Ce n'est pas demain la veille qu'Apple remplacera tous les humains de ses lignes de production par des robots. The Information a obtenu de David Bourne, qui a travaillé avec Foxconn sur les projets d'automatisation du géant chinois pour l'assemblage des produits d'Apple, quelques informations intéressantes sur ce sujet. Le constructeur y a englouti des millions de dollars, presque en pure perte.
En 2012, une équipe d'Apple — emmenée par Tim Cook lui-même — s'est rendue chez Foxconn pour constater de visu les résultats d'une ligne de production quasiment complète pour l'iPad, entièrement robotisée. Terry Gou, qui était le président du groupe à l'époque, avait annoncé en août 2011 que ses usines allaient abriter un million de robots en deux ans (lire : Foxconn robotise ses usines). Ce rêve d'industriel s'est fracassé sur le mur de la réalité : Foxconn n'exploitait que 100 000 robots l'an dernier.
De retour du voyage, la direction d'Apple décide de donner sa chance à l'automatisation de la production en installant à quelques encablures de Cupertino une équipe de spécialistes de la robotique chargée d'automatiser une partie de l'assemblage de l'iPad. Objectif : réduire de moitié les effectifs nécessaires pour ce travail en période de pointe, soit 15 000 travailleurs.
Mais il s'est avéré que les humains ont encore une petite longueur d'avance sur les robots. Serrer des vis, en particulier les toutes petites vis des produits d'Apple, est un défi : il faut un angle spécifique, un alignement parfait et un serrage qui tienne compte de la résistance des matériaux. On peut multiplier les caméras et les capteurs, mais en bout de course, une main humaine est encore le meilleur outil pour évaluer les forces en présence.
Idem pour l'application de la colle, dont Apple fait grand usage (au grand dam des réparateurs). Les spécifications du constructeur sont extrêmement précises, que ce soit pour l'emplacement ou la dose de colle à appliquer. Il s'est avéré là aussi que les travailleurs chinois étaient bien plus efficaces pour cette opération.
Un autre exemple significatif de la difficulté d'automatiser les chaînes d'assemblage : le lancement du MacBook de 12 pouces a dû être repoussé de plusieurs mois. En 2014, Apple a en effet tenté de robotiser la production de l'ordinateur portable, sans jamais y parvenir réellement. Durant les premiers essais, les systèmes qui transportaient les pièces ne se déplaçaient pas comme il le fallait, ralentissant ainsi l'ensemble des opérations.
Le robot chargé d'assembler le clavier à l'aide de 88 petites vis ne faisant pas un très bon travail, des humains devaient vérifier le boulot et le reprendre complètement le cas échéant. Des embouteillages se formaient quand les conteneurs de pièces s'accumulaient sur les convoyeurs… Échec sur toute la ligne (de production) ! Le MacBook a finalement été présenté en avril 2015 avec six mois de retard sur le calendrier prévu, avance The Information.
Le labo d'automatisation a fermé ses portes en 2018. Tous les développements qui y ont été réalisés n'ont pas été jetés avec l'eau du bain, plusieurs d'entre eux ont été repris par d'autres divisions chez Apple. Ainsi, des robots ont pu remplacer des humains pour des tâches relativement simples comme le test des Apple TV, Apple Watch et iPad. On peut aussi penser que les robots Liam puis Daisy, qui désossent des iPhone pour en récupérer les pièces, sont issus de ces travaux.