À chaque fois que Tim Cook évoque la stratégie d’Apple, le successeur de Steve Jobs parle abondamment de la Chine. Ce virus pour l'empire du Milieu, il l'a transmis à ses collaborateurs. On a pu le voir à l'occasion du keynote de la conférence des développeurs (WWDC) où Scott Forstall et Craig Federighi ont lourdement insisté sur la prise en charge de fonctionnalités propres à la Chine dans iOS 6 et Mountain Lion.
Pour conquérir cet immense marché, Apple avait signé en 2009 un accord de distribution avec Foxconn (lire : Chine : Foxconn devient distributeur exclusif). En 2010, on apprenait que Studio A, une société proche de Foxconn, avait fait part de son intention d'ouvrir 100 APR en Chine et à Taiwan d'ici 2013. Mais surtout, Apple comptait mettre le paquet avec ses Apple Store. En février 2010, elle annonçait vouloir ouvrir 25 boutiques dans les deux ans (lire : Apple : des milliards pour le Grand Soir). Reuters s'est amusé à faire les calculs et le compte n'y est pas.
Actuellement, Apple dispose de six magasins (en comptant celui de Hong Kong) soit une boutique pour 216 millions d'habitants. Comparaison n'est pas raison, mais en France, il y a un Apple Store pour 6 millions d'habitants. De son côté, Reuters a comparé ce chiffre avec les 8 Apple Store dans l'état de Pennsylvanie qui compte 12,7 millions d'habitants. L'une des villes de cet état, Pittsburgh, qui recense 305 000 âmes, et qui ressemble à une petite bourgade, en comparaison avec Pékin ou Shanghai, possède trois boutiques.
Pour Apple, il y a urgence à intensifier sa présence en Chine et au plus vite. Indiscutablement, il y a une forte demande pour ses produits. L'engouement était tel lors du lancement de l'iPhone 4S en janvier - entre clients et revendeurs sur le marché gris - qu'Apple avait été contrainte de suspendre au bout de 24 heures la commercialisation de son terminal (lire : Les Apple Store chinois suspendent la vente de l'iPhone 4S après 24h).
Image : M.I.C Gadget
Pour expliquer le retard qu'Apple a pris dans l'ouverture, Andrew Milroy, vice-président d'ICT Research, explique poliment qu'il y a « des complications à ouvrir des boutiques en Chine que l'on ne rencontre pas dans les pays occidentaux ». Est-ce que cet aspect a été abordé lorsque Tim Cook a rencontré plusieurs officiels Chinois, dont l'actuel vice-premier ministre, Li Keqiang, en mars dernier ? Rien n'a filtré de ces entretiens.
Image : Zuma Press
En attendant, certains tentent de profiter de la faible présence d'Apple sur le territoire chinois. L'été dernier, le monde découvrait qu'il n'y avait pas que les produits estampillés d'une pomme qui étaient clonés. Certains s'amusaient à reprendre à leur compte le concept d'Apple Store (ci-dessous). De loin, ces magasins ressemblaient à s'y méprendre à une boutique Apple (lire : L'Apple Store et ses correspondants chinois). D'ailleurs, dans certains cas, même les employés étaient persuadés de travailler pour la société californienne…
Pour David Wolf, Apple doit répondre au plus vite à cette problématique. Ce dirigeant de la société de consultants Wolf Group Asia basée à Pékin, estime que la firme de Cupertino ne fait pas que perdre des ventes. Une mauvaise distribution de ses produits nuit à son image de marque, et pourrait compromettre son succès en Chine. Il n'y a pas que les Apple Store qui sont copiés, on trouve sur le marché chinois de pâles copies d'iPhone, d'iPad ou encore de MacBook Air (lire : AirBook : le (presque) MacBook Air chinois). L'expérience d'achat à laquelle Apple tient tant a de quoi être altérée.
Ceci n'est pas un MacBook Air.
En matière de produits, la situation d'Apple est également délicate, mais en passe de s'arranger. L'iPhone est présent chez deux grands opérateurs, mais il n'est toujours pas commercialisé par China Mobile, tout simplement le plus important au monde avec 655 millions d'abonnés. Avec l'arrivée de l'iPhone 5, la situation pourrait enfin se débloquer. L'année dernière, Wang Jianzhou, président de China Mobile déclarait avoir trouvé un accord avec Apple pour qu'un prochain iPhone supporte son réseau 4G (lire : China Mobile et Apple auraient un accord sur la 4G dans un prochain iPhone). Il se murmure que l'iPhone 5 serait le premier véritable "World Phone". Celui-ci serait compatible avec la 3G chinoise et fonctionnerait avec la plupart des réseaux 4G (lire : L'iPhone 5 : pas compatible avec la 4G en France, vraiment ?).
En ce qui concerne l'iPad, l'horizon semble se dégager. Actuellement, la pomme commercialise sur l'Apple Store chinois l'ancienne gamme d'iPad 2. L'accord trouvé en début de semaine avec Proview autour des droits d'utilisation de la marque iPad en Chine devrait permettre à Apple de lancer rapidement son nouveau modèle.
Si Apple connait certaines difficultés conjoncturelles, elle possède un sacré potentiel en Chine et de manière plus générale en Asie. Dans son étude annuelle, Campaign Asia-Pacific et Nielsen ont interrogé plus de 4800 personnes dans 12 pays afin de savoir quelles étaient leurs marques favorites. En Chine, Apple arrive en tête devant Nestlé, Chanel, Sony et Samsung.
Au classement général dans cette zone géographique, Apple grimpe de quatre places et finit deuxième. Elle est devancée par Samsung, au détriment de Sony qui recule sur la plus basse marche du podium.
image : Apple / Lors de l'ouverture de l'Apple Store de Hong Kong
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