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Ciel nuageux à l'horizon

Arnaud de la Grandière

lundi 18 juillet 2011 à 17:07 • 38

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De nombreuses entreprises, Apple en tête, se jettent avec gourmandise sur le "cloud". Si les services qu'on nous promet nous simplifieront grandement la vie, comme toujours, la médaille a son revers.

A tout seigneur tout honneur, la manière la plus évidente d'en mesurer les limites échoit à la musique en ligne. Si iTunes a commencé sa carrière comme bibliothèque de votre musique numérique, la multiplication des offres légales de streaming risque quelque peu de compliquer les choses.

Les catalogues et les tarifications n'étant pas homogènes, le consommateur qui piochera ses titres préférés chez l'un ou l'autre magasin virtuel en sera pour ses frais : il lui faudra en passer par le site ou le logiciel dédié pour écouter sa musique. Spotify, Deezer, Amazon Cloud Player, Google Music, et iCloud proposent chacun leur propre point d'accès, du site web au logiciel dédié, avec lesquels il vous faudra jongler. Certes, il reste possible dans certains cas de télécharger localement le fichier sur un poste distant, mais de là à dire que cela simplifie les choses, il y a loin, d'autant que tous ne le proposent pas et que cela exigera quelque patience de votre part. De quoi reléguer aux oubliettes leur simple lecture à la suite dans une seule et même playlist.

Pour pouvoir bénéficier de cette fonction, pourtant née simultanément avec la musique dématérialisée elle-même, l'utilisateur devra se résoudre à la fidélité absolue à un seul et même fournisseur… sombre retour en arrière. Et le problème n'en deviendra que plus gênant à mesure que vos bibliothèques augmenteront en taille, puisqu'il vous faudra vous rappeler chez quel fournisseur vous avez acheté telle ou telle musique, suivant votre envie du moment. Pour vous simplifier la vie, il faudra donc oublier de faire jouer la concurrence, (et faire l'impasse sur les titres proposés en exclusivité), à moins que les prestataires ne permettent l'utilisation transversale d'une licence chez leurs concurrents. A moins de recours légaux pour rétablir la concurrence, on les imagine assez mal prendre cette initiative d'eux-mêmes.

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Mais le cas d'école ne s'arrête pas à la seule musique, puisqu'on peut l'étendre non seulement à toutes les œuvres de l'esprit, mais même à toutes les offres d'hébergement et de sauvegarde en ligne, qui s'ignorent royalement les unes les autres. Cependant, l'utilisation d'un seul et même prestataire ne résoudra cette fois pas tous les problèmes, puisque le partage et l'échange de fichiers entre utilisateurs les expose potentiellement à d'autres services que celui qui aura eu leur préférence. A vous les joies du copier-coller pour reproduire chez l'un un document stocké chez l'autre… Seule voie de recours, la copie locale des fichiers, qui sera d'autant plus susceptible d'être victime de conflits de synchronisation à mesure que chaque service persistera à ignorer les autres. Gare au casse-tête !

Sans problème, pas de solution

L'ironie du sort, c'est que cet imbroglio est né d'un autre : pour des raisons de sécurité, Apple ne permet pas sur iOS la persistance des fichiers en dehors du confinement des applications qui ont servi à les créer, rendant impossible de les partager entre deux applications. Pour remédier à ce problème, les développeurs ont donc eu recours à des services tiers d'hébergement en ligne tels que Dropbox. L'astuce répondait à la problématique sécuritaire tout en s'affranchissant de ses contraintes. Cependant Apple ne pouvait décemment laisser ces pratiques prospérer : elles détournaient ses utilisateurs de ses solutions maison, permettant à des sociétés tierces de tirer profit de sa plateforme sans reverser la moindre quote-part. Par ailleurs, ce procédé diluait la plateforme en obligeant les utilisateurs à s'enregistrer sur des services tiers : une solution centralisée et intégrée à l'OS, dont Apple pouvait rester garante de la fiabilité et de la confidentialité sans dépendre d'un tiers, était de loin préférable pour tous.

C'est donc en toute logique qu'Apple a proposé iCloud à ses utilisateurs et aux développeurs, permettant de reprendre à son compte la solution du partage en ligne de fichiers non seulement entre applications sur iOS, mais également sur Mac OS X et Windows. Les développeurs ont accès à des API qui permettent à leurs applications de sauvegarder des fichiers sur les serveurs d'Apple. Tout comme Dropbox, Apple offre gratuitement les cinq premiers giga-octets de stockage à ses utilisateurs, tout en proposant des capacités supérieures contre monnaie sonnante et trébuchante.

A charge pour vous donc de faire le décompte des fichiers qu'il vaudra mieux synchroniser ou non, voire de jongler avec l'espace disponible restant dans le nuage avant de payer pour la tranche supérieure. Reste d'ailleurs à voir de quelle manière l'utilisateur pourra décider de l'ubiquité de tel ou tel fichier, et comment le système en rendra compte, à moins qu'on attende là aussi de l'utilisateur qu'il garde en mémoire où se trouve quoi.

Voici venir l'orage, voici l'éclair qui luit

Qu'on se rassure, cela pourrait être pire, puisque les applications sont encore locales… pour le moment. D'autres services proposent une virtualisation totale de vos logiciels dans le nuage. Si OnLive s'est contentée jusqu'ici de jeux, qui prêtent encore peu à conséquence, elle n'en a pas moins affiché son ambition d'aller au delà en faisant la démonstration d'Autodesk Maya, exécuté entièrement sur ses serveurs, auxquels un simple iPad permet d'accéder. SolidWorks lui-même parviendra à toucher toutes les plateformes grâce à un portage dans le nuage. D'autres prestataires comme Citrix vous proposent rien de moins qu'un PC à votre disposition… dans ses locaux. Là encore, si chaque prestataire signe des accords exclusifs avec chaque éditeur de logiciel, il deviendra difficile de faire en sorte que les applications communiquent entre elles, sans compter que leurs fichiers resteront tout autant captifs de leurs hébergeurs. C'est sans doute là le talon d'Achille de Chrome OS, qui repose intégralement sur ce paradigme, doublement puisque c'est également sur la virtualisation en ligne des logiciels les plus gourmands en puissance que le système repose (lire : Chrome OS : la tête dans le nuage)

Alors que ces services permettent de s'affranchir de la notion de plateforme, ouvrant tous les écrans connectés aux contenus, fichiers et applications, par ailleurs ils risquent bel et bien de nous mettre face à une fragmentation encore inédite : de véritables remparts insurmontables entre les données, alors que celles-ci circulaient autrefois librement sur nos disques durs. Paradoxalement, voilà de quoi se souvenir avec nostalgie du temps où seul le Mac et le PC étaient incompatibles…

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