Ouvrir le menu principal

MacGeneration

Recherche

Microsoft : l’amour du risque

Christophe Laporte

mardi 10 juillet 2012 à 12:15 • 133

Ailleurs

Microsoft enfonce une nouvelle fois le clou : la vedette de sa Worldwide Partner Conference (WPC) est un nouveau produit matériel. Il s'agit d'un écran multitouch de 82" qui de l'aveu de Steve Ballmer pourrait faire un tabac dans les grandes entreprises et dans le milieu de l'éducation. Une annonce qui pourrait paraître anecdotique, mais qui est en fait très révélatrice.



Perspective Pixel avait fait grand bruit en 2006 par ses démonstrations du multitouch sur un écran géant — c'était un an avant l'iPhone, et le multitouch était alors limité à quelques rares produits très spécialisés. L'écran 82" multitouch présenté hier par Microsoft n'est rien d'autre que l'écran 82" que la société de Jeff Han avait présenté en février dernier, et pour cause : la firme de Redmond a tout simplement fait l'acquisition de Perspective Pixel. Avec cet écran, vendu tout de même 18 000 $ (14 600 €), Microsoft complète sa gamme de produits multitouch. Elle va désormais des smartphones Windows Phone 7 à la table Pixelsense en passant par les tablettes Surface et donc cet écran 82".

Des annonces de la WPC, il y a essentiellement deux points à retenir. Contrairement à Apple, Microsoft a décidé de mettre du multitouch à toutes les sauces. Alors que le tactile se limite au trackpad sur Mac, Microsoft y va franchement en espérant que les écrans tactiles se généraliseront dans les mois à venir. Le géant de l'informatique veut uniformiser cet usage et cela va de pair avec l'interface qui est identique que votre écran fasse 3,5" ou 82. Certains crient au génie, d'autres parient sur un ratage en règle ; on laissera les utilisateurs trancher à la fin de l'année (lire : Microsoft dévoile Windows 8).



L'autre fait marquant, c'est que Microsoft privatise petit à petit son offre. Son modèle historique basé sur un système de licences se restreint de plus en plus. Il n'est plus valable que pour les ordinateurs au sens large et les smartphones. Certes, le géant du logiciel propose également une licence de Windows 8 RT mais il y a fort à parier que nombre de fabricants resteront à l'écart de ce système d'exploitation en raison de son prix élevé. Concurrencer Apple avec son iPad, Amazon avec son Kindle Fire ou encore Google avec Nexus 7 n'était déjà pas chose aisée, se battre contre Microsoft avec l'inconvénient du coût de la licence et donc d'une marge moins élevée sera impossible (lire : Microsoft veut revenir à la Surface).

En matière de tablettes, il y a fort à parier que les constructeurs privilégieront Windows 8 Pro sur plateforme x86 afin de proposer non pas simplement un semblant d'hybride comme peut l'être la Surface, mais de véritables combinés qui bénéficieront de l'interface Metro en mobilité, et de l'environnement fenêtré classique autrement. HP semble avoir d'ores et déjà fait ce choix (lire : HP ne veut pas de Windows RT (pour l'instant)), et il ne serait pas étonnant que d'autres fabricants historiques suivent. Reste que la viabilité économique de ce concept est encore à démontrer.

Steve Ballmer est souvent critiqué : certains affirment qu'il est le pire PDG américain de tous les temps, d'autres parlent de « décennie perdue » pour parler du retard qu'il aurait fait prendre à Microsoft. On serait pourtant tenté de prendre le contrepied : certes, Ballmer n'est pas le visionnaire que pouvait être Steve Jobs, mais il a également hérité d'une société davantage occupée à sauver sa peau auprès de la justice qu'à inventer l'informatique de demain. Alors que d'autres sociétés dont le modèle est parvenu à sa mort naturelle sont en train de couler (RIM, Nokia), la stratégie de Microsoft a le mérite d'être audacieuse, ce que l'on ne peut que saluer.

Microsoft tente en fait l'approche opposée à celle employée par Apple dans les années 1990 : passer du statut d'éditeur de logiciels à celui de fournisseur de solutions avec une maîtrise complète du logiciel et du matériel. Le pari peut paraître insensé, mais Microsoft n'a tout simplement pas le choix. Steve Ballmer est bien conscient qu'en fournissant des licences sur ces fameux terminaux de l'ère du post-PC, il ne sera pas en mesure de dégager les mêmes marges que par le passé. Or, à ce jour, le seul véritable modèle qui donne satisfaction en matière de rentabilité est celui utilisé par Apple, celui où matériel et logiciel sont conçus et vendus par la même entité.



La démarche de Microsoft est courageuse, voire fascinante, mais elle est également très risquée. La firme de Redmond marche sur un champ de mines et pourrait faire sauter l'écosystème sur lequel elle a construit sa fortune dans les années 1980 et 1990. Ainsi, alors que Steve Ballmer tentait de minimiser la portée de la présentation de la Surface en affirmant avoir mis au courant ses partenaires, ces derniers hurlaient en coulisse à la trahison (lire : Tablettes : HP plaquerait Microsoft pour Google).

Pendant des mois, Microsoft a eu vent dans les moindres détails des différents projets et feuilles de route de ses partenaires. Il ne serait pas impensable que certains d'entre eux envisagent de régler cela sur le terrain judiciaire. En attendant, certaines innovations de la Surface, et pas des moindres, ne sont pas signées Microsoft : les Touch Cover n'ont pas été développées par Microsoft, mais par un de ses partenaires, qui prévoyaient de les lancer à la rentrée avec sa nouvelle gamme de tablettes.



Les tablettes en question ont été présentées il y a plusieurs mois avec leurs claviers-housses lors d'une réunion avec des partenaires de cette société asiatique. Une réunion à laquelle assistaient plusieurs employés de Microsoft. Non seulement cette entreprise s'est fait piquer une belle idée, mais elle passera de plus pour le suiveur alors qu'elle était le meneur.

En jouant sur les deux tableaux et en faisant montre d'une certaine duplicité, Microsoft risque de provoquer l'agacement de ses partenaires et de faire indirectement un sacré coup de publicité à Android. Échaudés par les faibles ventes des premiers modèles, de nombreux fabricants avaient décidé d'attendre la sortie de Windows 8 pour tester à nouveau ce marché. Certains n'hésiteront pas à faire marche arrière, mais avec Google qui d'une certaine manière a décidé de prendre également son destin entre ses mains, la partie est loin d'être gagnée d'avance. D'autant moins que Google comme Amazon peuvent se permettre de vendre un produit sans marge ou à perte, en se remboursant ailleurs.

Les partenaires de Microsoft sont néanmoins aujourd'hui prêts à tout, alors qu'ils sont pour la plupart dans une position délicate : des ventes en berne, de faibles marges, des prix trop tirés vers le bas. Comme nouvel eldorado, Intel — l’autre garant de l’éternel couple WinTel — leur avait vendu les ultrabooks. À l’heure du bilan, on ne peut que parler d’échec. Non seulement les ventes sont loin d’être satisfaisantes, mais Apple est désormais en mesure de les attaquer en justice avec le modèle déposé de son MacBook Air (lire : Apple va-t-elle faire la chasse aux ultrabooks ?). Qui lui est un succès commercial et financier.

Désormais, Windows 8 est attendu comme le grand messie sans que l’on puisse savoir si celui-ci aura un impact durable sur les ventes d’ordinateurs (lire : L'industrie du PC espère Windows 8). Pour s’en sortir, les fabricants risquent de n’avoir d’autres choix que de prendre l’initiative. C’est le cas de Dell qui lorgne de plus en plus vers les distributions Linux, qui ont atteint pour certaines d’entre elles une maturité suffisante pour un usage basique par le grand public.

Au printemps, le Texan a présenté le Project Sputnik, un programme pilote visant à créer un ordinateur optimisé pour les développeurs web et mobile — sous Ubuntu. Dell n’a pas fait de mystère si le succès était au rendez-vous, elle n’hésitera pas à créer une véritable gamme Sputnik destinée à des usages plus variés (lire : Project Sputnik : un ultrabook Dell sous Ubuntu pour les développeurs).



Pour le moment, on est loin du compte, et Microsoft n’a pas de souci à se faire. Mais dans un monde plus que jamais hétérogène, en cas d’échec de Windows 8, les lignes pourraient bouger beaucoup plus vite qu’on ne le croit…
illustration magazine 25 ans

MacGeneration a 25 ans !

Participez à la fête et découvrez l’histoire de votre site favori en précommandant notre magazine exclusif.

Je précommande le magazine

Incogni : sautez vite sur l'offre Black Friday avant qu'elle ne s'arrête ! 📍

18:35


Black Friday : 10 € retournés par 100 € dépensés à la Fnac sur Apple et d'autres 🆕

18:17

• 9


Pourquoi j’ai quitté Orange pour un FAI associatif

10:00

• 31


Save : 25 € de bonus pour faire réparer son smartphone, « ce n’est pas rien »

07:53


Black Friday : les meilleures promotions sur les SSD externes et les cartes mémoire (4 To en promo 🔥) 🆕

30/11/2024 à 23:14

• 7


Promo : le Magic Trackpad USB-C à 109 € et la Magic Mouse à 60 €

30/11/2024 à 19:01

• 12


4K Video Downloader Plus est à - 30 % : téléchargez vos vidéos YouTube en toute quiétude ! 📍

30/11/2024 à 15:58


Black Friday : les meilleures promos du jour sur les Mac 🆕

30/11/2024 à 10:20

• 14


Sortie de veille : le nouveau CarPlay perdu en cours de route ?

30/11/2024 à 08:00

• 30


Black Friday : les promos sur les produits utilisés par l’équipe de MacG

30/11/2024 à 07:25

• 11


Black Friday : jusqu'à 50 % de remise immédiate et livraison offerte dès 49 € !

Partenaire


Les meilleures promos du Black Friday : AirPods Pro 2 à 190 €, iPhone 16 à 833 €…

29/11/2024 à 23:05

• 37


Black Friday : c'est le moment de prolonger votre abonnement à Microsoft Office 365

29/11/2024 à 23:00

• 40


Ayant commandé un iPhone sur l’Apple Store, il reçoit un Mac mini

29/11/2024 à 21:30

• 46


Black Friday : les meilleures promos sur les iPhone

29/11/2024 à 21:07


Black Friday : RhinoShield casse les prix sur les coques et accessoires, jusqu'à 40 % de réduction ! 📍

29/11/2024 à 20:40