Depuis la sortie des Mac M1, les cartes et stations DisplayLink ont été remises sur le devant de la scène en raison d'une limitation un peu bizarre de ces ordinateurs : les GPU d'Apple ne gèrent que deux écrans. En effet, comme nous l'avions noté dans notre sujet sur les défauts des puces Apple Silicon, Apple a décidé de ne prendre en charge que deux écrans sur l'entrée de gamme (M1 et M2), or les Mac portables en possèdent déjà un.
Pour gérer deux écrans externes sur un MacBook Air M1/M2, l'unique moyen est d'utiliser un adaptateur DisplayLink. S'agit-il d'une bonne solution pour combler les lacunes des puces Apple ? Réponse dans ce dossier.
Un peu d'histoire
La technologie de DisplayLink existe depuis un moment1, avec un excellent support dans le temps : les cartes sorties en 2007 fonctionnent encore en 2023. Le mécanisme peut se résumer ainsi grossièrement : il s'agit d'une carte graphique USB qui dépend d'un pilote. Ce dernier va vérifier en permanence ce qui bouge à l'écran et n'envoyer à la puce que ce qui se déplace, pour réduire la bande passante nécessaire, qui est assez faible en USB.
Pour donner une idée, l'USB 2.0 des premières cartes offre 480 Mb/s (environ la moitié en pratique) et l'USB 3.0 atteint 5 Gb/s (à peu près 3,5 Gb/s en réalité), soit des valeurs assez basses dans l'absolu. En comparaison, afficher une image en 1080p à 60 images/s nécessite 3,2 Gb/s. Les puces DisplayLink compressent donc l'image et ne transmettent que ce qui se déplace (votre curseur par exemple) pour prendre en charge plusieurs moniteurs ou sur les cartes modernes des écrans avec une définition plus élevée. La compression elle-même va dépendre de ce qui bouge : un curseur sur un fond fixe comme un tableur n'a pas besoin d'une compression avancée, mais une vidéo en 1080p à 60 images/s demande évidemment plus de travail.
Pendant longtemps, les cartes DisplayLink visaient un marché de niche : les personnes qui voulaient brancher beaucoup de moniteurs sur un PC portable. Les PC de bureau possèdent en effet généralement des cartes graphiques qui peuvent accepter jusqu'à six écrans2 et il est assez simple d'en ajouter, contrairement aux laptops.
Cette niche se limitait par ailleurs aux gens qui travaillaient sur leurs écrans, ou plus simplement qui affichaient de grands tableaux Excel. La raison vient surtout du fonctionnement même des cartes : toute la partie liée aux pilotes nécessite beaucoup de puissance au niveau du processeur. Dans la seconde moitié des années 2000, la norme était un Core 2 Duo doté de deux cœurs. À l'époque, lire une vidéo était une gageure avec ce type de solution et la charge induite par des mouvements sur l'ensemble de l'écran amenait des saccades et une consommation CPU très élevée handicapante.
L'amélioration des pilotes
Prenons le cas des Mac : pendant des années, le fonctionnement des cartes dépendait d'une extension (un pilote) sur les ordinateurs d'Apple, avec un résultat assez perfectible. Chaque mise à jour même mineure de Mac OS X pouvait casser complètement le pilote, et le problème était encore pire lors d'une mise à jour majeure, quand Apple modifiait ses API. Depuis quelques années, heureusement, l'affichage passe par une application, DisplayLink Manager, qui utilise des API plus stables et offre de meilleures performances. Qui plus est, ce choix simplifie un peu les choses : l'installation demeure bien plus claire qu'avec les extensions employées précédemment, qui nécessitaient plus de manipulations.