Ouvrir le menu principal

MacGeneration

Recherche

Lion : vers une unification de Mac OS X et iOS ?

Arnaud de la Grandière

mardi 02 novembre 2010 à 10:07 • 142

macOS


Avec Mac OS X Lion, Apple rapporte au Mac divers éléments d'interface mis au point pour iOS. Si cet effort de cohérence a du sens à plus d'un égard, ne serait-ce que commercialement, ces choix soulèvent toutefois quelques questions, et permettent quelques hypothèses.

En dépit de l'insistance d'Apple à souligner l'importance du Mac pour elle, celui-ci ne représente plus que la portion congrue de ses revenus. Les perspectives d'avenir, la considérable importance stratégique, et la marge de progression d'iOS, sont sans commune mesure avec ce qu'Apple peut espérer de ses ordinateurs. Les investisseurs ne s'y trompent d'ailleurs pas : ça n'est que depuis l'arrivée de l'iPhone que l'action d'Apple a littéralement explosé pour arriver en deuxième position mondiale des valeurs boursières.

Steve Jobs l'a dit lui-même : l'ordinateur est un camion, dont l'utilité est indéniable pour certains, mais le commun des mortels tirera meilleur parti de la petite citadine incarnée par iOS. Tout au plus, Apple peut-elle chercher à tirer profit de ces nouvelles avancées pour en faire profiter le Mac, et c'est résolument ce qu'elle s'emploie à faire comme elle l'a démontré.

Petit détail, si les noms de félins servaient autrefois de noms de code pour les versions bêta de Mac OS X, ils ont tant plu à Steve Jobs qu'ils ont été rendus publics et exploités commercialement à partir de Mac OS X 10.2 "Jaguar" (sauf au Royaume uni pour cause de marque déposée par un certain constructeur automobile. Mac OS X 10.0 était "Cheetah", guépard en Anglais, et 10.1 "Puma").

Mais la bêta de Lion fut connue en interne sous le nom de Barolo, du nom d'un vin italien. Avant Mac OS X, Apple employait des références musicales comme nom de code (lire Il y a 10 ans, la naissance agitée de Mac OS X).

Précisément, à aucun moment les membres d'Apple présents sur scène n'ont prononcé le numéro de version de Mac OS X Lion. Son nom commercial semble donc se résumer au nom du félin, une première dans l'histoire du système d'exploitation.

Si Apple conserve cette habitude pour les futurs successeurs de Lion, il faudra se rappeler de leur ordre de sortie pour savoir qui précède ou succède, à l'inverse de ce que permet un numéro de version.

Lion, héritier d'iOS

Avec Mac OS X Lion, Apple apporte nombre de nouveautés bien visibles cette fois, après un Snow Leopard consacré à l'optimisation des rouages internes. Et l'inspiration vient clairement d'iOS, comme Steve Jobs ne s'en est pas caché. Toutefois il y a parfois de quoi s'interroger sur la pertinence de ces choix.

On l'a vu lors de la démo du futur Mac App Store, les barres de défilement revêtent la même apparence et le même comportement que sur iOS : une sobre barre grise en surimpression du contenu de la fenêtre, sans espace dédié pour accéder à une portion donnée de la page par un clic direct, ni flèches à ses extrémités, jusqu'à l'inertie (déjà introduite dans Mac OS X avec la Magic Mouse et le Magic Trackpad) et le rebondissement élastique en bout de page.

macaapstoreacsenceurs
L'ascenceur quasi invisible dans Lion


Cette apparence se justifiait pleinement sur iOS dans la mesure où elle n'a qu'une fonction purement informative, permettant d'indiquer à quelle portion de la page la vue se trouve sans gaspiller de surface sur le petit écran de l'iPhone, sachant que le défilement se fait exclusivement par glissement du doigt en plein milieu de la page. De même pour le rebondissement et l'inertie, qui donnent des réactions physiques à une stimulation physique.

Ces choix, pleinement justifiés sur iOS, peuvent passer pour totalement arbitraires dans un paradigme utilisant un périphérique de pointage comme la souris ou le trackpad, le tout sur le confort d'un grand écran : Apple n'a fait ici qu'un choix de pure cohérence gratuite, qui limite les moyens d'interaction dont on disposait jusqu'ici. Cette nouvelle présentation ne permet plus le défilement ligne par ligne que les flèches proposaient, ni le défilement par page ou à un point précis que les barres de défilement permettaient en un clic.

Certes, ces concepts introduits en 1984 avec le tout premier Mac ont perdu de leur utilité avec l'arrivée des molettes de défilement, puis le "geste" à deux doigts sur les périphériques de pointage tactiles d'Apple, qui s'assimile au mode de défilement sur les appareils iOS. D'autre part, comme sur iOS, la barre de défilement disparaît après quelques secondes d'immobilité. Alors qu'actuellement il suffit d'un coup d'œil sur un côté d'une fenêtre pour savoir à quelle portion d'un document on se trouve, il faudra dorénavant provoquer son défilement pour le savoir…

Un autre élément, cosmétique et plus subtil cette fois, rapproche le Mac d'iOS : avec iLife '11, Apple a changé les icônes des boutons qui perdent leurs couleurs comme sur les onglets dans iOS, comme le remarque August Mueller. Une transition entamée déjà avec iTunes 10 (lire iTunes 10 : plus cohérent qu'il n'y paraît).

Shape%20Of:%20Icons%20in%20iMove%20and%20iPhoto%2011


Un Launchpad qui laisse perplexe

Le "Springboard" d'iOS revient sous le nom de "Launchpad" sur Mac OS X, en tout point identiques : même système pour la création de dossiers, même présentation page par page, avec des "puces" au bas de l'écran pour indiquer la page. Cette présentation soulève déjà quelques critiques sur iOS, puisqu'il faut répéter le geste lent et fastidieux d'effeuillage page par page pour passer de la première application à la dernière (ce que l'apport des dossiers a tendu à amoindrir), elle fait encore moins de sens sur un ordinateur.

La présentation par page a l'avantage de garder la position des icônes fixes sur une grille, un point appréciable sur une interface tactile d'autant qu'il reproduit le geste intuitif appris avec les livres, mais totalement superflu avec un périphérique de pointage. Pire encore, il n'est pas rare d'avoir plusieurs centaines d'applications sur un Mac, et à en juger par les captures d'écran présentées par Apple, le Launchpad présentera une quarantaine d'icônes par page. Ce qui implique une bascule répétitive, et donc plusieurs actions, pour passer de la première application à la dernière, ce qu'un simple défilement aurait pu remplacer avantageusement. L'accès linéaire et récursif est un véritable handicap : imagine-t-on devoir feuilleter une à une chaque page d'un livre pour pouvoir en consulter la dernière ?

En somme, le Launchpad inclut un bouton dans le dock qui se contentera d'ouvrir le dossier Applications, présenté sous une forme moins souple d'accès (en dépit des belles icônes de 512 pixels de côté, la plupart des utilisateurs finit par présenter le dossier applications sous forme de liste, ça n'est pas un hasard. Même si la hauteur des écrans permet parfois d'afficher moins de quarante applications d'un coup, le défilement rend l'accès rapide et facile).

Avec le Launchpad, Apple uniformise l'expérience utilisateur entre iOS et Mac OS X : un lieu centralisé où retrouver toutes ses applications. Les nombreux utilisateurs d'iPhone seront donc en terrain de connaissance, Apple leur rend donc Mac OS X plus familier et plus facile d'accès : ils savent déjà s'en servir. Mais le passage du tactile au curseur virtuel rend cet abord maladroit.

Mac OS X fait place nette aux "apps"

Un autre point vient renforcer les similitudes : la promotion des applications plein écran. Certes, nul développeur n'a eu besoin de Mac OS X Lion jusqu'ici pour proposer des applications plein écran, à commencer par la plupart des jeux. Mais ce qui va changer avec Lion, c'est la gestion de ce plein écran : à l'image d'iOS, un geste permettra de passer d'une application plein écran au Launchpad, alors que jusqu'ici le plein écran était quelque peu anarchique sur Mac OS X. S'il est possible, depuis Panther, de passer d'une application en plein écran à une autre avec l'application switcher (soit en tapant commande-tabulation sur le clavier, soit par un geste multitouch), certaines applications désactivent cette possibilité. Avec Lion, le système d'exploitation reprend les commandes.

Mais cette mise en avant du plein écran, pour peu que la mayonnaise prenne auprès des développeurs de tierce partie, renforce encore les similitudes avec iOS, où chaque application prend tout le devant de la scène. Apple a d'ores et déjà commencé à montrer l'exemple avec iLife '11.

Exit donc les multiples fenêtres par application (Apple finirait-elle par donner raison à Windows?), et même la barre de menu. Si cette dernière était superflue et maladroite sur un appareil de poche, il ne sera pas toujours du meilleur effet d'en faire l'économie sur un ordinateur. D'autant que la barre de menu, unique et fixée en haut de l'écran, était un point fort de Mac OS par rapport à Windows : d'un simple glissement de souris vers le haut, sans même "viser" verticalement, le curseur se retrouve sur le centre d'opérations de l'application, chaque menu, et chaque élément de menu, décrivant les tâches qu'ils accomplissent, et servant de guide au mode opératoire de l'application.

En lieu et place, à la manière d'iOS, et comme le démontre iPhoto '11, la présentation d'une application plein écran devra basculer entre différents modes de représentation symbolisant les tâches auxquelles se consacrer. Si Apple peut se permettre les gros efforts nécessaires permettant de rendre compte visuellement des opérations possibles dans l'interface, tous les développeurs ne pourront pas en faire autant ni avec le même brio : n'oublions pas qu'à l'inverse des applications conçues pour iOS, les applications pour Mac OS X ont un passé à assumer.

D'autre part, si ce mode visuel se prête assez bien au côté physique d'une interface tactile (en reproduisant l'interaction de l'homme avec son environnement matériel), les tâches plus complexes qu'on est susceptible de réaliser sur un ordinateur, qui plus est par le biais d'un périphérique de pointage, s'y plient de manière beaucoup moins évidente. Enfin, selon que les applications supporteront ou non le mode plein écran, le bouton vert des fenêtres servira soit à la maximiser, soit à basculer en mode plein écran, sans que rien ne permette de préjuger du résultat ni de choisir entre les deux, ce qui sera à n'en pas douter source de bien des frustrations. Espérons que d'ici à la sortie de Lion, Apple ajoute un bouton séparé pour cette fonction.

On peut malgré tout accorder un avantage notable à ce type de présentation, découvert en utilisant l'iPad : les applications en plein écran permettent de se concentrer sur la tâche en cours sans que rien ne vienne distraire l'utilisateur. Rien, ou presque, puisque les notifications sur iOS doivent en passer par des dialogues d'alerte push pour prévenir d'un événement quelconque, qui pour le coup sont plus perturbantes qu'une simple puce sur une icône du Dock ou une surimpression via Growl.

Mission Control, fourre-tout du Mac

lion_bridge20101020


Mais cette nouvelle gestion du plein écran n'est pas sans conséquences pour les principes déjà établis dans Mac OS X : Exposé gérait la multiplicité des fenêtres, Spaces la multiplicité des écrans, ce mode d'une fenêtre unique par écran arrive à la croisée des chemins, entraînant une révision de ces deux modes de navigation.

Apple a choisi de les intégrer dans un seul outil, nommé Mission Control. Si le regroupement des fenêtres par application est assez bienvenu (l'affichage de toutes les fenêtres dans Exposé se faisait pêle mèle), là non plus le procédé n'est pas exempt de reproches. On note que Mission Control utilise deux types de représentation : en haut et en miniature, Dashboard, le "bureau" (en fait la sortie de Mission Control pour afficher toutes les fenêtres, mises à part les applications en plein écran), suivies d'une vignette par application en mode plein écran. En dessous, en plus grand, les autres applications, dont les fenêtres, regroupées en piles, sont soulignées par leurs icônes.

Premier souci notable, à l'image du "Flip 3D" introduit dans Windows Vista en réponse à Exposé mais qui ne montre jamais qu'une seule fenêtre en intégralité à la fois, l'empilement des fenêtres obscurcit leur contenu et ne permet plus de navigation directe, le mouvement se découpe en deux parties : identifier l'application qui recèle la fenêtre désirée, puis "éclater" les fenêtres empilées pour sélectionner celle qu'on veut mettre au premier plan.

De même, Mission Control ne semble plus proposer un moyen de disperser toutes les fenêtres pour révéler le bureau. Dans sa démonstration, Apple n'a utilisé au plus que cinq applications (hors celles en plein écran) dans Mission Control, dont seule une affichait plus d'une fenêtre, à savoir trois. Reste à voir dans quelle mesure l'outil restera lisible et accessible avec une multiplicité d'applications et de fenêtres pour chacune d'entre elles.

Multitouch obligatoire… et hasardeux

Apple s'appuie lourdement sur la Magic Mouse et le Magic Trackpad pour l'interaction avec Mac OS X Lion : défilement à l'horizontale d'un doigt pour passer d'une page à l'autre du Launchpad,

Mais la Magic Mouse, si elle fait figure de compromis, n'est pas sans inconvénient : il faut tenir ses côtés avec deux doigts, et réaliser les gestes avec les trois restants sur sa surface, une gymnastique parfois délicate (surtout à l'horizontale), et souvent mal interprétée par le Mac : on l'a vu lors de sa démonstration de Mac OS X Lion, à l'occasion de gros plans sur ses mains Craig Federighi a eu quelques déconvenues avec sa souris, qu'il a même fini par tenir à deux mains pour faire bonne mesure…

D'autre part, le simple fait de relâcher la souris (par exemple pour taper sur le clavier) peut provoquer une erreur d'interprétation lorsqu'on la reprend en main, les doigts effleurant trop souvent la surface et provoquant un défilement involontaire, ou même lorsqu'on relâche un simple clic. Là encore cet effet pervers a été démontré lorsque Craig Federighi a déplacé une icône dans le Launchpad ou encore après la création d'un dossier.



Dans un OS qui fait plus lourdement appel aux gestes multitouch, de tels soucis pourront s'avérer plus qu'irritants au quotidien. On peut toutefois imputer ces soucis à deux éléments : le stress patent de Craig Federighi dont les doigts sont agités d'une tremblote manifeste, et le fait que Mac OS X Lion soit loin d'être arrivé à maturité, puisqu'on l'attend au mieux pour l'été prochain. Apple a encore le temps de corriger le tir si les soucis sont plus imputables au logiciel qu'à autre chose. Quant à ceux qui auront préféré investir dans une souris à molette d'une autre marque, ils en seront pour leur frais, et devront se résoudre à utiliser les raccourcis clavier pour accéder à ces fonctions.

Plus de gestion des applications ni des fichiers

Si Apple n'a que sommairement évoqué la sauvegarde automatique de fichiers et la capacité des applications à restaurer leur état automatiquement comme sur iOS, on en a pourtant vu un effet discret dans Lion : les puces lumineuses, soulignant dans le Dock le fait qu'une application est actuellement ouverte, ont totalement disparu durant la démonstration. Ainsi Mac OS X hérite-t-il d'un élément du multitâche d'iOS : on ne quitte plus les logiciels, qui se mettent en sommeil et libèrent automatiquement la mémoire en fonction des besoins de l'utilisateur, et se réactivent immédiatement tel qu'on les a laissées une fois invoquées à nouveau.

Cet élément rendra la transition plus aisée pour les utilisateurs de Windows, habitués à fermer une fenêtre pour quitter les applications sans se rendre compte que la même opération n'a pas les mêmes effets sur Mac. Il n'y aura plus à s'inquiéter de ce qu'il advient d'une application une fois qu'on arrête de s'en servir : le système s'en accommodera sans broncher. Reste à voir comment Apple compte déterminer les tâches qui doivent continuer coûte que coûte (téléchargements, traitement de données, messagerie…)

D'autres concepts évoqués lors de la keynote vont dans ce sens : la sauvegarde automatique, cumulée avec le Launchpad où tout fichier est absent, tend à effacer la gestion de fichiers sur Mac comme c'est déjà le cas avec iOS. Sur les appareils mobiles, les applications présentent les fichiers sous forme d'un catalogue de vignettes, tout au plus faut-il en passer par iTunes (et par l'ordinateur…) pour retrouver les fichiers à l'ancienne sur le disque de l'iPhone. Si une telle présentation reste accessible pour quelques centaines de fichiers au mieux, que dire des milliers de fichiers qu'on peut être à même d'utiliser sur un ordinateur ? Certes, iTunes, iPhoto et iMovie partagent les mêmes modes de présentation sur Mac OS X, mais au-delà, sur des documents dont les meta-tags ne peuvent se renseigner automatiquement, la navigation pourrait devenir plus hasardeuse.

Mac OS X et iOS : trajectoire de collision

On peut envisager qu'à terme, une fois que suffisamment d'applications tierces géreront ces nouvelles API, Apple proposera deux modes de fonctionnement de son système. Un mode basique façon iOS, sans multifenétrage, sans gestion de fichiers, avec le Launchpad pour remplacer le Finder, et un mode "avancé" qui conservera le paradigme actuel. Ainsi les utilisateurs habitués à iOS seraient en terrain de connaissance dans le mode basique sur Mac, très similaire à iOS. De quoi leur rendre le Mac plus séduisant, et le vivier des quelques 150 millions d'utilisateurs d'iOS pourra venir grossir les rangs du parc installé de près de 50 millions de Mac.

Précisément, durant toute la présentation, Apple a bien commodément omis de montrer la moindre fenêtre du Finder, même les icônes des disques ont disparu pour ne laisser place qu'au fond d'écran. Selon toute vraisemblance, Apple nous réserve encore quelques surprises d'ici à la publication de Mac OS X Lion.

Le Mac App Store va également dans ce sens, permettant de simplifier grandement la recherche, l'achat et l'installation d'une application en un minimum d'étapes comme sur iOS. Apple pourrait espérer glaner de nombreux nouveaux utilisateurs par ce biais : l'iPad a séduit les laissés pour compte de l'informatique, et pourrait devenir leur sésame sur Mac. Mais il ne faudrait pas qu'en séduisant le grand public, Apple se détourne des professionnels qui, de tout temps, ont formé le socle de ses inconditionnels.

Apple a d'ailleurs poussé la convergence plus loin en apportant à son MacBook Air une qualité largement appréciée de l'iPad : il est immédiatement opérationnel à la sortie de veille. Elle a d'ailleurs annoncé que c'était la voie qu'elle suivrait pour toute sa gamme de portables à l'avenir, et même que ses concurrents lui emboîteront probablement le pas.

Un A4 dans les futurs Mac?

Et en regardant plus loin, on peut se prendre à imaginer la convergence non seulement entre iOS et Mac OS X, mais même entre les iDevices et les Mac. Jean-Louis Gassée, ancien responsable de la R&D d'Apple à la fin des années 80, et fondateur de Be, se prend à imaginer sur son blog un tel avenir, et les motivations derrière cette union : les systèmes d'exploitation vieillissent très mal, parce qu'ils doivent toujours porter le poids de leur héritage à cause de la sacro-sainte compatibilité ascendante : les anciennes applications doivent continuer à fonctionner coûte que coûte.

Apple elle-même en a ressenti les effets lors de la genèse de Mac OS X (lire Il y a 10 ans, la naissance agitée de Mac OS X). Impossible donc de faire table rase du passé, les OS croulant sous le poids d'anciennes technologies qui rendent impossible toute refonte profonde. La maintenance et l'optimisation du code n'en sont que plus difficiles.

Jusqu'à ce qu'arrive l'iPhone, qui a effectivement pu s'affranchir de la couche de rétro-compatibilité de Mac OS X. Gassée imagine une future mouture de Mac OS X qui fonctionnerait sur un processeur A4, ou l'un de ses successeurs. Certes, les puces d'Intel sont bien plus puissantes, mais il suffit de regarder la réactivité de l'iPad pour s'en convaincre : les ordinateurs gaspillent immodérément ces incommensurables ressources, précisément à cause de l'héritage, tant matériel que logiciel, de leurs prédécesseurs.

L'iPad n'a cependant pas encore de "gros" logiciel à l'image d'un Photoshop ou d'un AutoCAD, mais qui peut dire que ça n'arrivera jamais ? Gassée rappelle également qu'Apple est devenue une championne de la simplification du portage des applications, passant par trois transitions de processeurs et une de système d'exploitation. D'autre part, le duo LLVM et Clang offre une couche d'abstraction matérielle qui pourrait tomber à point nommé (lire Apple tire le jus des processeurs). Le tout en maintenant tel quel le haut de gamme comme le Mac Pro pour continuer à répondre aux gros besoins de certains professionnels. Incidemment, TechCrunch en vient aux mêmes conclusions. L'avenir nous dira de quoi il en retourne.

Toujours est-il que de tous les marchés sur lesquels Apple est présente, que ce soit la téléphonie, comme l'informatique mobile, ou l'informatique de bureau, elle est la seule à être à même d'harmoniser tous ses produits aussi bien sur le matériel que le logiciel, dans toutes ses gammes. Ni Google, ni Microsoft, ni Nokia, ni Dell, ni Research In Motion, ni HP, ou toute autre d'ailleurs, ne peuvent en dire autant.

Reste à mesurer l'intérêt et la pertinence de tels choix. Pour l'heure, la proposition d'Apple est loin d'éviter des écueils notables, mais il lui reste encore quelques mois pour peaufiner sa copie. Avec Mac OS X Lion, par souci de cohérence sur toute sa gamme de produits, Apple a forcé dans ses ordinateurs des concepts particulièrement bien pensés pour les écrans multitouch, mais qui deviennent hors sujet avec la souris. A moins que la firme de Cupertino ne nous réserve quelques surprises du côté matériel pour justifier de cette intégration, ces choix peuvent paraître hasardeux, qui plus est sur les machines d'ores et déjà sur le marché qui n'utiliseront pas moins Lion.
illustration magazine 25 ans

MacGeneration a 25 ans !

Participez à la fête et découvrez l’histoire de votre site favori en précommandant notre magazine exclusif.

Je précommande le magazine