En octobre dernier c'est un poids lourd du logiciel qui revenait sur Mac, AutoCAD, le logiciel pour architectes, designers produits ou ingénieurs de diverses disciplines. Il était accompagné d'une application pour iPad (lire AutoCAD WS travaille sans connexion).
Autodesk, son éditeur, vendait déjà sur Mac des applications comme Maya et, sur iOS, l'utilitaire SketchBook Pro (2,39€) a été téléchargé à plus de deux millions d'exemplaires.
Le site anglophone Architosh a conduit une longue interview avec Rob Maguire, le chef produit d'AutoCAD pour Mac, afin de remonter à la source de ce retour sur Mac et des raisons qui l'ont motivé. Y est expliquée aussi la méthode utilisée pour mettre au point cette adaptation et travailler au plus près avec les bêta testeurs.
La décision a été prise d'étudier la possibilité de revenir sur Mac il y a quelques années (2007, ndr) explique Rob Maguire “Nous avons commencé, lentement, avec un groupe de 60 clients dont on savait qu'ils étaient utilisateurs de Mac”, un échantillon de testeurs qui a grossi jusqu'à atteindre 5000 bêta testeurs (avec un secret relativement bien gardé, ndr).
Bêta test en conditions de production
On voit souvent au lancement de nouveaux produits des films promotionnels montrant des utilisateurs de la première heure qui expliquent avoir intégré le logiciel ou le matériel en question dans leur flux de production quotidien. Ce qui peut surprendre, surtout s'agissant d'applications complexes comme AutoCAD où, nécessairement, bugs, instabilités et lacunes doivent se multiplier.
Ce type de bêta test est justement réalisé avec un filet de sécurité. Autodesk avait inscrit 26 clients à un programme spécial. lls devaient utiliser la version Mac du logiciel dans un cadre de production et chaque bêta testeur avait à sa disposition un employé d'Autodesk assigné à demeure dans l'entreprise. Ce binôme devait appeler Autodesk toutes les semaines, et pendant une bonne heure, rendre compte des problèmes rencontrés.
Au fil de ce programme, Autodesk a relevé chez certains clients un intérêt tout particulier pour la plateforme Mac et l'idée de s'y déployer. Certains ont donc acheté un équipement spécialement pour l'occasion.
Sur l'intérêt économique de revenir sur Mac, Maguire avance deux arguments. En premier lieu la croissance des ventes de Mac que l'on observe régulièrement depuis quelques années, ensuite des études de marché “Des analyses très sérieuses indiquent que le marché de la CAO sur Mac peut dépasser les 100 millions de dollars par an”.
L'OS guide les choix
Autodesk a également observé qu'aujourd'hui les gens font d'abord le choix d'un système d'exploitation et ensuite seulement d'une application. Ses anciens clients sur Mac étaient donc allés vers Vectorworks, ArchiCAD, Rhino ou encore NX. L'éditeur a aussi noté une part croissante d'utilisateurs Mac sur les marchés de la conception produit ou du design industriel.
Des développeurs de modules de tierces parties furent mis dans la boucle, sous le sceau de la confidentialité, à partir de septembre dernier. Il s'agissait d'une toute petite poignée, de l'ordre d'une dizaine de partenaires, sur laquelle la moitié s'est mise au travail. C'est (très) peu, mais le produit Mac est jeune “Il doit d'abord trouver sa place et s'installer, ensuite on verra davantage d'applications arriver” estime Maguire. Pour accélérer le mouvement, l'éditeur entend pousser ces développeurs à adapter leurs logiciels pour AutoCAD au Mac au travers d'ateliers (des opérations conduites avec Apple).
Différences de cultures entre le Mac et le PC
Sur la conception de cette version Mac, Autodesk s'est attaché à réaliser une interface tirant parti des spécificités de la plateforme sans renier l'esprit de l'application. Des choix ont été faits pour distinguer les deux versions Mac et PC “Sur Windows vous pouvez personnaliser à peu près toute l'interface et certains de nos clients ne s'en privent vraiment pas. Mais ce genre de chose semble beaucoup moins intéresser les utilisateurs Mac. On leur a donc donné nettement moins d'options sur l'interface. Ils ont par exemple deux tonalités de couleurs alors que sur Windows le choix est illimité”.
Le format, souvent plus panoramique, des écrans branchés sur les Mac a dicté la décision de ne pas utiliser un ruban d'icônes. Les palettes d'info et d'inspecteur sont donc placées verticalement, de telle manière qu'elles laissent libre champ au travail sur un format d'affichage privilégiant la largeur. Exemple fut pris sur les applications d'Adobe ou Aperture qui fonctionnent de cette manière. Sur le même sujet, on renverra vers Microsoft qui a eu une approche inverse avec Office 2011 et qui s'en est expliqué (lire Office 2011 : de l'intérêt d'un ruban horizontal).
Ces spécificités ne vont pas jusqu'à avoir deux fondations différentes pour le code, l'idée est au contraire de maintenir autant que possible un socle commun. Maguire explique également qu'AutoCAD Mac utilise le même kernel que d'autres applications maison telle que 3D Studio Max. Il ne parle pas d'une éventualité de son portage, mais, sur le papier, c'est au moins un obstacle qui n'existe plus.
AutoCAD Mac utilise Mental Ray comme moteur de rendu 3D, tout comme 3D Studio Max. Des emprunts techniques ont été aussi réalisés dans Maya (pour la modélisation par subdivision de surface) ou Alias Studio 2011. Alias et son portefeuille de logiciels ayant été rachetés auparavant par Autodesk.
Autre point de différentiation entre Mac et PC, Autodesk va proposer aux premiers “considérablement plus de contenus vidéo de formation". Car il a été observé que les utilisateurs de Mac se prenaient davantage en main que leurs pairs sur PC.
Enfin, Autodesk n'a pas donné de date pour une francisation de cette application, ni d'ailleurs laissé entendre qu'elle était prévue.
Sur le même sujet :
- AutoCAD est disponible en version française
- AutoCAD pour Mac est disponible en démo
Autodesk, son éditeur, vendait déjà sur Mac des applications comme Maya et, sur iOS, l'utilitaire SketchBook Pro (2,39€) a été téléchargé à plus de deux millions d'exemplaires.
Le site anglophone Architosh a conduit une longue interview avec Rob Maguire, le chef produit d'AutoCAD pour Mac, afin de remonter à la source de ce retour sur Mac et des raisons qui l'ont motivé. Y est expliquée aussi la méthode utilisée pour mettre au point cette adaptation et travailler au plus près avec les bêta testeurs.
La décision a été prise d'étudier la possibilité de revenir sur Mac il y a quelques années (2007, ndr) explique Rob Maguire “Nous avons commencé, lentement, avec un groupe de 60 clients dont on savait qu'ils étaient utilisateurs de Mac”, un échantillon de testeurs qui a grossi jusqu'à atteindre 5000 bêta testeurs (avec un secret relativement bien gardé, ndr).
Bêta test en conditions de production
On voit souvent au lancement de nouveaux produits des films promotionnels montrant des utilisateurs de la première heure qui expliquent avoir intégré le logiciel ou le matériel en question dans leur flux de production quotidien. Ce qui peut surprendre, surtout s'agissant d'applications complexes comme AutoCAD où, nécessairement, bugs, instabilités et lacunes doivent se multiplier.
Ce type de bêta test est justement réalisé avec un filet de sécurité. Autodesk avait inscrit 26 clients à un programme spécial. lls devaient utiliser la version Mac du logiciel dans un cadre de production et chaque bêta testeur avait à sa disposition un employé d'Autodesk assigné à demeure dans l'entreprise. Ce binôme devait appeler Autodesk toutes les semaines, et pendant une bonne heure, rendre compte des problèmes rencontrés.
Au fil de ce programme, Autodesk a relevé chez certains clients un intérêt tout particulier pour la plateforme Mac et l'idée de s'y déployer. Certains ont donc acheté un équipement spécialement pour l'occasion.
Sur l'intérêt économique de revenir sur Mac, Maguire avance deux arguments. En premier lieu la croissance des ventes de Mac que l'on observe régulièrement depuis quelques années, ensuite des études de marché “Des analyses très sérieuses indiquent que le marché de la CAO sur Mac peut dépasser les 100 millions de dollars par an”.
L'OS guide les choix
Autodesk a également observé qu'aujourd'hui les gens font d'abord le choix d'un système d'exploitation et ensuite seulement d'une application. Ses anciens clients sur Mac étaient donc allés vers Vectorworks, ArchiCAD, Rhino ou encore NX. L'éditeur a aussi noté une part croissante d'utilisateurs Mac sur les marchés de la conception produit ou du design industriel.
Des développeurs de modules de tierces parties furent mis dans la boucle, sous le sceau de la confidentialité, à partir de septembre dernier. Il s'agissait d'une toute petite poignée, de l'ordre d'une dizaine de partenaires, sur laquelle la moitié s'est mise au travail. C'est (très) peu, mais le produit Mac est jeune “Il doit d'abord trouver sa place et s'installer, ensuite on verra davantage d'applications arriver” estime Maguire. Pour accélérer le mouvement, l'éditeur entend pousser ces développeurs à adapter leurs logiciels pour AutoCAD au Mac au travers d'ateliers (des opérations conduites avec Apple).
Différences de cultures entre le Mac et le PC
Sur la conception de cette version Mac, Autodesk s'est attaché à réaliser une interface tirant parti des spécificités de la plateforme sans renier l'esprit de l'application. Des choix ont été faits pour distinguer les deux versions Mac et PC “Sur Windows vous pouvez personnaliser à peu près toute l'interface et certains de nos clients ne s'en privent vraiment pas. Mais ce genre de chose semble beaucoup moins intéresser les utilisateurs Mac. On leur a donc donné nettement moins d'options sur l'interface. Ils ont par exemple deux tonalités de couleurs alors que sur Windows le choix est illimité”.
Le format, souvent plus panoramique, des écrans branchés sur les Mac a dicté la décision de ne pas utiliser un ruban d'icônes. Les palettes d'info et d'inspecteur sont donc placées verticalement, de telle manière qu'elles laissent libre champ au travail sur un format d'affichage privilégiant la largeur. Exemple fut pris sur les applications d'Adobe ou Aperture qui fonctionnent de cette manière. Sur le même sujet, on renverra vers Microsoft qui a eu une approche inverse avec Office 2011 et qui s'en est expliqué (lire Office 2011 : de l'intérêt d'un ruban horizontal).
Ces spécificités ne vont pas jusqu'à avoir deux fondations différentes pour le code, l'idée est au contraire de maintenir autant que possible un socle commun. Maguire explique également qu'AutoCAD Mac utilise le même kernel que d'autres applications maison telle que 3D Studio Max. Il ne parle pas d'une éventualité de son portage, mais, sur le papier, c'est au moins un obstacle qui n'existe plus.
AutoCAD Mac utilise Mental Ray comme moteur de rendu 3D, tout comme 3D Studio Max. Des emprunts techniques ont été aussi réalisés dans Maya (pour la modélisation par subdivision de surface) ou Alias Studio 2011. Alias et son portefeuille de logiciels ayant été rachetés auparavant par Autodesk.
Autre point de différentiation entre Mac et PC, Autodesk va proposer aux premiers “considérablement plus de contenus vidéo de formation". Car il a été observé que les utilisateurs de Mac se prenaient davantage en main que leurs pairs sur PC.
Enfin, Autodesk n'a pas donné de date pour une francisation de cette application, ni d'ailleurs laissé entendre qu'elle était prévue.
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