Le menu de cette 24e WWDC était très dense : des chiffres, un OS X 10.9 qui ne porte pas le nom d'un félin, un iOS 7 à l'interface bariolée, un service de streaming, un nouveau MacBook Air… et une surprise en forme de cylindre.
Un plat de chiffres
Fidèle à ses habitudes, Tim Cook a ouvert ce keynote avec une montagne de chiffres. Les places pour la WWDC 2013 sont parties en moins de 71 secondes, et pour cause : 1,5 million de développeurs ont rejoint l’écosystème d’Apple, pour un total de 6 millions de développeurs iOS et OS X.
Les 407 Apple Store dans 14 pays accueillent un million de visiteurs par jour, mais le succès d’Apple est aussi celui de ses boutiques en ligne. L'App Store, qui fêtera bientôt ses cinq ans, contient désormais 900 000 apps, dont 375 000 sont adaptées pour iPad — 93 % de ces apps sont téléchargées au moins une fois chaque mois, pour un total de 50 milliards de téléchargements depuis 2008. Les développeurs ont perçu 10 milliards de dollars de bénéfices, 575 millions de personnes ayant confié leurs informations bancaires à Apple.
En comparaison, les 72 millions de Mac-users semblent bien seuls, mais ils ont tout de même réussi à faire de l’iMac et du bon vieux MacBook Pro les ordinateurs de bureau et portable les plus vendus aux États-Unis. Les ventes de Mac augmentent de 15 % en moyenne chaque année depuis cinq ans, contre 3 % en moyenne pour les PC — Tim Cook biaise un peu les comparaisons en ne s’attardant pas sur le dernier trimestre où le Mac a calé.
Un OS X plus pro
Mountain Lion s’est vendu à 28 millions d’exemplaires et est désormais installé sur 35 % des Mac, mais le temps est venu de présenter son successeur. « Nous ne voulions pas repousser la sortie du prochain OS X à cause d’un manque de félins », plaisante Craig Federighi. Alors que les versions d’iOS sont baptisées en interne du nom de stations de ski, les futures versions d’OS X seront baptisées du nom de spots de surf. OS X 10.9 s’appellera donc OS X Mavericks, du nom d'un célèbre spot californien.
Il aurait aussi pu s’appeler « OS X Pro » : Apple a écouté ses utilisateurs les plus critiques et intégré des fonctions avancées sans compromettre l’équilibre général du système. Comme prévu, le Finder gagne des onglets : chaque onglet est un environnement indépendant avec ses propres réglages, mais tous les onglets peuvent communiquer entre eux.
Autre nouveauté, les tags ou mots-clefs : autrefois enterrés au fin fond du système, ils sont désormais accessibles dès l’enregistrement d’un fichier. Chaque mot-clef correspond à une entrée dans la barre latérale du Finder, à la manière des dossiers intelligents ou des étiquettes que l’on connaît depuis longtemps — on peut donc rapidement retrouver les fichiers marqués.
Le mode plein écran et le multi-écran sont enfin réconciliés : on peut passer une app en plein écran et continuer à travailler en mode fenêtré sur un autre écran ou passer deux apps en plein écran sur deux écrans — voire plus, Mavericks gérant par exemple un troisième écran relié en AirPlay via un Apple TV. Mieux, les écrans sont désormais totalement indépendants, le dock et la barre de menus apparaissant sur tous les écrans et Mission Control ayant été adapté à ce nouveau fonctionnement.
Safari adopte quant à lui une nouvelle présentation plus claire et plus matte. Sa barre latérale intègre les liens partagés par vos contacts Twitter et Linkedin, à côté de vos signets et de votre liste de lecture. 1Password va être gentiment ringardisé puisque la synchronisation des mots de passe, des réseaux Wi-Fi et des informations de compte fait son retour, cette fois via iCloud. Les mots de passe sont chiffrés avec AES 256 et synchronisés uniquement sur les appareils marqués comme « sûrs ».
Les notifications sont enfin plus utiles : on peut répondre à un mail directement depuis une bannière, par exemple, et les notifications s’affichent sur l’écran de verrouillage.
L’application Calendrier perd son cuir, Contacts perd son habillage, et quelques détails du système sont un peu plus plats. Deux nouvelles apps remontent d’iOS : iBooks (pour les ePub ou les livres iBooks Author) et Plans (comme prévu).
Les nouveautés d’OS X 10.9 Mavericks ne sont pas toutes visibles, les plus importantes sont même invisibles. App Nap permet de gérer plus finement les processus en arrière-plan : si Safari est masqué par iTunes, il sera instantanément mis en pause pour ne plus peser sur le processeur. Le timer coalescing, qui existe déjà sur Windows, permet de mieux mettre à profit les cycles processeur pour réduire l’activité générale de près de 72 %. Dans un cas comme dans l’autre, le résultat est une autonomie accrue et une consommation en baisse. La mémoire compressée permet quant à elle de moins passer en swap quand le système a besoin de mémoire pour gagner en réactivité.
Parmi les autres nouveautés, on notera l’adoption d’OpenGL 4 ou le tout nouveau Moniteur d’activité.
OS X Mavericks est disponible dès ce soir pour les développeurs, et sera finalisé d’ici l’automne.
iCloud prend son indépendance
iCloud est de plus en plus intégré à OS X, mais n’est plus simplement un service de synchronisation : Apple concurrence directement Google Docs avec iWork dans iCloud. Pages, Keynote et Numbers sont désormais accessibles dans le navigateur, avec une interface et des fonctions proches de celle des apps OS X et une gestion des documents rappelant celle des apps iOS. Ces trois apps en ligne fonctionnent aussi bien sur OS X que sur Windows. Elles sont disponibles dès ce soir pour les développeurs, et d’ici la fin de l’année pour le grand public.
Un MacBook Air dopé à l'Haswell
Sans surprise, Phil Schiller a présenté de nouveaux MacBook Air dopés à l’Haswell. La nouvelle plateforme d’Intel est particulièrement économe, et Apple a choisi les puces les moins gourmandes : le modèle 11 pouces atteint neuf heures d’autonomie et le modèle 13 pouces dépasse les 12 heures d’autonomie. Autant dire qu’ils tiendront la journée, et que nos tests deviendront encore un peu plus durs à réaliser…
Ces nouveaux MacBook Air, dont les performances graphiques sont en hausse, mais dont le design et l’écran n’évoluent par ailleurs pas, adoptent le Wi-Fi 802.11ac. Logiquement, l’AirPort Extreme et la Time Capsule sont revues en conséquence : elles adoptent un design tout en hauteur censé favoriser la propagation des ondes et intègrent trois antennes. La nouvelle AirPort Extreme est proposée à 199 € (+ 40 €), la Time Capsule est rebaptisée AirPort Time Capsule et vaut 339 € (+ 23 €) en version 2 To, 449 € en version 3 To (- 85 €).
Les MacBook Air sont disponibles dès aujourd’hui. Le MacBook Air 11 pouces équipé d’un processeur à 1,3 GHz (jusqu’à 2,6 GHz en mode Turbo Boost) et de 4 Go de mémoire est disponible à partir de 999 € avec 128 Go de SSD (même prix avec deux fois plus de stockage), et à partir de 1 199 € avec 256 Go de SSD (+ 100 €). Le MacBook Air 13 pouces équipé d’un processeur à 1,3 GHz (jusqu’à 2,6 GHz en mode Turbo Boost) et de 4 Go de mémoire est disponible à partir de 1 099 € (- 100 €) avec 128 Go de SSD, et à partir de 1 299 € avec 256 Go de SSD (- 100 €).
Un Mac Pro en forme de cylindre
Les développeurs sont parmi les meilleurs clients du Mac Pro, il est logique que leur revienne l’honneur d’être les premiers à voir le nouveau Mac Pro. Ou plutôt de voir une vidéo décrivant ce nouveau Mac Pro, dont on ne connaît pas le prix et la date de disponibilité, mais dont on sait qu’il est fabriqué aux États-Unis avec un tout nouveau design conçu pour durer dix ans.
Et quel design ! Treize ans après le Cube, Apple présente le cylindre : le futur Mac Pro prend dix fois moins d’espace que son prédécesseur, mais intègre de nouveaux processeurs Xeon jusqu’à douze cœurs, de la mémoire ECC 1 866 MHz DDR3 plus rapide, du stockage SSD sur carte PCIe, quatre ports USB 3.0, six ports Thunderbolt 2 20 Gbit/s et surtout deux cartes graphiques AMD FirePro qui lui permettent de prendre en charge jusqu’à trois écrans 4K.
Cette nouvelle machine, revue de fond en comble, perd sans aucun doute en évolutivité interne, au profit de l’évolutivité externe avec Thunderbolt. Elle a visiblement été pensée pour les vidéastes, qui sont déjà habitués à travailler avec du stockage et des appareils externes et ont besoin de cette puissance graphique — Final Cut Pro X sera d’ailleurs revu pour tirer parti de la puissance de ce nouveau Mac Pro.
Un iOS 7 bariolé
Jon Ive n’est pas monté sur scène pour présenter iOS 7, alors qu’il était assis au premier rang : il est par contre apparu à l’écran pour lever le voile sur une interface revue de fond en comble. Plus matte, plus colorée, plus transparente, plus angulaire, elle est particulièrement surprenante et ne fera sans doute pas l’unanimité.
Elle n’est pas à proprement parler « plate » : les fonctions sont désormais mieux réparties sur des couches cohérentes que l’on convoque avec des gestes, le fond d’écran se déplace en fonction de l’orientation de l’appareil, certains éléments comme le clavier sont en partie transparents. Une chose est sûre : le photoréalisme laisse sa place à une ambiance plus « authentiquement numérique » avec des partis-pris très tranchés.
Les nouveautés sont si nombreuses qu’on ne les listera pas toutes ici. L’écran d’accueil n’est plus statique, mais dynamique : son fond d’écran est animé et il peut afficher le Centre de notifications, plus aéré et plus facile à trier. Le Centre de notifications est convoqué avec un geste depuis le haut, le nouveau Centre de contrôle avec un geste depuis le bas : c’est un panneau unique comportant (enfin) des réglages rapides, les contrôles de lecture, de son et de luminosité, des raccourcis vers quelques apps, AirPlay et AirDrop, autre nouveauté.
Le multitâche a lui aussi complètement été revu, pour devenir encore plus évident, encore plus intégré. Chaque application apparaît sur une carte (à la webOS), certaines apps pouvant tourner en tâche de fond pour mettre à jour leurs informations… et donc leur carte. Les apps peuvent se mettre à jour automatiquement, mais là encore, vous n’avez rien à gérer : le système détecte le moment opportun en fonction des conditions réseau et du niveau de charge.
On pourrait continuer la liste (très) longtemps, en évoquant par exemple les filtres photo et l’organisation automatique des clichés, les onglets de Safari qui rappellent furieusement ceux de Chrome, la nouvelle application de musique, la nouvelle voix de Siri et son interface transparente… Mieux vaut néanmoins prendre un peu de recul et comprendre ce qu’Apple a fait : que l’on aime ou pas la nouvelle direction esthétique adoptée par Ive, force est de constater que les changements sont plus profonds et plus essentiels.
iOS a abandonné certains éléments désormais évidents, comme les boutons de retour en forme de flèche vers l’arrière surlignée par « Retour ». C’est une nouvelle étape dans la généralisation du tactile, qui fait la part belle aux raccourcis gestuels, aux mouvements « naturels », aux manipulations avancées. C’est l’entrée d’iOS dans l’âge adulte, en quelque sorte, avec beaucoup de couleurs et d’effets, mais comme tous les jeunes adultes, il finira par se calmer.
iOS 7 est disponible dès ce soir pour les développeurs, à l’automne pour le reste du monde. Il sera compatible avec l'iPhone 4 et mieux, iPad 2 et mieux, iPad mini et iPod touch 5.
Un iTunes Radio silencieux
Cerise sur le gâteau, iTunes Radio. Les détails sont très maigres sur ce service qui ne permet pas de choisir les morceaux précis que l’on veut écouter, mais est entièrement basé sur des stations. Il rappelle donc Pandora ou Last.fm, à ceci près que l’on peut véritablement influer sur le contenu des stations (« Siri, joue moi plus de musique dans ce genre ») et qu’il est en fait une porte d’entrée vers l’iTunes Store.
iTunes Radio est gratuit, mais financé par la publicité — des publicités qui seront absentes si l’on est abonné à iTunes Match. iTunes Radio sera lui aussi disponible cet automne.