Vus de l'extérieur et parfois même de l'intérieur, les Mac sont souvent, sinon toujours, parfaits. D'ailleurs, même Apple le dit… Du moins ils semblent l'être, car il peut en aller tout autrement. "Mackie" fut technicien atelier chez un important revendeur Apple pendant 10 ans, de 2001 à 2011. Une situation privilégiée pour observer les machines d'Apple sous un autre angle, celui de leurs petits ou grands pépins et défauts. Voici la suite de ces chroniques sur le "SAV du Mac". Aujourd'hui, l'iMac G5.
Quelle triste Apple Expo que cette édition 2004, Steve était en convalescence, c’est donc Tim Cook qui était aux commandes et le second Phil Schiller qui assurera le show du keynote. Chose inhabituelle chez Apple, l’iMac G4 est retiré du catalogue au début de l’été avec l’indication tout à fait officielle que son remplaçant arriverait bientôt. Bref rien ne va plus chez Apple.
Nous voilà donc à la conférence d'ouverture d’Apple Expo Paris, Phil nous présente cette machine habillée d'un nouveau design qui rompt avec les rondeurs des premiers iMac et dont le modèle G4 conservait un peu de l'héritage avec sa demi-sphère en guise de châssis (lire Chroniques du SAV : l'iMac G4 avait une âme). Et puisque l'iPod est devenu un succès planétaire, il vient chaperonner le lancement de cet iMac. « Par les créateurs de l'iPod » clame ainsi la vidéo, sur la musique et avec la participation des membres du groupe Black Eyed Peas.
Cet iMac paraît bien sympathique au premier abord : un processeur G5 à 1,6 GHz ou 1,8 GHz, un bel écran LCD de 17 pouces ou 20 pouces, un disque dur de 80, 160 ou 250 Go avec combo ou SuperDrive (il existera un modèle « éducation » sans lecteur optique et avec un disque dur de 40 Go), une carte vidéo correcte pour une machine grand public et une très grande accessibilité aux composants internes ! Serait-ce la fin des SAV ? Que nenni !
L’une des idées d’Apple pour cet iMac était d’être entièrement réparable par l’utilisateur qui avait l'assentiment du fabricant pour mettre les mains sous le capot (réalisez le chemin parcouru depuis… en sens inverse). Rusée, la firme de Cupertino avait décomposé son monobloc en gros modules : la partie façade avant (écran LCD et câblerie), le bloc « midplane » comprenant l’armature interne (la carte logique et le modem 56K), le bloc d’alimentation, le lecteur optique avec son châssis, le disque dur également avec son châssis et la carte AirPort. Tout ceci, excusez du peu, pouvait être remplacé par le propriétaire de la machine. Apple avait tout prévu… ou presque.
Être technicien ne s’improvise pas ! Avant de faire correctement un changement de composant il faut une certaine dextérité, prendre ses précautions par rapport aux décharges électrostatiques (ESD) et aussi disposer des bons outils. Apple en fournissait un avec chaque pièce: une pointe de tournevis pliée à 90° avec 2 têtes cruciformes. Ce médiocre assistant finissait toujours au même endroit : dans un tiroir. Confions le travail à de vrais tournevis !
Cette expérience se révélera un échec pour la Pomme. D’abord par la quantité de casse qu’elle a généré et aussi parce que ces machines présenteront rapidement un vrai défaut : des problèmes d’affichage.
Les premiers ennuis commenceront au début de l’année 2005. La pièce défectueuse est rapidement identifiée : la carte logique, mais dans l’immédiat il était impossible de dire pourquoi. Heureusement, à machine accessible, réparation rapide. Enfin un progrès dans la maintenance des Macs. Face aux erreurs (horreurs) techniques que furent les iBook G3/G4, l'iMac G5 fut un rêve pour techniciens, même s'il devait faire 10 remplacements de cartes logiques dans la journée (lire Chroniques du SAV : l'iBook blanc).
En août 2005, Apple finira par reconnaître publiquement le dysfonctionnement en indiquant des problèmes d’affichage et d’alimentation. Ce qui vaudra aux techniciens quelques pirouettes, car le document public d’Apple n’indiquait pas que les soucis avec l'alimentation ne concernaient qu’une seule référence de bloc d’alimentation et disponible uniquement sur les marchés américain et japonais !
Mais d’où venait cette panne récurrente ? D’une série de condensateurs défectueux, un fléau du monde informatique qui avait déjà touché Apple sur les premières bornes AirPort ainsi que les eMac. Ce problème sera aussi présent sur certaines cartes vidéo de Mac Pro (lire Chroniques du SAV : eMac ! Ô rage ! Ô désespoir ! & Chroniques du SAV : le Mac Pro).
Encore aujourd’hui, il n’est pas rare d’entendre parler de condensateurs qui « gonflent ». De nombreux fabricants ont été et sont touchés. Beaucoup d’électroniciens prendront l’habitude d’une vérification systématique de ces composants en cas de panne. Pour nous techniciens, un coup d’œil suffisait pour savoir si la machine avait une panne de sa carte logique : il suffisait d'inspecter ses condensateurs… Et paradoxalement, en ôtant tout le sel de la recherche des origines de ces pannes, cette machine en était quelque peu ennuyeuse et bien triste…
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