Après un flux ininterrompu de rumeurs, Apple a enfin conçu un iPhone CDMA compatible avec le réseau de l'opérateur américain Verizon. Cet iPhone CDMA est avant tout un iPhone 4, mais un iPhone 4 avec quelques (subtiles) modifications.
Verizon et Apple sont en pourparlers depuis 2008, et testent depuis un peu plus d'un an des modèles d'iPhone équipés d'une puce CDMA. Tim Cook, le directeur général d'Apple a aujourd'hui présenté avec Lowell McAdam, le directeur général de Verizon, un iPhone 4 CDMA (et toujours pas blanc). Une présentation expédiée en 20 minutes qui n'a permis de connaître que le prix (199 $ pour le modèle 16 Go, 299 $ pour le modèle 32 Go, comme pour l'iPhone « normal ») et la disponibilité de ce nouveau modèle (3 février pour les clients actuels, 10 février pour les autres).
Les plus observateurs n'auront pas manqué de remarquer un très léger changement de design, avec l'apparition d'une nouvelle section d'antenne sur le haut de l'iPhone. Selon Tim Cook, il s'agit simplement d'une adaptation du système d'antenne de l'iPhone 4 aux conditions du réseau de Verizon. Cela signifie aussi que sur ce modèle, les boutons de volume sont décalés vers le bas, obligeant ainsi à s'équiper en housses et étuis spécifiques.
Mais pourquoi faire autant de bruit sur une annonce qui ne nous concerne finalement pas ?
L'opérateur le plus en vue aux États-Unis
Tout simplement parce que Verizon est le plus gros opérateur sur un des plus gros marchés d'Apple. L'opérateur compte en effet 93,2 millions d'abonnés, contre 92,8 millions pour son concurrent AT&T, 48,9 millions chez Sprint ou encore 33,8 millions chez T-Mobile. Le marché américain accueillerait environ 25 % des iPhone vendus.
L'histoire du domaine de la téléphonie aux États-Unis est faite de monopoles et de démantèlements : alors que les pays européens utilisent aujourd'hui les mêmes standards de télécommunications, chaque grand opérateur américain possède sa norme. Comme les Européens, AT&T utilise un réseau GSM et 3G (UMTS). Verizon, lui, utilise un réseau CDMA, techniquement incompatible avec la 3G : pour proposer un iPhone chez Verizon, Apple devait développer un téléphone spécifique (pour tout comprendre des différences entre 3G et CDMA, lire : Qu'est-ce qu'un iPhone CDMA ?).
Aux débuts de l'iPhone, Apple a fait le choix de signer des accords d'exclusivité avec des opérateurs nationaux, AT&T aux États unis, Orange en France. Si l'exclusivité française a volé en éclats sur le terrain judiciaire, Apple est restée liée à AT&T. Les deux sociétés ont signé pour cinq ans, ou plutôt trois ans pouvant être prolongés de deux : en théorie, la première tranche s'est achevée à l'été 2010. En échange de forfaits abordables pour l'iPad, Apple aurait concédé six mois de plus à AT&T : cette annonce de Verizon intervient donc extrêmement rapidement après la fin de l'exclusivité.
Débarrassée de ses freins, Apple peut donc désormais proposer un iPhone adapté au réseau de Verizon, avec lequel elle n'a d'ailleurs pas signé d'accord d'exclusivité. Le premier opérateur américain est connu pour miser très fortement sur des plateformes : 2009 a été l'année BlackBerry, 2010 l'année Android. Cette stratégie a permis à Android de connaître un véritable succès aux États-Unis, du moins jusqu'à l'arrivée de l'iPhone 4.
Le téléphone le plus en vue aux États-Unis
Après plusieurs mois de progression continue, la croissance des ventes de smartphones Android chez Verizon a connu un creux avant de reprendre moins fort, alors que les ventes d'iPhone chez AT&T explosaient.
L'iPhone a fait le plus grand bien à AT&T : le Credit Suisse estime que l'opérateur possède 18,4 millions d'abonnés avec un iPhone, dont 15,9 millions seraient encore sous contrat. C'est plus de deux fois le nombre d'abonnés avec un smartphone Android chez Verizon. AT&T a anticipé l'arrivée de l'iPhone chez Verizon en proposant depuis cet été à tous les clients iPhone dont le contrat arrive à échéance en 2010 d'obtenir le modèle le plus récent… sous réserve d'un réengagement de deux ans.
Malgré tout, Brian Marshall, analyste de Gleacher & Co., pense que AT&T « va être démoli », alors que Todd Rethemeier de Hudson Square explique que « cela fait trois ans que les clients de Verizon envient l'iPhone. Ils vont l'avoir aussitôt qu'ils le pourront ». Ralph de la Vega, le PDG d'AT&T, reste néanmoins confiant dans la capacité de l'opérateur à surmonter ce coup dur : « nous sommes prêts pour cela », déclare-t-il au Wall Street Journal, « la viabilité à court ou long terme d'AT&T sera bonne que nous ayons ou non cette exclusivité. Nous sommes bien plus solides que cela. »
Le Credit Suisse parie sur une défection de 1,3 million d'abonnés AT&T au profit de Verizon, qui pourrait signer 9,6 millions de clients iPhone d'ici 2012. John Hodulik, analyste chez USB, vise encore plus haut : il voit Verizon capter 13 millions d'abonnés grâce à l'iPhone cette année. Cette demande proviendrait donc d'abord et avant tout de personnes déjà abonnées chez Verizon.
Plus que l'opérateur, Apple devrait donc être le grand gagnant : 13 millions d'iPhone vendus par an en plus, c'est 5,2 milliards de dollars en plus. Alors que la gamme de smartphones de Verizon est assez réduite, l'arrivée de l'iPhone dans son catalogue viendrait faire une concurrence interne terrible à la gamme Android : Apple devrait donc faire d'une pierre deux coups.
Et même peut-être trois coups : Verizon n'est pas le seul opérateur dans le monde à utiliser la CDMA, bien au contraire. Cette norme réseau est assez populaire en Amérique Latine, mais aussi, et surtout en Asie, autant de marchés qu'Apple ne devrait pas laisser de côté trop longtemps. Une grande partie des réseaux CDMA ne permet pas d'utiliser la DATA en même temps que la voix, à la manière de l'EDGE, et c'est le cas du réseau Verizon, qui résout le problème en passant à la 4G.
Verizon a commencé le déploiement de son réseau 4G LTE, norme qu'utiliseront aussi AT&T et de nombreux opérateurs à travers le monde, dont les principaux opérateurs américains. De la même manière qu'Apple avait sorti un iPhone EDGE alors que le réseau 3G américain était en voie d'achèvement, la firme de Cupertino a choisi de ne pas encore supporter la 4G LTE, et d'affronter les problèmes de la CDMA, alors qu'elle a basé toute une partie de sa communication sur l'usage simultané des données et de la voix.
Selon Tim Cook, l'intégration d'un chipset LTE aurait nécessité des changements en profondeur de l'architecture interne de l'iPhone, alors qu'Apple a privilégié une approche rapide et osons le mot, facile. Reste à savoir si la prochaine génération d'iPhone intègrera une puce hybride compatible GSM, 3G, CDMA et pourquoi pas 4G LTE. Et s'il sera disponible en blanc, par la même occasion.
Verizon et Apple sont en pourparlers depuis 2008, et testent depuis un peu plus d'un an des modèles d'iPhone équipés d'une puce CDMA. Tim Cook, le directeur général d'Apple a aujourd'hui présenté avec Lowell McAdam, le directeur général de Verizon, un iPhone 4 CDMA (et toujours pas blanc). Une présentation expédiée en 20 minutes qui n'a permis de connaître que le prix (199 $ pour le modèle 16 Go, 299 $ pour le modèle 32 Go, comme pour l'iPhone « normal ») et la disponibilité de ce nouveau modèle (3 février pour les clients actuels, 10 février pour les autres).
Les plus observateurs n'auront pas manqué de remarquer un très léger changement de design, avec l'apparition d'une nouvelle section d'antenne sur le haut de l'iPhone. Selon Tim Cook, il s'agit simplement d'une adaptation du système d'antenne de l'iPhone 4 aux conditions du réseau de Verizon. Cela signifie aussi que sur ce modèle, les boutons de volume sont décalés vers le bas, obligeant ainsi à s'équiper en housses et étuis spécifiques.
Mais pourquoi faire autant de bruit sur une annonce qui ne nous concerne finalement pas ?
L'opérateur le plus en vue aux États-Unis
Tout simplement parce que Verizon est le plus gros opérateur sur un des plus gros marchés d'Apple. L'opérateur compte en effet 93,2 millions d'abonnés, contre 92,8 millions pour son concurrent AT&T, 48,9 millions chez Sprint ou encore 33,8 millions chez T-Mobile. Le marché américain accueillerait environ 25 % des iPhone vendus.
L'histoire du domaine de la téléphonie aux États-Unis est faite de monopoles et de démantèlements : alors que les pays européens utilisent aujourd'hui les mêmes standards de télécommunications, chaque grand opérateur américain possède sa norme. Comme les Européens, AT&T utilise un réseau GSM et 3G (UMTS). Verizon, lui, utilise un réseau CDMA, techniquement incompatible avec la 3G : pour proposer un iPhone chez Verizon, Apple devait développer un téléphone spécifique (pour tout comprendre des différences entre 3G et CDMA, lire : Qu'est-ce qu'un iPhone CDMA ?).
Aux débuts de l'iPhone, Apple a fait le choix de signer des accords d'exclusivité avec des opérateurs nationaux, AT&T aux États unis, Orange en France. Si l'exclusivité française a volé en éclats sur le terrain judiciaire, Apple est restée liée à AT&T. Les deux sociétés ont signé pour cinq ans, ou plutôt trois ans pouvant être prolongés de deux : en théorie, la première tranche s'est achevée à l'été 2010. En échange de forfaits abordables pour l'iPad, Apple aurait concédé six mois de plus à AT&T : cette annonce de Verizon intervient donc extrêmement rapidement après la fin de l'exclusivité.
Débarrassée de ses freins, Apple peut donc désormais proposer un iPhone adapté au réseau de Verizon, avec lequel elle n'a d'ailleurs pas signé d'accord d'exclusivité. Le premier opérateur américain est connu pour miser très fortement sur des plateformes : 2009 a été l'année BlackBerry, 2010 l'année Android. Cette stratégie a permis à Android de connaître un véritable succès aux États-Unis, du moins jusqu'à l'arrivée de l'iPhone 4.
Le téléphone le plus en vue aux États-Unis
Après plusieurs mois de progression continue, la croissance des ventes de smartphones Android chez Verizon a connu un creux avant de reprendre moins fort, alors que les ventes d'iPhone chez AT&T explosaient.
L'iPhone a fait le plus grand bien à AT&T : le Credit Suisse estime que l'opérateur possède 18,4 millions d'abonnés avec un iPhone, dont 15,9 millions seraient encore sous contrat. C'est plus de deux fois le nombre d'abonnés avec un smartphone Android chez Verizon. AT&T a anticipé l'arrivée de l'iPhone chez Verizon en proposant depuis cet été à tous les clients iPhone dont le contrat arrive à échéance en 2010 d'obtenir le modèle le plus récent… sous réserve d'un réengagement de deux ans.
Malgré tout, Brian Marshall, analyste de Gleacher & Co., pense que AT&T « va être démoli », alors que Todd Rethemeier de Hudson Square explique que « cela fait trois ans que les clients de Verizon envient l'iPhone. Ils vont l'avoir aussitôt qu'ils le pourront ». Ralph de la Vega, le PDG d'AT&T, reste néanmoins confiant dans la capacité de l'opérateur à surmonter ce coup dur : « nous sommes prêts pour cela », déclare-t-il au Wall Street Journal, « la viabilité à court ou long terme d'AT&T sera bonne que nous ayons ou non cette exclusivité. Nous sommes bien plus solides que cela. »
Le Credit Suisse parie sur une défection de 1,3 million d'abonnés AT&T au profit de Verizon, qui pourrait signer 9,6 millions de clients iPhone d'ici 2012. John Hodulik, analyste chez USB, vise encore plus haut : il voit Verizon capter 13 millions d'abonnés grâce à l'iPhone cette année. Cette demande proviendrait donc d'abord et avant tout de personnes déjà abonnées chez Verizon.
Plus que l'opérateur, Apple devrait donc être le grand gagnant : 13 millions d'iPhone vendus par an en plus, c'est 5,2 milliards de dollars en plus. Alors que la gamme de smartphones de Verizon est assez réduite, l'arrivée de l'iPhone dans son catalogue viendrait faire une concurrence interne terrible à la gamme Android : Apple devrait donc faire d'une pierre deux coups.
Et même peut-être trois coups : Verizon n'est pas le seul opérateur dans le monde à utiliser la CDMA, bien au contraire. Cette norme réseau est assez populaire en Amérique Latine, mais aussi, et surtout en Asie, autant de marchés qu'Apple ne devrait pas laisser de côté trop longtemps. Une grande partie des réseaux CDMA ne permet pas d'utiliser la DATA en même temps que la voix, à la manière de l'EDGE, et c'est le cas du réseau Verizon, qui résout le problème en passant à la 4G.
© Verizon
Verizon a commencé le déploiement de son réseau 4G LTE, norme qu'utiliseront aussi AT&T et de nombreux opérateurs à travers le monde, dont les principaux opérateurs américains. De la même manière qu'Apple avait sorti un iPhone EDGE alors que le réseau 3G américain était en voie d'achèvement, la firme de Cupertino a choisi de ne pas encore supporter la 4G LTE, et d'affronter les problèmes de la CDMA, alors qu'elle a basé toute une partie de sa communication sur l'usage simultané des données et de la voix.
Selon Tim Cook, l'intégration d'un chipset LTE aurait nécessité des changements en profondeur de l'architecture interne de l'iPhone, alors qu'Apple a privilégié une approche rapide et osons le mot, facile. Reste à savoir si la prochaine génération d'iPhone intègrera une puce hybride compatible GSM, 3G, CDMA et pourquoi pas 4G LTE. Et s'il sera disponible en blanc, par la même occasion.