Joli bad buzz pour Adobe, qui a récemment mis à jour les conditions d’utilisation de Photoshop. L’entreprise affiche depuis quelque temps un pop-up au lancement du logiciel forçant ses clients à approuver cette nouvelle politique. La pilule ne passe pas : pour utiliser le programme, ils sont obligés d’accepter qu’Adobe puisse utiliser leur contenu dans le nuage.
Here it is. If you are a professional, if you are under NDA with your clients, if you are a creative, a lawyer, a doctor or anyone who works with proprietary files - it is time to cancel Adobe, delete all the apps and programs. Adobe can not be trusted. pic.twitter.com/LFnBbDKWLC
— Wetterschneider (@Stretchedwiener) June 5, 2024
Les termes ont été mis à jour en février dernier. L’article 2.2 indique qu’Adobe peut, à l’aide de systèmes automatisés, « analyser vos Contenus et les Polices de client Creative Cloud ». Cette autorisation permet de répondre aux retours ou aux demandes d’assistance, mais aussi de déceler des contenus illégaux. Il est précisé que le contenu stocké localement sur l’appareil n’est pas analysé.
Cependant, une ligne indique que l’analyse automatique peut avoir pour but « d’améliorer [ses] Services et Logiciels et l’expérience utilisateur ». Sur une FAQ liée à l’apprentissage automatique, Adobe explique utiliser le machine learning pour « développer et améliorer [ses] produits et services, ce qui [lui] permet de proposer des solutions innovantes d’avant-garde ». Plus surprenant encore, l’entreprise explique pouvoir utiliser les contenus créés via ses apps (article 4.2). Les termes sont explicites :
Uniquement à des fins d’exploitation ou d’amélioration des Services et des Logiciels, vous nous accordez une licence non exclusive, mondiale et libre de droits, sous-licenciable, pour utiliser, reproduire, afficher publiquement, distribuer, modifier, créer des œuvres dérivées basées sur, exécuter publiquement et traduire [votre] Contenu.
Par exemple, nous pouvons concéder en sous-licence notre droit sur le Contenu à nos fournisseurs de services ou à d’autres utilisateurs pour permettre aux Services et Logiciels de fonctionner comme prévu, par exemple en vous permettant de partager des photos avec des tiers.
Évidemment, ces termes ne passent pas auprès des utilisateurs. « Il est temps de se passer d’Adobe, de supprimer toutes leurs applications et tous leurs programmes. Adobe n'est pas digne de confiance », a tweeté le designer @Stretchedwiener. De son côté, le graphiste Sam Santala note qu’il n’est pas possible de supprimer Photoshop ou de contacter l’assistance… sans accepter les nouveaux termes d’utilisation.
Les artistes craignent qu’Adobe utilise leurs données pour former ses modèles d’IA génératives, représentés par l’IA Firefly lancée officiellement en fin d’année dernière. L’entreprise a réagi à la polémique par un communiqué lacunaire envoyé à Computing où elle affirme que « cette politique est en place depuis de nombreuses années ». Elle confirme accéder au contenu des utilisateurs pour « un certain nombre de raisons », par exemple pour des fonctionnalités basées sur le nuage comme la suppression d’arrière-plan dans Adobe Express ou pour prendre des mesures à l'encontre des contenus interdits.
Mise à jour à 14:30 : Adobe a publié un billet de blog revenant sur ces changements. Elle rappelle qu’elle n’entraîne pas Firefly sur le contenu de ses utilisateurs et qu’elle n’assumera jamais la propriété du travail d’un utilisateur.