement réservé à la version anglaise de Siri, il permettait de répondre à des questions complexes ou factuelles en s’appuyant sur la puissance de calcul et les bases de données de Wolfram Alpha. Un premier pas…
Heureusement pour Tim Cook, il n’est pas encore possible de questionner Steve Jobs via une intelligence artificielle. On peut présager qu’il ne serait pas très satisfait de la position actuelle d’Apple dans ce domaine. À moins que l’IA en question soit également dotée d’un champ de distorsion de la réalité. Après tout, ce n’est pas si différent d’une hallucination non ?
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