Google a présenté hier le Nexus S, prototype de ce que doit être un téléphone sous Android 2.3, de la même manière que le Nexus One était le téléphone par excellence sous Android 2.1. Nexus S et Nexus One n'ont pourtant rien à voir, comme le rappelle Andy Rubin, vice-président responsable de l'ingénierie et d'Android chez Google, qui s'exprimait lors de la conférence D:Dive Into Mobile.
Capitaliser sur le succès d'Android
En 2005, Google faisait l'acquisition d'Android, Inc., petite startup de huit personnes comptant parmi ses fondateurs Andy Rubin, ancien d'Apple et de Danger. Pour 50 millions de dollars, la firme de Moutain View s'offrait un OS open-source ressemblant vaguement à BlackBerry OS (lire aussi Une Histoire de smartphones : Google).
Android enfant et Android aujourd'hui
Rubin, parachuté vice-président de Google responsable du projet Android, s'attacha à transformer Android en cheval de Troie pour les services de Google, au premier rang desquels on trouve la publicité. Et accessoirement à le rhabiller, en le transformant en un OS adapté au tactile et apte à lutter contre l'iPhone, qui a imposé sa marque sur l'année 2007.
C'est peu de dire que c'est un succès : deux ans après la sortie du HTC G1, premier téléphone disponible sous Android, ce sont 172 modèles différents qui utilisent l'OS de Google. Si la croissance d'Android semble avoir atteint un palier après une croissance continue et extrêmement soutenue, ce sont toujours 1,5 million de téléphones sous Android qui sont activés chaque semaine (au dernier trimestre, Apple a activé en moyenne 1,2 million d'iPhone par semaine).
Succès commercial, Android est aussi (et peut-être avant tout) un succès financier pour Google, qui y place ses produits et donc sa publicité. Google génère désormais 1 milliard de dollars de chiffre d'affaires par an dans le mobile, Android étant la plateforme ayant la plus forte croissance dans ces résultats. L'OS mobile de Google est certes gratuit et disponible dans une version open-source, mais est stratégique pour la firme de Moutain View : chaque mobile qui en est équipé est un écran sur lequel afficher de la publicité Google. « Nous générons de l'argent avec la publicité affichée via Android » et « Android est rentable » : tout est dit.
Nexus S : une redéfinition de la place d'Android ?
Eric Schmidt avait juré que le Nexus One resterait une expérience isolée, avant de se dédire pour ne finir que par dire qu'il n'y aurait « pas de Nexus 2 ». Pas de 2 certes, mais un S, conçu non plus avec HTC, mais Samsung (lire : Google commercialise le Nexus S avec Gingerbread). En persistant sur cette voie, Google redéfinit légèrement Android, ce que confirme le discours d'Andy Rubin.
En effet, le patron d'Android se fait le chantre de la « différenciation », un autre moyen de ne pas dire « fragmentation » — le diable réside dans les détails, même dans les détails de vocabulaire. Il rappelle que l'ouverture d'Android réside dans la possibilité qu'ont les partenaires de Google, dans le cadre de l'Open Handset Alliance, de personnaliser le système, y ajouter des composants, et fabriquer une variété de téléphones.
Cette ouverture réside aussi dans le fait que même des sociétés qui ne sont pas partenaires de Google peuvent utiliser Android, certes avec des restrictions : Archos n'a pas accès à l'Android Market, et doit développer son AppLib.
Rubin insiste pourtant sur le fait que Google n'est pas « le Microsoft des smartphones », une analogie qui est souvent utilisée. Il explique ainsi que Microsoft développe Windows comme un produit générique auquel doivent s'adapter les fabricants, alors qu'Apple utilise une approche verticale où logiciel et matériel sont conçus main dans la main et l'un en fonction de l'autre.
Il fait des Nexus une véritable plateforme en plaçant Google aux côtés d'Apple : à chaque version majeure d'Android, la firme de Moutain View convoque un fabricant et planche avec lui sur un smartphone conçu autour de quelques idées générales devant dessiner les contours de la prochaine itération de l'OS. Le G1 était un premier brouillon, le Nexus One imposait une certaine qualité, le Nexus S dessine les contours du futur d'Android.
Si l'on suit le raisonnement, les Nexus ne concurrencent pas les smartphones Android des différents fabricants, mais en sont au contraire à l'origine : Google a des idées, les met en pratique dans un téléphone, construit Android autour — cela donne le Nexus S et Gingerbread (Android 2.3). L'OS est ensuite rendu open-source, charge aux partenaires d'en faire ce qu'ils veulent — cela offre à Google une masse critique pour loger ses applications, et surtout ses précieuses publicités.
Concurrents : une pluie de roses
Cette clarification en creux de la position d'Android permet aussi de replacer Google dans le marché, face à ses concurrents.
Rubin qui comparait un temps Apple à la Corée du Nord ne manque aujourd'hui pas de compliments à l'égard de la firme de Cupertino, qui met l'accent sur la « satisfaction utilisateur » avec des interfaces « abouties et cohérentes ». Mais on retiendra tout particulièrement cette phrase qui détonne dans la bouche d'Andy Rubin : « [Apple] est plutôt ouverte » — l'immense majorité des développeurs n'a aucun mal à faire approuver ses applications dans l'App Store.
Il est cependant un peu plus ambivalent sur la question des services : à l'idée d'un data-center Apple et d'iAd, il répond qu'Apple « est une société qui apprend de ses erreurs ». Pas sûr que ce soit un compliment…
Il place Android et iOS au-dessus de la mêlée dans le monde des smartphones parce qu'ils ont été conçus de zéro avec le smartphone moderne en tête. Ainsi, Windows Phone 7 utilise « du code hérité des premières versions de Windows Mobile ». Il considère néanmoins que le nouvel OS mobile de Microsoft est « un pari risqué. […] C'est une bonne première copie. Il est différent et a une apparence unique, il est abouti. Mais je ne peux être juge de son succès ». Il ne peut cependant s'empêcher de relever que Microsoft, avec son cahier des charges strict, empêche la fameuse « différenciation », au risque que tous les téléphones se ressemblent.
S'il passe rapidement sur Nokia que plus personne ne semble voir comme un leader du marché, il s'étend plus longuement sur RIM : « RIM a fait les bonnes choses » selon lui en s'offrant les services de QNX, en faisait l'acquisition de TAT (qui a conçu des éléments de l'interface originale d'Android) et en licenciant des technologies de Dataviz pour « concevoir un OS plus moderne ».
2011, l'année de la NFC…
Mais plus que la concurrence, Android doit se dépasser lui-même, et ce Nexus S offre une bonne indication de la direction que prend Google pour 2011 sur le marché du smartphone.
Gingerbread ajoute de nombreuses fonctions pour le jeu, aujourd'hui devenu primordial pour le succès d'une plateforme mobile. Les développeurs ont donc le droit à un ramasse-miettes optimisé, une meilleure détection des entrées, ainsi qu'un accès direct à des fonctions matérielles (capteurs, dont le nouveau gyromètre, audio) et logicielles (OpenGL ES…). On a même croisé des ressources graphiques qui fleurent bon la console NES.
Le Nexus S a une caméra en façade : Google a communiqué autour de l'intégration de la VoIP et de SIP, mais pas d'un éventuel concurrent de FaceTime, un FaceGoog ou un GoogleTime comme le dit Kara Swisher. « Si les clients le veulent, nous l'ajouterons », concède Rubin : trop tard, il a déjà vendu la mèche en indiquant que Google Chat supportait déjà les conversations vidéo, et en laissant échapper que celles-ci seraient de toute manière supportées par Honeycomb, la prochaine itération d'Android.
Mais 2011 devrait être l'année de la NFC. Apple s'est dotée cette dernière année d'un imposant portefeuille de brevets dans le domaine (lire : Une puce NFC pour l'iPhone 5), alors que RIM voit bien ses BlackBerry devenir des cartes bleues évoluées. On a comme l'impression que la NFC n'a été intégrée dans le Nexus S que pour permettre à Google de tirer en premier : les applications sont encore peu nombreuses en Amérique du Nord et en Europe occidentale, et Samsung n'a même pas eu le temps d'utiliser sa propre puce NFC, se rabattant sur celle de NXP.
La NFC est néanmoins un champ prometteur, et dans la problématique classique de l'œuf ou de la poule, on pourrait se dire que maintenant que les téléphones compatibles sont là, le reste suivra. On connaît déjà quelques applications de communication en champ proche : les cartes de transport en commun sans contact sont des cartes NFC. En étendant ce principe, on peut imaginer utiliser son téléphone comme carte de transport, carte de paiement ou carte d'identification (bibliothèque…) sans contact : c'est le mode émulation de carte.
On peut aussi utiliser le mode lecteur : dans ce cas, qui est celui présenté par Google faute de mieux, le smartphone lit une étiquette, un tag passif, et en prélève des données. On peut ainsi imaginer passer son téléphone près d'une borne d'abri bus pour « prélever » le plan et les horaires, le passer près d'une affiche de concert pour aller sur le site de l'artiste et réserver des places… ou scanner une vitrine pour récupérer des coupons de réduction, domaine qui intéresse beaucoup Google.
Apple travaille plutôt sur le troisième champ, le mode peer-to-peer, qui permet à l'appareil d'échanger des données avec un autre, soit que l'on échange des données d'iPhone à iPhone (contacts, photos…), soit que l'iPhone serve de clef (on le passe près d'une borne AirPort pour relever le mot de passe, et on le passe près du Mac pour le déposer). Il faut se préparer à beaucoup en entendre parler l'an prochain.
…et de l'explosion des tablettes
Mais on parlera aussi beaucoup de tablettes en 2011. Il existe déjà des modèles sous Android, mais l'OS de Google n'est pas prévu pour cet usage, et on ne peut dépasser les 7" de diagonale sans sortir du cadre prévu par l'Open Handset Alliance. Honeycomb, la version qui suivra Gingerbread, sera la première version d'Android conçue pour les tablettes, et apportera une révision globale de l'interface de l'OS (lire Le responsable de l'interface webOS quitte Palm… pour Google).
Andy Rubin avait apporté un prototype de tablette Motorola, confirmant ainsi les rumeurs que Google a travaillé avec le fabricant pour concevoir ce qui devrait être le Nexus des tablettes. Au détour de sa courte démonstration, on peut glaner quelques informations sur les applications, qui seront universelles et adapteront automatiquement leur affichage selon qu'elles soient sur mobile ou smartphone.
Google a conçu un nouveau système d'API, les fragments qui permettent de réaliser ces applications universelles à l'aide de vues. Dans Gmail sur tablette par exemple, la barre latérale (liste des courriels) sera une vue, et l'affichage du courriel sera une autre vue. La même application s'affichera sur smartphone sous la forme d'une liste, qui affichera le contenu du courriel lorsqu'on cliquera dessus. Le système est donc légèrement différent de celui de l'iPad, pour un résultat assez similaire.
Relations avec les fabricants, amélioration progressive de l'interface d'Android, accumulation des fonctions matérielles, adaptation aux tablettes, voilà le programme pour une année 2011 qui s'annonce chargée pour Android, et qu'il faudra suivre du coin de l'œil tant Google semble avoir de l'ambition. On se demande quelle sera la réponse d'Apple…
Capitaliser sur le succès d'Android
En 2005, Google faisait l'acquisition d'Android, Inc., petite startup de huit personnes comptant parmi ses fondateurs Andy Rubin, ancien d'Apple et de Danger. Pour 50 millions de dollars, la firme de Moutain View s'offrait un OS open-source ressemblant vaguement à BlackBerry OS (lire aussi Une Histoire de smartphones : Google).
Android enfant et Android aujourd'hui
Rubin, parachuté vice-président de Google responsable du projet Android, s'attacha à transformer Android en cheval de Troie pour les services de Google, au premier rang desquels on trouve la publicité. Et accessoirement à le rhabiller, en le transformant en un OS adapté au tactile et apte à lutter contre l'iPhone, qui a imposé sa marque sur l'année 2007.
C'est peu de dire que c'est un succès : deux ans après la sortie du HTC G1, premier téléphone disponible sous Android, ce sont 172 modèles différents qui utilisent l'OS de Google. Si la croissance d'Android semble avoir atteint un palier après une croissance continue et extrêmement soutenue, ce sont toujours 1,5 million de téléphones sous Android qui sont activés chaque semaine (au dernier trimestre, Apple a activé en moyenne 1,2 million d'iPhone par semaine).
Succès commercial, Android est aussi (et peut-être avant tout) un succès financier pour Google, qui y place ses produits et donc sa publicité. Google génère désormais 1 milliard de dollars de chiffre d'affaires par an dans le mobile, Android étant la plateforme ayant la plus forte croissance dans ces résultats. L'OS mobile de Google est certes gratuit et disponible dans une version open-source, mais est stratégique pour la firme de Moutain View : chaque mobile qui en est équipé est un écran sur lequel afficher de la publicité Google. « Nous générons de l'argent avec la publicité affichée via Android » et « Android est rentable » : tout est dit.
Nexus S : une redéfinition de la place d'Android ?
Eric Schmidt avait juré que le Nexus One resterait une expérience isolée, avant de se dédire pour ne finir que par dire qu'il n'y aurait « pas de Nexus 2 ». Pas de 2 certes, mais un S, conçu non plus avec HTC, mais Samsung (lire : Google commercialise le Nexus S avec Gingerbread). En persistant sur cette voie, Google redéfinit légèrement Android, ce que confirme le discours d'Andy Rubin.
En effet, le patron d'Android se fait le chantre de la « différenciation », un autre moyen de ne pas dire « fragmentation » — le diable réside dans les détails, même dans les détails de vocabulaire. Il rappelle que l'ouverture d'Android réside dans la possibilité qu'ont les partenaires de Google, dans le cadre de l'Open Handset Alliance, de personnaliser le système, y ajouter des composants, et fabriquer une variété de téléphones.
Cette ouverture réside aussi dans le fait que même des sociétés qui ne sont pas partenaires de Google peuvent utiliser Android, certes avec des restrictions : Archos n'a pas accès à l'Android Market, et doit développer son AppLib.
Différenciation ou fragmentation des usages ?
Rubin insiste pourtant sur le fait que Google n'est pas « le Microsoft des smartphones », une analogie qui est souvent utilisée. Il explique ainsi que Microsoft développe Windows comme un produit générique auquel doivent s'adapter les fabricants, alors qu'Apple utilise une approche verticale où logiciel et matériel sont conçus main dans la main et l'un en fonction de l'autre.
Il fait des Nexus une véritable plateforme en plaçant Google aux côtés d'Apple : à chaque version majeure d'Android, la firme de Moutain View convoque un fabricant et planche avec lui sur un smartphone conçu autour de quelques idées générales devant dessiner les contours de la prochaine itération de l'OS. Le G1 était un premier brouillon, le Nexus One imposait une certaine qualité, le Nexus S dessine les contours du futur d'Android.
Si l'on suit le raisonnement, les Nexus ne concurrencent pas les smartphones Android des différents fabricants, mais en sont au contraire à l'origine : Google a des idées, les met en pratique dans un téléphone, construit Android autour — cela donne le Nexus S et Gingerbread (Android 2.3). L'OS est ensuite rendu open-source, charge aux partenaires d'en faire ce qu'ils veulent — cela offre à Google une masse critique pour loger ses applications, et surtout ses précieuses publicités.
Concurrents : une pluie de roses
Cette clarification en creux de la position d'Android permet aussi de replacer Google dans le marché, face à ses concurrents.
Rubin qui comparait un temps Apple à la Corée du Nord ne manque aujourd'hui pas de compliments à l'égard de la firme de Cupertino, qui met l'accent sur la « satisfaction utilisateur » avec des interfaces « abouties et cohérentes ». Mais on retiendra tout particulièrement cette phrase qui détonne dans la bouche d'Andy Rubin : « [Apple] est plutôt ouverte » — l'immense majorité des développeurs n'a aucun mal à faire approuver ses applications dans l'App Store.
Il est cependant un peu plus ambivalent sur la question des services : à l'idée d'un data-center Apple et d'iAd, il répond qu'Apple « est une société qui apprend de ses erreurs ». Pas sûr que ce soit un compliment…
Il place Android et iOS au-dessus de la mêlée dans le monde des smartphones parce qu'ils ont été conçus de zéro avec le smartphone moderne en tête. Ainsi, Windows Phone 7 utilise « du code hérité des premières versions de Windows Mobile ». Il considère néanmoins que le nouvel OS mobile de Microsoft est « un pari risqué. […] C'est une bonne première copie. Il est différent et a une apparence unique, il est abouti. Mais je ne peux être juge de son succès ». Il ne peut cependant s'empêcher de relever que Microsoft, avec son cahier des charges strict, empêche la fameuse « différenciation », au risque que tous les téléphones se ressemblent.
S'il passe rapidement sur Nokia que plus personne ne semble voir comme un leader du marché, il s'étend plus longuement sur RIM : « RIM a fait les bonnes choses » selon lui en s'offrant les services de QNX, en faisait l'acquisition de TAT (qui a conçu des éléments de l'interface originale d'Android) et en licenciant des technologies de Dataviz pour « concevoir un OS plus moderne ».
2011, l'année de la NFC…
Mais plus que la concurrence, Android doit se dépasser lui-même, et ce Nexus S offre une bonne indication de la direction que prend Google pour 2011 sur le marché du smartphone.
Gingerbread ajoute de nombreuses fonctions pour le jeu, aujourd'hui devenu primordial pour le succès d'une plateforme mobile. Les développeurs ont donc le droit à un ramasse-miettes optimisé, une meilleure détection des entrées, ainsi qu'un accès direct à des fonctions matérielles (capteurs, dont le nouveau gyromètre, audio) et logicielles (OpenGL ES…). On a même croisé des ressources graphiques qui fleurent bon la console NES.
Le Nexus S a une caméra en façade : Google a communiqué autour de l'intégration de la VoIP et de SIP, mais pas d'un éventuel concurrent de FaceTime, un FaceGoog ou un GoogleTime comme le dit Kara Swisher. « Si les clients le veulent, nous l'ajouterons », concède Rubin : trop tard, il a déjà vendu la mèche en indiquant que Google Chat supportait déjà les conversations vidéo, et en laissant échapper que celles-ci seraient de toute manière supportées par Honeycomb, la prochaine itération d'Android.
Mais 2011 devrait être l'année de la NFC. Apple s'est dotée cette dernière année d'un imposant portefeuille de brevets dans le domaine (lire : Une puce NFC pour l'iPhone 5), alors que RIM voit bien ses BlackBerry devenir des cartes bleues évoluées. On a comme l'impression que la NFC n'a été intégrée dans le Nexus S que pour permettre à Google de tirer en premier : les applications sont encore peu nombreuses en Amérique du Nord et en Europe occidentale, et Samsung n'a même pas eu le temps d'utiliser sa propre puce NFC, se rabattant sur celle de NXP.
La NFC est néanmoins un champ prometteur, et dans la problématique classique de l'œuf ou de la poule, on pourrait se dire que maintenant que les téléphones compatibles sont là, le reste suivra. On connaît déjà quelques applications de communication en champ proche : les cartes de transport en commun sans contact sont des cartes NFC. En étendant ce principe, on peut imaginer utiliser son téléphone comme carte de transport, carte de paiement ou carte d'identification (bibliothèque…) sans contact : c'est le mode émulation de carte.
On peut aussi utiliser le mode lecteur : dans ce cas, qui est celui présenté par Google faute de mieux, le smartphone lit une étiquette, un tag passif, et en prélève des données. On peut ainsi imaginer passer son téléphone près d'une borne d'abri bus pour « prélever » le plan et les horaires, le passer près d'une affiche de concert pour aller sur le site de l'artiste et réserver des places… ou scanner une vitrine pour récupérer des coupons de réduction, domaine qui intéresse beaucoup Google.
Apple travaille plutôt sur le troisième champ, le mode peer-to-peer, qui permet à l'appareil d'échanger des données avec un autre, soit que l'on échange des données d'iPhone à iPhone (contacts, photos…), soit que l'iPhone serve de clef (on le passe près d'une borne AirPort pour relever le mot de passe, et on le passe près du Mac pour le déposer). Il faut se préparer à beaucoup en entendre parler l'an prochain.
…et de l'explosion des tablettes
Mais on parlera aussi beaucoup de tablettes en 2011. Il existe déjà des modèles sous Android, mais l'OS de Google n'est pas prévu pour cet usage, et on ne peut dépasser les 7" de diagonale sans sortir du cadre prévu par l'Open Handset Alliance. Honeycomb, la version qui suivra Gingerbread, sera la première version d'Android conçue pour les tablettes, et apportera une révision globale de l'interface de l'OS (lire Le responsable de l'interface webOS quitte Palm… pour Google).
Andy Rubin avait apporté un prototype de tablette Motorola, confirmant ainsi les rumeurs que Google a travaillé avec le fabricant pour concevoir ce qui devrait être le Nexus des tablettes. Au détour de sa courte démonstration, on peut glaner quelques informations sur les applications, qui seront universelles et adapteront automatiquement leur affichage selon qu'elles soient sur mobile ou smartphone.
Google a conçu un nouveau système d'API, les fragments qui permettent de réaliser ces applications universelles à l'aide de vues. Dans Gmail sur tablette par exemple, la barre latérale (liste des courriels) sera une vue, et l'affichage du courriel sera une autre vue. La même application s'affichera sur smartphone sous la forme d'une liste, qui affichera le contenu du courriel lorsqu'on cliquera dessus. Le système est donc légèrement différent de celui de l'iPad, pour un résultat assez similaire.
Relations avec les fabricants, amélioration progressive de l'interface d'Android, accumulation des fonctions matérielles, adaptation aux tablettes, voilà le programme pour une année 2011 qui s'annonce chargée pour Android, et qu'il faudra suivre du coin de l'œil tant Google semble avoir de l'ambition. On se demande quelle sera la réponse d'Apple…