Chaque mise à jour de Mathematica est accompagnée d’une imposante liste de nouveautés. Il serait vain de présenter toutes celles de la dixième version de ce logiciel de calcul formel : elles sont plus de 700, réparties dans 14 domaines différents.
Mathematica 10 se pique d’abord de géométrie, en inaugurant le concept de régions géométriques. Capable de manipuler des objets en deux ou trois dimensions, il peut prélever des mesures, calculer un barycentre, ou encore trouver le point le plus proche d’un autre selon des paramètres donnés. Il ne s’agit que de quelques-unes des capacités de Mathematica 10 en la matière – à vrai dire, les seules que nous comprenons avec nos vagues souvenirs du lycée.
Cette nouvelle version est la première à être basée sur le langage Mathematica, qui vient de recevoir une extension entièrement dédiée à la cartographie. Il ne s’agit pas, du moins pas pour le moment, de remplacer un SIG ; mais Mathematica est déjà capable de projeter des données sur des fonds de cartes. Mieux encore, avec l’intégration du nuage et de l’interface prédictive de Wolfram, on peut très rapidement produire des cartes très complexes – une simple ligne de code suffit à produire une carte indiquant tous les emplacements de naufrages en mer Méditerranée, par exemple.
Enfin — du moins enfin pour ce rapide aperçu - Mathematica 10 intègre un système d’apprentissage automatique (machine learning). Fruit de plusieurs années de recherche et de développement, il est déjà capable de reconnaître l’écriture manuscrite, et permet entre autres choses de discriminer entre des images prises de jour et des images prises de nuit, de reconnaître les instruments à vent selon leur signature sonore, de détecter le langage d’un texte, ou de retrouver l’auteur d’un texte par comparaison de corpus. Ses capacités dépendent évidemment des jeux de données fournies par les chercheurs, mais il promet de mettre à la portée de tous (ou presque) ce genre de traitement extrêmement poussé.
À la relative facilité d’utilisation de Mathematica s’oppose son modèle économique, toujours aussi complexe. Mathematica est décliné en de multiples éditions, avec des licences annuelles ou perpétuelles, de quelques centaines à plusieurs milliers d’euros. Pour ne rien arranger, l’intégration au nuage de Wolfram est conditionnée à un système de crédits, qu'il faudra ajouter au prix du logiciel. Au moins les utilisateurs des précédentes versions peuvent-ils obtenir cette mise à jour à un tarif préférentiel.