« Bien, mais peut mieux faire » : tel serait le commentaire de la note moyenne de l'élève PlayBook. A l'occasion de son lancement, la plupart des publications américaines ont reçu un exemplaire du RIM BlackBerry PlayBook, tel qu'il est connu de l'état civil, et ont pu le tester. Résumé.
Une belle tablette…
RIM sait faire du beau matériel quand elle le veut, et le PlayBook est incontestablement une réussite sur le plan matériel. Il nous avait fait une bonne première impression (lire : Aperçu du RIM BlackBerry PlayBook (MWC 2011)), impression que confirme Walt Mossberg : « le matériel est solide et le dos a un toucher doux agréable ».
Le PlayBook mesure 13x19x1 cm pour 400 grammes : c'est une belle tablette 7", mais ils sont plusieurs à penser que son design est certes classieux (« une petite tablette incroyablement élégante, solide et intelligemment sobre » écrit Joshua Topolsky sur TIMNP), mais presque trop sobre, voire un peu ennuyeux (« le PlayBook […] est quelconque » écrit Tim Steven pour Engadget, Chris Ziegler le comparant à n'importe quel cadre photo à 99 €. Tous s'accordent sur la solidité de cette tablette et sa qualité de construction : « le châssis est fait de métal recouvert d'une très fine couche de plastique [NdT : pour éviter le toucher froid], les coins pas tout à fait arrondis, et il n'y absolument aucun jeu » explique Engadget. Son écran 7" 1024x600, bien que très brillant, est applaudi par tous.
Le seul problème matériel, relevé par Stevens comme par Topolsky, réside dans le bouton d'allumage/extinction/sortie et mise en veille. C'est pour ainsi dire le seul bouton utile du PlayBook, qui utilise autrement des bordures tactiles : il est donc très utilisé pour mettre la tablette en veille et l'en sortir. Il est cependant placé à un endroit peu pratique (en haut au milieu) et est plat, donc il est difficile d'appuyer dessus.
L'autonomie est assez bonne. Engadget mesure 7h01 en lecture vidéo (MP4, WiFi activé, luminosité à 65 %), trois heures de moins certes qu'un iPad 2, beaucoup plus grand, mais une heure de plus que la Samsung Galaxy Tab, plus comparable. Avec des tests similaires, TIMNP mesure plus de onze heures, Mossberg obtient un peu plus de cinq heures, alors que CrackBerry estime l'autonomie à une dizaine d'heures. RIM annonce officiellement entre huit et dix heures, ce qui semble donc vrai.
…mais un logiciel encore jeune
Le PlayBook utilise QNX comme système d'exploitation, officiellement renommé BlackBerry Tablet OS par RIM. Des représentants de la marque nous avaient confié que si cet OS est extrêmement puissant, il est aussi très exigeant : il n'est donc pas étonnant que le PlayBook soit doté d'un processeur TI OMAP 4430 double—cœur cadencé à 1GHz avec 1 Go de RAM et une puce graphique PowerVR, une plateforme récente alors que RIM a tendance à doter ses BlackBerry de configurations assez datées. Le reste de la configuration est à l'avenant, des deux capteurs (3MP devant, 5MP derrière) aux capacités de stockage (16, 32 et 64 Go).
Les différentes applications sous forme de cartes, avec le pop-up de contrôle du lecteur musical.
L'ensemble est donc en général performant, voire très performant : « la partie graphique est laissée à une puce PowerVR qui décharge le processeur du décodage vidéo ou de l'accélération graphique dans les jeux, ce qui permet à cette tablette de décoder et afficher de la vidéo en HD 1080p par HDMI tout en continuant à faire parfaitement tourner des applications de productivité sur son écran 7" — sans ralentissement ou pixellisation, bien sûr » explique Tim Stevens, qui cite là une fonction unique au PlayBook, une sorte de mode « Bureau étendu » (alors que l'iPad ne possède qu'un mode miroir). Joshua Topolosky confirme cette sensation de puissance : « le PlayBook est extrêmement réactif dans la plupart des cas. Les applications s'ouvrent rapidement et passer d'un programme à l'autre est instantané. »
La liste d'applications.
Las, ce n'est pas toujours suffisant, comme l'explique Engadget : « à de multiples occasions, les coins de l'écran ont viré au rouge […] c'est la manière par laquelle le PlayBook vous avertit d'un problème, dans ce cas une alerte mémoire ». Malgré son gigaoctet de RAM, le PlayBook est parfois à la peine : on peut heureusement facilement fermer une application par un geste vers le haut.
RIM a en effet « emprunté » à Palm cette idée, comme d'autres d'ailleurs : les bords de l'écran du PlayBook sont tactiles, et les applications sont représentées par des cartes. On passe d'une application à l'autre en balayant de gauche à droite depuis un bord. Balayer vers le bas depuis le bord du haut amène les options, alors que balayer vers le haut depuis le bord du bas permet de sortir d'une application, puis d'afficher la liste des applications. Enfin, balayer en diagonale depuis les coins supérieurs amène la barre principale (heure, mais aussi options générales, réseau, blocage de l'orientation, notifications, là encore avec un système très webOS). La plupart des testeurs apprécient ce fonctionnement, sauf David Pogue, qui trouve le système contre-intuitif, car peu évident.
Le lecteur musical
Le PlayBook a bénéficié des acquisitions récentes de RIM : QNX bien sûr, mais aussi Torch Mobile (qui fournit le navigateur), The Astonishing Tribe (qui a conçu les applications calculatrice et photos, Teknision ayant conçu la majeure partie de l'interface) et Dataviz (dont RIM a acheté la plupart des actifs, et qui fournit Documents to Go sur le Playbook). L'ensemble est assez réussi, mais plusieurs détails agacent.
La calculatrice, conçue par TAT.
Topolsky cite par exemple les défilements trop rapides, loin du défilement inertiel d'iOS : « l'OS du PlayBook donne l'impression d'être dans le niveau de glace de Megaman [NdT : Flash Man dans Mega Man 2 on suppose, il était énervant] : tout glisse et semble être hors de contrôle ». Engadget note des problèmes avec le clavier ou avec le navigateur (qui semble bon, mais a ses humeurs, ce que confirme Walt Mossberg).
Le BlackBerry Bridge
Il est fort probable que ces problèmes soient à mettre sur le compte de la jeunesse de cette plateforme, mais les premiers testeurs ne se focalisent pas là-dessus. Le plus gros problème est que RIM conçoit sa tablette comme un périphérique au BlackBerry : la PlayBook n'est pas livrée avec un client courriel, un calendrier et un gestionnaire de contacts. Bien sûr, il est possible d'en télécharger sur le BlackBerry App World, mais la sélection est encore bien mince : « où sont les applications ? » demande David Pogue. Heureusement, RIM a prévu d'offrir ces trois applications dans un second temps.
Mais pour accéder au BIS/BES qui ont fait la réputation de RIM il faut utiliser le BlackBerry Bridge : il faut relier un BlackBerry au PlayBook par le biais d'une connexion Bluetooth. Le PlayBook pourra alors accéder aux courriels, contacts et calendriers liés au BlackBerry en push, et même utiliser sa connexion Internet sans surcoût, un bon point. Reste qu'en l'état, le système est quasiment inutilisable.
Peut mieux faire
Bref, la conclusion générale semble être que le BlackBerry PlayBook est une très bonne tablette, qui ne concurrence pas directement l'iPad du fait de sa taille, mais aussi de son placement un peu moins grand public. Mais si le matériel est d'excellente facture, le logiciel, lui semble encore souffrir de nombreuses imperfections, de franches bizarreries (dont le BlackBerry Bridge qui semble être une balle dans le pied de RIM qui n'en a pas besoin), et d'une offre logicielle inexistante. Que de défis à relever pour RIM…