Vus de l'extérieur et parfois même de l'intérieur, les Mac sont souvent, sinon toujours, parfaits. D'ailleurs, même Apple le dit… Du moins ils semblent l'être, car il peut en aller tout autrement. "Mackie" fut technicien atelier chez un important revendeur Apple pendant 10 ans, de 2001 à 2011. Une situation privilégiée pour observer les machines d'Apple sous un autre angle, celui de leurs petits ou grands pépins et défauts. Voici la suite de ces chroniques estivales sur le "SAV du Mac". Aujourd'hui, l'iBook blanc.
Si les premiers iBook étaient colorés et apportaient une touche de bonne humeur au monde des portables, comme l'avait fait l'iMac avant eux pour les machines de bureau, il leur manquait le sérieux nécessaire pour séduire un plus large public. Mais comment faire sérieux tout en se démarquant de concurrents qui n’ont que des machines noires ou grises ? Eh bien, ce sera avec le blanc crème, une couleur qui deviendra vite la signature d’Apple à partir de mai 2001, date de sortie du "nouvel iBook".
Au premier abord, cette machine m’a plu : elle était bien plus compacte que sa devancière en forme de palourde. D'allure plus conventionnelle aussi, elle offrait un écran d’une définition supérieure (mais toujours avec cette diagonale de 12 pouces) et quatre types de lecteurs et/ou graveurs optiques. Le G3 qui l’animait passait de 466 MHz à 500 MHz, et surtout, ce portable grand public recevait enfin une connectique complète : 2xUSB, 1xFireWire, 1xEthernet, 1 modem 56k, une prise casque toujours capable de sortir un signal composite, un port mini-VGA pour la connexion d’un écran externe (hélas uniquement en mode recopie vidéo) et le nouvel adaptateur secteur enrouleur de câble en forme de yo-yo déjà utilisé avec les PowerBook Titanium par exemple.
Si extérieurement tout était merveilleux, ce n’était pas forcement le cas à l’intérieur… Cette machine fut ce qu’il y a eu de pire chez Apple en matière d’accessibilité pour la maintenance. Pour un simple changement de disque dur, ce n’est pas 5, 6 ou même 10 vis qu'il fallait retirer, mais pas moins d'une cinquantaine ! Le tout, sans abîmer les fragiles tôles de blindage électromagnétique et surtout sans oublier ces fichues vis au remontage ! Y avait-il un ingénieur assez masochiste chez Apple pour concevoir démontage aussi tordu ? Oui.
Pourquoi cette histoire avait bien commencé ? Le premier modèle ne rencontra que peu de pannes. En dehors de quelques classiques (disque dur), on tombait essentiellement sur des ennuis de connectique interne entre l’écran et la carte logique, il s’agissait des seules vraies interventions longues. Il en sera de même avec la génération suivante lancée en octobre et répondant au doux nom « d'iBook fin 2001 » en remplacement de cet « iBook double USB » puis du grand frère « iBook LCD 14 pouces » mis sur le marché en janvier 2002.
Tout allait donc pour le mieux, jusqu'à mai 2002 et la sortie des « iBook G3 16 Mo de VRAM » en 12 et 14 pouces avec leurs cartes graphiques « ATI Mobility Radeon ». Au départ, rien ne semblait vouloir changer le cours des choses par rapport aux premiers modèles, mais tout a basculé au bout de quelques mois.
Le nombre de changements de cartes logiques dépassait celui des premiers modèles, et ce alors que ces machines s'avéraient un grand succès commercial. La cote d'alerte n'était toutefois pas atteinte et on ne s'en alarmait pas plus avant. Jusqu'au moment où l'on a commencé à nous demander de glisser une « cale » autour de la puce vidéo à chaque intervention sur ces nouveaux iBook.
Une cale dans un ordinateur Apple… ? Quelque chose ne tournait pas rond et les retours continuaient d'affluer et d'augmenter. À force de fureter sur divers forums et en prenant les précautions d’usage face à ce que l’on pouvait y lire, il a rapidement été constaté qu’en exerçant une forte pression en bas à gauche du repose-poignets, la machine se remettait à fonctionner !
Le lien sera vite établi entre les demandes d’Apple de placer ces fameuses cales et cette épidémie : des iBook qui démarraient sans vidéo ou avec une vidéo déformée. La "blague" durera quand même un long moment, jusqu’en janvier 2004 avec la reconnaissance publique du problème par Apple. Ce sera un véritable raz de marée. La plupart des machines entraient en SAV pour ce problème et du fait des accès rendus difficiles par son design alambiqué, les délais de réparation n'en étaient que plus rallongés. Si seulement nous n’avions pas eu tant de « DOA » (Dead On Arrival – panne au déballage) et tant de retours répétés dans les semaines qui suivirent. Toujours et encore pour cette panne qui ne cessait de se reproduire.
Pour continuer dans la mauvaise plaisanterie d’Apple, le programme de réparation fut étendu en décembre 2004 à l’ensemble des iBook G3, y compris les premières générations, qui dans les faits, n’étaient que peu concernées.
Mais d’où venait ce défaut ? Pour Apple c’était tout simplement « une panne de composant particulière » (sic). Tout l’art d’expliquer qu’il y a bien un défaut, mais que l'on ne veut pas en dire l’origine. Dans la pratique, les soupçons se sont portés sur un problème de rigidité de la machine qui avait fini par créer une rupture de contact entre la puce vidéo et la carte logique. D'où cette histoire de cales cache-misère et de ces pressions sur la machine qui, bien exercées, la faisait à nouveau fonctionner correctement… jusqu'à la fois suivante.
Comment remédier à ce problème de manière définitive ? En changeant de machine pardi, mais surtout de conception. Cela donnera quelques années plus tard, en 2008, le premier MacBook Air sur lequel la carte logique était solidaire d’un châssis rigide. Une approche qui préfigurera les machines dites Unibody qui sortirent quelques mois après, et une technique maintenant devenue la norme chez Apple.
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