C'est un peu lunaire, il faut bien le dire, mais la CEO de Logitech, Hanneke Faber, a évoqué dans un podcast un concept étonnant : une souris éternelle. Il ne s'agit pas d'un produit concret pour le moment, mais l'idée serait de vendre une souris extrêmement durable à un prix élevé, et de gagner de l'argent avec un abonnement pour accéder à certaines fonctions.
Elle explique son point de vue en donnant quelques chiffres dans le podcast de nos confrères de The Verge, et indique par exemple que le prix moyen d'un clavier ou d'une souris serait de 26 $ (a priori chez Logitech). Pour la souris éternelle, le prix envisagé serait de l'ordre de 200 $, ce qui reste élevé : la souris la plus onéreuse de Logitech, la Logitech G Pro X Superlight 2 Lightspeed — ouf — se négocie aux alentours de 170 € en prix public.
Il y a peu de détails sur cette souris, mais il faut imaginer un modèle bardé de technologies, probablement vendu à perte ou avec une marge très faible. La seule chose évoquée par Hanneke Faber est qu'elle est lourde. Mais l'idée derrière cette souris parfaite et éternelle serait tout de même évidemment de faire de l'argent, avec une solution de plus en plus courante : un abonnement. Pourtant, outre le fait que les avantages de ce choix ne sont pas vraiment explicités, il semble difficile d'imaginer des fonctions payantes pour une souris (et encore plus difficilement des fonctions qui inciteraient une partie significative des clients à payer).
Dans le monde du matériel, les exemples de matériel liés à un abonnement restent finalement assez rares. La patronne de Logitech met évidemment en avant les services professionnels liés aux systèmes de vidéoconférence, mais la valeur ajoutée est évidente : un support rapide et constant pour une technologie qui n'est pas évidente à maîtriser. Les contre-exemples, eux, sont assez nombreux, de l'abonnement des manettes Backbone One (dont l'application nécessite un abonnement payant) aux imprimantes HP qui demandent un abonnement pour imprimer en USB en passant par… Logitech, dont l'intégration de l'IA dans les pilotes a énervé les clients.
HP : ces imprimantes qui compliquent volontairement leur configuration
Un autre problème devant la logique de cette souris éternelle vient de la fiabilité et la durabilité. Si imaginer une souris pensée pour être réparable avec des pièces et des composants très accessibles est une bonne idée, il faut balayer une idée reçue. Les périphériques à bas prix peuvent sembler peu durables, mais ce n'est pas réellement le cas dans la pratique : les périphériques basiques (comme la souris M100) sont par exemple très solides, justement à cause de leur simplicité. Le ventre mou, qui implique un renouvellement plus courant, se situe plutôt sur les modèles qui se placent un peu au-dessus, avec des fonctions qui semblent efficaces mais ne le sont pas et une durabilité moyenne. Mais il semble illusoire, au moins pour le grand public, de penser qu'un utilisateur va débourser 200 $ pour une souris, même si elle est pensée pour être durable.
Malgré tout, si vous lisez l'anglais, l'interview dans le podcast est intéressante sur les défis majeurs qui attendent certaines sociétés dans le futur, et sur les évolutions du marché des composants… même si l'idée d'une souris à 200 $ liée à un abonnement semble a priori déconnectée de la réalité selon nous.