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Interview : "les 4 Vies de Steve Jobs"

Christophe Laporte

mardi 05 avril 2011 à 17:22 • 53

AAPL

Les biographies en français sur Steve Jobs sont plutôt rares. À n'en pas douter, elles devraient se multiplier dans les années à venir. Faite de hauts et de bas, la vie de Steve Jobs pourrait également faire l'objet d'un film. De l’Apple I à l’iPad, elle a été remplie de succès, mais également d’échecs avec le Lisa ou le Cube.

En attendant, alors qu’une biographie officielle est dit-on dans les tuyaux, c’est Daniel Ichbiah qui s’est attelé à ce difficile exercice. Chroniqueur pendant une dizaine d’années dans Macworld et SVM Mac, il a déjà écrit plusieurs livres dont une biographie dédiée à un certain Bill Gates. Deux personnalités très différentes, mais qui ont marqué de leur empreinte l’industrie du high-tech.

Comme son nom l’indique, les 4 Vies de Steve Jobs est divisé en quatre parties : la quête qui correspond à la jeunesse de Jobs; la gloire de Steve qui évoque les premières années d’Apple; l’odyssée qui parle de sa longue traversée du désert; et l’apogée qui revient sur la dernière décennie.



Ce livre de 256 pages sera disponible dans toutes les bonnes librairies à partir du 12 avril. Il est d’ores et déjà possible de le commander sur Amazon. En attendant, Daniel Ichbiah a bien voulu répondre nos questions. Interview…

[MàJ] Le livre est disponible sur l'iBookstore au prix de 9,99 €.

Pourquoi avoir écrit une biographie de Steve Jobs ?

Que dire... Lorsque l'on écrit une biographie, on passe plusieurs mois avec une personne, à s'appesantir sur les moindres aspects de son existence, à guetter les petits détails qui font ressortir une facette de sa personnalité. On "cohabite" des mois et des mois avec une autre personne. Donc autant que ce soit quelqu'un pour qui l'on a une certaine fascination. C'est le cas de Steve Jobs en ce qui me concerne. Et c'est le cas pour d'autres personnalités auxquelles j'ai consacré des biographies : Madonna, Téléphone, les Beatles, les Stones et aussi dans le domaine de la technologie, Bill Gates d'une part et les fondateurs de Google d'autre part.

Le meilleur exemple du domaine, c'est "La Saga des Jeux Vidéo" où je conte l'histoire de tas d'individus qui me fascinent. Je les ai côtoyés des années durant, j'ai appris à découvrir combien ils étaient particuliers. Et de telles histoires valent vraiment le coup d'être relayées. Il y aussi un autre aspect, c'est que j'aime, à travers un livre, insuffler à un lecteur l'envie de réaliser lui-même de grandes choses. Et c'est déjà arrivé...

Quand on a tellement écrit sur Steve Jobs, quand on traite l'actualité high-tech depuis des années, est-ce qu'il n'est pas difficile de repartir de zéro ? De partir sur une page blanche sans a priori… D'éviter les stéréotypes…

Ce n'est pas sur cette base que je pars. C'est une tout autre approche. Le travail consiste à rassembler autant d'histoires que possible, de faits, de témoignages, d'interviews, etc. Tout cela fait une immense réserve d'informations qu'il faut 'absorber' pour en tirer ce qui, aux yeux de l'auteur, a plus ou moins d'importance. Ainsi j'applique toujours certains principes, à tort ou à raison : une biographie ne peut pas comporter trop de personnages, sinon l'on s'y perd. Avant tout, c'est un travail de lente maturation. Ce qui n'est au départ qu'un océan de données prend forme peu à peu, un peu comme un sculpteur face à la pierre brute. Des tendances émergent, des idées fortes se font jour, une petite musique se dessine. Il faut laisser ce processus se former. Peu à peu, le réservoir de données se transforme en une histoire, quelque chose d'artistique...

Comment s'est déroulé le travail de documentation ? Quelles personnes avez-vous pu interroger pour avoir des informations sur Steve Jobs ? Est-ce que la culture du secret est perceptible chez les personnes que l'on interroge à son sujet ?

Comme vous pouvez vous imaginer, j'ai eu énormément de mal à obtenir des interviews de proches de Steve Jobs. Et certains de ceux qui se sont confiés y sont allés sur la pointe des pieds. Le plus fort, c'est une personne qui, jusqu'alors, me répondait toujours au téléphone. Mais à partir du moment où je lui demandé de me parler de Jobs, il ne m'a tout bonnement plus pris au téléphone. Encore aujourd'hui, c'est incroyable, il ne répond plus à mes appels. Cela en dit long. D'autres proches de Jobs ont fait de même, soit en me le disant clairement soit en faisant la sourde oreille.



Il y a aussi des gens d'Apple ou qui gravitent près d'Apple qui ont bien voulu me répondre, mais que je ne peux pas citer, ce ne serait pas honorable de ma part. La liste des gens qui ont contribué et que j'ai pu citer est dans le livre, mais pour le moment, je ne tiens pas trop à la crier sur les toits. Certains veulent aussi éviter toute fâcherie avec Steve...

Dans les témoignages que vous avez recueillis, est-ce qu'on vous a toujours dépeint le même personnage ?

J'ai tout de même découvert des aspects de Jobs que l'on ne soupçonne pas au départ, notamment une transformation radicale de sa personnalité à partir du moment où il s'est lancé dans l'aventure Apple. Un peu comme s'il était dans une sorte de "sommeil" en attente d'un objectif à sa mesure. Du jour au lendemain, il s'est métamorphosé. Tout un pan de personnalité s'est révélé !

Lorsque vous avez rédigé ce livre, qu'avez-vous appris finalement sur Steve Jobs ? Est-ce qu'il y a un aspect du personnage que vous n'aviez jamais remarqué et qui vous a sauté à la figure ?

Steve Jobs est un individu rare... Il a des caractéristiques que l'on trouve habituellement chez des artistes très particuliers, à la fois intègres, mais aussi pas forcément très sociables. Je pense à des gens comme Bob Dylan, Picasso, Stanley Kubrick... Ce sont des génies, et une part de leur génie vient du fait qu'ils pratiquent une "intégrité" artistique sans compromis. Ils n'en font qu'à leur tête, méprisent l'opinion externe, expriment ce qu'ils ont à exprimer parce qu'ils estiment que leur point de vue est plus important.

Dans le monde du business, on fonctionne habituellement à l'opposé : on tente de recueillir l'avis du public, de le caresser dans le sens du poil. Jobs, même s'il a mis un peu d'eau dans son vin, a fondamentalement ce point de vue à la Dylan ou Kubrick. Il impose ce qu'il aime que cela plaise ou non. Et avec ce point de vue, il parvient à créer l'une des sociétés les plus rentables de la planète. C'est un cas de figure rarissime, lié à son génie visionnaire personnel.

Jobs est très certainement un personnage qui aura marqué son temps, mais les médias ont du mal à le situer… On le compare parfois à Bill Gates (c'est la comparaison la plus facile), d'autres à Gutenberg (depuis la sortie de l'iPad notamment) ou encore à Edison ? Dans cette galerie de personnages, où le situez-vous ? Comment se situe-t-il lui-même ?
 
Et bien la question n'est pas aisée à répondre pour une raison simple : Jobs est tout de même un phénomène contemporain. Il n'est pas forcément sûr que l'Histoire le retienne comme un individu aussi remarquable que nous le jugeons nous-mêmes aujourd'hui. Pour deux raisons : en premier lieu, Jobs n'a pas inventé l'Apple 2, ni l'iPod, ni l'iPhone... Il a davantage été un metteur en scène. Il se pourrait donc que dans le futur, ce soit Wozniak qui soit retenu comme le génie créatif d'Apple 1ère formule, des gens comme Hertzfeld et d'autres comme ceux du Macintosh de 1984, Jonathan Ive comme celui de l'ère iPod / iPhone...



Jobs est un chef d'orchestre et les chefs d'orchestre, à ma connaissance, n'entrent pas forcément dans l'Histoire. Le second souci, c'est que nous le jugeons avec le miroir déformant de notre époque. Avec le recul de l'Histoire, il n'est pas sûr que le Mac, l'iPod, l'iPhone soient considérés comme des oeuvres au sens du Radeau de la Méduse et autres. Nous jugeons ces produits comme remarquables du fait qu'il n'y avait rien en face ou du moins peu à se mettre sous la dent. La comparaison avec Gutenberg, non : l'iPad n'est pas une révolution comparable à celle de l'imprimerie.

En 1450, lorsque l'imprimerie est apparue, les livres n'étaient jusqu'alors réservés qu'à une classe de privilégiés. En 1500, 20 millions de livres étaient en circulation et d'une certaine façon, cette révolution a fait sortir l'Europe de l'obscurantisme pour donner naissance à la Renaissance. Je doute que l'iPad ait une même influence sur la civilisation !

Le comparer avec Edison ne paraît pas non plus adéquat : l'invention de l'ampoule électrique a métamorphosé les villes et la façon de vivre des citadins. Steve Jobs, pas plus que Bill Gates ou Richard Branson, ne peut prétendre à mon sens à la comparaison. Il est probable que Jobs et Gates auront une petite place dans les livres d'histoire, mais s'il en est ainsi, Shigeru Miyamoto le créateur de Mario mériterait tout autant la sienne et il en est de même pour Lasseter, le créatif de Pixar.

Le souci pour Jobs, c'est qu'il se considère comme un individu de la trempe des grands inventeurs. Il est davantage un fabuleux catalyseur. De façon plus générale, sa force, c'est d'être un visionnaire, quelqu'un dont l'esprit fonctionne à une vitesse démesurée et qui a une confiance sans borne dans sa vision.
 
La vie de Steve Jobs fera sans doute un bon film tant elle est faite de hauts et de bas…
 
Oui, mais c'est avant tout sa prime jeunesse qui est étonnante. Toute la période où il se cherche, où il devient végétarien, part pour l'Inde, puis revient et se retrouve chez Atari, exploite la créativité de Wozniak pour créer un jeu vidéo (Breakout) tout en empochant l'essentiel de la rémunération, où il met sa copine enceinte et refuse de reconnaître l'enfant... C'est alors un individu tourmenté, complexe, taciturne, pas toujours prévisible. Et puis, il va muter soudainement en businessman, qui va voir les financiers bon teint en assumant totalement son look beatnik. En fait, c'est l'exemple parfait de celui qui a trempé dans la vague hippie et a accroché à l'excitation naissante du business vers la fin des années 70, tout en conservant une âme un brin hippie.

En quoi la culture hippie a-t-elle influencé Steve Jobs en tant qu'entrepreneur, chef d'entreprise et homme tout simplement ?
 
La culture hippie a été essentielle dans toute son approche. Dans sa jeunesse, Jobs a totalement adhéré au rêve de "changer le monde", cela l'a mené vers certains courants de pensée en vogue dans les années 70 d'une potentielle illumination que l'on peut atteindre par un régime alimentaire approprié, le jeûne, certaines philosophies... Il est même parti en Inde afin d'aller à la recherche de cette illumination qu'il n'a pas alors trouvé. Jobs est demeuré attaché à certains aspects d'une telle mouvance : sa façon de s'alimenter, son mode de vie, son habitat en témoignent et aussi le fait qu'il continue de fréquenter un centre zen. Il faut ajouter à cela son adulation pour la musique des sixties, celle de Dylan, des Beatles et des Doors. En tout cas, cette approche liée à la "hippie culture" a été déterminante dès la fin des années 70. Les premiers posters d'Apple évoquent ceux de l'époque flower power de San Francisco.



Lorsqu'il crée le Macintosh, c'est avant tout avec une ambition de changer le monde et son équipe est formée de rebelles souvent demeurés ancrés dans la culture hippie. Plus tard, l'iPod avec sa forme épurée et d'autres produits participent de cette ambition d'améliorer le monde en y injectant de la beauté, des lignes zen...

Jobs a eu un rapport compliqué avec l'école. Est-ce à cause de ce jeune garçon souvent incompris qu'Apple a toujours fait en sorte d'être pionnière dans l'éducation ?
 
C'est une cause qui lui tient à coeur, car il a très vite observé que les enfants "s'éveillaient" dès qu'un ordinateur était mis sur leur bureau. Leur créativité était soudain surmultipliée. Or, lui-même a effectivement beaucoup souffert à l'école d'avoir à subir des méthodes d'éducation rébarbatives. Donc, il s'est battu dès l'Apple 2 pour mettre des ordinateurs partout en Amérique - même s'il n'a finalement eu le soutien que de l'état de Californie. Cela fait partie des aspects qui rendent le personnage attachant - il veut que les enfants aient des ordinateurs, que cela puisse les aider à se former... D'ailleurs, Jobs est le plus souvent aiguillonné par des motifs liés à ses convictions personnelles - plutôt que par l'argent ou les bilans - et c'est ce qui le rend proche d'un grand nombre de gens.

Le retour de Steve Jobs chez Apple est une période particulièrement intéressante. Est-ce qu'il avait vraiment l'intention de revenir ? Était-ce vraiment un objectif pour lui ?

Un peu, mais sur la pointe des pieds. Apple allait mal et Jobs avait une vision de ce qu'il était nécessaire de faire. Son pote Larry Ellison, le patron d'Oracle, a monté le scénario une OPA sur Apple, mais Jobs a finalement reculé. Par la suite, la façon dont il a été rappelé est un renversement de situation total. En 1996, NeXT ne l'intéressait plus trop, il était totalement dévoué à Pixar suite au succès de Toy Story. C'est lorsqu'il a appris qu'Apple était à la recherche d'un système qu'il a aussitôt sauté sur l'occasion.



Apple était alors dans une situation catastrophique et envisageait aussi bien d'acheter son système chez Sun que chez Microsoft ou encore chez Be (Jean-Louis Gassée). La façon dont Jobs a retourné la situation est renversante. En fait, c'est un aspect que l'on retrouve souvent chez lui : une force de conviction gigantesque, mais qui peut demeurer à l'état latent des années durant lorsqu'elle n'est pas sollicitée.
 
On évoque souvent le côté visionnaire de Jobs, et certaines de ses déclarations sont parfois saisissantes ; "L’industrie de l’informatique est morte. L’innovation a pratiquement cessé. Microsoft domine et innove fort peu. C’est fini. Apple a perdu. Le marché de l’informatique de bureau est entré dans une ère sombre et celle-ci va durer une dizaine d’années, ou au moins jusqu’à la fin de la décennie. Microsoft va tôt ou tard se désagréger du fait de sa suffisance et peut-être que quelque chose de neuf émergera. Mais d’ici là, à moins d’une rupture technologique, la partie est finie." En retraçant sa vie, est-ce qu'il y a des déclarations comme celle-ci qui vous ont surpris ?
 
Ça, c'était en 1995-1996 alors qu'il était désabusé. Jobs avait créé NeXT avec un désir sous-jacent de revanche envers Apple et aussi celui d'en découdre avec Bill Gates. Il faut voir que Gates était alors devenu le "héros" du moment, il lui avait donc piqué la place qui était la sienne aux alentours de 1984.

Gates était devenu le héros en copiant le système du Mac et en le portant sur PC, et c'était alors un système de piètre niveau en comparaison de la finesse du premier Mac OS. Quant à Apple, il en avait été viré et a longtemps caressé le désir d'une revanche flamboyante. Seulement voilà, en 1995, NeXT a depuis belle lurette cessé sa production de machines et à cette époque, Jobs a beau draguer les constructeurs de PC, personne ne veut de son système. Il est donc normal que le journaliste de Wired qui l'a interviewé à ce moment-là ait recueilli des propos d'un type très désabusé...
 
Jobs a toujours donné l'impression de quelqu'un qui s'alimente du conflit. Pourtant en 2000, il déclare lors de l'annonce de l'alliance avec Microsoft : "Les relations destructives n’aident personne. Ces dernières semaines, nous avons envisagé divers rapprochements. Une entreprise est sortie du lot, avec laquelle nous n’avons pas toujours eu de bonnes relations. Pourtant, je pense qu’il existe un potentiel positif pour les deux entreprises". Le pensait-il vraiment ?

L'épisode Microsoft (en 1997) est quelque chose qu'il n'a pas forcément bien vécu. Des gens comme Wozniak pensent qu'il s'est alors fait rouler dans la farine. Plus que tout, Gates, qui est un fieffé tacticien, voulait utiliser la menace d'Office - retirer la gamme Office des Mac, ce qui aurait été préjudiciable à la présence d'Apple dans les entreprises - pour imposer son navigateur Internet Explorer sur les Mac. Bill Gates voulait alors dégommer Netscape et il y a réussi...



Jobs était tout juste revenu chez Apple et il n'était pas dans une position où il pouvait se passer d'Office. Il a donc fait profil bas, mais franchement cela ne lui ressemblait pas du tout. Il est sûr qu'il se nourrit du défi, allant jusqu'à insulter ses troupes s'il estime qu'elles ne sont pas à la hauteur de ses attentes. Je ne pense pas qu'il ait énormément changé là-dessus même si, c'est sûr, la perspective de devoir un jour quitter cette vie plus vite qu'il ne l'aurait pensé a provoqué un bouleversement dans sa façon de considérer l'existence.

Vous avez écrit dans le passé une biographie de Bill Gates. Sans doute les deux personnalités les plus marquantes de la Silicon Valley. Leur "rivalité" fait beaucoup fantasmer. Quelles sont finalement leurs relations, qu'est-ce qui les rapproche, les sépare… ?

Ce sont deux génies sans doute, mais leur approche est radicalement différente. Celle de Gates consiste à être à l'écoute de tout ce qui se dit, ce qui se fait et de happer les bonnes idées au passage. Cela peut paraître étrange, mais quand on le connaît, on découvre qu'il est d'une grande humilité. Son attitude à partir de là, c'est : faisons un produit, peu importe s'il n'est pas parfait et améliorons-le.

image : Joi Ito


Il a aussi l'approche "allons-y doucement, proposons un marchepied que tous peuvent emprunter". Durant 20 ans, cette méthode lui a réussi. Jobs a une façon d'être radicalement opposée, plus révolutionnaire, plus absolue, plus artiste, même s'il faut modérer ces 3 mots. Quand il fait développer le Macintosh, il ne lui vient pas une seule seconde l'idée que le monde pourrait ne pas l'adopter. C'est une révolution de civilisation et donc elle est vouée à s'imposer par sa grandeur, sa beauté. Or, le Mac sort et il n'a pas assez de mémoire, pas assez de logiciels et donc à cette époque, les entreprises le boudent. On pourrait croire qu'il a compris la leçon, mais avec NeXT il récidive...

Avec le temps, Jobs a adouci juste ce qu'il faut sa position, mais pas trop en fait. L'iMac, l'iPod, l'iPhone ont été des révolutions. Seulement cette fois, il a pris en compte le fait que ces produits ne doivent pas seulement être beaux, ils doivent répondre à des attentes. Aujourd'hui donc, il triomphe.

Bill Gates, pour sa part, a abandonné la partie - il s'occupe avant tout de philanthropie. Et Microsoft n'est plus une société qui a la cote, car le public est devenu demandeur de produits élégants et stylés comme les aime Jobs... Au fond, je pense qu'ils s'admirent mutuellement, mais que Jobs ne doit pas être mécontent d'avoir pris sa revanche. Vers 1992, Gates était en plein triomphe et Jobs, qui cherchait à placer NeXT était alors obligé de faire profil bas. Idem quand il a fait la paix avec Microsoft bon gré mal gré en 1997. Jobs savoure donc pleinement ce retournement de situation.
 
Comme vous le savez, une biographie officielle est en cours de préparation… Qu'est-ce que Jobs n'aimerait pas dans votre livre ?

Je pense qu'il n'aimera pas forcément certaines déclarations de Wozniak notamment celle où celui-ci déclare qu'il s'est fait rouler dans la farine par Jobs lorsque ce dernier était chez Atari. Pour résumer, Jobs s'était vanté de pouvoir développer le jeu Breakout (Casse-brique) souhaité par Bushnell, le fondateur d'Atari. Jobs lui a dit qu'il pouvait le faire, mais a délégué le travail à son pote Wozniak. Il a touché une super prime de Bushnell, mais n'en a rétrocédé qu'une toute petite partie à Woz, qui a eu du mal à le digérer lorsqu'il l'a appris. Pas sûr que ce genre d'anecdotes figure dans la bio officielle. D'autres témoignages pourraient ne pas être de son goût - je ne sais pas jusqu'où il souhaitera laisser s'exprimer ceux qui ont été proches dans sa 'bio' officielle.
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