Vus de l'extérieur et parfois même de l'intérieur, les Mac sont souvent, sinon toujours, parfaits. D'ailleurs, même Apple le dit… Dans les faits, les choses sont parfois plus inégales. "Mackie" fut technicien atelier chez un important revendeur Apple de 2001 à 2011. Un poste privilégié pour observer les machines d'Apple sous l'angle de leurs petits ou gros pépins. Voici la suite de ces chroniques sur le "SAV du Mac". Aujourd'hui, le Power Mac G5.
Je m’en souviens comme si c’était hier, lors de sa présentation par Steve Jobs à la WWDC 2003. Le Power Mac G5 était magnifique avec son châssis tout aluminium. J’avais été le voir en exclusivité quelques jours après, à la Fnac Digitale. Les deux démonstrateurs qui m’avaient reconnu m’avaient permis de mettre les mains dedans. Conquis, j’en ai même acheté un exemplaire. Un beau 2x2 GHz avec son ATI Radeon 9800, ses 2 Go de RAM. Une belle bête… très embêtante en SAV !
Si le tableau était au début très réjouissant, cette machine marquera un gros retour en arrière comparé à son prédécesseur : on repassait à 2 baies pour les emplacements disques durs et à un seul logement pour le lecteur optique. L'accès aux composants internes s'avérait nettement moins commode alors qu'il était remarquable depuis 1998 et les Power Mac G3 blanc-bleu. Des tours dont la carte logique était fixée sur la porte latérale.
Sur le G5, le bloc d'alimentation se retrouvait en fond de panier et obligeait le démontage du ou des processeurs avec des outils démesurément longs pour réussir l'opération d'extraction. Problème : la difficulté d’accès aux composants rallonge forcément le temps qu’un technicien va passer sur votre machine pour la réparer.
Ce Power Mac m’a donné des sueurs froides, car il inaugurait chez Apple une gestion thermique ultra-précise. Au moindre changement de composant, il fallait refaire une « calibration » On la réalisait avec un utilitaire fourni par Apple sur ses fameux disques "Apple Service Diagnostic", un logiciel régulait et contrôlait tout ce petit monde.
Malheureusement c'était très long et en cas d’échec il fallait trouver qui en était le responsable : le ou les processeurs ? La carte logique ? Le capteur thermique amovible sur la carte logique ? L’alimentation ? L’un des capteurs dans le boitier ? De quoi bien s’arracher les cheveux…
Un refroidissement très liquide
La seconde génération de Power Mac G5, sortie en juin 2004, comportera sur le modèle haut de gamme 2x2,5 GHz une grande nouveauté : le watercooling. Si tous les geeks furent en extase devant la présence d’un système de refroidissement liquide sur une machine de grande série (une première !), les techniciens déchanteront au fil des années. Car ce système… fuyait !
Apple n’a jamais reconnu officiellement le problème, tout au plus en avons-nous été informés oralement au détour d’une conversation. L'ennui c’est que le contenu du système de refroidissement était corrosif. Il était courant d'avoir à remplacer – au cas par cas sur exception de garantie d’Apple – le bloc processeur, la carte logique, l’alimentation, le boîtier… Nous finissions par reconstruire un Power Mac G5 !
La génération suivante ("Power Mac G5 fin 2004") ne comportera qu’un seul modèle dans la gamme : un 1,8 GHz monoprocesseur soudé à la carte logique. Il aura fait hurler plus d’un utilisateur pour des plantages à répétition avec Mac OS 10.4 dès que l’on utilisait du QuickTime.
Le SAV ne pouvait rien faire, car même après remplacement de la carte mère, des barrettes mémoires ou de tout autre composant : le problème persistait. Il faudra plusieurs mois à Apple pour mettre à disposition une mise à jour firmware corrective.
Au-delà de ce souci, j’ai toujours eu l’impression que cette machine avait servi de test grandeur nature à Apple. Imaginez : un Mac à processeur G5 soudé, des logements mémoire en moins, un radiateur de processeur plus petit… vous avez dit iMac G5 ? (lire aussi Chroniques du SAV : iMac G5, triste époque, triste Mac…).
Vous avez aimé les fuites de liquide sur les 2x2,5 GHz ? Eh bien vous auriez aimé la génération « Power Mac G5 début 2005 » et son haut de gamme 2x2,7 GHz également à refroidissement liquide et aussi… avec des fuites. Le plus amusant est que le système de refroidissement à problème était fabriqué par une société qui n’avait rien à voir avec le monde informatique. Il s’agissait d’un équipementier automobile : Delphi Automotive.
Puis ce fut en octobre 2005 la sortie de l’ultime génération : le « Power Mac G5 Fin 2005 ». Le modèle le plus cher était également équipé d'un refroidissement liquide mais totalement repensé et qui cette fois ne nous posera pas spécialement de problème.
Les ennuis sont venus d'ailleurs, de l'alimentation. Son démontage arrivait en tout dernier après le retrait du bloc processeur, de la carte logique et d’un nombre important de vis. En plus du démontage peu aisé, un défaut se présenta très rapidement : les alimentations lâchaient lors d'une simple mise sous tension ou branchement au secteur.
Encore mieux ? Parfois, dès la sortie de l’emballage, vous le branchiez et « clac », votre alimentation flambant neuve venait de rendre l’âme. Vous n’aviez pas l’air idiot en pleine installation devant un client ! Pour une fois, Apple reconnut rapidement ce dysfonctionnement et proposa un programme d’extension de garantie.
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