300 000 robots pour 2012 et un million dans trois ans, c'était l'annonce faite par Terry Gou, patron de Foxconn, en août 2011 concernant la force de travail dans ses usines. Une promesse qui semblait d'ores et déjà loin d'être tenue comme l'avait évoqué le mois dernier un site chinois. Une information confirmée aujourd'hui par une enquête du Wall Street Journal.
Foxconn, qui est un des plus importants manufacturiers chinois et qui compte comme clients Apple, Dell, et HP entre autres, ne parvient pas à robotiser ses usines aussi vite qu'il le voudrait. Dans la course à l'efficience et au calme robotique — pas de suicides ni de protestations chez les machines —, l'entreprise qui emploie plus de 1,5 million de travailleurs rencontre divers obstacles.
D'abord, les robots ne sont pas assez avancés technologiquement pour remplacer l'Homme sur certaines tâches. Le polissage de la coque en métal de l'iPhone, par exemple, ne peut pas être réalisé à l'heure actuelle par un robot, avance Paul Mozur, le journaliste du Wall Street Journal.
Un problème qui n'en est pas vraiment un en fait, Terry Gou ayant expliqué que les robots étaient là pour s'occuper des « tâches monotones et répétitives », autrement dit les tâches les plus ingrates. Une vision relayée par un porte-parole de la compagnie, Louis Woo : « Les plus jeunes travailleurs ne veulent plus continuer à faire un travail ennuyeux, quelconque et répétitif de nos jours, surtout dans le secteur manufacturier. Nous devons commencer à ajouter plus de valeur au travail, autrement il sera difficile d'attirer les jeunes générations de travailleurs. »
Alors d'où vient la difficulté d'introduire des robots en masse dans les usines ? « L'objectif fixé par le président d'un million de robots est comme une carotte pendue devant le nez d'un âne. On est toujours en train de courir après la technologie », explique un cadre de Foxconn resté anonyme.
Une embûche que le porte-parole ne cache pas : « Au moment où le process fonctionne à son rythme de croisière et est stabilisé, c'est déjà la fin du cycle de fabrication du produit. Ensuite il y a un nouveau produit qui arrive. » Des déclarations qui sont déjà valables aujourd'hui, dans des usines peu robotisées, comme un cadre du manufacturier l'avait rapporté à propos de l'iPhone 5 : « Il faut du temps pour apprendre à produire ce nouveau terminal. C'est en forgeant que l'on devient forgeron. Notre productivité s'est améliorée de jour en jour. » (lire : iPhone 5 : l'appareil le plus compliqué pour Foxconn) Ajoutez à ces difficultés actuelles des robots et tout ce que cela implique comme changement dans la chaîne de production — réorganisation spatiale, configuration du matériel, formation du personnel... —, la conjoncture devient difficile.
Investir dans la robotisation coûte également beaucoup d'argent. Un analyste a estimé entre 2,1 et 10 milliards de dollars (1,61 et 7,7 milliards d'euros) la dépense que cela représenterait pour Foxconn selon le nombre de machines et le degré d'automatisation. Des estimations à mettre en regard des dépenses annuelles de l'entreprise qui se situent en dessous de 3 milliards de dollars par an. Et cette robotisation serait impopulaire auprès des politiques chinois qui voient Foxconn comme un vivier pour les emplois peu qualifiés stables. Lin Jiang, professeur de finances publiques à l'Université nationale Sun Yat-sen, estime quant à lui que l'annonce d'automatisation massive de Terry Gou est un moyen de faire pression sur les autorités locales pour maintenir un flux constant de nouveaux travailleurs.
L'arrivée des robots, bien qu'elle se fasse à un rythme beaucoup plus lent qu'espéré, a tout de même débuté. Un ancien ouvrier de Shenzhen (lire : Foxconn : l'ordinaire ouvrier) raconte qu'après l'installation de robots sur une ligne d'assemblage de cartes mères, le nombre d'employés est passé d'une grosse vingtaine à cinq, dont le nouveau travail est de contrôler les machines. Il est néanmoins difficile d'estimer le nombre de postes qui seront supprimés par une automatisation, et il faudra toujours quelqu'un, qui devra être formé, pour surveiller les robots.
Foxconn développe lui-même ses propres robots, qui seraient appelés en interne « FoxBots », mais l'entreprise irait aussi se fournir ailleurs d'après Woo.
Réussir sa robotisation est le défi majeur qui attend Foxconn. Et l'échéance pourrait être assez courte. En annonçant qu'Apple allait relocaliser une partie de sa production aux États-Unis pour produire des Mac, Tim Cook a indiqué que son groupe le fera en collaboration avec des partenaires. Le même jour, Woo, le porte-parole chinois, annonçait que Foxconn allait étendre sa présence sur le sol américain et que l'usine en question serait fortement robotisée...
Photo Matt Wakeman CC BY
Foxconn, qui est un des plus importants manufacturiers chinois et qui compte comme clients Apple, Dell, et HP entre autres, ne parvient pas à robotiser ses usines aussi vite qu'il le voudrait. Dans la course à l'efficience et au calme robotique — pas de suicides ni de protestations chez les machines —, l'entreprise qui emploie plus de 1,5 million de travailleurs rencontre divers obstacles.
D'abord, les robots ne sont pas assez avancés technologiquement pour remplacer l'Homme sur certaines tâches. Le polissage de la coque en métal de l'iPhone, par exemple, ne peut pas être réalisé à l'heure actuelle par un robot, avance Paul Mozur, le journaliste du Wall Street Journal.
Interview de Paul Mozur, le journaliste qui a mené l'enquête sur Foxconn
Un problème qui n'en est pas vraiment un en fait, Terry Gou ayant expliqué que les robots étaient là pour s'occuper des « tâches monotones et répétitives », autrement dit les tâches les plus ingrates. Une vision relayée par un porte-parole de la compagnie, Louis Woo : « Les plus jeunes travailleurs ne veulent plus continuer à faire un travail ennuyeux, quelconque et répétitif de nos jours, surtout dans le secteur manufacturier. Nous devons commencer à ajouter plus de valeur au travail, autrement il sera difficile d'attirer les jeunes générations de travailleurs. »
Alors d'où vient la difficulté d'introduire des robots en masse dans les usines ? « L'objectif fixé par le président d'un million de robots est comme une carotte pendue devant le nez d'un âne. On est toujours en train de courir après la technologie », explique un cadre de Foxconn resté anonyme.
Usine de Shenzhen - Photo Tony Law
Une embûche que le porte-parole ne cache pas : « Au moment où le process fonctionne à son rythme de croisière et est stabilisé, c'est déjà la fin du cycle de fabrication du produit. Ensuite il y a un nouveau produit qui arrive. » Des déclarations qui sont déjà valables aujourd'hui, dans des usines peu robotisées, comme un cadre du manufacturier l'avait rapporté à propos de l'iPhone 5 : « Il faut du temps pour apprendre à produire ce nouveau terminal. C'est en forgeant que l'on devient forgeron. Notre productivité s'est améliorée de jour en jour. » (lire : iPhone 5 : l'appareil le plus compliqué pour Foxconn) Ajoutez à ces difficultés actuelles des robots et tout ce que cela implique comme changement dans la chaîne de production — réorganisation spatiale, configuration du matériel, formation du personnel... —, la conjoncture devient difficile.
Investir dans la robotisation coûte également beaucoup d'argent. Un analyste a estimé entre 2,1 et 10 milliards de dollars (1,61 et 7,7 milliards d'euros) la dépense que cela représenterait pour Foxconn selon le nombre de machines et le degré d'automatisation. Des estimations à mettre en regard des dépenses annuelles de l'entreprise qui se situent en dessous de 3 milliards de dollars par an. Et cette robotisation serait impopulaire auprès des politiques chinois qui voient Foxconn comme un vivier pour les emplois peu qualifiés stables. Lin Jiang, professeur de finances publiques à l'Université nationale Sun Yat-sen, estime quant à lui que l'annonce d'automatisation massive de Terry Gou est un moyen de faire pression sur les autorités locales pour maintenir un flux constant de nouveaux travailleurs.
Un « Foxbot », un robot développé en interne par Foxconn
L'arrivée des robots, bien qu'elle se fasse à un rythme beaucoup plus lent qu'espéré, a tout de même débuté. Un ancien ouvrier de Shenzhen (lire : Foxconn : l'ordinaire ouvrier) raconte qu'après l'installation de robots sur une ligne d'assemblage de cartes mères, le nombre d'employés est passé d'une grosse vingtaine à cinq, dont le nouveau travail est de contrôler les machines. Il est néanmoins difficile d'estimer le nombre de postes qui seront supprimés par une automatisation, et il faudra toujours quelqu'un, qui devra être formé, pour surveiller les robots.
Foxconn développe lui-même ses propres robots, qui seraient appelés en interne « FoxBots », mais l'entreprise irait aussi se fournir ailleurs d'après Woo.
Réussir sa robotisation est le défi majeur qui attend Foxconn. Et l'échéance pourrait être assez courte. En annonçant qu'Apple allait relocaliser une partie de sa production aux États-Unis pour produire des Mac, Tim Cook a indiqué que son groupe le fera en collaboration avec des partenaires. Le même jour, Woo, le porte-parole chinois, annonçait que Foxconn allait étendre sa présence sur le sol américain et que l'usine en question serait fortement robotisée...