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De petites équipes pour inventer le futur de l'informatique

Anthony Nelzin-Santos

lundi 15 avril 2013 à 10:27 • 24

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Pour la première fois depuis 1997, Apple dispose d’une division tout entière consacrée à la recherche « avancée ». Il s’agit certes de l'énième levée d’un « tabou » de l’ère Jobs, mais aussi et surtout d’une nécessité économique et stratégique à un moment de redéfinition de limites du champ de l’informatique.






Un des nombreux concepts d'iWatch. Image Brett Jordan.




Le précédent de l’Advanced Technology Group



Depuis toujours, les efforts de recherche et développement d’Apple sont répartis à tous les échelons de la société et entièrement consacrés à la commercialisation à court terme de nouveaux produits — une approche qui explique la relative faiblesse des dépenses d'Apple en la matière. De sa fondation par Larry Tessler en 1986 à sa fermeture par Steve Jobs en 1997, l’Advanced Technology Group (ATG) a évolué comme une structure parallèle, au contraire destinée à développer des technologies sans contrainte de planning et de budget.



Organisé comme un laboratoire, l’ATG a accueilli quelques-uns des esprits les plus brillants de son époque, à commencer par l’inventeur de l’imprimante laser Gary Starkweather, le concepteur de QuickDraw et MacPaint Bill Atkinson et le pionnier de l’interface graphique et de la programmation orientée-objet Alan Kay. Et de fait, quelques-unes des technologies les plus importantes de l’histoire de l’informatique ont été inventées ou développées au sein de l’ATG.






Bill Atkinson. Image DigiBarn Museum.




Starkweather y a par exemple inventé le premier système de gestion des couleurs, ColorSync. Bill Atkinson y a mis au point HyperCard, qui a inspiré la création du HTTP et des wikis. Le système de reconnaissance vocale PlainTalk et celui de synthèse vocale MacinTalk sortent de l’ATG, comme l’ancêtre de Spotlight V-Twin ou le moteur de reconnaissance d'écriture du Newton. On pourrait continuer cette liste pendant longtemps, mais on l’arrêtera avec QuickTime et les détecteurs de données, deux technologies que l’on utilise encore aujourd’hui très régulièrement sur OS X et iOS.



Les coups d’éclat des Pioneer Studios et de Google X



Digne successeur du Xerox PARC, l’Advanced Technology Group a lui-même inspiré la création de Microsoft Research (MSR). Microsoft Research est souvent très loin des préoccupations de sa maison-mère, mais de nombreux produits lui doivent beaucoup, du langage de programmation C# à la plateforme PixelSense en passant par le logiciel de création de panoramas Photosynth et l’ambitieux projet de système d’exploitation Midori.



À une échelle inférieure, mais selon un principe similaire, les grandes entreprises délient souvent certains de leurs employés de leurs engagements en matière de productivité pour les assigner à des travaux plus ésotériques, des skunkworks. Ces équipes ne sont pas tout à fait déconnectées de la réalité, puisque leurs travaux ont bien souvent un impact profond sur les produits de leurs sociétés. On se souvient souvent des Pioneer Studios de J Allard pour la débâcle du Kin et l’échec du projet Courier, mais ils sont aussi responsables de la réinvention de Microsoft au travers de l’interface Modern UI.






Google Glass.




De la même manière, Google a très largement profité du temps libre qu’elle laisse à ses employés : sa règle des 20 % a notamment donné naissance à Gmail. Ce sont aujourd’hui les savants fous de l’équipe Google X qui dessinent le futur de la firme de Mountain View : libérés de l’obligation de caser des publicités dans leurs travaux, ils planchent par exemple sur des voitures sans conducteur qui permettraient d’automatiser les captures Street View ou sur le Project Glass de lunettes connectées.



Définir le futur d’Apple



Quoi qu’en pensait Steve Jobs il y a seize ans, l’approche de l’ATG n’est donc pas dénuée de sens — c’est sa gestion qui a posé problème. D’un groupe périphérique, il est devenu central dans le processus décisionnel de la société, alors que ses dirigeants étaient atteints par le syndrome du « pas inventé ici » et ses ingénieurs incapables de respecter des délais. De ce point de vue, la nouvelle division Technologies d’Apple ne pourrait pas être plus éloignée de l’ATG : Bob Mansfield est un gestionnaire accompli dont la première tâche sera de coordonner les efforts d’Apple en matière de semi-conducteurs et de puces radio, des compétences acquises par achat de sociétés.






Bob Mansfield.




Elle partage néanmoins un certain nombre de traits avec l’ATG et les autres structures du genre. Sans être parfaitement déconnectée de la réalité, elle est un terrain d’expérimentation pour des projets qui doivent structurer le futur d’Apple. L’intérêt de Mansfield pour le wearable computing est connu et d’après nos informations, Kevin Lynch s'est entouré d'anciens de la division iPod : l'iWatch n’est pas forcément pour cette année, mais Apple semble bien travailler sur un nouveau format d’appareil informatique — un tout nouveau marché qui peut potentiellement lui rapporter des milliards de dollars.



D’une certaine manière, cette nouvelle division prend la relève de Steve Jobs : de 1997 à sa mort, il a dessiné le futur d’Apple, des idées les plus folles aux produits les plus concrets. Irremplaçable en tant qu’homme, il est remplacé par une équipe, une formule qui a fait ses preuves aussi bien par le passé qu’aujourd’hui chez d’autres. « Le meilleur moyen de prédire le futur est de l’inventer » disait Alan Kay, ce sera le défi de cette nouvelle division qui ne doit pas seulement rêver, mais aussi s’exécuter.

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