Dans un livre blanc, Apple défend son approche dans la conception des produits. Elle les veut durables et aisés à réparer… lorsque cela se justifie. En même temps qu'elle annonçait hier une extension à l'Europe de l'accès à ses outils de diagnostic par des particuliers, Apple a publié un document titré « Longevity, by Design » ou comment la durabilité de ses produits est le fruit d'une approche mûrement réfléchie. Avec ce qui peut ressembler parfois à des compromis, mais que la Pomme explique.
« Concevoir pour le temps long est un effort à l'échelle de l'entreprise, éclairant nos premières décisions bien avant la fabrication du premier prototype et guidée par les données historiques d'utilisation des clients et les prévisions sur l'utilisation future », explique Apple en introduction, ajoutant : « Cela nécessite de trouver un équilibre entre durabilité et réparabilité sans compromettre la sûreté, la sécurité et la confidentialité ».
Cela se traduit par des produits qui conservent leur valeur plus longtemps que leurs concurrents poursuit l'argumentaire, les appareils Apple se passent plus volontiers de main en main au fil de leur cycle de vie. Aux États-Unis et en Europe, l'iPhone conserverait au moins 40 % de sa valeur face aux Android et cet écart augmente avec l'âge des appareils. L'iPhone 7 de 2016 est cité comme un modèle qui se négocie encore aux États-Unis (en France aussi, mais cela reste anecdotique chez Apple qui reprend un 7 Plus pour 50 € tandis qu'on le trouve en reconditionné pour deux fois plus, ndlr). De fait, des centaines de millions d'iPhone qui sont en activité ont plus de 5 ans, insiste Apple.
Au fil des générations, leur résistance s'est accrue, souligne le document, avec comme conséquence une baisse des volumes de réparation. Des statistiques sont avancées : -38% d'actes de réparation hors garantie en moins entre 2015 et 2022 sur les produits d'Apple en général et -44% sur les téléphones. « Pour l’iPhone, les réparations globales pour dommages accidentels ont diminué de 44 % depuis l'introduction avec l'iPhone 7 de châssis améliorés ». La résistance à l'eau sur cette génération a fait chuter de 75% les réparations liées à ces incidents.
Des interventions en baisse et des clients qui fréquentent moins les SAV font dire à Apple que la fin justifie parfois les moyens :
Bien que ces changements aient nécessité l'ajout d'adhésifs et de joints qui rendaient les réparations plus complexes, les améliorations remarquables apportées à la longévité des produits ont justifié une légère augmentation de la complexité des réparations.
Plus loin, la Pomme illustre l'évolution de la réparabilité de ses iPhone. Le pire étant le premier modèle dont le seul élément interchangeable était le tiroir SIM. Avec les iPhone 15, douze pièces plus ou moins cruciales peuvent être changées. On l'a vu dernièrement avec les iPhone 15 Pro qui ont repris un principe des iPhone 14 où la partie arrière en verre peut être ôtée sans devoir tout enlever devant au préalable. Et une facture divisée par deux comparée aux iPhone 12 et 13 pour la même opération.
Un autre argument selon lequel un téléphone doit être conçu en vue de pouvoir en changer toutes les pièces est contesté. « Parfois, privilégier la durabilité est un facteur de réduction des émissions de carbones », affirme Apple. Ce qu'elle démontre par l'exemple d'une pièce qui est peu susceptible de tomber en panne :
Le port de chargement de l'iPhone fait partie d'un module à la grande longévité, qui comprend des microphones et d’autres composants qui peuvent être réparés dans leur ensemble, mais qui nécessitent rarement un remplacement. Rendre le port de charge remplaçable individuellement nécessiterait des composants supplémentaires, notamment son propre circuit imprimé flexible, son connecteur et ses attaches qui augmentent les émissions de carbone nécessaires à la fabrication de chaque appareil.
À l'inverse, la batterie et l'écran font beaucoup plus fréquemment l'objet de réparations et nécessitent des efforts de conception. Le port de charge avec son taux d'interventions inférieur à 0,1% n'aurait donc pas besoin d'une telle attention.
Apple défend également le principe de sérialisation pour garantir que des pièces de rechange utilisées répondent à des niveaux de qualité suffisants et que certaines interventions — avec les composants Touch ID ou Face ID — soient sans risques pour les données des clients. Apple glisse au passage deux autres statistiques toujours pour 2015 à 2022 : « Les taux de réparations sous garantie et hors garantie ont baissé respectivement de 78 et 38 % », reflétant une augmentation de la fiabilité des produits. En ce qui la concerne, Apple dit ne s'occuper que du tiers des interventions faites hors garantie, prouvant par là que les réparateurs tiers se taillent la part du lion.
Apple ouvre ses iPhone aux réparations avec des pièces d'occasion
Il est également fait état de la durée du support technique logiciel sur iPhone, iPad et Mac. Les trois derniers systèmes en date s'installent sur des appareils vieux de 7 ans. Cela peut aller plus loin, on l'a vu cette année avec des iPhone lancés il y a 9 ans qui ont été mis à jour (les 6s, 7 et SE). Mais il s'agissait de correctifs de sécurité et officiellement Apple s'en tient toujours à 5 ans. Google et Samsung promettent depuis relativement peu de temps 7 années de mises à jour majeures et mineures pour leurs smartphones récents.
Source : Apple