Récemment, deux PC un peu étonnants sont apparus sur Aliexpress : des « PC » portables avec des composants très datés, mais dans un format plutôt moderne. Une drôle de mode, qu'il faut probablement relier à l'attrait de certains pour les appareils vintage.
Un PC portable avec un 8088 du début des années 2000
Le premier, le Book 8088, est dans un format qui ressemble — de loin — à un PC portable moderne. Il était vendu (il n'est plus disponible) pour un peu plus de 220 $ et le site indique que 119 exemplaires ont été écoulés, ce qui en fait une (très) petite série.
Ce PC reprend des composants assez antiques, comme un processeur 8088 à 4,77 MHz (celui du premier PC en 1981) capable de fonctionner aussi à 8 MHz, 640 ko de RAM1, une carte son à base d'OPL3 et la possibilité d'installer MS-DOS 6.22 ou Windows 3.0. Le stockage fait une entorse à l'époque avec une interface Compact Flash et une carte de 512 Mo (au début des années 80, la norme était plutôt autour d'une dizaine de mégaoctets pour un disque dur) et une prise USB.
Enfin, l'écran LCD affiche du 640 x 200, la définition maximale en CGA. Le nombre de couleurs est annoncé à 16, mais le CGA d'IBM est un peu particulier : la technologie permettait 16 couleurs en 160 x 100, 4 couleurs en 320 x 200 (le mode le plus courant) ou 2 couleurs en 640 x 200. Il faut noter que l'écran affiche la définition native et des pixels carrés, mais que les moniteurs cathodiques de l'époque travaillaient avec un ratio de 4:3 et des pixels rectangulaires. L'écran LCD devrait donc exposer des images déformées.
La machine semble être un mélange de composants d'époque avec des solutions modernes pour le BIOS, comme l'indique Ars Technica. Le BIOS employé est en effet open source mais les créateurs de la machine semblent avoir effacé cette partie de l'équation. Pour les amateurs, il est même possible d'ajouter un 8087, pour profiter réellement d'Excel.
Une sorte de tablette avec un CPU nVidia
Le Hand 386, vendu par la même équipe et dans la même gamme de prix, était encore plus particulier. Il n'est plus en vente (il n'y en avait que 60 en stock) mais offrait un format assez rare. La machine reprenait le concept des UMPC, c'est-à-dire un écran LCD couplé à un clavier directement sous ce dernier, sans possibilités de refermer le tout.
Comme le premier, il s'agit d'un mélange de technologies (plus ou moins) modernes : la dalle LCD en 640 x 480 ou port USB pour du stockage détonnent. Mais les composants sont couplés à un système sur puce qui a plus de 30 ans. Le M6117D est en effet une puce assez particulière : elle combine un chipset avec un processeur Intel 386SX cadencé à 40 MHz. Cette variante SX était à l'époque limitée à un bus externe sur 16 bits, qui réduisait un peu les performances. Attention, c'est compliqué : il a été conçu par Ali, qui avait une licence d'Intel, mais nVidia a racheté Ali dans les années 2000, donc la puce est surmontée du logo de nVidia. Mais dans les faits, c'est D&MP (une société spécialisée dans le monde industriel) qui vend le composant…
Le reste à la hauteur du 386SX : 8 Mo de RAM, une puce audio OPL3 (Yamaha) et la possibilité de brancher un clavier et une souris en PS/2. Comme pour l'autre PC, le stockage fait un pas vers la modernité : un emplacement Compact Flash avec une carte de 1 Go, ce qui est un peu anachronique. Il est techniquement possible d'installer Windows 95, mais l'OS risque d'être assez lent tout de même. Et il fait bien évidemment tourner Doom.
Était-ce de bonnes affaires ? Oui et non. Dans un sens, il peut être amusant d'avoir dans les mains des machines avec des performances d'époque. Mais dans un autre, il n'y a rien d'authentique dans des appareils avec une image déformée et nette, de la mémoire flash et de l'USB. Notons enfin que si des passionnés proposent parfois des versions modernes des cartes mères des Macintosh de la même époque, peu tentent de les vendre directement. En effet, les Macintosh nécessitent une ROM pour démarrer et il n'existe pas d'alternatives open source pour ces dernières. Et les bidouilleurs chinois n'ont probablement pas envie de subir les foudres des avocats de Tim Cook.
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La phrase généralement attribuée à Bill Gates sur le fait que 640 ko devraient suffire pour n'importe qui est apocryphe. ↩︎