On ne les attendait plus, les voilà : les Beatles sont désormais disponibles sur l'iTunes Store. Apple a d'ailleurs réalisé 4 publicités pour célébrer l'arrivée du « groupe qui a tout changé » sur sa plateforme de vente de musique en ligne.
La Beatles Box Set (149 €) est un iTunes LP qui contient les 13 albums des Fab Four ainsi que Past Masters, la compilation en deux volumes réunissant toutes les chansons des 45 tours des Beatles (singles).
On peut aussi regarder gratuitement le Beatles Highlight Reel ainsi que le Live at the Washington Coliseum, le tout premier concert des quatre garçons dans le vent aux États-Unis, le 11 février 1964.
Les albums sont aussi disponibles à l'unité, tous sauf la forme d'un iTunes LP avec une petite vidéo : Please Please Please (1963), With the Beatles (1963), A Hard Day's Night (1964), Beatles for Sale (1964), Help! (1965), Revolver (1966), Rubber Soul (1965), Sgt. Pepper (1967), Magical Mystery Tour (1967), The Beatles (1968), Yellow Submarine (1969), Abbey Road (1969), Let it Be (1970). La compilation The Past Masters (1988) est elle aussi disponible seule, ainsi que les compilations 1962-1966 (l'album rouge, 1973) et 1967-1970 (l'album bleu, 1973).
Point de Lossless, hélas : les morceaux, disponibles à l'unité pour 1,29 €, sont encodés en AAC 256. Les albums sont disponibles pour 12,99 €, sauf l'album blanc et les compilations, qui se vendent pour 19,99 €. Les amateurs de fidélité audio se tourneront peut être vers la The Stereo Box Set, plus chère de 50 €, mais qui met dans une boîte CD et riches contenus additionnels.
Ainsi s'achève une saga presque aussi vieille que l'iTunes Store lui-même. Depuis 2007, les choses se précisent, à la faveur de l'entrée progressive de chacun des membres du groupe sur le disquaire en ligne : Paul McCartney, George Harrison, Ringo Starr, et plus récemment John Lennon. Chaque special event, chaque apparition radio ou TV de McCartney ou Yoko One, la veuve de John Lennon, a été l'occasion d'annoncer cette arrivée. Que dire même de l'apparition de Macca dans une pub iPod ! On vous laisse fouiller les archives de MacGeneration ou celles d'iGeneration pour vous rendre compte de la persistance de cette rumeur.
Depuis quelques mois cependant, l'arrivée des Beatles sur l'iTunes Store ne semblait plus n'être qu'une formalité, notamment depuis la sortie fin 2009 de la remasterisation mono et stéréo de l'intégralité de leur catalogue, œuvre d'Allan Rouse et Guy Massey, qui se sont aussi chargé de la John Lennon Signature Box. Les signaux étaient cependant contraires : alors que Paul McCartney se disait impatient de voir les Beatles débarquer sur l'iTunes Store (lire : McCartney attend lui aussi les Beatles sur iTunes ), Yoko One opposait une quasi-fin de non-recevoir (lire : Les Beatles sur iTunes : « n'y comptez pas trop » ).
Selon McCartney, le problème venait « des personnes entre [Apple et les ayants-droits] », EMI ayant « donné toutes sortes de raisons pour expliquer pourquoi ils ne voulaient pas le faire ». Les disputes entre Apple Inc. (l'Apple de Steve Jobs) et Apple Corps (la maison de disque des Beatles, ont certainement retardé les choses. En 1978 déjà, Apple Corps attaquait la naissante Apple Computer pour violation de marque déposée : pour 80.000 $ et la promesse de ne jamais se lancer dans le marché de la musique, la société de Steve Jobs levait les charges contre elle.
L'inclusion d'une puce audio évoluée et de l'enregistrement audio dans l'Apple IIGS a forcément attiré les foudres de la maison de disque, qui attaquait à nouveau en 1989, accélérant de fait la mort de la lignée Apple II. Nouvel épisode peu après : Jim Reekes ayant en effet composé le petit son système Chimes, Apple Computer vendait de la musique en même temps que ses ordinateurs. 26,5 millions de dollars plus loin, Chimes était renommé Sosumi (So sue me, poursuivez-moi), son système que l'on retrouve toujours dans nos Mac.
L'iTunes Store a évidemment été l'occasion d'en remettre une couche : après trois ans de procédures, c'est la société de Steve Jobs qui emporta cet épisode mi-2006, la justice forçant même Apple Corps à rembourser les frais de justice. C'est à partir de ce moment-là que les rumeurs d'une arrivée prochaine des Beatles sur l'iTunes Store ont commencé à s'enflammer, les premiers projets de remasterisation du catalogue aidant : quitte à avoir perdu, Apple Corps n'avait plus qu'à profiter du succès de l'autre Apple, avec la bénédiction des ayants-droits, McCartney ayant été essoré par son divorce.
Qu'importe, le groupe qui a vendu le plus de morceaux dans le monde rencontre aujourd'hui la boutique qui vend le plus de musique dans le monde. Les différentes parties s'en félicitent, de Paul McCartney (« c'est fantastique de voir des chansons que nous avons d'abord gravées sur vinyle être autant appréciées qu'au premier jour dans ce monde numérique ») à Yoko Ono (« c'est si évident de le faire l'année du 70e anniversaire de John [Lennon] ») en passant par Olivia Harrison (« Les Beatles sur iTunes : bravo ! »).
Pour autant, l'annonce plus que grandiloquente, pour ne pas dire excessive, laisse l'impression d'un caprice de Steve Jobs, fan invétéré du groupe. À la mort de George Harrison en 2001, la page d'accueil du site d'Apple avait déjà été revêtue d'un sobre hommage au guitariste. Le patron d'Apple dit ainsi « réaliser un rêve » (se permettant au passage un petit jeu de mot : « It has been a long and winding road to get here »), et c'est peut-être de cela qu'il s'agit. Certes les Beatles sont un groupe mythique, certes Apple est une des sociétés les plus importantes de l'histoire de l'informatique et un acteur incontournable de la musique aujourd'hui, mais ce jour sera-t-il pour autant « inoubliable », autrement que pour les 149 € que vont débourser certains fans chroniques ?
Attention, cette annonce n'est pas non plus à balayer avec un rire sarcastique : c'est un véritable symbole, qui pourrait bien aider Apple à débloquer certaines situations épineuses avec des groupes tout aussi emblématiques et plus électriques que les Beatles. Elle montre aussi que la firme de Cupertino est prête à tout pour répondre à certaines demandes : on ignore l'arrangement avec EMI (notamment s'il y a exclusivité ou non), mais jouer avec les nerfs des observateurs du monde entier, utiliser la page d'accueil du 43e site le plus visité du monde, concevoir les iTunes LP et quatre publicités, et mettre pour la première fois un concert gratuit à disposition du public n'est pas du tout négligeable. Il y aura même des cartes-cadeau iTunes aux couleurs des Beatles ! Ce sera peut-être aussi un nouveau vecteur publicitaire pour iTunes, qui intéressera un autre public. Apple fait ici forte impression, même si elle est pour certains désagréable, et c'est peut-être cela qui compte.
On ne boudera certainement pas notre plaisir auditif, loin de là. Une fois n'est pas coutume, c'est peut-être Ringo Starr qui est le plus sage : « je suis particulièrement heureux [de savoir] qu'on ne demandera plus quand les Beatles seront disponibles sur l'iTunes Store ». Nous aussi.
(*) Oups, c'est les Rolling Stones, ça. Mais ce n'est pas grave, non ?
La Beatles Box Set (149 €) est un iTunes LP qui contient les 13 albums des Fab Four ainsi que Past Masters, la compilation en deux volumes réunissant toutes les chansons des 45 tours des Beatles (singles).
On peut aussi regarder gratuitement le Beatles Highlight Reel ainsi que le Live at the Washington Coliseum, le tout premier concert des quatre garçons dans le vent aux États-Unis, le 11 février 1964.
Les albums sont aussi disponibles à l'unité, tous sauf la forme d'un iTunes LP avec une petite vidéo : Please Please Please (1963), With the Beatles (1963), A Hard Day's Night (1964), Beatles for Sale (1964), Help! (1965), Revolver (1966), Rubber Soul (1965), Sgt. Pepper (1967), Magical Mystery Tour (1967), The Beatles (1968), Yellow Submarine (1969), Abbey Road (1969), Let it Be (1970). La compilation The Past Masters (1988) est elle aussi disponible seule, ainsi que les compilations 1962-1966 (l'album rouge, 1973) et 1967-1970 (l'album bleu, 1973).
Point de Lossless, hélas : les morceaux, disponibles à l'unité pour 1,29 €, sont encodés en AAC 256. Les albums sont disponibles pour 12,99 €, sauf l'album blanc et les compilations, qui se vendent pour 19,99 €. Les amateurs de fidélité audio se tourneront peut être vers la The Stereo Box Set, plus chère de 50 €, mais qui met dans une boîte CD et riches contenus additionnels.
Ainsi s'achève une saga presque aussi vieille que l'iTunes Store lui-même. Depuis 2007, les choses se précisent, à la faveur de l'entrée progressive de chacun des membres du groupe sur le disquaire en ligne : Paul McCartney, George Harrison, Ringo Starr, et plus récemment John Lennon. Chaque special event, chaque apparition radio ou TV de McCartney ou Yoko One, la veuve de John Lennon, a été l'occasion d'annoncer cette arrivée. Que dire même de l'apparition de Macca dans une pub iPod ! On vous laisse fouiller les archives de MacGeneration ou celles d'iGeneration pour vous rendre compte de la persistance de cette rumeur.
Depuis quelques mois cependant, l'arrivée des Beatles sur l'iTunes Store ne semblait plus n'être qu'une formalité, notamment depuis la sortie fin 2009 de la remasterisation mono et stéréo de l'intégralité de leur catalogue, œuvre d'Allan Rouse et Guy Massey, qui se sont aussi chargé de la John Lennon Signature Box. Les signaux étaient cependant contraires : alors que Paul McCartney se disait impatient de voir les Beatles débarquer sur l'iTunes Store (lire : McCartney attend lui aussi les Beatles sur iTunes ), Yoko One opposait une quasi-fin de non-recevoir (lire : Les Beatles sur iTunes : « n'y comptez pas trop » ).
Selon McCartney, le problème venait « des personnes entre [Apple et les ayants-droits] », EMI ayant « donné toutes sortes de raisons pour expliquer pourquoi ils ne voulaient pas le faire ». Les disputes entre Apple Inc. (l'Apple de Steve Jobs) et Apple Corps (la maison de disque des Beatles, ont certainement retardé les choses. En 1978 déjà, Apple Corps attaquait la naissante Apple Computer pour violation de marque déposée : pour 80.000 $ et la promesse de ne jamais se lancer dans le marché de la musique, la société de Steve Jobs levait les charges contre elle.
L'inclusion d'une puce audio évoluée et de l'enregistrement audio dans l'Apple IIGS a forcément attiré les foudres de la maison de disque, qui attaquait à nouveau en 1989, accélérant de fait la mort de la lignée Apple II. Nouvel épisode peu après : Jim Reekes ayant en effet composé le petit son système Chimes, Apple Computer vendait de la musique en même temps que ses ordinateurs. 26,5 millions de dollars plus loin, Chimes était renommé Sosumi (So sue me, poursuivez-moi), son système que l'on retrouve toujours dans nos Mac.
L'iTunes Store a évidemment été l'occasion d'en remettre une couche : après trois ans de procédures, c'est la société de Steve Jobs qui emporta cet épisode mi-2006, la justice forçant même Apple Corps à rembourser les frais de justice. C'est à partir de ce moment-là que les rumeurs d'une arrivée prochaine des Beatles sur l'iTunes Store ont commencé à s'enflammer, les premiers projets de remasterisation du catalogue aidant : quitte à avoir perdu, Apple Corps n'avait plus qu'à profiter du succès de l'autre Apple, avec la bénédiction des ayants-droits, McCartney ayant été essoré par son divorce.
Qu'importe, le groupe qui a vendu le plus de morceaux dans le monde rencontre aujourd'hui la boutique qui vend le plus de musique dans le monde. Les différentes parties s'en félicitent, de Paul McCartney (« c'est fantastique de voir des chansons que nous avons d'abord gravées sur vinyle être autant appréciées qu'au premier jour dans ce monde numérique ») à Yoko Ono (« c'est si évident de le faire l'année du 70e anniversaire de John [Lennon] ») en passant par Olivia Harrison (« Les Beatles sur iTunes : bravo ! »).
Pour autant, l'annonce plus que grandiloquente, pour ne pas dire excessive, laisse l'impression d'un caprice de Steve Jobs, fan invétéré du groupe. À la mort de George Harrison en 2001, la page d'accueil du site d'Apple avait déjà été revêtue d'un sobre hommage au guitariste. Le patron d'Apple dit ainsi « réaliser un rêve » (se permettant au passage un petit jeu de mot : « It has been a long and winding road to get here »), et c'est peut-être de cela qu'il s'agit. Certes les Beatles sont un groupe mythique, certes Apple est une des sociétés les plus importantes de l'histoire de l'informatique et un acteur incontournable de la musique aujourd'hui, mais ce jour sera-t-il pour autant « inoubliable », autrement que pour les 149 € que vont débourser certains fans chroniques ?
Attention, cette annonce n'est pas non plus à balayer avec un rire sarcastique : c'est un véritable symbole, qui pourrait bien aider Apple à débloquer certaines situations épineuses avec des groupes tout aussi emblématiques et plus électriques que les Beatles. Elle montre aussi que la firme de Cupertino est prête à tout pour répondre à certaines demandes : on ignore l'arrangement avec EMI (notamment s'il y a exclusivité ou non), mais jouer avec les nerfs des observateurs du monde entier, utiliser la page d'accueil du 43e site le plus visité du monde, concevoir les iTunes LP et quatre publicités, et mettre pour la première fois un concert gratuit à disposition du public n'est pas du tout négligeable. Il y aura même des cartes-cadeau iTunes aux couleurs des Beatles ! Ce sera peut-être aussi un nouveau vecteur publicitaire pour iTunes, qui intéressera un autre public. Apple fait ici forte impression, même si elle est pour certains désagréable, et c'est peut-être cela qui compte.
On ne boudera certainement pas notre plaisir auditif, loin de là. Une fois n'est pas coutume, c'est peut-être Ringo Starr qui est le plus sage : « je suis particulièrement heureux [de savoir] qu'on ne demandera plus quand les Beatles seront disponibles sur l'iTunes Store ». Nous aussi.
(*) Oups, c'est les Rolling Stones, ça. Mais ce n'est pas grave, non ?