Si la sécurité et l'image de la plateforme iOS nécessitaient un App Store contrôlé par Apple, le Mac s'en était jusqu'ici fort bien passé. Pour quelles raisons Apple a-t-elle décidé de reproduire cette formule sur le grand frère de l'iPhone ?
Commençons par souligner la différence fondamentale entre l'App Store de Mac OS X et celui d'iOS : alors que l'App Store est le seul moyen officiel d'installer des applications sur les terminaux iOS (à moins de jailbreaker l'appareil), il ne sera qu'un moyen parmi d'autres de le faire sur Mac. Il restera bien évidemment possible d'installer des applications comme on l'a toujours fait jusqu'ici (que ce soit depuis un support physique comme par Internet), et Apple ne prétend pas imposer les mêmes restrictions au Mac que sur ses appareils tactiles.
Mais puisque le Mac App Store ne sera ni obligatoire pour les développeurs, ni indispensable pour les utilisateurs, pourquoi donc Apple a-t-elle décidé de mettre ce service sur pied ?
Simplifier l'accès aux logiciels
Le Mac App Store répond en fait à différentes problématiques. La première d'entre elles est de proposer un magasin centralisé, livré directement avec le système d'exploitation (et à terme tous les Mac) : jusqu'ici il fallait naviguer sur le Web pour trouver un logiciel, et nombre de pépites peuvent rester inaperçues pour cause de mauvais référencement Google… ou de mauvaise requête de la part de l'utilisateur. Le Mac App Store est avant tout la garantie d'une meilleure exposition pour les développeurs, et d'une plus grande facilité d'accès pour l'utilisateur. Il existe bien sûr nombre de sites qui listent les nouveautés quotidiennes (de MacUpdate jusqu'à… MacGeneration !), encore faut-il les connaître (et là encore le processus est plus compliqué qu'un simple clic sur une application dédiée).
Une fois le logiciel de vos rêves identifié et trouvé, reste la problématique de la transaction financière s'il y a lieu : les développeurs doivent avoir mis en place un système de paiement par carte bancaire, ce qui peut s'avérer une contrainte administrative. Il existe certes des solutions clé en main, de Paypal jusqu'à eSellerate, mais celles-ci ne sont pas sans inconvénient. Du point de vue de l'utilisateur, se pose également la question de la confiance : si vous tombez sur un obscur petit site, rien ne dit que l'offre n'est pas tout bonnement une arnaque. Apple, forte de ses 150 millions de comptes sur iTunes et quelque sept milliards de téléchargements sur l'App Store depuis son ouverture en 2008, sans oublier l'alléchant chèque d'un milliard fait aux développeurs de l'App Store, a démontré qu'elle était jugée digne de confiance par ses utilisateurs. Le système de paiement ne nécessitant que l'envoi d'un mot de passe est également bien plus simple que les habituels formulaires interminables qu'il faut renseigner intégralement chez chaque marchand, sans garantie que votre adresse email ne sera pas remplie de prospectus publicitaires supplémentaires, ni que le développeur saura protéger vos données personnelles de tout hacking (on a déjà constaté nombre d'accidents de cet ordre).
Passée cette étape, suit l'épineux problème de la livraison. Pour les logiciels les plus volumineux, la question de la bande passante peux s'avérer coûteuse pour les développeurs (certains logiciels gratuits doivent avoir recours aux réseaux peer-to-peer pour s'en affranchir, ajoutant bien des degrés de complication à la livraison puisqu'il faut télécharger et installer un client Bittorrent, télécharger le fichier Bittorrent, l'ouvrir avec le client, gérer les soucis d'ouverture de ports TCP/IP, retrouver le logiciel une fois téléchargé, entre autres joyeusetés, qui en interdisent l'utilisation aux plus béotiens). Apple prend en charge l'hébergement des logiciels, une solution qui pourra s'avérer particulièrement profitable pour les logiciels gratuits.
Une fois le logiciel téléchargé, l'utilisateur n'est pas au bout de ses peines, malgré la simplicité légendaire du Mac : de nombreux logiciels sont distribués sous forme d'image disque, l'utilisateur devant déplacer l'application sur son disque dur avant de l'utiliser. Or il s'avère qu'une certaine quantité d'utilisateurs se contente de glisser l'icône de l'application depuis la fenêtre de l'image disque… directement dans le Dock, comme l'avait noté Mozilla avec Firefox. Moralité à chaque clic sur l'icône, le Mac devra charger l'image disque pour la monter avant de pouvoir lancer l'application, ce qui ralentit sensiblement l'opération. Et si l'utilisateur vient à supprimer le fichier de l'image disque, il s'expose à un nouveau casse-tête… D'autres applications passent par un installateur, d'autres encore sous forme de fichier .zip… le moins qu'on puisse dire c'est que le processus est loin d'être aussi simple que sur iOS !
Le Mac App Store aura pour lui cet avantage de reproduire le processus simple d'iOS en quelques étapes :
- Lancer l'App Store
- Trouver le logiciel dans des rayonnages faciles d'accès (catégories, etc.)
- Consulter une description homogène pour toutes les applications, (captures d'écran, commentaires d'utilisateurs…)
- valider le téléchargement (avec ou sans achat) en tapant son mot de passe
L'application se trouvera correctement installée sans plus d'intervention de la part de l'utilisateur. À moins de lire dans les pensées de ce dernier, difficile de faire plus simple et direct !
Mais le chemin de croix ne s'arrête pourtant pas là : reste le problème du résultat. Logiciels "plantogènes", malware, spywares, tarif en inadéquation avec la valeur du logiciel, autant de raisons de s'inquiéter avec un logiciel trouvé sur le net. Et si vous n'êtes pas de nature anxieuse, Mac OS X vous rappelle, au premier lancement d'une application, qu'elle est susceptible de poser problème (bien que l'alerte ait avant tout pour vocation de mettre en avant les logiciels qui se feraient passer pour des fichiers, par exemple).
C'est là où l'on retrouve l'intérêt de la validation d'Apple : les logiciels doivent répondre à des critères qualitatifs pour arriver sur les étals de l'App Store, évitant au maximum les déconvenues de cet ordre. Les utilisateurs peuvent donc faire leurs emplettes en toute quiétude. Enfin, le Mac App Store centralisera également les mises à jour des logiciels obtenus par ce biais. Si depuis quelque temps nombre de logiciels intègrent directement la gestion automatique de leurs propres mises à jour, tous ne le font pas et c'est autant de code en moins à gérer pour les développeurs.
Faciliter le travail des développeurs
Si le Mac App Store n'a pas vocation à donner à Apple la mainmise sur ce que nous serons susceptibles d'installer sur nos machines, il n'en simplifie pas moins les choses pour les développeurs comme pour les utilisateurs, avec Apple en guise d'intermédiaire. Et il n'aura pas fallu attendre longtemps pour que ce nouveau moyen de distribution inspire les vocations : quelques heures après l'annonce, d'Apple, Firemint indiquait l'arrivée prochaine de Flight Control sur Mac, un jeu né sur iOS puis porté sur PlayStation Move et Nintendo DSi (lire Mac App Store : premières réactions), et depuis les réactions enthousiastes se sont succédé (lire Ils veulent être sur le Mac App Store et Realmac Software ira sur le Mac App Store). On peut espérer que bien d'autres logiciels prendront la même voie, sachant que les développeurs iOS sont rompus à l'exercice de la distribution avec l'App Store, ils resteront en terrain familier avec le Mac et il est probable que cette nouvelle plateforme devienne plus facilement envisageable pour eux (sachant qu'ils utilisent déjà pour la plupart l'Objective-C, les API de Mac OS X, et Xcode sur Mac pour bâtir leurs logiciels, seule la méthode de distribution différait encore jusqu'ici, l'interface homme-machine mise à part).
La distribution des logiciels est un casse-tête, plus encore pour les logiciels Mac. Pour s'en convaincre, il suffit de constater l'indigence des "rayons" consacrés à la logithèque du Mac dans quelques chaînes de magasins que ce soit, pourtant toutes promptes à vendre les ordinateurs frappés d'une pomme. Ajoutons que les accords à l'international sont un véritable chemin de croix, à plus forte raison pour les petits éditeurs, qu'il faut montrer patte blanche pour espérer arriver dans les rayons d'une grande chaîne de magasins, et l'on commence à se faire une idée de la problématique. Apple a certes offert une meilleure exposition aux logiciels Mac dans ses Apple Store, mais à l'inverse d'un magasin virtuel, la surface d'exposition limite forcément le catalogue à une toute petite portion de l'offre disponible.
Comme l'arrivée de Steam sur Mac l'a clairement démontré, la problématique de la distribution est un vrai souci pour les développeurs, et ces solutions clé en main offrent de bien meilleures perspectives. Précisément puisqu'il est question de Steam, le Mac App Store entre en concurrence directe avec d'autres magasins intégrés. Une concurrence d'autant plus ardue qu'à l'inverse de ses concurrents, le Mac App Store sera livré en standard avec tous les futurs Mac une fois que Mac OS X Lion sera sur le marché. Le petit coup de projecteur qu'Apple a donné à Steam au début de son keynote n'est d'ailleurs sans doute pas innocent, et on peut l'interpréter comme un pacte de non-agression. L'objectif d'Apple n'est pas tant d'empiéter sur les plates-bandes des autres "stores" disponibles sur Mac, que d'huiler les rouages pour favoriser la création et l'utilisation d'applications sur Mac OS X. À cet égard, le Mac App Store sera complémentaire avec les autres magasins, et il peut même être envisageable qu'Apple ouvre ses API propres à l'installation simplifiée de logiciels à d'autres magasins contre quelques garanties.
Si le Mac App Store sera résolument une aubaine pour les "petits" développeurs indépendants qui ne manqueront probablement pas de s'y précipiter, rien ne dit que les plus grosses sociétés feront preuve du même appétit : n'oublions pas qu'en publiant une application sur l'App Store, le développeur est inféodé aux caprices d'Apple, et ne publie que sous sa bannière. Cet abandon de souveraineté ne sera probablement pas du goût des plus grandes marques, d'autant qu'encore une fois le Mac App Store ne sera pas obligatoire. S'il n'y avait nulle "honte" à publier sur l'App Store d'iOS, sachant que c'est le seul moyen, il peut en être autrement sur Mac OS X. Certains grands éditeurs préféreront donc sans doute conserver leur autonomie et leur indépendance, dont ils ont les moyens. Même si l'argent n'a pas d'odeur, il semble peu probable qu'on retrouve la Creative Suite d'Adobe sur le Mac App Store, Adobe ne voyant sans doute pas du meilleur œil qu'Apple s'arroge 30 % de son chiffre d'affaires alors qu'elle distribue déjà ses logiciels sous forme de téléchargements. Le Mac App Store ne sera pas même un moyen de faire la promotion d'un logiciel sachant qu'Apple interdit les versions de démonstration.
Ne reste plus qu'à convaincre…
Cette question pourra d'ailleurs être un problème pour Apple, dans la mesure où son mode de distribution la condamne à se réserver avant tout aux développeurs indépendants. Les logiciels à forte valeur de production, caractéristiques des grands éditeurs, resteront sans doute plus volontiers à l'écart, ce qui pourrait s'en ressentir dans la qualité générale du catalogue de l'App Store. D'autre part, même parmi les développeurs indépendants, certains ne voient pas du meilleur œil le contrôle d'Apple, et quelques-uns ne pourront tout simplement pas passer entre ses fourches caudines (lire Interview : un Mac Store comme l'App Store ? Non merci…). Pour ceux-là, il sera toujours possible de continuer leur distribution comme elle a toujours eu lieu, même si elle souffrira de la comparaison avec la simplicité que procurera le Mac App Store. L'objectif pour Apple n'est pas tant de vouloir décider ce que vous pouvez ou non utiliser sur votre Mac : sachant qu'elle touche un intérêt sur les ventes, elle est responsable de ce qui se vend sur l'App Store. C'est à elle qu'on a adressé des reproches avec l'application "Baby Shaker", par exemple. Elle n'a tout simplement pas la liberté de tout valider, mais ça n'est pas pour autant que la distribution autonome d'application "discutables" sur Mac lui pose le moindre problème.
En somme, le Mac App Store est un plus : plus de simplicité et de facilité pour trouver, payer et installer des applications pour les utilisateurs, plus de simplicité et de facilité pour la distribution et la vente pour les développeurs, le tout favorisant l'arrivée de nouveaux logiciels sur Mac. C'est donc l'amorçage d'un cercle vertueux, sans se faire au détriment d'autres modes de distribution (un même logiciel pourra d'ailleurs aussi bien être distribué sur l'App Store, que sur Steam, ou encore à partir d'un site web classique).
Commençons par souligner la différence fondamentale entre l'App Store de Mac OS X et celui d'iOS : alors que l'App Store est le seul moyen officiel d'installer des applications sur les terminaux iOS (à moins de jailbreaker l'appareil), il ne sera qu'un moyen parmi d'autres de le faire sur Mac. Il restera bien évidemment possible d'installer des applications comme on l'a toujours fait jusqu'ici (que ce soit depuis un support physique comme par Internet), et Apple ne prétend pas imposer les mêmes restrictions au Mac que sur ses appareils tactiles.
Mais puisque le Mac App Store ne sera ni obligatoire pour les développeurs, ni indispensable pour les utilisateurs, pourquoi donc Apple a-t-elle décidé de mettre ce service sur pied ?
Simplifier l'accès aux logiciels
Le Mac App Store répond en fait à différentes problématiques. La première d'entre elles est de proposer un magasin centralisé, livré directement avec le système d'exploitation (et à terme tous les Mac) : jusqu'ici il fallait naviguer sur le Web pour trouver un logiciel, et nombre de pépites peuvent rester inaperçues pour cause de mauvais référencement Google… ou de mauvaise requête de la part de l'utilisateur. Le Mac App Store est avant tout la garantie d'une meilleure exposition pour les développeurs, et d'une plus grande facilité d'accès pour l'utilisateur. Il existe bien sûr nombre de sites qui listent les nouveautés quotidiennes (de MacUpdate jusqu'à… MacGeneration !), encore faut-il les connaître (et là encore le processus est plus compliqué qu'un simple clic sur une application dédiée).
Une fois le logiciel de vos rêves identifié et trouvé, reste la problématique de la transaction financière s'il y a lieu : les développeurs doivent avoir mis en place un système de paiement par carte bancaire, ce qui peut s'avérer une contrainte administrative. Il existe certes des solutions clé en main, de Paypal jusqu'à eSellerate, mais celles-ci ne sont pas sans inconvénient. Du point de vue de l'utilisateur, se pose également la question de la confiance : si vous tombez sur un obscur petit site, rien ne dit que l'offre n'est pas tout bonnement une arnaque. Apple, forte de ses 150 millions de comptes sur iTunes et quelque sept milliards de téléchargements sur l'App Store depuis son ouverture en 2008, sans oublier l'alléchant chèque d'un milliard fait aux développeurs de l'App Store, a démontré qu'elle était jugée digne de confiance par ses utilisateurs. Le système de paiement ne nécessitant que l'envoi d'un mot de passe est également bien plus simple que les habituels formulaires interminables qu'il faut renseigner intégralement chez chaque marchand, sans garantie que votre adresse email ne sera pas remplie de prospectus publicitaires supplémentaires, ni que le développeur saura protéger vos données personnelles de tout hacking (on a déjà constaté nombre d'accidents de cet ordre).
Passée cette étape, suit l'épineux problème de la livraison. Pour les logiciels les plus volumineux, la question de la bande passante peux s'avérer coûteuse pour les développeurs (certains logiciels gratuits doivent avoir recours aux réseaux peer-to-peer pour s'en affranchir, ajoutant bien des degrés de complication à la livraison puisqu'il faut télécharger et installer un client Bittorrent, télécharger le fichier Bittorrent, l'ouvrir avec le client, gérer les soucis d'ouverture de ports TCP/IP, retrouver le logiciel une fois téléchargé, entre autres joyeusetés, qui en interdisent l'utilisation aux plus béotiens). Apple prend en charge l'hébergement des logiciels, une solution qui pourra s'avérer particulièrement profitable pour les logiciels gratuits.
Une fois le logiciel téléchargé, l'utilisateur n'est pas au bout de ses peines, malgré la simplicité légendaire du Mac : de nombreux logiciels sont distribués sous forme d'image disque, l'utilisateur devant déplacer l'application sur son disque dur avant de l'utiliser. Or il s'avère qu'une certaine quantité d'utilisateurs se contente de glisser l'icône de l'application depuis la fenêtre de l'image disque… directement dans le Dock, comme l'avait noté Mozilla avec Firefox. Moralité à chaque clic sur l'icône, le Mac devra charger l'image disque pour la monter avant de pouvoir lancer l'application, ce qui ralentit sensiblement l'opération. Et si l'utilisateur vient à supprimer le fichier de l'image disque, il s'expose à un nouveau casse-tête… D'autres applications passent par un installateur, d'autres encore sous forme de fichier .zip… le moins qu'on puisse dire c'est que le processus est loin d'être aussi simple que sur iOS !
Le Mac App Store aura pour lui cet avantage de reproduire le processus simple d'iOS en quelques étapes :
- Lancer l'App Store
- Trouver le logiciel dans des rayonnages faciles d'accès (catégories, etc.)
- Consulter une description homogène pour toutes les applications, (captures d'écran, commentaires d'utilisateurs…)
- valider le téléchargement (avec ou sans achat) en tapant son mot de passe
L'application se trouvera correctement installée sans plus d'intervention de la part de l'utilisateur. À moins de lire dans les pensées de ce dernier, difficile de faire plus simple et direct !
Mais le chemin de croix ne s'arrête pourtant pas là : reste le problème du résultat. Logiciels "plantogènes", malware, spywares, tarif en inadéquation avec la valeur du logiciel, autant de raisons de s'inquiéter avec un logiciel trouvé sur le net. Et si vous n'êtes pas de nature anxieuse, Mac OS X vous rappelle, au premier lancement d'une application, qu'elle est susceptible de poser problème (bien que l'alerte ait avant tout pour vocation de mettre en avant les logiciels qui se feraient passer pour des fichiers, par exemple).
C'est là où l'on retrouve l'intérêt de la validation d'Apple : les logiciels doivent répondre à des critères qualitatifs pour arriver sur les étals de l'App Store, évitant au maximum les déconvenues de cet ordre. Les utilisateurs peuvent donc faire leurs emplettes en toute quiétude. Enfin, le Mac App Store centralisera également les mises à jour des logiciels obtenus par ce biais. Si depuis quelque temps nombre de logiciels intègrent directement la gestion automatique de leurs propres mises à jour, tous ne le font pas et c'est autant de code en moins à gérer pour les développeurs.
Faciliter le travail des développeurs
Si le Mac App Store n'a pas vocation à donner à Apple la mainmise sur ce que nous serons susceptibles d'installer sur nos machines, il n'en simplifie pas moins les choses pour les développeurs comme pour les utilisateurs, avec Apple en guise d'intermédiaire. Et il n'aura pas fallu attendre longtemps pour que ce nouveau moyen de distribution inspire les vocations : quelques heures après l'annonce, d'Apple, Firemint indiquait l'arrivée prochaine de Flight Control sur Mac, un jeu né sur iOS puis porté sur PlayStation Move et Nintendo DSi (lire Mac App Store : premières réactions), et depuis les réactions enthousiastes se sont succédé (lire Ils veulent être sur le Mac App Store et Realmac Software ira sur le Mac App Store). On peut espérer que bien d'autres logiciels prendront la même voie, sachant que les développeurs iOS sont rompus à l'exercice de la distribution avec l'App Store, ils resteront en terrain familier avec le Mac et il est probable que cette nouvelle plateforme devienne plus facilement envisageable pour eux (sachant qu'ils utilisent déjà pour la plupart l'Objective-C, les API de Mac OS X, et Xcode sur Mac pour bâtir leurs logiciels, seule la méthode de distribution différait encore jusqu'ici, l'interface homme-machine mise à part).
La distribution des logiciels est un casse-tête, plus encore pour les logiciels Mac. Pour s'en convaincre, il suffit de constater l'indigence des "rayons" consacrés à la logithèque du Mac dans quelques chaînes de magasins que ce soit, pourtant toutes promptes à vendre les ordinateurs frappés d'une pomme. Ajoutons que les accords à l'international sont un véritable chemin de croix, à plus forte raison pour les petits éditeurs, qu'il faut montrer patte blanche pour espérer arriver dans les rayons d'une grande chaîne de magasins, et l'on commence à se faire une idée de la problématique. Apple a certes offert une meilleure exposition aux logiciels Mac dans ses Apple Store, mais à l'inverse d'un magasin virtuel, la surface d'exposition limite forcément le catalogue à une toute petite portion de l'offre disponible.
Comme l'arrivée de Steam sur Mac l'a clairement démontré, la problématique de la distribution est un vrai souci pour les développeurs, et ces solutions clé en main offrent de bien meilleures perspectives. Précisément puisqu'il est question de Steam, le Mac App Store entre en concurrence directe avec d'autres magasins intégrés. Une concurrence d'autant plus ardue qu'à l'inverse de ses concurrents, le Mac App Store sera livré en standard avec tous les futurs Mac une fois que Mac OS X Lion sera sur le marché. Le petit coup de projecteur qu'Apple a donné à Steam au début de son keynote n'est d'ailleurs sans doute pas innocent, et on peut l'interpréter comme un pacte de non-agression. L'objectif d'Apple n'est pas tant d'empiéter sur les plates-bandes des autres "stores" disponibles sur Mac, que d'huiler les rouages pour favoriser la création et l'utilisation d'applications sur Mac OS X. À cet égard, le Mac App Store sera complémentaire avec les autres magasins, et il peut même être envisageable qu'Apple ouvre ses API propres à l'installation simplifiée de logiciels à d'autres magasins contre quelques garanties.
Si le Mac App Store sera résolument une aubaine pour les "petits" développeurs indépendants qui ne manqueront probablement pas de s'y précipiter, rien ne dit que les plus grosses sociétés feront preuve du même appétit : n'oublions pas qu'en publiant une application sur l'App Store, le développeur est inféodé aux caprices d'Apple, et ne publie que sous sa bannière. Cet abandon de souveraineté ne sera probablement pas du goût des plus grandes marques, d'autant qu'encore une fois le Mac App Store ne sera pas obligatoire. S'il n'y avait nulle "honte" à publier sur l'App Store d'iOS, sachant que c'est le seul moyen, il peut en être autrement sur Mac OS X. Certains grands éditeurs préféreront donc sans doute conserver leur autonomie et leur indépendance, dont ils ont les moyens. Même si l'argent n'a pas d'odeur, il semble peu probable qu'on retrouve la Creative Suite d'Adobe sur le Mac App Store, Adobe ne voyant sans doute pas du meilleur œil qu'Apple s'arroge 30 % de son chiffre d'affaires alors qu'elle distribue déjà ses logiciels sous forme de téléchargements. Le Mac App Store ne sera pas même un moyen de faire la promotion d'un logiciel sachant qu'Apple interdit les versions de démonstration.
Ne reste plus qu'à convaincre…
Cette question pourra d'ailleurs être un problème pour Apple, dans la mesure où son mode de distribution la condamne à se réserver avant tout aux développeurs indépendants. Les logiciels à forte valeur de production, caractéristiques des grands éditeurs, resteront sans doute plus volontiers à l'écart, ce qui pourrait s'en ressentir dans la qualité générale du catalogue de l'App Store. D'autre part, même parmi les développeurs indépendants, certains ne voient pas du meilleur œil le contrôle d'Apple, et quelques-uns ne pourront tout simplement pas passer entre ses fourches caudines (lire Interview : un Mac Store comme l'App Store ? Non merci…). Pour ceux-là, il sera toujours possible de continuer leur distribution comme elle a toujours eu lieu, même si elle souffrira de la comparaison avec la simplicité que procurera le Mac App Store. L'objectif pour Apple n'est pas tant de vouloir décider ce que vous pouvez ou non utiliser sur votre Mac : sachant qu'elle touche un intérêt sur les ventes, elle est responsable de ce qui se vend sur l'App Store. C'est à elle qu'on a adressé des reproches avec l'application "Baby Shaker", par exemple. Elle n'a tout simplement pas la liberté de tout valider, mais ça n'est pas pour autant que la distribution autonome d'application "discutables" sur Mac lui pose le moindre problème.
En somme, le Mac App Store est un plus : plus de simplicité et de facilité pour trouver, payer et installer des applications pour les utilisateurs, plus de simplicité et de facilité pour la distribution et la vente pour les développeurs, le tout favorisant l'arrivée de nouveaux logiciels sur Mac. C'est donc l'amorçage d'un cercle vertueux, sans se faire au détriment d'autres modes de distribution (un même logiciel pourra d'ailleurs aussi bien être distribué sur l'App Store, que sur Steam, ou encore à partir d'un site web classique).