Comme souvent, Apple n’a pas été le premier à sortir un lecteur de musique de poche, mais le constructeur a été le premier à en sortir un populaire. Quand Steve Jobs présente le premier iPod en octobre 2001, Creative vendait son NOMAD Jukebox depuis un an, RIO produisait des lecteurs de musique numérique depuis 1998 et les quelques spectateurs présents n’ont pas bien compris cette annonce.
Pourtant, l’iPod a tout changé et l’appareil vendu pourtant plus cher que ses concurrents et limité dans un premier temps au Mac, s’est rapidement imposé auprès du grand public. En quelques années, "iPod" est devenu un terme générique pour désigner n’importe quel appareil similaire et ce produit vendu par millions a permis à son constructeur de passer du statut de vendeur d’ordinateurs de "niche" à l’une des entreprises les plus riches du monde. Une douzaine d’années après, que reste-t-il de cet iPod de première génération ?
À l’heure où l’on parle beaucoup, et rarement bien, d’obsolescence programmée, ce premier iPod est un beau pied de nez. Le modèle essayé est un iPod de la toute première génération, il a été acheté dès sa sortie et… il fonctionne encore très bien. Certes, son dos en aluminium n’est plus aussi brillant qu’au premier jour et l’appareil a subi quelques coups avec les années, mais il s’allume et il lit toujours aussi bien la musique que vous mettez dessus.
Peut-on vraiment utiliser un iPod de 2001 aujourd’hui ? Tout à fait, même s’il faudra faire quelques concessions et utiliser du matériel pas trop récent pour l’alimenter en musique. Au regard des standards actuels, cet iPod est d’abord épais et lourd. À l’époque, pouvoir emporter 1000 morceaux dans sa poche était un exploit et l’appareil était le plus petit de sa catégorie. Aujourd’hui, cet iPod fait plutôt l’effet d’une brique et la comparaison avec les derniers modèles est cruelle. Un iPod nano de dernière génération est plus fin que la partie en plastique de ce modèle et un iPod touch fait à peu près l’épaisseur du plastique seul.
Cette finesse exceptionnelle qui ne faisait pas de compromis sur la capacité de stockage a été permise par la découverte d’un nouveau produit. Steve Jobs adorait la musique et il voulait créer un lecteur numérique meilleur que ceux disponibles sur le marché, jugés unanimement mauvais, car trop complexes à utiliser et trop limités en espace de stockage (les premiers RIO déjà à mémoire flash ne pouvaient toutefois stocker qu’une dizaine de morceaux). Apple a eu la chance de tomber en premier sur un disque dur conçu par Toshiba. C’est Jon Rubinstein qui le découvre lors d’un déplacement au Japon : son fabricant ne sait quoi faire de ce tout petit disque dur de 1,8 pouce, mais Rubinstein y voit l’élément qui manquait à Apple pour concevoir son lecteur. D’une capacité de 5 Go, il permettait de stocker jusqu’à 1000 morceaux, ce qui a inspiré le fameux slogan publicitaire…
Aujourd’hui, les disques durs s'effacent des appareils mobiles et même des ordinateurs. À l’époque, ils ont permis à Apple d’offrir à son iPod une capacité de stockage suffisante, même si le constructeur prévoit une mémoire cache capable d’éviter au disque dur de tourner en permanence. Deux enjeux à cela : il faut d’une part ménager cette pièce mobile que l’on entend bien tourner quelques secondes au moment de charger un morceau et qui pourrait, en cas de choc, casser. Apple a vu large sur ce point en stockant jusqu’à 20 minutes en cache, évitant les déboires de bon nombre d’autres appareils concurrents d’alors que l’on ne pouvait pas utiliser en courant… D'autre part, c’est l’autonomie évidemment qu'il s'agit de prolonger.
L’autonomie a failli remettre en cause la sortie de l’iPod. Dans la dernière phase de conception de l’appareil, la batterie ne tenait pas plus de trois heures et Apple a mis toute son énergie pour améliorer ce piètre score. Le modèle final annonçait dix heures d’autonomie et les tenait vraiment : c’était une première, une durée exceptionnelle pour un appareil aussi petit. À titre de comparaison, le Jukebox de Creative s’arrêtait au bout de quatre heures seulement et il était épais et plus gros qu'un boîtier CD… Malheureusement, la batterie est l’élément le plus fragile et celle de notre exemplaire a eu du mal à tenir le choc. L’iPod tient vaillamment quelques morceaux, mais il a du mal à fonctionner suffisamment pour écouter un album en entier. Ce qui n’est déjà pas si mal pour une batterie de 2001.
L’iPod a été immédiatement reconnu du grand public pour sa forme si caractéristique. Fruit du travail de Jonathan Ive, le premier lecteur de musique d’Apple reposait déjà sur des principes qui sont toujours appliqués aujourd’hui par le constructeur. Ce qui frappe d’abord, c’est la simplicité de ce design : le grand écran occupe une partie de l’avant, le reste étant consacré aux contrôles. Hormis les indications sur les quatre boutons périphériques, il n’y a rien d’écrit devant et cette forme simple composée d’un rond surmonté d’un carré a marqué durablement les esprits.
L’iPod était totalement blanc, une idée de Ive qui aspirait à plus de pureté. On a du mal à l’imaginer aujourd’hui, mais les écouteurs blancs que l’on voit partout dans la rue étaient à l’époque une nouveauté qui ne s’imposait pas du tout. Chez Apple, certains plaidaient pour des écouteurs noirs, expliquant que des écouteurs ne pouvaient être que noirs, mais Steve Jobs a soutenu son designer. Une idée de génie qui a permis au constructeur de peu à peu effacer son iPod au profit d’une forme générique associée par tout le monde à son produit…
Le choix de la roue, sous l’écran, n’était pas qu’un choix esthétique. En fait, la roue est apparue bien avant la conception du produit final et elle est un élément clé du succès de l’iPod. C’est Phil Schiller cette fois qui a eu l’idée de faire défiler les menus plutôt que de cliquer plusieurs fois sur un même bouton, comme il le fallait le faire sur les autres appareils de l’époque. Une idée très simple finalement, mais encore fallait-il l’avoir et surtout, il a une autre idée encore plus importante : plus on tourne vite, plus le défilement est rapide. Et pour guider l’utilisateur, l’iPod émet un petit "clic" quand on tourne sa roue…
Steve Jobs voulait un produit extrêmement simple et cette roue est vite apparue comme la meilleure solution pour éliminer les boutons. Autour de cette roue, l’iPod utilise un bouton central de confirmation et quatre boutons externes qui permettent de contrôler la lecture (lecture/pause, morceau suivant/précédent) et un dernier pour afficher le menu. Il n’y a pas de bouton pour modifier le volume : c’est la molette qui s’en charge. Il n’y a même pas de bouton pour allumer ou éteindre l’appareil : l’iPod se mettait en veille de lui-même quand il n’était plus utilisé (ou d'une pression prolongée sur Lecture) et il s’activait automatiquement en appuyant sur n’importe quel bouton. Sur le dessus, un dernier bouton permettait de verrouiller tous les boutons et ainsi d’éviter de l’allumer par erreur.
Aujourd’hui, ce système est bien connu et il ne surprend personne, mais sa simplicité était indéniablement la nouveauté la plus importante à l’époque. Le logiciel qui anime l’iPod n’a pas été développé à Cupertino : Apple a gagné du temps en l’achetant à une petite société nommée Pixo. Le constructeur a ensuite épuré l’affichage pour ne présenter que les informations les plus utiles et amélioré le logiciel de la start-up, notamment pour gérer plus de dix morceaux à la fois. Pendant des années, l’interface de l’iPod n’a pas bougé et il a fallu attendre l’arrivée de la couleur et des écrans plus fins pour l’enrichir, sans revenir sur ses principes de base. Une belle preuve de sa réussite…
Même si vous n’avez jamais utilisé d’iPod, ce premier modèle est aussi simple d’accès que tous ses successeurs. La touche menu affiche… le menu, on défile ensuite avec la molette et on sélectionne avec le bouton central. En deux petites minutes, le principe général est connu et on utilise sans plus y penser cet iPod qui, sur ce point, n’a pas pris une ride. Au fil des générations, Apple a ajouté quelques fonctions et simplifié encore l’utilisation de son lecteur : les boutons sur le côté plutôt que fondus à la roue sont moins pratiques, l’iPod ne coupe pas encore automatiquement la lecture quand on débranche les écouteurs et la molette physique sera avantageusement remplacée par un modèle tactile quelques générations plus tard.
Il manquait aussi le connecteur Dock, même si le choix du FireWire était certainement le bon à l’époque : l’USB 2 venait de sortir, mais l’USB 1 était encore la norme et il était très lent. L’iPod peut aussi servir de disque dur externe, une fonction appréciée de ses utilisateurs, mais dangereuse : le premier exemplaire testé par le magazine SVM Mac avant même sa commercialisation en a fait les frais…
Apple avait envoyé au magazine un exemplaire pour l’intégrer à un comparatif, mais sans donner toutes les explications nécessaires sur ce produit encore largement inconnu sur ses détails techniques. On était quelques jours après sa présentation par Jobs et le baladeur n'était pas encore commercialisé. Le premier iPod n’était pas compatible avec les PC et pour cause : voulant tester cette configuration, les journalistes ont connecté l’appareil à un ordinateur sous Windows, l’ont formaté pour l’utiliser et… ont tout perdu. Ils venaient de découvrir que le système de l’iPod était lui-même stocké sur le disque dur… Heureusement pour eux, on pouvait à cette époque contacter Apple et obtenir des réponses. Florian, l'un de nos rédacteurs, se souvient encore être allé en catastrophe chez un chef produit d’Apple un soir de Toussaint (le comparatif devait être bouclé et l'iPod rendu le lundi suivant) pour restaurer l’appareil avec un utilitaire qui n’avait pas encore été rendu public.
Même si l’iPod a évolué, les principes de base étaient déjà là en 2001 et ils n’ont pas varié jusqu’à l’iPod Classic qui est toujours en vente. C’est sans doute ce qui est le plus impressionnant quand on teste un iPod de première génération aujourd’hui : on est en terrain connu. Même s’il est beaucoup plus gros que ses successeurs, un iPod de 2001 fonctionne presque exactement comme un iPod de 2013 et on peut d’ailleurs l’utiliser ainsi. À condition de disposer d’un Mac doté d’un port FireWire 400, le premier iPod est toujours pris en charge par iTunes et on retrouve toujours la même interface (ici, avec iTunes 7 sur un PowerBook 12 pouces de 2004).
Cette synchronisation est d’ailleurs un autre des points forts de l’iPod : on ne fait rien sur l’appareil lui-même, mais tout se prépare sur l’ordinateur avant synchronisation. Cela peut paraître plus contraignant, mais c’est en fait la meilleure solution pour simplifier l’interface de l’iPod et enlever des fonctions trop complexes à l’utilisation. Autre avantage, on pouvait changer d’iPod et garder toute sa musique et tous ses paramètres. Au départ, le constructeur avait pensé à quelque chose de plus complexe : avec l'iPod prêté par Apple à SVM Mac, une version encore en bêta d'iTunes était fournie. On pouvait transférer des fichiers dans les deux sens : du Mac vers l'iPod, mais aussi et surtout de l'iPod vers le Mac. Une fois l'iPod commercialisé, iTunes n'a plus permis d'exporter le contenu d'un iPod, probablement pour simplifier son utilisation, même si l'argument piratage a été indéniablement pris en compte… Un film sur l'écran affichait d'ailleurs un message contre le vol de musique.
Utiliser en 2013 un iPod de 2001, c’est non seulement possible, c’est aussi très facile. Son épaisseur et son poids peuvent surprendre, tandis que son écran fait peine à l’heure du Retina, mais l’ergonomie de cet iPod n’a pas pris une ride et il fonctionne en gros comme tous les iPod qui lui ont succédé. Apple continue de vendre un iPod classic qui ressemble à deux gouttes d’eau à ce premier essai, sorti une dizaine d’années auparavant.
S’il fallait résumer l’iPod à la clé de son succès, on pourrait évoquer la simplicité d’utilisation. Une idée forte qui a permis à Apple de distinguer son appareil de la concurrence, et une idée que l’on a retrouvé en 2007 avec le premier iPhone. Avec, là encore, le succès que l’on connaît…
Pourtant, l’iPod a tout changé et l’appareil vendu pourtant plus cher que ses concurrents et limité dans un premier temps au Mac, s’est rapidement imposé auprès du grand public. En quelques années, "iPod" est devenu un terme générique pour désigner n’importe quel appareil similaire et ce produit vendu par millions a permis à son constructeur de passer du statut de vendeur d’ordinateurs de "niche" à l’une des entreprises les plus riches du monde. Une douzaine d’années après, que reste-t-il de cet iPod de première génération ?
À l’heure où l’on parle beaucoup, et rarement bien, d’obsolescence programmée, ce premier iPod est un beau pied de nez. Le modèle essayé est un iPod de la toute première génération, il a été acheté dès sa sortie et… il fonctionne encore très bien. Certes, son dos en aluminium n’est plus aussi brillant qu’au premier jour et l’appareil a subi quelques coups avec les années, mais il s’allume et il lit toujours aussi bien la musique que vous mettez dessus.
Peut-on vraiment utiliser un iPod de 2001 aujourd’hui ? Tout à fait, même s’il faudra faire quelques concessions et utiliser du matériel pas trop récent pour l’alimenter en musique. Au regard des standards actuels, cet iPod est d’abord épais et lourd. À l’époque, pouvoir emporter 1000 morceaux dans sa poche était un exploit et l’appareil était le plus petit de sa catégorie. Aujourd’hui, cet iPod fait plutôt l’effet d’une brique et la comparaison avec les derniers modèles est cruelle. Un iPod nano de dernière génération est plus fin que la partie en plastique de ce modèle et un iPod touch fait à peu près l’épaisseur du plastique seul.
Cette finesse exceptionnelle qui ne faisait pas de compromis sur la capacité de stockage a été permise par la découverte d’un nouveau produit. Steve Jobs adorait la musique et il voulait créer un lecteur numérique meilleur que ceux disponibles sur le marché, jugés unanimement mauvais, car trop complexes à utiliser et trop limités en espace de stockage (les premiers RIO déjà à mémoire flash ne pouvaient toutefois stocker qu’une dizaine de morceaux). Apple a eu la chance de tomber en premier sur un disque dur conçu par Toshiba. C’est Jon Rubinstein qui le découvre lors d’un déplacement au Japon : son fabricant ne sait quoi faire de ce tout petit disque dur de 1,8 pouce, mais Rubinstein y voit l’élément qui manquait à Apple pour concevoir son lecteur. D’une capacité de 5 Go, il permettait de stocker jusqu’à 1000 morceaux, ce qui a inspiré le fameux slogan publicitaire…
Aujourd’hui, les disques durs s'effacent des appareils mobiles et même des ordinateurs. À l’époque, ils ont permis à Apple d’offrir à son iPod une capacité de stockage suffisante, même si le constructeur prévoit une mémoire cache capable d’éviter au disque dur de tourner en permanence. Deux enjeux à cela : il faut d’une part ménager cette pièce mobile que l’on entend bien tourner quelques secondes au moment de charger un morceau et qui pourrait, en cas de choc, casser. Apple a vu large sur ce point en stockant jusqu’à 20 minutes en cache, évitant les déboires de bon nombre d’autres appareils concurrents d’alors que l’on ne pouvait pas utiliser en courant… D'autre part, c’est l’autonomie évidemment qu'il s'agit de prolonger.
L’autonomie a failli remettre en cause la sortie de l’iPod. Dans la dernière phase de conception de l’appareil, la batterie ne tenait pas plus de trois heures et Apple a mis toute son énergie pour améliorer ce piètre score. Le modèle final annonçait dix heures d’autonomie et les tenait vraiment : c’était une première, une durée exceptionnelle pour un appareil aussi petit. À titre de comparaison, le Jukebox de Creative s’arrêtait au bout de quatre heures seulement et il était épais et plus gros qu'un boîtier CD… Malheureusement, la batterie est l’élément le plus fragile et celle de notre exemplaire a eu du mal à tenir le choc. L’iPod tient vaillamment quelques morceaux, mais il a du mal à fonctionner suffisamment pour écouter un album en entier. Ce qui n’est déjà pas si mal pour une batterie de 2001.
L’iPod a été immédiatement reconnu du grand public pour sa forme si caractéristique. Fruit du travail de Jonathan Ive, le premier lecteur de musique d’Apple reposait déjà sur des principes qui sont toujours appliqués aujourd’hui par le constructeur. Ce qui frappe d’abord, c’est la simplicité de ce design : le grand écran occupe une partie de l’avant, le reste étant consacré aux contrôles. Hormis les indications sur les quatre boutons périphériques, il n’y a rien d’écrit devant et cette forme simple composée d’un rond surmonté d’un carré a marqué durablement les esprits.
L’iPod était totalement blanc, une idée de Ive qui aspirait à plus de pureté. On a du mal à l’imaginer aujourd’hui, mais les écouteurs blancs que l’on voit partout dans la rue étaient à l’époque une nouveauté qui ne s’imposait pas du tout. Chez Apple, certains plaidaient pour des écouteurs noirs, expliquant que des écouteurs ne pouvaient être que noirs, mais Steve Jobs a soutenu son designer. Une idée de génie qui a permis au constructeur de peu à peu effacer son iPod au profit d’une forme générique associée par tout le monde à son produit…
Le choix de la roue, sous l’écran, n’était pas qu’un choix esthétique. En fait, la roue est apparue bien avant la conception du produit final et elle est un élément clé du succès de l’iPod. C’est Phil Schiller cette fois qui a eu l’idée de faire défiler les menus plutôt que de cliquer plusieurs fois sur un même bouton, comme il le fallait le faire sur les autres appareils de l’époque. Une idée très simple finalement, mais encore fallait-il l’avoir et surtout, il a une autre idée encore plus importante : plus on tourne vite, plus le défilement est rapide. Et pour guider l’utilisateur, l’iPod émet un petit "clic" quand on tourne sa roue…
Steve Jobs voulait un produit extrêmement simple et cette roue est vite apparue comme la meilleure solution pour éliminer les boutons. Autour de cette roue, l’iPod utilise un bouton central de confirmation et quatre boutons externes qui permettent de contrôler la lecture (lecture/pause, morceau suivant/précédent) et un dernier pour afficher le menu. Il n’y a pas de bouton pour modifier le volume : c’est la molette qui s’en charge. Il n’y a même pas de bouton pour allumer ou éteindre l’appareil : l’iPod se mettait en veille de lui-même quand il n’était plus utilisé (ou d'une pression prolongée sur Lecture) et il s’activait automatiquement en appuyant sur n’importe quel bouton. Sur le dessus, un dernier bouton permettait de verrouiller tous les boutons et ainsi d’éviter de l’allumer par erreur.
Aujourd’hui, ce système est bien connu et il ne surprend personne, mais sa simplicité était indéniablement la nouveauté la plus importante à l’époque. Le logiciel qui anime l’iPod n’a pas été développé à Cupertino : Apple a gagné du temps en l’achetant à une petite société nommée Pixo. Le constructeur a ensuite épuré l’affichage pour ne présenter que les informations les plus utiles et amélioré le logiciel de la start-up, notamment pour gérer plus de dix morceaux à la fois. Pendant des années, l’interface de l’iPod n’a pas bougé et il a fallu attendre l’arrivée de la couleur et des écrans plus fins pour l’enrichir, sans revenir sur ses principes de base. Une belle preuve de sa réussite…
Même si vous n’avez jamais utilisé d’iPod, ce premier modèle est aussi simple d’accès que tous ses successeurs. La touche menu affiche… le menu, on défile ensuite avec la molette et on sélectionne avec le bouton central. En deux petites minutes, le principe général est connu et on utilise sans plus y penser cet iPod qui, sur ce point, n’a pas pris une ride. Au fil des générations, Apple a ajouté quelques fonctions et simplifié encore l’utilisation de son lecteur : les boutons sur le côté plutôt que fondus à la roue sont moins pratiques, l’iPod ne coupe pas encore automatiquement la lecture quand on débranche les écouteurs et la molette physique sera avantageusement remplacée par un modèle tactile quelques générations plus tard.
Il manquait aussi le connecteur Dock, même si le choix du FireWire était certainement le bon à l’époque : l’USB 2 venait de sortir, mais l’USB 1 était encore la norme et il était très lent. L’iPod peut aussi servir de disque dur externe, une fonction appréciée de ses utilisateurs, mais dangereuse : le premier exemplaire testé par le magazine SVM Mac avant même sa commercialisation en a fait les frais…
Apple avait envoyé au magazine un exemplaire pour l’intégrer à un comparatif, mais sans donner toutes les explications nécessaires sur ce produit encore largement inconnu sur ses détails techniques. On était quelques jours après sa présentation par Jobs et le baladeur n'était pas encore commercialisé. Le premier iPod n’était pas compatible avec les PC et pour cause : voulant tester cette configuration, les journalistes ont connecté l’appareil à un ordinateur sous Windows, l’ont formaté pour l’utiliser et… ont tout perdu. Ils venaient de découvrir que le système de l’iPod était lui-même stocké sur le disque dur… Heureusement pour eux, on pouvait à cette époque contacter Apple et obtenir des réponses. Florian, l'un de nos rédacteurs, se souvient encore être allé en catastrophe chez un chef produit d’Apple un soir de Toussaint (le comparatif devait être bouclé et l'iPod rendu le lundi suivant) pour restaurer l’appareil avec un utilitaire qui n’avait pas encore été rendu public.
Même si l’iPod a évolué, les principes de base étaient déjà là en 2001 et ils n’ont pas varié jusqu’à l’iPod Classic qui est toujours en vente. C’est sans doute ce qui est le plus impressionnant quand on teste un iPod de première génération aujourd’hui : on est en terrain connu. Même s’il est beaucoup plus gros que ses successeurs, un iPod de 2001 fonctionne presque exactement comme un iPod de 2013 et on peut d’ailleurs l’utiliser ainsi. À condition de disposer d’un Mac doté d’un port FireWire 400, le premier iPod est toujours pris en charge par iTunes et on retrouve toujours la même interface (ici, avec iTunes 7 sur un PowerBook 12 pouces de 2004).
Cette synchronisation est d’ailleurs un autre des points forts de l’iPod : on ne fait rien sur l’appareil lui-même, mais tout se prépare sur l’ordinateur avant synchronisation. Cela peut paraître plus contraignant, mais c’est en fait la meilleure solution pour simplifier l’interface de l’iPod et enlever des fonctions trop complexes à l’utilisation. Autre avantage, on pouvait changer d’iPod et garder toute sa musique et tous ses paramètres. Au départ, le constructeur avait pensé à quelque chose de plus complexe : avec l'iPod prêté par Apple à SVM Mac, une version encore en bêta d'iTunes était fournie. On pouvait transférer des fichiers dans les deux sens : du Mac vers l'iPod, mais aussi et surtout de l'iPod vers le Mac. Une fois l'iPod commercialisé, iTunes n'a plus permis d'exporter le contenu d'un iPod, probablement pour simplifier son utilisation, même si l'argument piratage a été indéniablement pris en compte… Un film sur l'écran affichait d'ailleurs un message contre le vol de musique.
Utiliser en 2013 un iPod de 2001, c’est non seulement possible, c’est aussi très facile. Son épaisseur et son poids peuvent surprendre, tandis que son écran fait peine à l’heure du Retina, mais l’ergonomie de cet iPod n’a pas pris une ride et il fonctionne en gros comme tous les iPod qui lui ont succédé. Apple continue de vendre un iPod classic qui ressemble à deux gouttes d’eau à ce premier essai, sorti une dizaine d’années auparavant.
S’il fallait résumer l’iPod à la clé de son succès, on pourrait évoquer la simplicité d’utilisation. Une idée forte qui a permis à Apple de distinguer son appareil de la concurrence, et une idée que l’on a retrouvé en 2007 avec le premier iPhone. Avec, là encore, le succès que l’on connaît…