Présenté il y a tout juste un an, le contrôleur Leap Motion a beaucoup fait parler de lui : ce petit boîtier suit le mouvement de vos mains et de vos doigts dans l'espace et permet ainsi de contrôler un ordinateur sans y toucher. Les vidéos de démonstration sont impressionantes, mais le contrôleur Leap Motion représente-t-il vraiment le « futur de l'informatique » ? Réponse dans notre prise en main.
Le contrôleur Leap Motion fonctionne selon le même principe que le Kinect de Microsoft. Le petit boîtier de 8 cm de longueur pour 1,3 cm de hauteur renferme deux caméras et trois diodes infrarouge qui lui permettent d'observer les mouvements. Ces deux appareils sont néanmoins très différents.
Le Kinect a été conçu pour suivre les mouvements corporels à l'échelle d'une pièce. Il est donc capable de détecter tous les mouvements sur un angle de champ d'une cinquantaine de degrés jusqu'à quatre mètres, au détriment de la précision. Dans le cadre d'un usage typique, il est en effet incapable de détecter des mouvements d'une amplitude inférieure au centimètre.
Le Leap, lui, a été conçu pour suivre les mouvements précis des doigts. Il ne « voit » rien en dehors d'une demi-sphère d'un mètre de diamètre, mais dans cet espace, il est capable de détecter des mouvements de l'ordre du centième de millimètre, aussi bien des mains que des doigts et de certains objects comme les stylos.
Aux développeurs d’exploiter ces possibilités dans leurs apps : jusqu’au 22 juillet, le Leap leur est réservé. L’Airspace regroupera alors les apps compatibles, parmi lesquelles des utilitaires comme Clear ou The Weather Channel, des outils comme Corel Painter et surtout de nombreux jeux dont Fruit Ninja et Cut the Rope.
Clear pour Mac prendra en charge le Leap Motion. Reste à prouver que des gestes en l’air sont plus rapides et moins fatiguants que des gestes sur le trackpad.
En attendant, il faut se contenter de démonstrations techniques et de travaux en cours pour juger du potentiel du Leap. C’est peu, mais c’est sans doute suffisant pour remarquer avec quelle précision ce petit boîtier est capable de suivre les doigts. Un jeu de pierre-feuille-ciseaux montre qu’il détecte très rapidement l’ouverture ou la fermeture du poing ; le prototype d’une version Mac de Molécules permet de manipuler des objets dans un espace virtuel en trois dimensions.
C’est aussi suffisant pour atteindre les limites pratiques de cette technologie. De Minority Report à Iron Man, le cinéma nous a fait rêver de ce genre d’informatique, mais force est de constater que les choses sont bien différentes dans la réalité. Naviguer dans Google Earth d’un geste de la main fait une bonne démonstration, mais pas un bon produit — sauf à aimer avoir mal aux bras à force de gesticuler à la recherche de la bonne manipulation pour arriver précisément à tel point de la carte.
Le Leap ne fait que transmettre les données, l’ordinateur est en charge des calculs. L’impact est minime sur un iMac 27 pouces fin-2012 haut de gamme, mais très sensible sur un MacBook Air — y compris notre modèle Core i7 de test, que l’on entend ici bien souffler.
« Les surfaces tactiles ne veulent pas être verticales », disait Steve Jobs, et si le Leap n’est pas vraiment une surface tactile, son raisonnement reste valide. Tant pis si les trackpads multitouch sont moins sexy, ils restent et resteront plus ergonomiques sans être beaucoup moins capables. Tant pis si le curseur fait de la résistance, il a prouvé qu’il était le dispositif de pointage le plus rapide et le plus précis pour la manipulation indirecte (puisque le Leap n’est pas un dispositif de manipulation directe).
Cela ne veut pas dire que le Leap n’est pas promis à un bel avenir. La plupart des démonstrations le montrent posé sur un bureau, c’est peut-être utilisé autrement que le Leap sera le plus utile. Posé sur le côté, il peut détecter les mouvements sur une table : imaginez transformer toute surface en tablette graphique géante, en piano, etc. Il pourrait aussi remplacer très avantageusement les dispositifs tactiles infrarouge actuels, qui manquent singulièrement d’intelligence et de précision. Dans sa configuration classique, il sera sans doute une bonne interface secondaire et ponctuelle, notamment pour le jeu ou la manipulation d’espaces 3D.
Bref, il pourrait avoir des applications multiples dans de nombreux objets du quotidien, mais sous sa forme actuelle, il ne semble pas capable de s’imposer comme mode d’interaction primaire pour un ordinateur. Tout dépendra de la manière dont il est utilisé, et les quelques fabricants qui comptent l’intégrer à leurs produits ne donnent pas de signes encourageants — si HP et Asus se contentent de lui faire piloter le curseur de souris et le niveau de zoom, elles risquent de le reléguer au rang de simple gadget.