Lors du passage des puces Intel aux puces ARM, Apple avait proposé un kit de développement, le DTK. Il s'agissait d'un Mac mini équipé d'une carte mère comprenant un système sur puce A12Z (précurseur du M1), 512 Go de stockage et 16 Go de RAM. Loués 500 $ aux développeurs, ils avaient été récupérés par Apple peu après la sortie des premiers Mac Apple Silicon… et normalement détruits. Mais de temps en temps, des cartes mères de DTK se retrouvent sur eBay et d'autres sites du genre. Il s'agit souvent de cartes récupérées chez des recycleurs, avec deux défauts : les cartes ont été endommagées sciemment par Apple pour éviter la récupération (souvent avec un coup de perceuse) et les puces NAND sont absentes. Selon dosdude1, dont nous allons expliquer le travail, elles n'ont pas été récupérées par Apple mais plus probablement par les recycleurs : les deux puces de 256 Go du kit de développement peuvent être employées pour mettre à jour ou réparer des iPhone ou des Mac, qui emploient tous de la mémoire propriétaire.
Dans la vidéo ci-dessus, donc, dosdude1 explique comment il a réparé la carte mère. La première étape a consisté à agrandir le trou fait par Apple. Ce choix peut sembler bizarre, mais le processus de destruction d'Apple amenait un court-circuit au niveau de l'alimentation. Agrandir le trou et poncer les différentes couches de la carte mère a permis de corriger ce problème, et de démarrer le DTK en mode DFU (un processus de récupération).
La seconde étape a été de nettoyer les emplacements des puces NAND pour installer de nouvelles puces. On peut par ailleurs voir une autre carte mère, avec un trou au milieu du système sur puce. Une étape un peu compliquée : de nombreux petits composants ont été arrachés en même temps que les puces, et dosdude1 a donc dû réinstaller les résistances et autres condensateurs, à partir d'une seconde carte.
Pour la puce elle-même, il est parti d'un composant issu d'un MacBook Air de 2020, qui a été reprogrammé pour correspondre au DTK. En effet, les puces contiennent certaines des informations nécessaires au démarrage, comme le modèle, le numéro de série, etc. Le processus de rebillage est un peu compliqué, mais il consiste en résumé à nettoyer les contacts sous les puces, à installer de nouvelles billes — en BGA, les contacts se font sous la puce, avec des billes — et à réinstaller la puce dans un des deux emplacements du DTK.
Une fois la puce en place, ce n'est pas terminé : dosdude1 a dû restaurer le Mac, qui se lance automatiquement sur un processus d'activation… qui va échouer. La solution consiste à dessouder la mémoire (encore) et passer par un outil qui va récupérer les informations nécessaires chez Apple à partir des informations obtenues lors du processus d'activation pour (re)programmer la puce correctement. Une fois la puce remise en place (une seconde fois, donc), le DTK s'active et démarre correctement sous macOS Big Sur (11.2.3), la dernière version compatible officiellement avec ce Mac un peu particulier.
Pour rendre la machine un peu plus présentable, elle a été installée dans le boîtier d'un Mac mini de 2018, avec une petite modification supplémentaire : un connecteur pour la LED en face avant du boîtier. Les Mac mini M1 et le DTK n'ont pas exactement la même LED, mais la carte mère du DTK a le nécessaire pour la loupiote du Mac mini 2018. Enfin, tout a été installé dans le boîtier, avec le dissipateur d'un autre DTK détruit par Apple et la plaque arrière d'un Mac mini M1, qui correspond aux entrées/sorties du DTK. Et à la fin, le (pseudo) DTK démarre et fonctionne, presque comme un véritable kit de développement mais avec seulement 128 Go de stockage.
Notons enfin que si la vidéo est récente, le pseudo-DTK en question a été vendu sur eBay il y a quelques semaines.