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Stéphane Richard répond à Free et SFR

Florian Innocente

mercredi 01 février 2012 à 17:43 • 97

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Stéphane Richard le PDG de France Télécom était auditionné ce matin par la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale. Son passage faisait suite à celui de Xavier Niel. Si quelques échanges ont porté sur le déploiement de la fibre optique ou sur le développement en zones rurales, l'arrivée de Free a occupé la majorité des débats.

Stéphane Richard a répondu à certaines critiques formulées de manière générale à l'endroit des opérateurs, mais il a également décoché quelques flèches en direction de SFR, dont le PDG, Frank Esser, ne décolère pas depuis quelques jours, estimant que l'opérateur historique avait « permis à Iliad de sortir des forfaits si peu chers » via leurs accords d'itinérance.

Rente
Stéphane Richard s'est dit «chagriné» des affirmations selon lesquelles France Télécom et les autres vivraient d'une rente de la téléphonie mobile, en affirmant que les prix ont constamment baissé ces dernières années, de l'ordre de 12% entre 2006 et aujourd'hui alors que d'autres coûts augmentaient «les péages, la poste, le métro. En contrepartie on a observé une explosion du trafic des données, il a été multiplié par 53, à niveau d'usage comparable les dépenses des ménages français ont baissé de 40%. Il est injuste de dire qu'on n’a pas baissé avant. La TVA a augmenté de 7 points sur les forfaits mobiles et les opérateurs n'ont pas tous répercuté cette hausse.» Quant aux 35% de marge dégagée par France Telecom sur le mobile, ils participent aux investissements pour le réseau. Le patron de France Télécom s'est également appuyé sur une étude toute récente du régulateur britannique qui plaçait la France en seconde place des pays les moins chers, il a toutefois eu le bon goût de préciser que le panier évalué comprenait le mobile et le fixe.

Arrivée de Free
Les forfaits annoncés par Free ont pris ses concurrents de court, a concédé le PDG «Non franchement, on ne s'y attendait pas, on a été surpris par l'agressivité de ces offres» (un ton très différent de l'assurance affichée le premier jour au micro d'Europe 1), avant d'essayer de les replacer dans leur contexte «Ces offres représentent du SIM only, c'est à dire uniquement un accès au réseau, il n'y a pas de financement du terminal. Il faut comparer avec ce qui est comparable, aux offres équivalentes comme SOSH. Dans 80% des cas, les Français veulent un téléphone avec leur forfait. Si vous intégrez le financement du terminal, c'est beaucoup moins intéressant». Ce besoin a pu expliquer le fait que certains clients de Free de la première heure soient déjà revenus chez Orange (ou du fait des problèmes de réception des cartes SIM).

Sur la question du mobile subventionné il s'est inscrit dans le cas d'un utilisateur d'iPhone qui change de modèle tous les ans «Quelqu'un qui veut un iPhone, c'est moins cher de l'avoir chez Orange que chez Free». Un exemple qui dans ce cas précis (mais qui ne concerne pas la majorité des clients), peut effectivement davantage profiter aux concurrents de Free.

Des députés se sont étonnés de voir Free être capable de proposer des offres à ce niveau, ce à quoi Stéphane Richard a répondu en détaillant la mécanique entre opérateurs installés et entrants «Il y a une symétrie entre les terminaisons d’appel et les SMS. Lorsqu'il y a une communication entre deux opérateurs, il y a une facturation réciproque avec la terminaison d’appel. Lorsqu'un nouvel opérateur entre sur le marché, on lui donne un avantage, une asymétrie dans cette facturation. Il touche davantage d’argent quand il reçoit une communication d’un opérateur tiers, que lorsqu’il utilise lui-même un réseau tiers».



Une situation acceptée, mais qui conduit à un point de contentieux actuellement : «Le modèle économique de Free est basé sur l’espoir d’une terminaison d’appel des SMS très ambitieuse, mais à un niveau inadmissible. Il est exclu pour nous de voir tous les opérateurs du secteur financer Free via les SMS». Si les conditions voulues par Free étaient appliquées, cela reviendrait pour les opérateurs à financer, le forfait de 19,99€ à hauteur de 10€ affirme Stéphane Richard. Le patron de France Télécom s'est également interrogé sur la pérennité de ce modèle économique lorsque l'accord d'asymétrie deviendrait caduc.

Portabilité et prévisions
Interrogé sur les problèmes de portabilité où des utilisateurs sont en souffrance de voir leur numéro transféré, Stéphane Richard a renvoyé une part de la responsabilité sur Free «Je suis un petit peu agacé sur ce débat et l'activisme de Free sur ce sujet. J'ai l'impression qu'on essaie de faire porter le chapeau des difficultés de démarrage du nouvel opérateur - que j'estime compréhensibles - aux autres opérateurs.» Le PDG a rappelé qu'un Groupe d'Intérêt Economique, dont Free est membre depuis 2010, gérait ce système de portabilité. De son point de vue, Free aurait dû prévenir des risques et formuler des prévisions étant donné qu'il savait, lui, avec quelles offres il allait entrer sur le marché et l'effet qui en découlerait. La capacité de traitement de ces demandes de portabilité devrait passer la semaine prochaine de 10 000 à 80 000 requêtes par jours.

Stéphane Richard en a également profité pour tacler l'organisation de Free qui a eu du mal à envoyer correctement ses cartes SIM, laissant sans ligne fonctionnelle des clients dont la portabilité avait réussi (Free n'en est pas à son coup d'essai, le lancement de la Freebox Revolution où l'opérateur était cette fois seul maitre de l'opération, avait été aussi marqué de problèmes de distribution et d'acheminement vers les clients, ndlr).

La polémique lancée par Franck Esser, le PDG de SFR, sur les conditions dans lesquelles ont été signés les accords d'itinérance entre Orange et Free a fait l'objet d'une contre-attaque «Esser ne connaît pas les conditions de ce contrat qui est confidentiel, c'est un peu un procès d'intention. Les conditions financières ne concèdent aucun avantage à Free, elles ont été âprement discutées. Xavier Niel a admis lui-même qu'Orange n'était pas le mieux-disant, ce qui prouve qu'il a discuté avec d'autres, mais il a jugé qu'on avait le meilleur réseau. On a fait oeuvre utile pour le secteur et le consommateur».

Ce dernier argument fait suite à la critique de SFR selon laquelle France Télécom en a fait plus qu'il n'en était tenu par le régulateur «Nous avons engagé des discussions sur l'itinérance 2G l'an dernier. Il n'y avait pas d'obligation sur la 3G. J'ai estimé que ce droit à l'itinérance 3G arriverait de toute façon, d'une manière ou d'une autre, que ce serait inéluctable. Qu'est-ce qu'on aurait dit si on ne l'avait pas fait. En terme d'image on a suffisamment dit de choses désagréables sur les opérateurs, mes collègues devraient peut-être plutôt me remercier». Et pour enfoncer encore le clou vis-à-vis de SFR, Stéphane Richard a répété plus tard qu'il n'y avait pas d'accord stratégique entre Orange et Free «Il y a une concurrence absolue, une compétition acharnée, même si l'on a par ailleurs un accord d'itinérance». Quant au chiffre de 1 milliard sur six ans que rapporterait cet accord à Orange, il ne s'agirait que d'une estimation.

À propos du réseau propre de Free qui fait aussi l'objet de polémique autour de son activation, le PDG a renvoyé la balle vers l'Arcep dont c'est la responsabilité «de vérifier la réalité du déploiement du réseau de Free. C'est une mission délicate. On peut mettre des antennes, les activer puis les désactiver, les activer quand l'inspecteur est là, ou les activer, mais avec une puissance qui sera insuffisante. La seule présence d'une antenne ne veut rien dire», d'autres critères sont à prendre en compte «C'est la qualité de tous les éléments, antennes et réseau de collecte qu'il faut regarder. La prestation d'itinérance fournie par Orange fonctionne parfaitement, mais pour le volet financier, c'est confidentiel. J'attends que l'Arcep fasse son travail et que Free remplisse ses objectifs.»

La tendance au low cost
Les députés ont posé la question de l'impact de ces offres à prix bas sur l'activité du secteur. Trop tôt pour répondre a estimé Stéphane Richard «Je ne dénigre pas le low cost, je dis qu'il faut s'interroger sur le modèle du low cost dans nos économies, dans nos sociétés, il y a des questions à se poser, est-ce que les gens sont prêts à payer pour le service, on a 12 000 salariés dans nos boutiques, Free a 3 boutiques. On a 23 000 salariés dans nos centres d'appels, je sais bien qu'il peut y avoir parfois des expériences malheureuses, mais on déploie des efforts tous les jours pour améliorer cette expérience client. Ce qui est fondamentalement inquiétant dans le déferlement du low cost c'est cette perte de perception de la valeur du service».

Trop tôt aussi pour juger d'un impact sur l'emploi, un thème souvent agité par les concurrents de Free «Il est permis d'avoir un certain nombre de doutes. C'est une bonne nouvelle [l'arrivée de Free] sans doute à court terme pour le consommateur, mais il est aussi salarié et contribuable.» Stéphane Richard a alors cité la perte de 4 milliards de valorisation boursière depuis l'arrivée de Free Mobile, avec ce que cela signifie pour les petits actionnaires et le contribuable à travers la participation de l'État dans son capital.

Pour être tout à fait juste, il faudrait rappeler que la courbe de l'action de France Télécom n'a pas attendu l'irruption de Free Mobile pour décrocher, comme en témoigne ce graphique sur un peu moins de deux ans…



France Télécom n'entend pas non plus céder au principe d'une offre basée sur un seul forfait. Une réponse à des critiques sur la "Mamie du Cantal" de Stéphane Richard qui n'avait pas les mêmes besoins que le "geek parisien" et dont la connotation péjorative avait ému un député, au point que Richard a jugé utile de rappeler ses origines lozériennes devant cette commission, et de dire qu'il avait aussi appelé le président du conseil de cette région pour s'expliquer…

«Ce que j'ai voulu dire c'est qu'en matière de téléphonie mobile, je ne crois pas qu'une seule offre peut satisfaire tous les besoins. Le forfait unique pour 65 millions de clients je n'y crois pas. Il faut avoir une segmentation - qui ne soit pas excessive - du marché. La nouvelle donne amenée par Free mais anticipée par les opérateurs qui l'attendaient, c'est l'offre sans aucun engagement. Mais la demande de la grande majorité des consommateurs c'est une offre globale. La France est dans la moyenne des autres pays dans les durées d'engagement, en Angleterre le prix facial est plus bas, mais les durées d'engagement y vont jusqu'à 36 mois.»

Jugé sur la défensive par des députés, Stéphane Richard a de nouveau justifié sa réaction vis-à-vis des propos initiaux de Xavier Niel (qui les avait par la suite tempérés) «Je ne suis pas sur la défensive. Nous avons été traités d'escrocs, de salopards et nos clients de pigeons. Excusez-moi si je prends les choses un peu à coeur, ainsi que pour mes salariés. Ce n'était pas la peine de faire ça. Je n'ai jamais dénigré Free qui a tenu des propos indignes et injustes.»

Le PDG de France Telecom en a profité pour rappeler que si Xavier Niel aimait à se dire moins payé que ses pairs (173 000€ annuels), sa participation majoritaire dans le capital de Free lui avait assuré 14 millions d'euros de dividendes l'an passé, ce qui ramenait son salaire à de «l'argent de poche». Stéphane Richard a déclaré un salaire annuel de 900 000€, plus une part variable (dont 30% basés sur un indice de satisfaction des salariés).

Interrogé sur les projets d'avenir de France Télécom pour se démarquer, Stéphane Richard a cité la NFC pour l'accès à des bâtiments, à des transports publics… «Toute cette rupture avec la NFC c'est une nouvelle frontière sur laquelle on travaille beaucoup, on sera peut-être en mesure de faire des annonces ces prochaines semaines.»

L'investissement sur la fibre optique ne sera pas non plus remis en cause et même «sanctuarisé» mais le PDG a mis en garde face aux discours du 100% fibre pour tous, ramenant ce chiffre à une hypothèse de 80% de fibre pour tout le monde et d'autres technologies pour amener le très haut débit aux clients. Toujours dans son optique de renforcement du service, France Télécom poursuit son opération de réaménagement de certaines de ses boutiques, 15 chantiers sont en cours afin de les monter en gamme, et là Stéphane Richard cite le modèle des Apple Store.

- la rediffusion de cette audition devrait être proposée sous peu sur le site de la Chaine Parlementaire.
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