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Demain, Siri partout ?

Arnaud de la Grandière

Tuesday 01 November 2011 à 16:30 • 63

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On parle depuis quelque temps d'interfaces « naturelles », que l'iPhone 4S met pour la première fois en pratique de plain-pied avec l'avènement de Siri.

Cette approche consiste à interagir avec nos machines de la même façon que nous le faisons avec les objets du quotidien, de manière tactile, et instaure la communication naturelle des humains : la parole. Si Steve Jobs avait dit tout le mal qu'il pensait des écrans tactiles sur ordinateur, rien ne s'oppose à ce que Siri soit proposé sur tous les produits d'Apple à l'avenir.

La commande vocale est à vrai dire un vieux rêve, dont une version très préliminaire existe au cœur du Mac depuis 1993. Mais cette approche, telle qu'on la retrouve d'ailleurs dans Android, n'a rien de naturel, puisqu'elle se limite à un jeu de commandes précises : il faut prononcer les bons mots-clefs, dans le bon ordre, pour obtenir le résultat voulu. C'est une interface implicite par excellence, car elle exige de l'utilisateur de mémoriser un lexique précis, à l'image de la ligne de commande. En somme, cela nous ramène à MS-DOS, le clavier en moins. (lire Siri : le téléphone empreinte une nouvelle voix).

Capture%20d%E2%80%99e%CC%81cran%202011-10-28%20a%CC%80%2010.18.50Et de fait, passées les quelques minutes de distraction avec la commande vocale de Mac OS X, nul ne l'utilise au quotidien, hormis les personnes atteintes de handicaps qui n'ont d'autre recours, tant son utilisation est fastidieuse : s'il est question de passer plus de temps à naviguer à la souris dans la fenêtre des « commandes parlées » pour retrouver la syntaxe d'une commande qu'à utiliser le Mac à la voix, à quoi bon ?

Siri va bien au-delà : la seule reconnaissance vocale est dévolue à la technologie de Nuance, dont Apple a obtenu une licence. À cela s'ajoute une interprétation du sens même de la phrase, puisque Siri est capable de comprendre les requêtes sans limite de syntaxe ni de vocabulaire. Il reste cependant une limite, appelée à s'étendre à l'avenir, sur les requêtes que Siri est capable de gérer. C'est là où Siri reste encore implicite, puisqu'au lieu de mémoriser un jeu de commandes précises, il s'agit cette fois de savoir ce sur quoi peuvent porter les requêtes ou non, quelle que soit leur formulation. Gageons cependant que son terrain d'application tendra à se développer de plus en plus, jusqu'à, un jour, répondre à nos moindres lubies.

Mais Siri ne se limite ni à la reconnaissance vocale, ni aux commandes en langages clairs, puisqu'un troisième élément vient compléter le tableau : un véritable dialogue s'instaure avec la machine, qui demande des précisions ou des compléments d'information le cas échéant.

Le Mac a montré son aptitude à parler, et ce le jour même de sa mythique présentation par Steve Jobs. MacinTalk existe en effet depuis le tout début du Mac, mais ça n'est qu'à partir du Système 6.0.2 que ses API furent pleinement ouvertes et supportées par Apple. Pour la petite histoire, MacinTalk est mentionné au générique du film Wall-E de Pixar, l'autre société de Steve Jobs. En effet, dans la version américaine c'est MacinTalk qui donnait une de ses voix « fantaisie » à Auto, l'autopilote du vaisseau Axiom.



Avec OS X Lion, Apple a enfin doté le Mac de voix francophones, une fonction dont l'iPod bénéficiait pourtant dès 2009. VoiceOver, une technologie ajoutée à Mac OS X il y a six ans, est enfin accessible aux utilisateurs de France et d'ailleurs. Mais ironie du sort, la commande vocale se fait toujours en anglais sur Mac, amenant des répliques assez surprenantes, puisqu'il faut demander à son Mac « What time is it? » pour s'entendre répondre « dix-neuf heures trente », quand ça n'est pas tout simplement des messages en anglais qui sont rendus totalement incompréhensibles par les voix françaises.

Preuve s'il en est que la commande vocale sur Mac mériterait bien un petit dépoussiérage, on trouve toujours parmi les phrases clés un « open Sherlock » qui ne donne plus rien sur Mac OS X 10.7. On verrait d'un assez bon œil que Siri remplace purement et simplement ces commandes vieillissantes, d'autant que la technologie pourrait rendre de nouveaux services sur ordinateur.

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Mais le Mac n'est pas la seule destination envisageable pour Siri : elle trouverait une place de choix dans l'Apple TV, voire la télévision sur laquelle Apple travaille. Adieu la navigation à la télécommande ! Mais cela pose tout de même quelques questions : sur iOS, Siri ne vous écoute que lorsque vous l'invoquez spécifiquement, soit en maintenant appuyé le bouton d'accueil, soit en portant l'iPhone 4S à votre oreille. Cependant, OS X permet d'ores et déjà de déterminer un contexte de commande grâce à un mot-clef (par défaut « computer »), qu'il suffit de prononcer devant une commande, ce qui évite de chercher à exécuter vos moindres paroles, une idée qui a inspiré ce passage à la série 30 Rock.



Mais ça n'est pas le seul problème, puisque par définition une télévision émet du son, qui peut brouiller l'écoute de Siri. Qu'à cela ne tienne, Siri est à même de déjà connaître la forme d'onde du son émis par la télévision, et donc de la soustraire aux sons récoltés par le micro. À noter que le Mac ne semble pas avoir été doté d'une telle précaution, puisque la lecture d'un son rendra la commande vocale incapable de vous comprendre.

Il reste cependant quelques réglages qui seront plus délicats à paramétrer aussi précisément à la voix qu'à la télécommande, comme le volume sonore ou la luminosité de l'image. Sans doute y verra-t-on un moindre mal en regard des avantages indiscutables qu'il y aurait à piloter sa télévision à la voix. Voilà qui promet de drôles de résultats durant les démonstrations dans les bruyants Apple Store…

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