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Le marché aux puces d'Apple

Christophe Laporte

jeudi 01 août 2013 à 15:17 • 43

AAPL

Si dans ses discours officiels, Tim Cook n’hésite pas à répéter que l’enjeu majeur pour Apple est de marier le matériel, le logiciel et les services (ce dernier point prenant de plus en plus d’importance), sa mainmise grandissante sur le hardware au fil des années devient impressionnante.



Il y a quelques années, Steve Jobs affirmait qu’il était temps pour Apple d’entrer dans le « chip business ». Cela a commencé avec le système sur puce (SoC) A4 sorti en 2010, et qui a trouvé place dans le premier iPad, l’iPhone 4, l’iPod touch de quatrième génération et l’Apple TV de deuxième génération.

Plus les choses avancent, plus Apple fait preuve d’ambition dans ce domaine. Si sa première puce était grandement inspirée des travaux de Samsung, la firme de Cupertino a progressivement pris son indépendance.

Depuis, Apple n’a cessé d’étonner en enchaînant les acquisitions et les prouesses technologiques. La dernière en date concerne le SoC A6 apparu avec le dernier iPad. Les spécialistes qui ont disséqué cette puce ont eu la surprise de s’apercevoir que la conception des circuits électroniques complexes avait été réalisée en partie manuellement. Un travail titanesque assez unique, qui a permis à Apple d’optimiser au mieux « sa dernière création ». L’immense majorité des fabricants confient cette tâche à un programme informatique qui permet de faire cela automatiquement (lire : L'Apple A6, une puce dessinée « à la main »).

Profusion de rumeurs sur les projets d’Apple



Depuis plusieurs mois, les rumeurs se bousculent concernant les projets d’Apple en matière de semi-conducteurs. Trois informations ou rumeurs ont donné du grain à moudre aux observateurs :

- La première est sans doute la plus fiable des trois. Apple aurait signé un partenariat avec TSMC pour fabriquer la prochaine génération de puces Ax. Prévues pour 2014, elles seraient gravées en 20 nm. L’information a été confirmée par plusieurs journaux économiques, dont le Wall Street Journal (lire : Apple et TSMC auraient enfin signé un accord). Ce n’est pas un secret, Apple cherche à réduire sa dépendance de Samsung et aurait finalement trouvé un accord avec son concurrent taiwanais.

- La seconde, plus surprenante, veut qu’en dépit de cet accord, Apple signe un contrat similaire avec... Samsung. Cette fois, il porterait sur la fabrication de processeurs A9 qui seraient gravés en 14 nm et qui verraient le jour en 2015 (lire : Samsung fabriquerait les processeurs A9 de 2015).

- La troisième rumeur est peut-être encore plus étonnante. Apple serait en discussions avec Globalfoundries pour une éventuelle collaboration. Certains ont même avancé que la firme de Cupertino songerait ou aurait déjà mis la main sur une unité de production de l’ancienne division d’AMD (lire : Apple discuterait avec Globalfoundries pour ses processeurs).




Un GPU Apple en préparation ?



En parallèle à cela, Apple ne semble pas ralentir la cadence sur le plan technique, bien au contraire... Ces derniers mois, elle a constitué un pôle GPU à Orlando, constitué d’un grand nombre d’anciens ingénieurs d’AMD (lire : Apple continue à embaucher chez AMD). L’intérêt pour Apple est tel qu’on est en droit de se demander si la firme de Cupertino ne va pas concevoir son propre GPU pour ses puces dans les années à venir.

Le chantier parait titanesque, mais au vu de tout ce que le Californien a réalisé ces dernières années, rien ne semble impossible. Dans ses SoC, cela reste à ce jour le composant le plus important confié à un prestataire externe, à savoir Imagination Technologies, dont Apple est actionnaire à hauteur d’un peu moins de 10 %.



Mais que cherche à faire Apple ? Il convient pour y voir plus clair de dissocier les aspects technologiques et business. Le premier aspect est sans doute le plus facile à appréhender.

Depuis qu’elle s’est lancée dans l’aventure des terminaux mobiles avec l’iPod il y a plus de 12 ans, Apple va progressivement de plus en plus loin dans sa maîtrise du matériel.

On évoque beaucoup ses projets en matière de processeur, mais la firme de Cupertino a investi dans tous les autres aspects stratégiques de ses appareils : batterie, mémoire Flash…

En ce qui concerne les processeurs, le but ultime pour Apple serait sans doute de concevoir un système sur puce 100 % maison afin de contrôler tous les paramètres possibles. Cela peut être un vrai plus pour Apple, mais cela peut également vite se retourner contre elle le jour où ses puces sont à la traine par rapport à la concurrence.

Et c’est sans doute là qu’il convient de s’intéresser aux aspects économiques de ce business. À ce jour, Apple a besoin de 200 millions de processeurs Ax par an. Et avec les années, ce chiffre est amené a priori à augmenter significativement.

Nul doute qu’une iWatch ou un téléviseur Apple sera doté d’un SoC maison. Et il n’est pas interdit de penser que tôt ou tard, une partie de la gamme Mac pourrait aussi faire le grand saut vers une architecture ARM.



Apple, un client que toute l’industrie s’arrache



Pour gérer de telles quantités, Apple a deux options. La première, la moins crédible, serait qu’elle prenne son destin entre ses mains et qu’elle s’attelle elle-même à la production de ses puces, partant du principe qu’on n’est jamais mieux servi que par soi même.

À l’heure des relocalisations, Apple pourrait ouvrir une ou deux usines ultra-modernes aux États-Unis. On rappellera que le processeur A5 est fabriqué en partie à Austin dans le Texas (lire : Apple A5 : made in USA). Mais ce sont de gros investissements et d’une certaine manière Apple a autant à y perdre qu’à y gagner.

Le second scénario le plus probable est sans doute qu’Apple va profiter de sa position de force pour jouer sur les prix — ce qu'elle fait déjà avec certains composants comme la mémoire flash. Avec 200 millions de processeurs par an — sans oublier le reste (mémoire flash, RAM…) —, Apple est un client que les principaux acteurs des semi-conducteurs rêvent d’avoir, que ce soit Samsung, TSMC ou Intel. Ce dernier a d’ailleurs fait un pas vers Apple. Son nouveau patron, Brian Krzanich, n’est pas hostile à l’idée de laisser la possibilité à ses gros clients de se servir de ses usines pour fabriquer des puces sur mesure (lire : Intel met l'accent sur la mobilité et laisse la porte ouverte à ARM).



Si l’on part de ce principe, il n’est donc pas étonnant qu’Apple discute tantôt avec TSMC pour ses puces en 2014 tantôt avec Samsung pour 2015. Non seulement cela permet de faire baisser les prix, mais en plus, cela permet à la firme de Cupertino de ne pas mettre tous les oeufs dans le même panier. Un adage qu’Apple utilise de plus en plus avec ses sous-traitants ces derniers mois. Travaillant quasi exclusivement avec Foxconn depuis plusieurs années, la firme de Cupertino se tourne de plus en plus vers Pegatron, qui a en charge l’iPad mini et qui produit l’iPhone low-cost

Sur le même sujet :
- A6 : un projet démarré il y a quatre ans

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