Le Nebraska tente de mettre en place une législation plus favorable aux réparateurs et, in fine, aux consommateurs qui paieraient ainsi moins cher le remplacement d’une batterie ou d’un écran avec des pièces officielles. Un « droit à la réparation » en pleine discussion chez le législateur de cet État américain, qui obligerait les constructeurs à fournir des manuels et des pièces détachées aux boutiques de réparation non agréées.
Ce texte, dont des variantes sont aussi discutées dans huit autres États, ne fait pas les affaires des constructeurs et singulièrement d’Apple. Lydia Brasch, une sénatrice qui défend la législation au Nebraska, a discuté de ce dossier avec Steve Kester, un représentant d’Apple. Ce dernier a affirmé que l’État deviendrait la « Mecque » des hackers si la loi était votée, expose BuzzFeed… La Pomme indique aussi que limiter les possibilités de réparation aux seules boutiques dument agréées est la seule manière de garantir que des pièces d’origine soient bien utilisées et les appareils correctement réparés.
Apple est cependant prête à un compromis : le droit à la réparation pourrait s’appliquer à tous ses appareils, exception faite de l’iPhone. Si le législateur introduisait cette nuance (de taille), alors le constructeur ne s’opposerait pas au texte. Il resterait bien sûr à convaincre les autres entreprises, et notamment John Deere le constructeur d’équipement agricole qui fait partie des opposants les plus actifs de ces lois.
Le lobbying des entreprises est efficace : l’État de New York tente de faire passer un texte semblable depuis 2014 sans y parvenir. « Plusieurs d’entre nous pensons que cette pratique est un monopole », explique un élu. « Si j’achète un ordinateur, [le constructeur] va pratiquement exiger que je le lui retourne pour le réparer à des prix majorés ». Au Massachusetts, une loi sur le droit à la réparation touchant les garagistes a été mise en place en 2013 ; durant la dernière session législative, Apple s’est opposée à une extension de cette loi.
Des échoppes en Chine proposent pour une poignée de dollars de passer le stockage d’un iPhone de 16 à 128 Go.
Apple n’est pas le seul constructeur à exercer des pressions sur les États pour éviter qu’ils ne votent de telles législations. Le constructeur de Cupertino fait partie avec Microsoft, Google, Samsung, Nintendo et Sony de plusieurs groupes de pression dont les arguments sont bien rodés : ces lois « compromettent la propriété intellectuelle et la sécurité des consommateurs ». Un de ces lobbys, CompTIA, explique qu’il ne s’agit pas tant d’empêcher les utilisateurs de faire réparer leurs produits où bon leur semble que de protéger des secrets industriels…
Les entreprises assurent par ailleurs que les utilisateurs ont à leur disposition un choix « substantiel » pour effectuer des réparations de leurs produits selon leurs besoins. Or, s’il existe 1 371 réparateurs agréés Apple aux États-Unis, il n’y a qu’un seul Apple Store dans tout le Nebraska.