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Cook, Ive et Federighi font la couverture du dernier Businessweek. Un trio qui s'affiche décontracté et rigolard sous le titre « Quoi, nous, inquiets ? », en contrepied aux critiques qui entourent Apple. L'interview de Cook et de ses deux vice-présidents s'est tenue chez Apple, 48h après la présentation des nouveaux iPhone.
La bourse et la concurrence
Sur les aléas récents autour de l'action d'Apple, Cook (52 ans) affectionne une forme d'indifférence ou de distance « Je ne me sens pas euphorique à la hausse, et je ne m'ouvre pas les veines à la baisse. J'ai connu ces montagnes russes bien trop souvent pour cela. » Même détachement lorsqu'on lui parle de la montée en puissance des fabricants de produits concurrents low-costs, mais pour Cook, il n'y a rien de neuf sous le soleil « Ca arrive sur tous les marchés que j'ai vus. Pour tous les appareils électroniques, les appareils photo, les PC, les tablettes, les téléphones - et autrefois - les magnétoscopes. Je ne vois pas un seul marché de l'électronique où ça ne s'est pas produit ».
Toujours sur cette question du cours de l'action qui a chuté après l'annonce des nouveaux iPhone, il déclare « Si j'en suis heureux ? Non, je ne le suis pas. Il faut se forcer à se reposer la question 'Est-ce que vous faites les choses comme il faut ?' Et c'est là-dessus que je me concentre, au lieu de laisser quelqu'un d'autre ou quelque chose comme le marché me dicter ce que je dois penser ». Rien n'est dit dans l'interview sur la récente activité de Carl Icahn et de ses investissements dans Apple
Le marché du smartphone
Le patron d'Apple estime que le marché du smartphone ne se dirige pas à toute allure vers le bas de gamme, mais qu'il se divise en deux segments. Apple entend occuper la tranche des modèles à valeur ajoutée : « Il y a toujours une grande part de camelote ('junk') sur le marché » explique-t-il : « Nous ne sommes pas cette catégorie. Il y a un segment du marché qui veut vraiment un produit qui lui en propose beaucoup, et je veux me battre comme un fou pour ces clients » poursuit-il « Je ne vais pas avoir des insomnies à cause de l'autre marché, et tout simplement parce qu'il ne correspond pas à ce que nous sommes. Heureusement, ces deux marchés sont tellement grands, et il y a tellement de gens qui sont soucieux d'avoir une très bonne expérience avec leur téléphone ou leur tablette, qu'Apple peut faire de bonnes affaires. »
À propos du prix de l'iPhone 5c dont on s'attendait, non qu'il rase le plancher, mais qu'il soit un peu moins élevé qu'il n'est, Tim Cook rappelle le positionnement d'Apple.
« Nous n'avons jamais eu pour objectif de vendre un téléphone à faible coût. Notre premier objectif est de vendre un téléphone, de l'accompagner d'une excellente expérience utilisateur, et nous avons trouvé un moyen de le faire à un coût moins élevé ».
Sur la question des terminaux Android devenus majoritaires par leur nombre, Cook oppose un argument devenu classique, soutenu régulièrement par des études de marché : l'usage. Il y a énormément plus d'utilisateurs Android, mais les clients d'iOS sont nettement plus actifs sur leurs terminaux. « Est-ce qu'une unité de part de marché a de la valeur si elle n'est pas utilisée ? » demande Cook « Pour nous, ce qui compte, c'est que les gens utilisent nos produits. Nous souhaitons réellement enrichir leur vie, et vous ne le faites pas si le produit est rangé dans un tiroir ».
Cook reparle aussi d'un Android qu'il ne voit pas comme un seul bloc, mais comme une myriade de versions, ou de ce parc de téléphones qui ne profite pas toujours des dernières versions de l'OS, avec ce que cela implique en terme de sécurité ou comme difficultés pour les développeurs.
Quant à la comparaison avec le monde Windows, où iOS, tel le Mac, serait irrémédiablement débordé par la diversité des fabricants Android, Cook la juge erronée. « Microsoft a laissé les choses à l'identique, et le niveau de fragmentation n'était pas si important. Il n'y avait pas autant de variations avec Windows »
Commentant l'acquisition des mobiles de Nokia par Microsoft, Cook y voit la confirmation de la stratégie intégrée d'Apple « Tout le monde essaie de l'adopter. On ne va pas chercher à l'extérieur des preuves pour la valider, mais je trouve que cela montre qu'il y a beaucoup d'imitation, que d'une certaine manière, les gens ont pris acte de son importance ». Plus que cela, l'incroyable glissade de Nokia appelle à une vigilance chez tous ses concurrents « Je pense que Nokia doit nous rappeler à tous que l'on doit continuer à innover, sans innovation c'est la mort ».
Ive et Federighi
L'article s'intéresse aussi à deux lieutenants de Tim Cook : Craig Federighi (44 ans), patron de tout le logiciel d'Apple et Ive (46 ans). Le premier décrit ainsi son attachement à Apple « Je crois que si quelqu'un faisait une carte de mon cerveau, vous verriez qu'il y a des moments où j'ai stimulé la partie de mes neurones qui gère l'amour par association avec nos produits »
Installés dans une salle de conférence ornée de photos noir et blanc de MacBook Air et d'autres produits d'Apple, Ive et Federighi, ont décrit la manière dont ils ont endossé leur nouvelle responsabilité après le chamboulement décidé par Cook à la direction d'Apple. « Je crois que nous n’avons jamais discuté de notre rôle » explique Ive dont le bureau est presque voisin de celui de Federighi « Nous avons parlé de la manière dont nous allions pouvoir étendre cette collaboration qui a toujours existé ». Federighi et Ive se sont partagés des responsabilités qui, pour une large part (iOS et son interface), incombaient à un Scott Forstall congédié par Cook.
Cette nouvelle association fut décidée afin de mettre un terme à des guerres de faction internes, rappelle Businessweek, mais que Jonathan Ive décrit par une ellipse « Une collaboration réussie, de votre point de vue, pourrait être que votre opinion est la plus pertinente et qu'elle s'impose comme la direction à suivre. Ça, ce n'est pas collaborer. »
Le journaliste de Businessweek raconte ensuite que les deux hommes ont passé dix minutes à lui expliquer comment ils s'étaient attachés à peaufiner l'effet de flouté qui figure dans la nouvelle interface d'iOS 7, et ce plutôt que d'aborder des questions de parts de marché et autre sujets du même acabit. Ive explique : « Je pense que, très souvent, on ne peut qualifier par des attributs ou donner un nom à certains espaces de valeurs. Mais lorsque quelqu'un a fait les choses avec soin, je crois que nous sommes capables de le sentir. Et s'il y a bien une chose d'incontestable, c'est à quel point nous avons eu ce souci de faire les choses avec attention ».
Le duo se place ensuite en opposition avec d'autres pratiques consistant à remplir une liste de nouvelles fonctions pour donner des gages d'innovation. Au sujet du scanner d'empreintes, Ive déclare : « Il y a tellement de problèmes qui ont dû être réglés pour rendre possible 1 seule grande idée. Nous n'avons pas procédé de manière opportuniste, avec 10 trucs technologiques auquel il faut trouver un usage, de manière à remplir notre liste de fonctions ». Ce à quoi Federighi ajoute « Les nouveautés ? Faire du nouveau c'est facile, faire les choses bien, c'est compliqué ».
- L'article complet de Businessweek