Le lancement des derniers MacBook Pro a été mouvementé. Attendus de longue date par des utilisateurs désireux de renouveler leur équipement, des choix d’Apple ont interloqué.
Phil Schiller a dû faire le pompier de service pour tenter d’éteindre le feu des critiques sur l’autonomie inférieure, la mémoire vive limitée à 16 Go ou bien encore le tout USB-C. En dépit des controverses, ces MacBook Pro se sont bien vendus. Ils ont participé à la première croissance des ventes de Mac depuis quatre trimestres (+ 1,65 %) et à la progression du panier moyen (1 348 $).
Un peu plus de deux mois après leur sortie, qu’en pensent au fait les premiers concernés, les utilisateurs ? C’est la question que nous vous avons posée sur notre forum. Vous avez été plus d’une soixantaine à faire part de votre expérience et de votre avis sur cette nouvelle génération.
En préambule, legrandk s’interroge sur le bien-fondé de ces témoignages : « Dans ce genre d’appel à témoins, on se pose toujours la question de l’objectivité : y a-t-il un effet “syndrome de Stockholm” ? Maintenant que l’on a dépensé plusieurs milliers d’euros, devons nous justifier cet achat par tous les moyens ? » Et finalement, de conclure « en toute objectivité » que le MacBook Pro fin 2016 est un ordinateur qu’il « recommande les yeux fermés. »
L’autonomie, le point noir
Si syndrome de Stockholm il y a, il n’a en tout cas pas opéré complètement. Même si l’écrasante majorité des utilisateurs se déclare satisfaite par son achat, il y a un défaut qui fait quasiment l’unanimité, l’autonomie.
« C’est vrai que là, je suis un peu déçu, déclare Jean-Marie, photographe de son état. J’ai fait toute l’installation des logiciels sur la batterie et je l’ai vue fondre à vue d’œil. Disons que ça a tenu 4h30/4h45. Bon, faut peut-être la rôder mais je sens bien que c’est en deçà - et de loin - de ce que je connaissais avec mon MacBook Air. Ça m’inquiète un peu pour le moment où je vais utiliser mon logiciel de tri sous Apache […] c’est assez gourmand en énergie. »
Même déception pour moofmeup qui possédait auparavant un MacBook Pro 13" début 2015 : « je suis obligé de reconnaître que je faisais largement une journée en formation avec cette précédente machine. À présent avec le Touch Bar 13" je tiens tout juste une demi-journée. »
Joe_McFray a quant à lui dû changer ses habitudes avec son nouveau 13" sans Touch Bar : « je vois bien que j’ai perdu face au MacBook Air. Je ne pars plus de chez moi sans mon chargeur. »
Cette autonomie inférieure à la promesse d’Apple (jusqu’à 10 heures de navigation web et de lecture de films) et aux modèles précédents a carrément poussé Nickoparis à retourner le MacBook Pro 13" Touch Bar gonflé (Core i7 3,3 GHz, 512 Go de SSD, 16 Go de RAM) qu’il avait acheté :
Conclusion : une très belle machine mais si en dépensant près de 3 000 € je ne peux pas avoir l’autonomie pour regarder des films ou travailler le temps d’un vol transatlantique alors que mon vieux MacBook y arrive… cela n’est pas raisonnable. Je l’ai donc rendu à Apple, un peu la mort dans l’âme. J’étais le troisième de la semaine pour le même problème.
Pour la première fois de ma vie de fan Apple ([j’ai commencé avec un] Macintosh SE en 1987) j’ai été vraiment déçu. Un peu l’impression d’avoir été trahi. La marque ne tenait plus ses promesses.
C’est pour cette même raison que lcarpentier a rendu son MacBook Pro 13" et qu’il a pris à la place « un MacBook doré qui est plus mignon et dont l’autonomie est bien meilleure ! »
Une transition pas si difficile vers l’USB-C
À l’inverse, Toketa, qui utilise sa machine notamment en voyage pour traiter ses photos, ne se plaint pas de l’autonomie. Pourquoi ? Essentiellement parce qu’il peut brancher une batterie externe sur son MacBook Pro 15" grâce à la connectique USB-C standard :
C’est très lent, mais ça fonctionne parfaitement (l’autonomie ne baisse plus et gagne 1% de-ci de-là). C’est franchement un avantage majeur, une killer feature sur laquelle on ne communique pas assez… J’ai trois batteries pour les voyages [des Anker PowerCore 20 100], et avec un câble USB-A vers USB-C, je suis bon pour la brousse.
matthieudu06 tire lui aussi parti de cette possibilité « merveilleuse » de l’USB-C : « je recharge avec une batterie externe si j’ai un souci et bonus, plus de bataille avec les autres étudiants pour s’arracher la seule prise de la salle de cours, encore plus pratique dans le TGV quand on n’a pas de prise. »
Plus généralement, la transition vers le tout USB-C est bien vécue. Certes, il faut acquérir des adaptateurs ou un hub pour brancher ses périphériques habituels et ça fait « un peut plat de spaghetti sur le bureau » comme l’écrit Harzack, mais ce n’est pas jugé rédhibitoire du tout. Les clés à double connectique USB-C — USB-A sont assez populaires parmi les commentateurs.
josoc a profité de la remise de l’Apple Store sur les produits USB-C valables jusqu’au 31 mars pour faire le plein :
J’ai fait l’acquisition de deux disques USB-C, un de 5 To fixe (qui recharge le MacBook Pro quand je suis à la maison, ce qui me permet de n’avoir qu’un chargeur, un pour la maison via le disque dur et le chargeur Apple au bureau) et un 2 To portable. Une clef USB réversible de 128 Go USB-C/USB-A et ça fonctionne très bien.
Finalement, l’aspect le plus critiqué du passage au tout USB-C, c’est la disparition du MagSafe. « L’USB-C a beau pouvoir être branché dans n’importe quel sens, ce n’est vraiment pas aussi simple qu’un aimant qui se dirige tout seul vers le bon endroit », fait remarquer Gwen.
« J’ai des enfants qui courent partout et au prix de l’engin on n’a pas envie qu’ils se prennent les pieds dans le câble d’alimentation et le fassent tomber. Dommage, c’était top », regrette aussi Nickoparis.
MacDays était également de cet avis au départ, mais « [sans renier] l’aspect pratique et sécuritaire du [MagSafe] », il s’est rendu compte des nouveaux avantages apportés par l’USB-C :
- Technologie standard. […] Le fait d’oublier son câble / son chargeur original Apple n’est pas grave en soi, on peut emprunter celui du voisin, même non Apple.
- On peut recharger l’ordinateur à partir d’une batterie externe !!! […]
- On peut recharger le MacBook depuis n’importe quel port.
- Dernier avantage que je n’ai vu cité nulle part : le câble USB-C n’est désormais plus “attaché” au bloc du chargeur. Il sera donc possible de le changer, sans racheter un chargeur propriétaire à 89 euros…
Succès mitigé pour la Touch Bar
La Touch Bar, autre nouveauté majeure des MacBook Pro fin 2016, partage bien plus les utilisateurs. psavoyaud la juge « pas très convaincante » : « On regrette parfois de ne pas avoir les bonnes touches, notamment le volume ou le rétroéclairage. Il faut réfléchir pour utiliser des touches qui sont normalement des raccourcis, c’est illogique. »
Elle est souvent décrite comme un gadget. « Un beau gadget mais un gadget malgré tout », insiste Mini Best qui en a une utilisation minimale :
Je l’utilise surtout pour les emojis et je dois dire que c’est sa principale utilisation. Il m’arrive aussi d’utiliser l’écriture prédictive lorsque je doute sur l’orthographe d’un mot. Il lui est arrivé de boguer à plusieurs reprises. Impossible de la faire apparaitre dans certains champs de texte. J’en attends plus et j’attends surtout la prise en charge de celle-ci par les éditeurs tiers. Malgré tout, je l’utilise plus que les touches de fonction. Ce n’est pas fou mais c’est toujours plus. Un peu cher comme nouveauté…
Quelques-uns sont malgré tout plus enthousiastes et disent même avoir été surpris par cette Touch Bar dont ils n’attendaient pas grand-chose. C’est le cas de leloustic :
Je l’utilise tout de même bien plus souvent que je ne l’imaginais, et elle me manque même parfois lorsque je repasse sur mon clavier externe. Voici ce que j’apprécie particulièrement :
- La frappe prédictive. Lorsque le mot est long, ça fait vraiment gagner du temps. […]
- La possibilité avec Keynote de visualiser la durée d’une diapo ou d’un effet, et surtout d’avoir une miniature des diapos en cours et à venir, avec leur numéro, ce qui permet de mieux gérer mes présentations. […]
- En mode plein écran, connecté à un écran ou vidéoprojecteur, on peut projeter par exemple une vidéo sur le projecteur et continuer à travailler sur l’écran intégré. Avantage pour moi qui travaille parfois en régie : je peux gérer le son et la musique pendant qu’une vidéo est projetée, car la Touch Bar permet d’avoir accès aux commandes en arrière-plan. Concrètement, pendant qu’une vidéo est projetée sur le projecteur, je peux faire autre chose sur l’écran interne, tout en ayant la possibilité avec la Touch Bar de mettre en pause, avancer, ou reculer dans la vidéo projetée avec le slider.
La barre tactile a également été une « révélation » pour MacDays qui l’utilise notamment avec Affinity Photo et Affinity Designer achetés pour l’occasion : « La sélection de documents, de couleurs, d’outils, tout est fait pour gagner du temps par rapport à l’utilisation de menus. » « Il faut savoir que je ne suis pas naturellement fan des raccourcis clavier. D’où peut-être mon appréciation de cette Touch Bar », précise-t-il.
KevinTran cite deux autres usages qu’il trouve « géniaux » : « lors de la saisie d’un formulaire la Touch Bar me propose des choix que je n’ai plus qu’à toucher pour valider [et] à la réception d’un appel la Touch Bar propose directement les boutons pour décrocher ou décliner l’appel. »
Tout le reste largement salué
Le design, la fabrication et l’écran ne font pas débat, ils sont salués par tous. La précédente génération n’était pas mal lotie en la matière non plus. D’autres évolutions ont plus marqué les esprits parce qu’elles étaient plutôt inattendues.
La première, c’est le son. « Dingue », « bluffant », « excellent », « de toute beauté »… les superlatifs pleuvent pour les nouveaux haut-parleurs.
Toketa fait part d’une autre bonne surprise : le clavier. « Il est tout bonnement incroyable. Très largement supérieur au précédent, il ne m’a fallu que quelques minutes pour m’y habituer, et quelques jours pour comprendre que de revenir en arrière était impossible », déclare-t-il.
En revanche, si à peu près tout le monde s’accorde à dire que ce clavier à mécanisme papillon est très plaisant, tout le monde souligne aussi qu’il est plus bruyant que l’ancien. Mais c’est un problème visiblement pardonné en raison de son efficacité.
Par ailleurs, le clavier est aussi bruyant que la machine silencieuse. La discrétion des MacBook Pro est revenue à plusieurs reprises dans les témoignages. « La puissance est super. Pour moi qui traite de gros fichiers photo, ça tient la route. L’avantage avec le modèle 2015 que j’avais pu tester, c’est qu’il est beaucoup plus silencieux, avant de faire emballer les ventilateurs, il y a de la marge », note OSX parmi d’autres.
Quant aux performances, elles sont globalement jugées très satisfaisantes. Il faut dire que la plupart des acheteurs avaient auparavant un ordinateur de quatre ans d’âge, ou plus. Siciliano, MoOx et NikonosV attribuent une mention spéciale au SSD ultra rapide qui leur fait gagner du temps dans le traitement de vidéos et la gestion de machines virtuelles.
Pour conclure
À l’heure du bilan, une poignée d’utilisateurs ont retourné leur MacBook Pro à Apple. Apzoir l’a fait après des problèmes récurrents avec Premiere Pro qui ne se produisaient pas sur son ancien modèle Retina.
« Pourquoi l’avoir renvoyé ? En deux mots : trop tôt », explique pour sa part danvorbis, qui détaille ensuite ses griefs :
- Dès que j’étais avec des amis musiciens, l’adaptateur USB-C était essentiel. Et je l’oubliais tout le temps.
- Adieu MagSafe […]
- Je n’ai pas réussi à me faire au clavier, trop sensible et trop bruyant.
- Il m’a semblé, sans que je le vérifie de manière scientifique, que l’autonomie était effectivement moins bonne qu’avant.
« L’impression globale que j’ai ressentie face à ce Mac, c’est qu’Apple a eu raison trop tôt. Je ne suis pas prêt pour un si gros changement, facturé si cher. C’est radical, c’est superbe, mais je ne veux pas payer autant pour être early adopter ! », conclut-il, après avoir finalement opté pour un MacBook Pro Retina 13" de 2015.
Une petite dizaine d’utilisateurs dressent un bilan mitigé. ty971 a surtout été embêté par des bugs logiciels, quand MoOx trouve que la machine est trop chère et recommande d’attendre une baisse de prix.
Le reste, soit l’essentiel des témoignages (une quarantaine), est clairement positif. Le cas de KevinTran a ceci d’intéressant qu’il est passé d’un hackintosh à un MacBook Pro, et non l’inverse. En résumé, il est « très satisfait de ce MacBook Pro, [une] superbe machine [avec] de bonnes performances adaptées à [ses] besoins. »
L’avis détaillé et en trois temps de Toketa est également particulièrement intéressant, car il avait prévu de le rapporter au moindre souci durant son essai :
J’étais très méfiant, et je suis ravi d’avoir testé moi-même : je le garde et je revends le 2014 sans aucune arrière-pensée, il s’agit du meilleur ordinateur que j’ai pu utiliser, et de loin. Il est cher, mais il n’a pas vraiment augmenté contrairement à ce qu’on peut lire partout, et il vaut largement son prix. L’autonomie est très bonne chez moi, meilleure que le modèle précédent, et le passage à l’USB-C me permet de la prolonger à l’infini avec des powerbank (impossible sur l’ancien modèle) : une EXCELLENTE surprise !
Ce préjugé négatif suivi par la bonne surprise à l’utilisation apparaît dans d’autres témoignages, comme celui d’hellric : « Suite à la lecture des forums et commentaires scandalisés que je lisais en attendant de le recevoir, je pensais le renvoyer illico. Et puis vint l’usage, et il n’y a rien que je n’apprécie pas dans cette magnifique machine. »
Si vous avez toujours une hésitation, nous vous encourageons à lire les témoignages dans leur intégralité et à poser des questions à leurs auteurs.