Entre les confinements et le couvre-feu, les Français ont dû trouver à s'occuper l'an dernier ! Les écrans ont été mis à contribution, ce qui a provoqué une hausse de la consommation des biens culturels dématérialisés. Le bilan 2020 de l'Hadopi le démontre amplement : le nombre d'internautes ayant consommé des contenus en ligne a augmenté de 2 points pour atteindre 83%. Un chiffre qui représente 39,8 millions de consommateurs, en hausse constante depuis dix ans.
Le baromètre de la Haute autorité relève que 62% des internautes ont accès à au moins un abonnement payant (+6 points par rapport à 2019), dont 46% à un service de vidéo à la demande (+10 points) et 19% pour le streaming musical (+4 points). Les abonnés ont souscrit en moyenne à 2,7 offres payantes ; le nombre de multi-abonnés parmi les internautes s'établit à 21%, soit 4 points de plus par rapport à 2019.
57% des internautes ne consomment que des contenus culturels dématérialisés légaux, un niveau similaire à celui de 2019 (c'est 69% des consommateurs de contenus en ligne). Le panier moyen mensuel pour acheter des biens culturels en ligne s'établit à 30 €, soit 1 € de plus qu'en 2019. Ces dépenses mensuelles remontent depuis 2018, mais on est encore loin des 33 € de 2016.
La crise sanitaire a certes permis aux plateformes légales de prospérer, mais devant l'appétit des Français pour les contenus, la période a aussi été propice au téléchargement illicite. L'étude de l'Hadopi montre que le confinement a interrompu la tendance baissière pour les pratiques illicites. En fait, le taux d'internautes ayant déclaré une consommation illégale d'un bien culturel dématérialisé (26%, soit 31% des consommateurs) est resté inchangé par rapport à 2019.
Dans le détail, le taux de pratiques illicites a été de 21% des internautes deux semaines après le premier confinement, puis il est remonté à 28% deux semaines plus tard. Les internautes ont profité des nombreuses promotions et gratuités temporaires offertes par les plateformes durant la période, mais cela n'a pas duré longtemps et la nature est revenue au galop.
Sans surprise, ce sont les films, les séries TV et la musique qui représentent, dans cet ordre, les contenus les plus consommés de manière illicite (chez respectivement 15%, 11% et 8% des internautes). En revanche, leur consommation illicite est en recul par rapport à 2019, avec 3 points de moins pour chacun des biens. Les modes d'accès à ces contenus demeurent d'abord et avant tout le streaming et le téléchargement direct (P2P, liens directs partagés sur les réseaux sociaux) qui sont utilisés par respectivement 51% et 45% des consommateurs illicites, soit 13% et 12% des internautes.
Autre enseignement intéressant : les terminaux mobiles sont très utilisés pour accéder à des bien culturels récupérés de manière illégale. L'Hadopi indique que 66% des consommateurs illicites se servent d'un smartphone ou d'une tablette pour ce faire (soit 19% des internautes), ce qui représente un bond de 4 points par rapport à 2019.
Pour près de la moitié des consommateurs illicites (46%), le prix est un frein à la consommation légale, qu'il s'agisse du prix du contenu à l'unité ou de celui de l'abonnement. Néanmoins, cette question du prix est de moins en moins considérée comme un frein majeur : ils étaient 69% à l'avancer en 2017, puis 56% en 2019. L'offre de contenus (autrement dit les catalogues trop étriquées des services) n'est plus citée que par 39% de ces mêmes consommateurs : un niveau similaire à celui de 2019, mais inférieur de 10 points par rapport à 2017 et 2018.
C'est plutôt de bon augure pour les ayants droits, néanmoins il faudra surveiller l'impact de la multiplication des plateformes : à un moment donné, les consommateurs devront arbitrer et la tentation sera alors forte de récupérer d'une manière ou d'une autre le contenu que l'on ne trouve que sur un service.