Le SuperDrive ou d'une façon plus générale les lecteurs/graveurs de CD ont-ils encore un intérêt sinon un avenir sur Mac ? C'était le thème de notre appel à témoins qui a généré de nombreuses réponses. Elles montrent que le sujet demeure complexe, entre rejet chez certains et besoin et servitudes chez d'autres pour ce module à l'intérieur des Mac.
Apple a déjà abandonné sans états d'âmes le lecteur de disquettes, c'était un choix osé à une époque où l'Internet n'avait pas la diffusion qu'on lui connaît maintenant. Mais d'aucuns, on va le voir, réfutent ce parallèle. Apple a néanmoins supprimé le SuperDrive dans les Mac mini et en a (logiquement) privé les MacBook Air depuis le début. Elle a fait un pas supplémentaire vers la dématérialisation avec le Mac App Store, seul guichet pour obtenir ses derniers logiciels, jusqu'à son système d'exploitation. Faut-il y voir une évolution menée à marche forcée qui ferait de 2012 l'année de la disparition du SuperDrive à l'intérieur des Mac ? Au vu des avis exprimés une telle décision serait reçue de manière pour le moins partagée. Voici une sélection de quelques-une des réponses laissées par nos lecteurs dans le forum consacré à ce sujet.
Dans plusieurs commentaires la nécessité de continuer à pouvoir échanger et partager des contenus est revenue. Sans même parler de piratage, il y a ces situations où les données à partager sont volumineuses, où bien le destinataire est éloigné voire peu sinon pas connecté. L'encodage de CD, banale fonction, n'a pas non plus été terrassée par les services de téléchargement, légaux ou non.
SSD plutôt que SD
Chez des utilisateurs cependant, le SuperDrive a depuis longtemps disparu au profit d'une association entre le disque dur et un second volume de stockage. Son remplacement par un SSD est un sport pratiqué chez pas mal de personnes. Comme globeman : «J'ai un MacBook Pro 13", j'ai viré le SuperDrive car je ne grave plus rien. J'ai un SSD à la place et j'ai donc les avantages du SSD et ceux de la capacité de stockage, chose qui manque cruellement au MacBook Air, car je n'ai pas envie de tout mettre dans le nuage (par exemple les photos)».
Ou encore Albook «SuperDrive supprimé depuis mon ancien PowerBook G4, et depuis toujours remplacé par un second disque dur dans tous mes MacBook Pro. Actuellement c'est même un SSD». Enfin, mmx3 «J'ai un MacBook blanc (non unibody) qui a toujours son SuperDrive mais il n'a quasiment jamais été utilisé, et un MacBook Pro 15" du début 2011 où le SuperDrive a sauté pour un SSD dès que j'ai reçu la machine. Le SuperDrive n'a donc jamais servi» (lire aussi Deux disques dans un MacBook/Pro : test du Data Doubler OWC, ndr).
De fil en aiguille, CBi en est arrivé au même constat. Il a troqué son graveur par un support plus récent, mais n'a pas abandonné complètement le premier «La dernière utilisation du SuperDrive externe de mon MacBook Air aura été l'installation de Snow Leopard acheté en boîte : autant dire une autre époque. Mon dernier film de vacances édité via iDVD, je l'ai envoyé à ma famille par téléchargement d'une image disque depuis MobileMe. Au dernier séminaire professionnel auquel j'ai assisté, j'ai reçu en cadeau 2 clés USB de 8 Go chacune… Pour toutes ces raisons, j'ai finalement décidé de démonter le SuperDrive de mon iMac G4 et de le remplacer par un SSD. Le graveur ira dans une baie externe FireWire achetée d'occasion, au cas où. Par contre, j'ai installé un nouveau SuperDrive sur le G4 Cube qui me sert de serveur musical: j'achète ma musique sur CD et ils sont maintenant rippés en Apple Lossless à grande vitesse.»
L'absence du SuperDrive est alors largement compensée par d'autres supports ou des solutions en ligne, par exemple pour UnAm «Depuis quelques mois, utilisateur comblé du MacBook Air 11", je m'en passe royalement. Quand je veux acheter de la musique ou louer un film, je passe par iTunes. Pour des fichiers légers, j'utilise le mail ou les clés USB pour les gros fichiers. Pour les logiciels il y a Internet et le Mac App Store. Les gros éditeurs s'y mettent aussi: Blizzard permet d'acheter les jeux en ligne et de les télécharger… ce qui évite le piratage des softs et le support physique».
Pour graloof qui possède deux Mac dont un a vu son SuperDrive lâcher, la situation est simple «Au final on pourrait très bien acheter un SuperDrive externe pour chaque foyer à l'instar d'une imprimante : on n'a pas une imprimante par ordinateur !». Cette appréciation vaut surtout pour des ordinateurs sédentaires. D'aucuns aimeraient voir leur MacBook Pro allégé et affiné par la disparition de cet élément matériel, si ce n'est que d'autres y voient aussi une contrainte. En déplacement, il faudrait à nouveau se charger d'un SuperDrive externe. On troque un encombrement pour un autre.
La fiabilité en question
Parmi les arguments en faveur du retrait du SuperDrive il y a celui de sa fiabilité. Pas tant celle des supports qu'on y insère que celle des lecteurs/graveurs choisis par Apple pour ses machines. «Pour avoir été pendant 10 ans technicien dans des centres de services agrées Apple, les lecteurs optiques ont toujours été des nids à pannes, en tenant compte de celles créées par les environnements "fumeur"» constate Macinside.
Même remarque chez Yip qui opte néanmoins pour une solution externe «Le SuperDrive m'est indispensable, même si je m'en sers peu. En fait j'essaye de l'éviter le plus possible. Sur plusieurs Mac (iMac et MacBook Pro 12"/15") ce lecteur, pourtant peu sollicité, a déconné en général assez vite. CD ou DVD coincés, gravures ratées, CD qui pédale pour la moindre copie ou importation, j'en ai un peu soupé des SuperDrive Apple. Je souhaite qu'Apple sorte un MacBook Air 15" et je m'achèterai un lecteur externe, mais de préférence pas de la Pomme.»
Enfin SergioSL qui n'est pas moins critique sur la qualité Apple dans ce cas très précis «Pour ce que valent les SuperDrive des Mac, Apple peut bien tous les virer ! Sur les trois derniers Macs que j'ai eu (1 iMac, 2 MacBook), et que j'ai encore pour deux d'entre eux, le SuperDrive a lâché dès la deuxième année… Et ce n'est pas pour leur utilisation excessive, car je grave peu (quelques CD/DVD de musique et de données dans l'année, et rarement d'images ou de vidéos). Alors qu'ils disparaissent ne changera pas grand chose, même pas pour faire baisser les prix de ces foutus Macs !»
Non à l'abandon
Parmi les opposants ou les réticents à la disparition des SuperDrive internes on observe des situations très différentes, sinon originales. Par exemple un lecteur, plovemax, très fidèle à deux émissions de France Culture, grave leurs podcasts sur CD pour une écoute en déplacement «Je fais un métier où je suis souvent en voiture mais où je m'arrête régulièrement» et il les archive ensuite sur DVD. Double peine dirons certains mais c'est la seule solution trouvée par cet utilisateur, qui par ailleurs achète encore des CD de musique qu'il transfère sur son Mac.
On compte aussi des professionnels dans le secteur de la vidéo, ainsi Chavran «Jusqu'à aujourd'hui, le SuperDrive m'est indispensable. Chef opérateur et réalisateur (documentaires pour chaînes TV ou commandes) je travaille sur un Mac Pro. Tous me demandent des DVD pour suivre les différentes étapes de montage (prémontages avec TC ou visionnage d'essais) et puis les DVD servent ensuite à faire circuler un "teaser" sur les marchés TV. Pour l'instant ça fonctionne souvent ainsi. Ils ne sont pas encore prêts à lire des fichiers dématérialisés. Pareil pour livrer une grande quantité de photos (gravure CD/DVD). Ensuite pour raisons personnelles ou pros je visionne tous mes DVD sur le Mac (grand moniteur de qualité et enceintes monitoring). Conclusion : si les SuperDrives disparaissent il me faudra acquérir un lecteur-graveur externe. Quoi qu'en dise Apple, le DVD a encore un avenir. Mais je comprends aussi que certains puissent trouver le SuperDrive superflu ou inutile.»
Deux lecteurs au moins officient dans la photo ou la vidéo de mariages. Les DVD restent alors un 'objet' prisé lorsqu'il s'agit de transmettre son travail à ses clients «avoir un support physique, 'quelque chose' à donner, reste une attente» estime Nquoi. La clef USB n'a donc pas la même "valeur" (elle ne rentre pas non plus dans une platine de salon…) et ces fichiers peuvent représenter quelques giga-octets, impossible de les transférer par Internet.
Il est vrai que des télés ou des box savent utiliser des clefs USB, de même qu'un compte Dropbox ou un serveur FTP pourra gérer de (relativement) gros volumes. Mais dans un contexte de partage qui met en relation plusieurs individus, les équipements dont ils disposent et leur rapport à la technologie sont parfois très éloignés. Par exemple le haut débit n'est pas offert à tous. «Certains d'entre nous ici suggèrent des solutions de remplacement du SuperDrive bien techniques pour les utilisateurs de base» écrit Yanik «Continuons comme ça et nous assisterons à une Grande Segmentation : les utilisateurs lambda qui seront conduits à se contenter d'utiliser un ordinateur de façon basique (lecture des mails, surf sur Internet) et les autres qui auront accès aux techniques sophistiquées (qui permettront de faire ce qu'on fait facilement aujourd'hui). Les premiers ne pourront plus faire de sites Internet (disparition d'iWeb), fabriquer leur DVD (disparition d'iDVD) pour la grand-mère. Et les seconds redeviendront les gardiens du temple, seuls détenteurs du savoir, comme au bon vieux temps d'avant les Mac. Pas bon tout ça…»
Deux autres considérations pour conclure, venant d'utilisateurs qui à des degrés divers observent le décalage entre l'idée de mettre au rebus ces lecteur/graveurs internes avec la réalité de leur quotidien… quand ce n'est pas une envie de retenir un peu cette habitude que l'on a cultivée à manipuler un support physique.
D'abord avec SpaceVinc qui a trébuché sur les outils mis à sa disposition dans le cadre de sa profession d'enseignant :
«Heureux possesseur d'un MacBook Pro 13" (mi-2009) en quête de performance, je me suis mis à étudier la solution OptiBay + SSD (ce berceau qui remplace le SuperDrive, ndr). Seulement, je suis enseignant et j'utilise chaque jour ce qu'on appelle désormais les 'manuels numériques'. Pour la plupart c'est une sorte de PDF du manuel papier sans réel enrichissement du point de vue numérique. Pour des raisons qui m'échappent, mais qui ne sont que mercantiles, les éditeurs leur ajoutent et surajoutent des 'protections'. Cela va de l'obligation de se servir du logiciel Flash intégré pour lire le contenu du manuel (installé avec Adobe AIR) à celle de devoir insérer le CD-ROM à chaque fois que l'on veut le consulter (je tiens à préciser que malgré tous mes efforts, je n'ai pas réussi à contourner cette protection…).
Au-delà de l'aspect vraiment pas pratique de la chose (il faut changer de CD-ROM quand on passe à la leçon de maths des CP, puis remettre celui de français pour les CE1…), je suis obligé de me promener avec mes CD-ROM (c'est toujours moins lourd que les manuels papier ceci dit) et j'ai dû abandonner l'idée de l'OptiBay, à regret je dois le dire. Car d'un point de vue personnel, et non professionnel, je n'utilise que très rarement (1 fois par mois) le SuperDrive et donc pour cela un modèle externe ferait l'affaire.
Je me suis rabattu sur la solution SSD seul, en perdant de l'espace de stockage interne, mais au vu du gain de performance, je ne referai pas le chemin inverse. En résumé, je pense qu'une gamme de MacBook Pro sans SuperDrive n'est pas une idée incongrue (à condition de toujours avoir un lecteur externe au catalogue), mais que les éditeurs de manuels scolaires (et plus généralement l'Éducation Nationale par ses directives) n'ont rien compris à l'apport du numérique, mais ce dernier aspect est un peu hors sujet…»
Ou jcfaggia :
«Il est vrai que l'on rechigne à changer ses habitudes, mais il est vrai aussi qu'il faut faire disparaître de nos machines tout ce qui tourne, gratte , bobine prend de la place et fait du bruit. J'appartiens à une génération qui a connu et dépanné l'electronique à lampes, avec les potentiomètres crachouillants, les interrupteurs à galettes et leurs capricieux contacts, les condensateurs variables à lames véritables pièges à poussières.
Il est évident que la plupart des ennuis que nous rencontrons sur nos machines actuelles sont d'origine mécanique, vestiges du passé, et que tout ce qui va dans le sens de la suppression de ces éléments va dans le bon sens. Ceci dit l'utilité du SD dans un ordinateur dépend étroitement de l'usage que l'on fait de sa machine. Si l'on peut envisager sa suppression pure et simple dans les portables (c'est la majorité des avis exprimés), sa présence dans une machine de bureau me semble justifiée, l'encombrement et le coût ne me paraissant pas un obstacle à son maintien.
J'ai une grosse utilisation audio,photo et vidéo, albums, diaporamas, montages vidéo HD, et je stocke tout sur un DD multimédia, ce qui m'évite de fastidieuses manipulations pour accéder à mes documents. De plus, j'accède à la qualité HD sans me prendre la tête avec la gravure en Blu-ray dont l'avenir nous dira s'il en a vraiment un (d'avenir).
Il n'en demeure pas moins que je grave quelques CD audio pour mes autoradios et quelques DVD pour ceux qui veulent voir mes films et qui n'ont pas d'ordi, car il faut tenir compte du fait que tout le monde n'a pas encore son écran plat, et que, même dans ce cas, la lecture des vidéos sur clés USB n'est pas assurée sur tous les téléviseurs, même récents. Le lecteur de salon, malgré ses faiblesses, est largement répandu et un DVD sera toujours lu par tous. Par ailleurs, le parallèle avec le lecteur de disquette est totalement fantaisiste : a-t-on jamais vu de lecteur de disquettes de salon pour visionner sur sa TV ? Soyons sérieux…
La disparition des supports CD/DVD doit intervenir progressivement en parallèle avec la généralisation et la baisse de prix des supports flash, y compris les disques durs mécaniques qui restent le vrai point faible de nos machines. Pour les 3/4 années à venir, le maintien du SD en option sur les machines de bureau me semble une solution raisonnable en attendant l'aboutissement des évolutions en cours.»
Enfin la réflexion de Télémac qui replace la question dans un cadre plus large :
«Je suis de cette génération qui reste favorable - pour différentes raison évoquées - à la présence d'un graveur pour me permettre un stockage sur un média physique chez moi et le partage de mes créations personnelles photos et vidéo. Autant la suppression de la disquette a pu être appréhendée facilement car remplacée par un autre support physique, autant celle d'un graveur de médias physiques, en faveur de solutions dématérialisées qui sera la suite logique, j'y suis fermement opposé.
Je vais aller au devant de la simple question de la présence physique ou non en abordant les questions annexes à la disparition du graveur. Nous savons bien que la tendance dans la réflexion des fabricants/développeurs va vers la dématérialisation, tant pour nos espaces de stockage que pour les applications, avec plus rien sur nos ordinateurs. De facto c'est une suppression de toute possibilité de créer des médias physiques, y compris le graveur de DVD lui-même. Aussi mon opposition trouve sa genèse dans les principes démocratiques, sociaux et "technico financiers".
1) approche démocratique: je peux admettre que le stockage dans des espaces comme iCloud peuvent être pratiques, car selon où je me trouve j'ai accès à mes informations, mais à long terme je ne souhaite pas devenir l'otage de tel ou tel opérateur qui peut changer, et surtout se multiplier. Selon mes besoins et selon l'application ou la prestation utilisée, il n'est pas à exclure que je devrais avoir plusieurs opérateurs dématérialisés. Je ne souhaite pas que des fichiers concernant ma vie privée se promènent sur des serveurs hors de chez moi en sachant que la réglementation sur la protection de ma vie privée change selon le pays où va se trouver mon hébergeur. Si à terme plus aucun support physique n'existe, en me liant par obligation "technique" à tel ou tel prestataire, le droit à mon libre arbitrage en sera affecté une fois de plus par des mesures "économiques"qui ne trouvent leurs intérêt que pour ces prestataires.
2) approche sociale: la future multiplicité d'opérateurs d'espaces et des applications dématérialisées, aura à terme une incidence non négligeable financièrement pour les personnes moins favorisées. La fracture informatique va se creuser ainsi que l'inégalité des connaissances. Moins d'appareils à réparer, à installer à produire, à entretenir = moins d'emplois.
3) approche technico-financière: nous savons tous que pour se connecter sur ces espaces, il faut un appareil plus une liaison réseau. Je prends deux ou trois exemples qui nous ont empêché d'accéder à nos fichiers stockés sur ces espaces dématérialisés : d'abord une chambre d'hôtel où pour se connecter il faut payer l'accès au réseau (et vlan je dois payer pour récupérer mes fichiers et la facture est salée pour télécharger mes propres fichiers et travailler dessus). Puis pour montrer les photos ou la vidéo des vacances du petit dernier aux grands parents qui n'ont pas d'accès Internet. Enfin, pour faire une présentation en entreprise, mais n'en faisant pas partie, je n'ai pas accès au réseau et je ne suis pas autorisé à installer l'application spéciale que j'utilise sur leur machine pour faire ma présentation, avec en plus le risque que cette application n'existe pas sur PC car je suis sur Mac.
Certes j'ai brossé un tableau pessimiste en poussant les arguments à la limite, mais j'ai tenté une projection dépassant le cadre de la simple question de la suppression d'un graveur et tenter d'aller sur le terrain de la vision à plus long terme.»
La réponse à cette hypothèse d'une disparition franche, progressive ou peut-être tout simplement pas envisagée dans l'immédiat par Apple ne devrait pas tarder. Les renouvellements de Mac prévus en 2012 indiqueront imanquablement une tendance…
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