Une particularité d’Orange est sur le point de se terminer : ses abonnés à internet fixe, qu’ils soient connectés en ADSL ou en fibre optique, vont désormais se partager les adresses IPv4 par défaut. L’opérateur historique déploie depuis deux semaines environ une mise à jour de ses Livebox qui ajoute une option dans les réglages de réseau pour ne plus partager son adresse. Ce qui veut dire qu’elle sera désormais partagée par défaut, une pratique courante depuis bien des années chez ses concurrents.
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En effet, Orange était le seul parmi les quatre fournisseurs d’accès à internet historiques français à ne pas partager les IPv4 associées aux connexions fixes de ses abonnés. Bouygues Telecom, SFR et Free le faisaient depuis bien des années et même s’il y a en général une option qui permet d’obtenir une adresse unique (pour Free, par exemple, il faut demander une IP dédiée dans son espace abonné), ce n’est plus le cas par défaut depuis bien longtemps. Ce partage est ainsi la norme, même s’il peut poser encore problème dans quelques cas. Outre quelques incompatibilités logicielles sur des besoins pointus, le partage enlève tout intérêt à la géolocalisation par IP et il peut conduire à des blocages si un abonné se fait bannir d’un service.
Techniquement, Orange active le « Carrier-Grade NAT », aussi connu sous le nom de CGN ou CGNAT. Sans entrer dans les détails techniques, cette solution a été mise en œuvre pour permettre à un opérateur mobile ou FAI de réduire ses besoins en IPv4 en associant la même adresse à plusieurs clients, tout en séparant le trafic de chaque connexion. Face à la pénurie croissante des adresses IPv4 disponibles et le coût croissant de celles qui restent, c’est une solution technique assez logique en attendant la généralisation des IPv6. Ces dernières sont si nombreuses que la mutualisation des adresses n’a plus aucun sens et disparaîtra… si la transition arrive enfin à son terme.
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La longue transition vers l’IPv6 (1/2) : la pénurie d'IPv4
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La longue transition vers l’IPv6 (2/2) : une chaîne aux nombreux maillons
L’abandon des IPv4 n’est pas encore possible, car trop de sites et services ne fonctionnent pas en IPv6. C’est aussi le cas à l’intérieur de l’écosystème d’Orange, d’ailleurs : pour donner un seul exemple, les Livebox ont besoin d’une IPv4 pour la fonction téléphonie, celle-ci n’a pas encore été mise à jour en IPv6. Jusque-là, l’héritière de France Telecom qui dispose d’une immense base d’IPv4 en associait toujours une seule par abonné, même si elle pouvait changer à tout moment. Désormais, non seulement il n’y a pas d’IPv4 fixe (il faut une offre professionnelle pour en obtenir une chez Orange), chaque adresse pourra aussi être partagée avec d’autres abonnés.
Pour l’heure, Orange laisse le choix à ses clients dans les réglages de la Livebox. Cela changera peut-être, même si le plus probable est que l’écrasante majorité de ses abonnés ne touchera pas aux paramètres par défaut et partagera de ce fait une IPv4. Ceux qui voudront d’une adresse unique seront sans doute suffisamment peu nombreux pour que l’option reste, comme c’est le cas pour les autres acteurs.