Tesla est le premier constructeur automobile à avoir commercialisé un véhicule grand public semi-autonome. Ses voitures ne sont pas encore totalement autonomes, mais dans certains cas, elles peuvent rouler sur de longues distances sans aucune intervention humaine. Malheureusement, la technologie reste encore assez simple et le constructeur n’a pas pu prendre en compte tous les cas de figure. C’est en partie ce qui explique certains accidents, dont le premier mortel découvert cet été.
Comme promis, loin d’abandonner, l’entreprise persévère et annonce par un billet de blog publié sur son site officiel une mise à jour majeure de la fonction Autopilot. La version 8.0 sera déployée dans les prochaines semaines sur tous les véhicules compatibles, c’est-à-dire tous ceux qui sont sortis avec le matériel nécessaire pour la conduite automatique. Le plus gros changement concerne justement le matériel : le radar qui n’était jusque-là que secondaire va devenir l’élément central pour l’autopilote.
Au départ, Tesla a pensé sa fonction autour de plusieurs caméras et d’un logiciel de traitement d’images. Le constructeur n’a ajouté un radar que dans un deuxième temps, pour enrichir les informations fournies par les caméras. Avec cette mise à jour, le radar va fournir en priorité les informations à l’ordinateur embarqué et les caméras deviendront des sources secondaires, pour confirmer ce qu’envoie le radar.
Le radar a l’avantage de détecter très précisément toutes les surfaces métalliques qui se trouvent sur la route. L’autopilote de la Model S n’aurait pas raté le camion en travers de l’autoroute s’il avait fait confiance en priorité au radar et la voiture aurait sans doute évité l’accident, ou peut-être au moins sauvé la vie de son conducteur. Pourquoi, dès lors, ne pas avoir utilisé le radar dès le départ ?
Comme l’explique le constructeur dans son blog, ce n’est pas si simple, car le radar a deux défauts majeurs. S’il est parfait pour détecter du métal, il ne « voit » pas du tout du bois ou du plastique, ce qui est gênant si, par exemple, un tronc se retrouve sur la route. Par ailleurs, il a tendance à exagérer la taille des objets métalliques, ce qui fait que la voiture pourrait piler face à une canette de soda, un objet qu’il est préférable d'éviter, certes, mais qui n’est pas dangereux au point d’exiger un arrêt immédiat.
Pour éviter les fausses alertes de ce type, Tesla a prévu trois changements différents. Pour commencer, le radar va être beaucoup plus précis sans changement matériel, mais le capteur va analyser six fois plus d’objets et va le faire avec plus de précision encore. Ensuite, le logiciel va analyser en permanence l’espace en trois dimensions autour du véhicule et ainsi affiner ses calculs pour déterminer si un objet est dangereux (un véhicule arrêté) ou sans importance. Très concrètement, l’autopilote ne se contentera pas d’analyser une seule image, mais une série d’images qui offriront un meilleur point de vue, puisque l’angle changera à chaque fois.
Le troisième point est sans doute le plus important et aussi le plus ambitieux. Malgré tous ses efforts, Tesla ne peut pas déterminer à 100 % s’il y a un obstacle sur la route ou si tout va bien et le constructeur va plus que jamais reposer sur les données fournies par tous les véhicules. Par exemple, un radar va détecter un panneau de direction en hauteur, comme ceux des autoroutes, mais ce n’est pas une information suffisante pour savoir à 100 % que la voiture passera en dessous.
La toute première voiture de Tesla qui passera sous ce panneau mémorise la position et freine si l’autopilote est actif, ou enregistre la vitesse du conducteur en passant à cet endroit si la conduite automatique est inactive. La voiture suivante aura cette information et elle freinera encore, mais beaucoup moins. Et au bout d’un moment, Tesla enregistre dans sa base de données que ce n’est pas un obstacle et tous ses véhicules rouleront à pleine vitesse à cet endroit.
Dans le doute, les Model S et Model X devraient freiner systématiquement, même si une soucoupe volante venait à se poser en plein brouillard devant la voiture, comme le note l’article de blog. Mais Tesla construit une immense base de données qui devrait être de plus en plus précise et qui devrait améliorer encore la sécurité de ses véhicules, tout en évitant les fausses alertes.
Et le constructeur a déjà prévu la suite : le radar pourra bientôt détecter les obstacles non seulement directement devant votre véhicule, mais aussi devant la voiture qui vous précède. Petit à petit, Tesla ajoute des briques pour obtenir une voiture vraiment autonome.